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BANGWE.NET : «Découvrez l'info de nos Bangwé»

Manifestions d'humeur ou genèse d'une crise séparatiste Bis ?

Le 06/03/2010

 

Le bilan non-officiel de cette journée très éloignée des mœurs mohéliennes, [une île toujours calme où la sagesse de « M'lishe tu » [laisser-aller] s'apparente à une recherche de la paix, du consensus et de la concorde sociale, a laissé parler sa colère.] La pharmacie du Dr Ikililou, le vice-président et ministre des finances du gouvernement de l'Union est saccagée puis abandonnée aux flammes. Durant tout l'après-midi, les forces de l'ordre ont eu du mal à dégager les barricades, allant jusqu'à réquisitionner par la force les passants pour faire le travail. Selon le correspondant d'un quotidien de la capitale Moroni joint par téléphone jeudi dans la soirée, la tension était loin de baisser, malgré le calme précaire qui régnait. « La population s'est terrée dans les foyers par peur de représailles des forces de l'ordre qui se montrent de plus en plus menaçantes. Des renforts devraient venir de Moroni demain [vendredi]» nous précisait notre confrère mohélien.

En effet, depuis le vote du congrès lundi à Moroni impliquant le prolongement de 18 mois du mandat du président Sambi qui arrive à terme le 26 mai prochain, les mohéliens, avec en renfort l'opposition comorienne, multiplie les pressions pour appeler au respect de la tournante mohélienne en 2010. Dès lundi une grande manifestation est organisée à Fomboni et mardi l'île s'est réveillée avec des drapeaux tricolores le long de certaines artères populaires de l'île. Cela rappelle un passé très proche des Comores, plus précisément d'Anjouan, aux premières heures de la crise séparatiste de 1997.

Le courroux populaire de ce jeudi aurait été occasionné par la rumeur de l'arrivée imminente dans l'île de l'envoyé spécial du président de la commission de l'Union africaine Francisco Gaétano Madeira, le mozambicain en charge du dossier Comores à Addis Abeba, siège de l'Union Africaine. Une venue pas du tout souhaitée par les partisans de la présidence tournante de 2010 pour un mohélien. Ils accuseraient Madeira et l'Union africaine d'avoir trahi l'île de Mohéli « en laissant faire Sambi et en s'abstenant de faire pression sur lui pour qu'il laisse tourner la tournante à la date indiquée.» nous confiait un des jeunes meneurs du mouvement « embargo » joint par téléphone jeudi soir. Depuis trois jours déjà, les vols à destinations de Bandar salama [l'aéroport de Mohéli] sont suspendus.

C'est l'arrivée d'Ikililou Dhoinine et de quelques barons mohéliens du régime Sambi dans l'île en fin de journée en provenance de Moroni qui a fait monter d'un cran la tension. Des manifestants surchauffés promettaient de tout incendier si « les mohéliens qui ont trahi la cause [parlant des membres du gouvernement fédéral issu de l'île] et Madeira viennent à Mohéli. » les menaces n'ont pas empêché la délégation gouvernementale de fouler le sol mohélien.

Même si jusqu'à présent aucune arrestation n'a été enregistrée, du côté des partisans de la tournante en 2010, à chaque jour qui passe, son action de plus en plus violente parfois même menaçante envers les anjouanais et les familles mohéliennes proches du pouvoir central. Le pouvoir Sambi perd ses plumes. « Il n'a que l'armée à qui il a promis de régler 1 an de salaire sur des fonds libyens et une partie de ceux qui bénéficient des largesses du pouvoir qui croient toujours à son discours démagogique...», rajoute notre interlocuteur.

La crise est réelle même si à Moroni, les autorités centrales minimisent la contestation et parlent de « quelques jeunes manipulés par des politiciens véreux en manque d'inspiration » nous rassurait un fonctionnaire de Beit salam sous le sceau de l'anonymat. Encore une vilaine similitude de la crise sécessionniste anjouanaise de 1997.

Le weekend risque fort bien d'être animé à Mohéli avec l'arrivée annoncée de Sambi dans l'île samedi.

Karim Abdoussalam

 

Lettre : Coordination des forces vives de Mwali à Monsieur Jean PING, Président de la Commission de

Le 06/03/2010

UNION DES COMORES
Ile Autonome de Mwali

Coordination des Forces Vives de Mwali Fomboni, le 05 mars 2010

A

Monsieur Jean PING, Président de la Commission de l'Union Africaine,
Addis Abéba, Ethiopie
Monsieur le Président,

Le 17 février 2001, sous les auspices de l'Organisation de l'Unité Africaine appuyée par l'Organisation internationale de la Francophonie et l'Union Européenne, et en présence de la Ligue des Etats Arabes et de l'Organisation des Nations Unies, fut signé par toutes les parties comoriennes, l'Accord cadre de Fomboni pour la Réconciliation Nationale aux Comores.


En signant cet Accord historique, l'Ile de Mwali, habituée aux tentations des deux autres Iles à vouloir lui imposer leur hégémonisme, a pris en compte les efforts déployés par toutes les autres Parties ainsi que par la communauté internationale pour trouver une solution juste, équitable et durable à la crise qui menaçait l'unité nationale.

Aussi, l'Ile de Mwali a-t-elle insisté lors des discussions directes et franches entre les comoriens de la nécessité de créer toutes les conditions pour la mise en place d'un cadre institutionnel répondant aux aspirations légitimes de sa population.
C'est dans ce cadre que tous les comoriens ont convenu de la mise en place d'un nouvel Etat aux mécanismes qui répondent adéquatement à la nécessité d'un partage du pouvoir entre l'Etat et les îles, afin de permettre aux îles de concrétiser leurs aspirations légitimes, d'administrer et de gérer librement leurs propres affaires et de promouvoir ainsi leur développement socio-économique.


Seul le respect des engagements qui seraient pris par les parties comoriennes devraient renforcer, consolider et promouvoir la cohésion nationale, à travers le dialogue et la concertation sur tous les sujets ayant une portée nationale.

Et enfin, l'Ile de Mwali était convaincue de l'impérieuse nécessité d'instaurer la justice, l'égalité, la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des droits de l'homme et des libertés publiques, et d'impliquer tous les Comoriens dans ce processus afin d'éviter à jamais les déstabilisations et les crises institutionnelles que les Comores ont connues depuis leur accession à la souveraineté internationale.

En approuvant cet Accord de Fomboni, l'Ile de Mwali était persuadée que si le fondement dudit nouvel Etat obéissait à la nécessité du respect de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des Comores mais également à l'équité dans la gestion de l'Etat par toutes les Entités des Comores, alors sa viabilité est assurée. L'Ile de Mwali comme d'ailleurs toutes les parties signataires, a apprécié l'engagement de la communauté internationale notamment de l'Union Africaine à veiller à la stricte application des dispositions de l'Accord.


C'est ainsi que toutes les parties ont convenu que la Constitution de l'Union des Comores concrétisera les aspirations légitimes exprimées par les populations des Iles et déterminera entre autres les domaines de compétence de l'Ensemble et des Iles sous réserve de garantir à l'Etat les prérogatives relatives à sa souveraineté.
Pour davantage de garanties dans le respect des engagements pris par toutes les parties comoriennes, il a été convenu lors du dialogue inter comorien que la nouvelle loi fondamentale de l'Union des Comores instituera des domaines ne pouvant pas faire l'objet d'une quelconque révision pour décourager ceux qui voudraient profiter du pouvoir pour instaurer une dictature en écrasant les plus faibles comme l'Ile de Mwali.


C'est ainsi que le 23 décembre 2001, les comoriens dans leur majorité, adoptèrent la constitution de l'Union des Comores. Dans son article 37, alinéa 2, la constitution stipule: "Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'unité du territoire et à l'intangibilité des frontières internationalement reconnues de l'Union ainsi qu'à l'autonomie des Iles". Quant à l'article 13, la constitution institue une présidence tournante avec à la clé une élection primaire dans une des îles de l'Union des Comores tous les quatre ans.

A cet effet, en 2002, ce fut le tour de l'Ile de Ngazidja d'organiser les primaires. En 2006, ce fut le tour de l'Ile de Ndzouani. En 2010, le tour revient équitablement à l'Ile de Mwali.
Monsieur le Président, l'actuel Président de l'Union, originaire de l'Ile de Ndzouani, dans un discours à la nation, a exprimé son souhait de voir son mandat proroger de trois, deux ou une année justifiant cela par le fait que l'Ile de Ngazidja aurait assumé la charge de la magistrature suprême quatre et trois ans, faisant allusion ici, probablement, aux trois ans du régime issu du putsch du 30 avril 1999.


Ensuite, unilatéralement, le Président Sambi a engagé le pays dans l'organisation d'un référendum non concerté le 17 mai 2009.

L'Ile de Mwali n'a pas manqué d'alerter l'opinion nationale et internationale de la gravité d'une telle démarche d'autant que dans son projet de loi référendaire, des dispositions remettaient en cause l'autonomie des îles et prorogeaient son mandat au-delà du terme légal.
Un dialogue inter comorien initié par l'Union Africaine s'est heurté aux visées de prorogation de mandat des partisans du Président de l'Union qui n'a pas tenu compte des recommandations et remarques pertinentes faites par les acteurs politiques ainsi que par la société civile comorienne représentée dans ces assises.

Après le référendum organisé dans des conditions qui ne répondent à aucune disposition légale en vigueur et dans la violence à Mwali par exemple où des citoyens, médecins, hommes politiques furent molestés par les forces de l'ordre, l'Ile de Mwali fut choquée en lisant les propos du chef du bureau de liaison de l'Union Africaine aux Comores qui s'exprimait comme un Haut Commissaire aux Comores au temps de la colonisation et qui a dit à propos de la tournante à Mwali ceci: "La tournante aura lieu si...". Ceci est suivi par les félicitations de votre Envoyé Spécial au Président Sambi suite à l'adoption de la loi référendaire.
Monsieur le Président, les nouvelles dispositions constitutionnelles introduites par ladite réforme n'ont fait que rendre encore plus compliquée la lecture de la loi fondamentale.

En effet, si l'on considère que l'objectif de la réforme est entre autres de proroger le mandat du Président de l'Union, il n'en demeure pas moins que cela reste un mystère. Conformément aux nouvelles dispositions constitutionnelles, c'est le Congrès des députés de l'Union et des conseilles des îles qui, en vue d'harmoniser les élections, fixent la date de l'élection du Président de l'Union et des Gouverneurs des îles. Nulle part il n'a pas été dit que c'est le Chef de l'Exécutif qui convoque ce Congrès ou encore moins qui propose la date.


Pire, le Congrès a été convoqué sans que l'Assemblée de l'Union ait fixé les règles d'organisation et de son fonctionnement interne. C'est le Chef de l'Exécutif encore qui publie quelques heures avant la tenue du Congrès une ordonnance en ce sens sans l'implication du pouvoir législatif. Le texte proposé émane des députés de la majorité présidentielle et non du Gouvernement comme si le Congrès serait une institution ordinaire comme l'Assemblée de l'Union.

En plus, l'Ile de Mwali continue de douter sur une logique qui traduirait "fixer la date d'une élection" avec "la fin du terme d'un mandat électif". Il nous paraît beaucoup plus juste de comprendre que "fixer une date d'une élection" est une chose, tandis que la "fin d'un mandat" quoique lié à l'élection, en est une autre.


C'est pour ces raisons, Monsieur le Président que les élus de l'Ile de Mwali comme d'ailleurs tous les élus de l'opposition ont préféré ne pas cautionner une telle mascarade dont le seul but est la violation du contrat convenu entre les comoriens le 17 février 2001 à Fomboni. L'Ile de Mwali depuis toujours, continue de subir le diktat des autres îles quand bien même elle a toujours été à l'avant-garde de la défense de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale.

Depuis une semaine, sa population manifeste pacifiquement dans les rues de Fomboni pour interpeller le monde entier de la discrimination, du chauvinisme et du mépris qu'elle subit.


Le Gouvernement de l'Union n'a su répondre aux revendications légitimes de la population de la plus petite des îles des Comores que par le déploiement des plusieurs militaires venus des autres îles, l'arrestation des jeunes, des hommes et femmes innocentes et dont le seul crime serait l'expression de leur détermination à défendre les intérêts de leur île.
La population de Mwali a été très sensible Monsieur le Président, la promptitude avec laquelle vous avez réagi et l'exactitude des termes contenus dans le Communiqué de presse du mercredi 3 mars 2010.
Elle a noté cependant que s'il vous a été rapporté que le Congrès s'est tenu alors "qu'une partie de l'opposition boycottait les travaux", le fait que les 13 élus sur les 16 que compte l'Ile de Mwali n'ont pas pris part aux travaux ne vous a pas été communiqué et que ce sont tous les élus de l'opposition qui ont boycotté les travaux du Congrès et non une partie.


Au final, la décision de ravir l'Ile de Mwali son droit constitutionnel d'organiser les primaires pour l'élection du Président de l'Union, fut prise par 29 élus originaires de Ndzouani et 28 autres élus de Ngazidja. Les élus de Mwali n'ont été que trois. Vous conviendrez avec nous Monsieur le Président qu'à ce rythme, les élus des deux îles peuvent tout décider sur tout.

Nous avons noté également avec une très grande attention que la Commission que vous présidez, lors de sa 14ème Session ordinaire tenue à Addis Abeba du 31 janvier au 2 février 2010, "avait souligné la nécessité pour toutes les parties comoriennes de travailler de façon consensuelle à la mise en œuvre des réformes constitutionnelles introduites à la suite du référendum du 17 mai 2009".


Comme vous l'avez prédit, puisque les autorités nationales ont pris des décisions unilatérales contraires aux dispositions qu'elles ont fait adopter, aujourd'hui ce sont les principes, les mécanismes et les équilibres qui sous-tendent le processus de réconciliation, notamment la présidence tournante de l'Union des Comores, qui sont remis en cause.

Et enfin, nous avons pris acte de votre engagement ainsi que celui de la commission pour assister les comoriens à la recherche d'une solution conforme à la législation en vigueur et aux principes qui fondent le processus de Fomboni. Soyez rassuré Monsieur le Président de la Commission, que telle est notre position.


La Coordination des Forces Vives dans l'Ile Autonome de Mwali vous présentera, lors de la rencontre que vous envisagez, des propositions de sortie de crise se conforment à l'esprit du processus de Réconciliation Nationale pour que la paix civile, la cohésion nationale et la démocratie soient consolidées aux Comores.
Veuillez croire Monsieur le Président de la Commission à notre Haute Considération.

Fomboni, le 05 mars 2010

Ali Hassanaly,

Président de la Coordination

 

Ping pour une résolution de la crise institutionnelle

Le 06/03/2010

 

Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a insisté sur la détermination de l'UA à continuer à aider les parties comoriennes à parvenir au consensus nécessaire sur la crise institutionnelle que traverse l'archipel.

Dans un communiqué de presse, M. Ping a déclaré que son émissaire spécial aux Comores, Francisco Madeira, se trouve actuellement dans l'archipel pour des consultations avec les parties concernées et pour une évaluation de la situation sur le terrain.

Selon le document, M. Ping suit étroitement les récents développements aux Comores, en particulier l'adoption d'une loi visant à harmoniser, à partir du 27 novembre 2011, les mandats du président de l'Union et des gouverneurs des trois îles composant l'Union des Comores (Mohéli, Grande-Comores et Anjouan).

Le Congrès comorien, qui comprend les membres élus de l'Assemblée de l'Union et ceux des Conseils des îles autonomes, a adopté cette loi le 1er mars 2010 par 60 voix des 84 membres élus, tandis qu'une partie de l'opposition a boycotté les travaux de cet organe.

Cette loi a pour effet de prolonger de 18 mois le mandat du président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, qui expire normalement le 26 mai et de reporter sur la même période l'exercice par l'île de Moheli de la présidence tournante de l'Union des Comores après la Grande-Comores et Anjouan.

M. Ping a rappelé que lors de sa 14ème session ordinaire qui s'est tenue à Addis-Abeba du 31 janvier au 02 février 2010, l'assemblée de l'UA a insisté sur la nécessité pour les parties comoriennes de travailler de manière consensuelle pour mettre en oeuvre les réformes constitutionnelles introduites suite au référendum du 17 mai 2009.

"L'objectif ainsi poursuivi est d'éviter toute remise en cause des principes, des mécanismes et de l'équilibre qui sous-tendent le processus de réconciliation, en particulier la présidence tournante de l'Union, en vue d'éviter des tensions qui pourraient affecter la stabilité et l'unité nationale de l'archipel, pour lesquelles l'UA a déployé des efforts soutenus", a indiqué M. Ping.

Il a annoncé que la Commission de l'UA recevrait prochainement des représentants des autorités de l'Union et de l'opposition.

Par ailleurs, la Commission a l'intention de soumettre un rapport sur la situation aux Comores au Conseil de paix et de sécurité de l'UA.

Dar es-Salaam - Pana 05/03/2010

 

Une indécente déclaration du Ministère français des affaires étrangères

Le 06/03/2010

 

Après avoir « départementalisé » Mayotte, au mépris du droit international, des principes de la Charte des Nations Unies et de la souveraineté des Comores, dans la tradition et les pratiques coloniales les plus établies, les autorités françaises se permettent de donner des leçons... aux autorités des Comores en « regrettant » que le Congrès de l’Union des Comores ait fixé la date des élections présidentielles en novembre 2011, ce qui prolonge de 18 mois le mandat du Président actuel. Les démocrates et les progressistes comoriens, que nous soutenons, sauront exprimer les critiques nécessaires sans avoir besoin de la France officielle qui est certainement la plus mal placée pour donner des leçons de droit et de démocratie aux Comores. Cette déclaration du Ministère français des Affaires étrangères est indécente.

 

Parti communiste français

Paris, le 5 mars 2010.

 

Larifou : " Une conférence à Addis sur le coup d'Etat de Sambi "

Le 05/03/2010

Larifou, avocat et sécretaire nationale de l'opposition
Larifou, avocat et sécretaire nationale de l'opposition 

Dans une longue interview qu'il a accordée à La Gazette et HZK-Presse, l'avocat Said Larifou, qui défend les intérêts d'une dizaine de familles des victimes du crash de l'A310 de Yemenia, met directement en cause la compagnie yéménite pour refus de communiquer certains documents essentiels à la manifestation de la vérité sur les circonstances de l'accident et les niveaux de responsabilité. Etant aussi le Secrétaire national de la « Convergence Nationale pour mai 2010 » [coalitions des partis d'opposition et des exécutifs de Ngazidja et Mwali], Me Larifou qualifie d'intolérable « le maintien de Sambi au pouvoir au delà du 26 mai 2010 », qu'il assimile à un « coup d'Etat constitutionnel ».

Question : Pouvez vous nous parler des réunions qui ont lieu entre les familles des victimes du crash de l'A310 de Yemenia et les juges français en charge du dossier dont vous avez pris part ?

Me Said Larifou : Il s'agit d'une initiative des juges d'instruction français chargés de l'instruction sur le crash qui ont bien voulu à travers ces réunions d'information livrer aux familles des victimes l'état des procédures techniques confiées à la commission technique dirigée par les autorités comoriennes et les éléments en leur possession dans le cadre de la procédure judiciaire ouverte en France. Ces réunions sont nécessaires et courantes dans ce type de dossier afin de permettre aux familles des victimes de recueillir des vraies réponses aux questions liées à l'accident et à l'évolution des enquêtes techniques et judiciaires et aux responsabilités.

Question : Comment se sont déroulées les deux réunions de Marseille et de Paris ?

Me S.L. : Ces réunions ont été une nouvelle fois l'occasion pour les familles des victimes de faire preuve à la fois de dignité et de fermeté dans leur quête de la vérité. Par les questions posées par elles, les familles tiennent et exigent que la vérité soit dite et que les responsabilités soient clairement établies.

Question : Qu'est-ce qui a été dit ?

Me S.L. : Les juges ainsi que les gendarmes et les enquêteurs chargés de ce dossier ont été interpellés sur des questions liées à la fiabilité de l'avion, au niveau du personnel navigant, sur les raisons qui ont amené les autorités françaises à émettre des réserves sur l'appareil accidenté. Des questions également sur le rôle du tour de contrôle des Comores et sur l'absence le jour de l'accident des moyens de sauvetage nautique adéquats. Les enquêteurs et techniciens ont donné aux familles des précisions sur les moyens utilisés pour la récupération et l'identification des corps. Les familles ont clairement fait savoir leur réticence sur la volonté des autorités judiciaires et politiques à vouloir mener l'enquête en toute objectivité. L'éviction du directeur de l'enquête technique et du juge en charge de ce dossier au tribunal de Moroni en est l'illustration.

Question : Où en est-on de l'évolution de cette affaire ?

Me S.L. : Contrairement à certains de mes confrères constitués par certaines familles, je pense personnellement que les intérêts puissants et en conflits dans ce dossier peuvent compromettre la manifestation des vérités et que la diffusion des éléments partiels me semble de nature à orienter les conclusions définitives, parler avec insistance par le truchement des canaux officieux de l'erreur humaine. Le fait que Yemenia n'a pas encore communiqué aux autorités françaises des éléments décisifs sur l'état de l'avion et le plan de formation de son personnel est inquiétant pour la suite. Nous devons intensifier notre vigilance sachant que les autorités yéménites ne font rien pour faciliter la tâche des enquêteurs. Leur attitude qui consiste à retarder voire à refuser à communiquer les éléments importants pour établir la vérité sur cet accident est intolérable. Malgré les demandes réitérées, elles refusent de communiquer les contrats d'assurance. Sans ces documents il me semble difficile de parler d'indemnisation, cette compagnie ne peut publiquement dire vouloir indemniser les familles et s'opposer à communiquer les contrats de location de l'avion et les contrats d'assurance. Faute de cela, j'entends saisir l'organisation internationale de l'avion civile d'une plainte contre Yemenia en ce sens que cette compagnie avec la complicité des autorités comoriennes entende reprendre ses vols sur Moroni.

Question : Dernièrement, selon des sources auprès de l'opposition comorienne, vous aurez effectué une visite au siège de l'Union africaine où vous rencontrez des responsables du comité paix et sécurité de cette organisation panafricaine. Qu'elle était l'objet de cette visite ?

Me S.L. : Il semblait important à l'opposition nationale, après avoir réussi à mobiliser les Comoriens sur les crises institutionnelles et politiques à venir dans l'hypothèse probable de prolongation du mandat de Sambi par le congres, il était important de mener une campagne d'explication et de sensibilisation auprès des pays de la zone et à l'Union africaine à Addis-Abeba. J'ai pu m'entretenir avec le directeur du département paix et sécurité ou prévention des conflits. Il me semble avoir réussi à donner à ceux qui sont chargés du dossier Comores des éléments à la fois politiques, économiques et juridiques de nature à contribuer à la recherche d'une solution à ce coup d'Etat rampant perpétré par Sambi. J'écris à tous les ambassadeurs africains accrédités à l'union africaine sur les conséquences sur la paix en cas de passage en force par Sambi. Je me suis entretenu avec certains ambassadeurs qui m'ont donné leur accord de principe de participer à une conférence à Addis-Abeba sur le coup d'Etat de Sambi et la recherche d'une solution de sortie de crise. Des partis politiques et la diaspora établie en Afrique et en France seraient disposés à y prendre part. Il est intolérable que celui qui a réussi à mobiliser la communauté internationale pour déloger militairement Mohamed Bacar nous contraint à faire la même demande pour le déloger pour avoir comme Mohamed Bacar refusé de quitter le pouvoir au terme de son mandat le 26 mai2010.

Question : Quelle sera votre réaction dans le cas probable d'une prolongation du mandat du président Sambi par le congrès des élus ?

Me S.L. : La décision du congrès de prolonger le mandat de Sambi ne lie pas les comoriens comme la farce de Mohamed Bacar n'avait aucune valeur et qu'après le refus de la main tendue offerte par la communauté internationale il fut délogé militairement. Nous pensons pouvoir mobiliser la population pour faire prendre conscience à Sambi qu'il est de son intérêt et celui du pays et de la population qui lui a tant donné en amour et en confiance de partir la tête haute et par la grande porte. Il est jeune et ambitieux et de ce fait, il aura la latitude de revenir au pouvoir démocratiquement.

Question : quelle lecture faites des récents événements du Niger ?

Me S.L. : Ce qui s'est passé au Niger est l'exemple immédiat et récent de la réponse légitime que le peuple pourrait donner aux dirigeants tentés de modifier les constitutions pour se maintenir au pouvoir. Nous ne tolèrerons pas le maintien de Sambi au pouvoir au delà du 26 mai 2010. Les réformes en cours statut de l'armée et le démembrement de l'And sont inquiétantes. Cela n'est pas une preuve rassurante d'un président qui entend quitter le pouvoir. Au contraire cela traduit une volonté de verrouiller l'armée après avoir réussi à mettre la cour constitutionnelle dans son sac. Tout cela intervient dans un contexte de répression et de harcèlement exercés sur l'opposition. Incontestablement, l'ensemble de l'archipel se retrouve dans le même contexte de privation des libertés qu'à Anjouan au temps de Bacar. C'est pourquoi une plainte contre Sambi est envisageable.


Propos recueillis par S.A.
040310/sa/hzkpresse/6h00

 

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