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Quand la plume du SG de la présidence de l’Union gicle de l’encre
Le 07/04/2010
M’nemoi Ahamed Doudou |
Le Secrétaire Général de la présidence de l’Union des Comores s’est lâché impitoyablement contre le parti Ridja, pour avoir donné une tribune libre dans leur blog (ridja.centerblog.net) à des citoyens comoriens s’exprimant de l’intempérie politique qui ravage la souveraineté nationale. Le Secrétaire Général de dire qu’un parti d’opposition œuvre pour inciter l’armée nationale à faire un coup d’état, nous laisse supposer la fragilité qui règne entre le chef de l’état-major et le gouvernement Sambiste en exercice. Par ailleurs, tout le monde est au courant de la tension provoquée par le président de la république, en prenant une décision unilatérale à se faire protéger par des mercenaires libyens et Iranien sans que le chef de l’état-major soit consulté.
Est-ce que cette zizanie émane de la responsabilité du parti Ridja ?
A l’instar de ses balivernes, ce dernier ignore que l’armée nationale n’est ni l’instrument de musique qui doit résonner dans les couloirs des bureaux des autorités, ni le serviteur d’une politique quelconque ricochée aux inspirations d’un régime qui se tend vers la monarchie. Que je sache, l’armée nationale est vouée d’une fonction loyale d’un rôle républicain pour garantir la paix nationale.
Au delà des aberrations du Secrétaire Général de la présidence de l’Union, l’opinion publique est choquée que le parti Ridja soit désigné comme cible à effet de trouble pour déstabiliser le pays. Alors que ce parti en question n’a ni les moyens outre que l’expression démocratique pour se faire entendre malgré les intimidations arbitraires dont son leader en fait l’objet des arrestations répétitives. Mr le Secrétaire Général a omis de mentionner la milice du parti Ridja (la milice de KIKI) auteur présumé de la mort de l’ancien instituteur anjouanais. Un autre exemple illustre, nous incite à parler de la mort du syndicaliste Farouk coffré dans les jardins des magistrats corrompus pour avoir manifesté contre un système totalitaire. Où en est la responsabilité du parti Ridja sur la disparition de notre frère Farouk?
Quand le Secrétaire Général accuse le parti Ridja d’avoir été un des commanditaires de la grève des enseignants, on voit clairement le sentiment de mépris qu’il a à se foutre de ces citoyens qui n’ont besoin d’appartenir d’aucune structure politique pour reconnaître leurs droits légitimes. Idem, pour les élèves qui planchent sur une revendication scolaire.
Toujours à la recherche d’un bouc émissaire, ces mouvements sociaux n’ont de cause à effet que l’implication pure et simple du parti Ridja. Bravo Mr le Secrétaire Général.
A l’échelle de vos invectives, vous insinuez que le parti Ridja à défaut de pouvoir manipuler le peuple contre le régime en exercice n’a pas pu enregistrer un député. Quel genre du trou avez-vous ? Trou de mémoire ou quoi ? Je vous rappelle que le parti Ridja s’opposait à la légitimité du référendum qui occasionnait la députation de la honte au détriment de la tournante 2010 de Moheli.
Perfusés par le goût du pouvoir qui s’approche de la date de limite de consommation, les proches de Sambi cherchent une porte de sortie malgré le cri d’alarme lancé par l’opinion internationale.
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On peut comprendre l’inquiétude de Mr le Secrétaire Général connu de ses acrobaties tendant à préserver son gagne pain, mais à travers la situation politique et sociale qui traverse le pays, une réalité affichée par les évènements n’est pas sans savoir que pendant les 4 ans du pouvoir de Sambi, il est temps que chacun endosse sa responsabilité. Toujours est-il que je laisse le soin à l’opinion publique d’assujettir le devoir de chacun, sachant qu’on ne peut pas déshabiller Mwedazahé pour habiller Mwasuli.
M’nemoi Ahamed Doudou
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Enquête : La face cachée d’un régime agonisé
Le 07/04/2010
Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et ses collaborateurs |
En fait, au-delà de la corruption qui gangrène les Comores et dont le gouvernement dirigé par Ahmed Abdallah Mohamed Sambi s'est montré incompétent et largement responsable de l’apathie, la léthargie et même l’état comateux qui y règnent. Il est à constater que la démocratie de ce pays marche carrément sur la tête. Et cet état de fait, nous oblige à indexer les vrais responsables. Nous estimons qu'il est vraiment temps de les dénoncer très fort. « Pour libérer la démocratie prise en otage et plombée par un seul « clan », il faut un nouveau « credo citoyen ».
Décryptage et explications.
Un Parlement asservi
Professeurs, cadres, hommes d’État, tout comme les politiques et surtout les hommes de lois, la canicule politique rogne sévèrement notre espoir. Il n’y a pas que les juges à compter parmi les preneurs d’otage de notre démocratie, il y a également ceux qui sont dans ce Parlement croupion que nous appelons « Assemblée Nationale » et qui sont censés faire la loi, soit la volonté générale, et contrôler l’Exécutif. Savez-vous que notre Parlement est unique et téléguidé ? Chose totalement exclue par le droit et consacré ici par la soi-disant « discipline de parti » qui se caractérise par l’obligation de la part des députés de voter mécaniquement, en bloc avec leur parti. Cette « discipline » partisane a pour conséquence pernicieuse d’affaiblir l’action des parlementaires, que ce soit en tant que législateurs ou en tant que contrôleurs de l’action gouvernementale.
« Il est indigne de la démocratie à laquelle aspire légitimement notre peuple, de participer à une telle mascarade, un jeu de dupes... Notre groupe parlementaire trouve choquant et inacceptable le fait que c’est le gouvernement qui nous dicte nos conditions de délibération en ayant la haute main sur l’ordre du jour de nos travaux. Il est faux de prétendre que nous faisons la loi. C’est une fiction juridique. En fait, nous nous contentons de voter des lois dans des conditions fixées de surcroît par un gouvernement totalement rejeté par le peuple » a déclaré un député de l’opposition qui a requis l’anonymat devant le correspondant de Bangwenet à Moroni. Nous vous laissons apprécier.
Selon un document qui cite comme source le secrétariat général du palais présidentiel, classé strictement confidentiel, volé et publié et qui circule sous le manteau dans les rues de Moroni et dont nous avons reçu quelques copies, il est fait état d'un très faible pourcentage de députés siégeant au Parlement qui ont un niveau universitaire confirmé. La plus grande majorité est constituée de ceux ayant une formation équivalent de la classe de 6èm ou étant à peine alphabétisés. On retrouve quand même environ 5 % d'analphabètes. Il y a plus grave, ce document fait état de quelques élus de la majorité, déjà condamnés auprès des juridictions pénales. En fait, nous avons quelques « délinquants » au parlement.
Un ministère caoutchouc
On peut ajouter en le déplorant que le ministère des Finances ne fait pas son travail en matière de contrôle budgétaire car les services du Trésor ne jouent pas encore leur rôle. Et les deux pôles concernés par la préparation des lois de règlement transmettent des dossiers selon leur bon vouloir, ou des fois les réclament, prétextant que des documents transmis comporteraient des erreurs matérielles graves. Là où le Trésor devait se comporter comme une vraie juridiction, elle agit comme une entité administrative soumise à un pouvoir hiérarchique.
La magistrature est inféodée au pouvoir
Notre élite judiciaire est en totale perdition. Alors qu’elle devrait réguler le jeu démocratique, en veillant sur l’harmonie et l’équilibre de la société, elle se révèle inféodée au pouvoir exécutif. La Cour constitutionnelle ! La fameuse Cour tombe de haut aux yeux des citoyens, traîne malheureusement à l’égard de la Communauté Internationale. Elle est par ailleurs corrompue et composée d’éléments incompétents. Il y a, pour ainsi dire, des magistrats par « effraction ». Les juges ne mesurent pas toute la portée de leur mission et de leur responsabilité dans la société. Et c’est une véritable tragédie !
Si nous sommes tout à fait d’accord que les magistrats revendiquent des moyens conséquents pour leur travail, s’ils méritent avantages et salaires de la Nation pour garantir leur indépendance et assurer leur sacerdoce, ils doivent donc rendre la justice au nom du peuple et non d’un lobby ou d’un homme, fut-il le chef de l’État. Le pouvoir judiciaire doit s’imposer à l’exécutif. Ce qui se passe aujourd’hui est déplorable.
« J’étais fier à l’idée d’entrer dans ce corps d’élite à qui revient la lourde responsabilité de juger, c’est-à-dire de garantir l’équilibre dont notre société a besoin pour vivre dans l’harmonie et la paix afin de se distinguer ainsi de la société animale. Après trois ans de présence en son sein, j’ai déchanté. Je suis révolté par la médiocrité qui caractérise le milieu, l’incompétence de certains de mes collègues, le carriérisme de ses chefs qui ne sont plus rien que des commis des politiques. Je suis inquiet, pour dire le moins. Je ne pense pas pouvoir comprendre que tous les chefs qui dirigent les plus hautes juridictions du pays et tous les chefs de parquets de leur rang émargent à la présidence de la République. Ils sont payés par l’Exécutif sous forme de dessous de table qui leur sont déposés en catimini par un agent en civil par exemple qui fait la ronde des Cours et Tribunaux, à la fin de chaque mois », a déclaré assez dépité Mohamed C. A, juge au tribunal de Moroni.
Une presse superficielle et anecdotique...
La presse devrait être un des piliers de la démocratie. Le pays compte aujourd’hui une bonne dizaine de titres quotidiens et hebdomadaires voire mensuels, paraissant régulièrement. La presse devrait jouer un rôle déclencheur dans le développement de la démocratie aux Comores.
Autrefois, la presse a été considérée comme un catalyseur de la démocratie, il est temps, de s’interroger sur l’état réel de notre presse. C’est-à-dire s’interroger sur sa capacité à aider les citoyens à comprendre le monde et la société dans laquelle ils vivent. Ce qui est ici en cause, c’est la capacité propre des médias à produire du savoir et de la connaissance au-delà de la banalité de l’événementiel et de la quotidienneté. Savoir insérer le fait dans le réel, afin de lui donner un sens, nous doutons que notre nouvelle presse ait vraiment cette capacité.
A part quelques remarquables exceptions, la presse comorienne est médiocre, superficielle, de surface et anecdotique ! Il y a dans cette profession, ceux qu’un journaliste du « Figaro » et chercheur en médias africain, désignait comme des « braconniers du journalisme ». A côté des maîtres chanteurs, il y a également le développement de journalistes « lèche-bottes », insulteurs, stipendiés et à la solde du pouvoir et d’autres forces politiques ou financières. Ayant retenu le terrible mot d’ordre du dignitaire nazi Goebbels, rejeté dans les poubelles de l’histoire : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ! ».
La presse doit dépasser l’anecdote, l’approximation, la tyrannie de l’événement, la logique du scoop et des révélations, le harcèlement médiatique. Elle doit dans la relation des faits, aller au-delà de la surface des faits pour les saisir dans leur quintessence, afin de les insérer dans une signification sociale précise.
Le grand sociologue allemand Max Weber qui, en parlant des journalistes, dans « Le Savant et la Politique », a écrit : « (...) la plupart des gens ignorent qu’une œuvre journalistique réellement bonne exige au moins autant d’intelligence que n’importe quelle autre œuvre d’intellectuelle et trop souvent l’on oublie qu’il s’agit d’une œuvre à produire sur le champ, sur commande, à laquelle il faut donner une efficacité immédiate, dans des conditions de création qui sont totalement différentes de celles des autres intellectuels. On soupçonne très rarement que la responsabilité de journaliste est plus grande que celle du savant et que le sentiment de responsabilité du journaliste honorable n’est en rien inférieur à celui de n’importe quel autre intellectuel, on peut même dire qu’il est plus élevé, si l’on se réfère aux constatations que l’on a pu faire durant la dernière guerre ». Tout cela pour dire qu’une des dimensions fondamentales du métier de journalisme, l’analyse, manque tout à fait dans la production médiatique nationale. Albalad et Al-Watwan continuent de faire leurs gris-gris sans mesures mais le beau temps viendra, on nettoiera tout au cracher.
Le constat est le suivant : au-delà des problèmes de formation, bon nombre de médias publics et privés sont dirigés par des personnes dépourvues de toute compétence, manquant de vision et de métier tout court.
Où est la société civile ?
La société civile comorienne, déjà morcelée en plusieurs groupuscules, croit qu’elle doit exister en s’opposant à la société politique, en oubliant qu'elle devrait être un acteur clé de la politique et un véritable contre-pouvoir tel qu’Alexis de Tocqueville l’avait vu dans son grand livre « De la Société civile en Amérique ». La société civile devrait être un levier important de la formation de la citoyenneté pour faire des citoyens des acteurs essentiels de la démocratie, plutôt que des éléments passifs qui contemplent béatement l’histoire se faire, se dérouler devant eux.
Notre société civile est plutôt réactive, par rapport à des comportements déviants des acteurs politiques. Elle est le plus souvent équilibriste, incohérente et manque d’autonomie dans l’action. Cependant, elle n’a ni une pensée, ni une théorie articulée à la réalité qui la concerne. Elle ne nous semble pas disposer des capacités propres à lui permettre de déployer une théorie et à l’adapter à notre propre situation.
Nous le disons haut et fort, la société civile comorienne demeure assez contemplative, à l'exception de quelques individualités qui sortent du lot, elle est plutôt réactive. Et plus grave encore, disons le sans langue de bois, la plupart des organisations de la société civile sont des prolongements des organisations d’ailleurs (la diaspora, …) qui leur procurent non seulement des subsides, mais aussi des mots d’ordre, slogans et agendas.
Au passage, nous rendons un vibrant hommage à Monsieur Farouk Mohamed, ancien Inspecteur de Trésor public et Secrétaire général du syndicat des agents du ministère de finances, décédé le vendredi 3 juillet 2009, à l'hôpital El Maârouf, où il a été transféré de la prison centrale de Moroni. Militant de toujours des libertés publiques, il a combattu sans relâche auprès de la société civile pour la défense des droits sociaux et de la démocratie. Nous rappelons que Farouk Mohamed a assaini environ deux mois de détention à la maison centrale de Moroni sans jugement. Il avait été arrêté par les Services de sécurité de l'AND, le 21 mai 2009, à Mitsoudjé.
Engagé pour défendre son opinion, le seul préjudice de l’ancien Inspecteur est d'avoir exprimé haut et fort sa position et sa politique avant le référendum sur les réformes constitutionnelles. Dans le cadre du boycottage, exhorté essentiellement par l’ensemble de l’opposition, enfin d’empêcher le déroulement du scrutin, Farouk est attaqué publiquement et transféré en geôle. Jeté outrageusement en prison et condamné sans que la justice ne dicte aucun mot. Celui qui finalement passera ses derniers jours d’existence en prison, n’a jamais comparu devant le tribunal. Avant de livrer son âme à l’hôpital, la société civile, une partie de ses chers amis, la famille avaient demandé à maintes reprises sa libération, en vain.
Dans ces conditions, comment voulez-vous que la société civile joue le rôle de décantation de la citoyenneté et de démystification du pouvoir qu’on est en droit d’attendre d’elle, à juste titre ? C’est tout à fait impossible, c’est cela le sens de notre réflexion que nous invitons à méditer.
Il ne faut pas rêver, le pouvoir en face n’a aucune moralité. Comment peut-on faire confiance à ce type de régime qui va jusqu’à « bafouer la liberté des citoyens et d‘expressions ».
La néo-patrimonialisation de l’État
La notion de patrimonialisation, c’est simplement le fait qu’un individu parvenu à occuper une charge publique, administrative ou politique, utilise sa fonction sur un poste et les attributs qui en découlent, comme s’il en avait hérité, ou si comme c’était les siens propres. La néo-patrimonialisation de l’État incarnée par certains « roitelets » nous agace.
La démarche néo-patrimoniale obéit à une logique particulariste. Elle est au service d’intérêts particuliers et non à la poursuite du bien public commun. Le phénomène s’est aggravé depuis que les « adorateurs du chiisme » conduit par le Chef de l’État, Foundi Sambi, Bacar Dossar, Ahmed B. S. Jaffar et leurs affiliés ont pris le contrôle puis les leviers de la haute administration comorienne. Dans ce cas, tous les moyens de l’État sont mobilisés exclusivement au service d’un clan qui met en son centre un chef néo-patrimonial qui opère la redistribution des honneurs et des prébendes, au service donc de ses intérêts particuliers.
Ce mécanisme néo-patrimonial avec ses effets clientélistes qu’avait bien vu le politologue français Jean-François Médard produit du particularisme. Le conflit actuel qui ne dit pas encore son nom, entre le Président Sambi et son ami, Vice-président (voir son ennemi…) Idi Nadhoim, est le symbole le plus odieux de la perversion du néo-patrimonialisme. A l’heure où le Président de la République compte nommer un troisième Vice-président originaire de l’île d’Anjouan, remanié le gouvernement de l’Union, Idi reste muet et mal barré. Ce conflit a été poussé dans des dimensions plus qu’avilissantes avec la complicité des médias qui veulent réduire le débat politique à un choix manichéen. Idi Nadhoim, le mouvement Orange, les moroniens, …sont tous à l’agonie. Sans souffle ni repères.
Toutes les institutions sont sournoisement mobilisées dans ce conflit : médias, justice, police, chefs religieux, députés, préfets, etc... C’est de bonne guerre, cela permet d’oublier l’essentiel : le départ de Sambi au mois de mai 2010, les massacres des opposants du régime à Anjouan, la colère des mohéliens, les voyages budgétivores de Sambi, le développement de la pauvreté, la paupérisation dans nos campagnes qui explique le surpeuplement des centres urbains, les problèmes de santé (Dengue, Cholera, typhoïde, …) les déficits budgétaires, l’état de délabrement de nos routes etc...
Aussi, il y a les détournements des deniers publics et l’impunité érigée en mode de gestion… Comme vous le voyez, on est loin de la bonne gouvernance.
Une « opposition » colorée
Le démographe français Alfred Sauvy a dit : « la démocratie ne consiste pas à s’unir, mais à savoir se diviser. L’unanimité, le plein accord, est un mauvais signe » ...
En effet, nous avons tout juste le sentiment comme d’autres, dans le million de comorien, qu'une partie de l’opposition démocratique nationale participe, comme complice de l’élite gouvernementale, à la prise d’otage dont est victime la démocratie. Les partis d’opposition existent sur l’échiquier politique plus par leur activisme débordant, par leurs réunions périodiques, que par la vigueur de leur action sur le terrain ou la critique articulée de l’action gouvernementale. Est-ce que ce concept ne cache pas la stratégie d’évitement et de fuite en avant de l’opposition ?
Par exemple, aux dernières élections législatives, c’était le jeu du cache-cache. « Je te donne et je m’en vais ». « Je te soutiens mais je me cache ». « Je suis opposant mais je ferme ma gueule ». Le leader du parti Ridja, Saîd Larifou, un des hommes les plus influents de la région du sud, opposant farouche du régime, a décidé catégoriquement de rester dans son île paradisiaque de la Réunion au moment où l’immortel Omar Tamou menait le combat seul. Preuve ? Tamou est recalé ! Quelques jours après, l’avocat est désigné SG national de l’opposition. En avant la musique ! L’UNDC est en mille morceaux. D’un côté, Kamar Ezzamane se dit le successeur légitime suivant la hiérarchie et part à la chasse sans munitions ni ambitions. Il rejoint Abdouloihabi et deviens vite l’homme de l’ombre. Bouche fermée ! Dans cet angle, un autre clan se forme au sein du parti est dirigé par celui qui était soutenu par le virus mouvement nommé « Orange » lors des élections législatives, Ousseine Djoubeir qui réclame aussi la succession. La guerre des Chefs continue…! L’Udzima revient et repars sans laisser de traces. Le FD est là mais seulement Mohamed Ismaîla qui mène la baguette. Où sont les Elbakistes ? Personne ne le sait ! Le parti Dudja de Mahamoud Mradabi est en vacances. On chuchote qu’une partie de l’opposition est tombée dans le piège au risque de son unité. Seuls, Le Ridja, le Pari, Shuma, Crc,…prennent les commandes mais sans assurances.
Récemment, les potes de l’homme au turban vert ont convoqués l’opposition à huis clos à l’hôtel de l’homme d’affaire franco-syrien Bachar Kiwan (le plus soupçonné de tous…), Itsandra Hôtel, aux fins de constituer un gouvernement d’union nationale... Le fifty-fifty était sur la table des discussions. Les fleurs de toutes les couleurs, l’attention, les mesures de tous bords. Accords et désaccords, sourires et des cris de tous genres, enfin c’était de la ballade.
Heureusement les ténors Houmed M’saîdié et Ibrahim Ali Mzimba ont eu la fraîcheur et la ténacité de tenir les têtes hautes. Ils ont refusés par intelligence et non par ignorance. Ils ont refusés toutes les propositions tout en invoquant le respect de la Constitution qui a formé la fédération des Comores à Fomboni en 2001. Nous appelons au patriotisme de nos hommes politiques d’opposition qui doivent être prêts à sacrifier leurs intérêts personnels pour le bien de la collectivité.
Il temps de définir les relations nécessaires entre éthique et politique, pour nos « opposants ». On ne le dit pas assez. Même si on ne fait pas de la politique avec la morale, on ne peut la faire sans morale. Si la politique est une pratique humaine, quelle est donc la pratique humaine qui ne respecterait pas l’éthique ? Autant revendiquer la société animale, et même dans cette dernière, il existe une éthique. La politique au bon sens est une activité noble. Elle dit qu’on fait des sacrifices en mobilisant des moyens et des capacités pour les citoyens d’aujourd’hui et de demain.
Le pays est-il donc en crise ?
Voilà, on y est ! On nous enchante, on nous endort. On est en pleine « Sambizie ». Allez les merdes, on y croit ! Au même moment où le monde traverse une crise dont les effets sur la production sont réels, que des usines ferment, que des concitoyens cherchent à se loger ! Un peu de dignité, s’il vous plaît.
Le pays se ferme sur ses certitudes ? Oui, sans doute. Est-il maître de son destin ? On en doute mais rien n’est affirmé définitivement. Hamrabat est certainement le lieu où la fermeture trouvera ceinture. Face à un président de la République qui ne se contrôle pas, le pays s’est fermé mais nous, enfants du peuple, sommes aussi fermés sur nos délires, politiques et pragmatistes. Adieu aurore, au revoir Lumières, la nuit tombe, le désert s’étend.
Ce n’est pas surprenant. En vérité, c’est un long crépuscule et quelque part, nos penseurs éditorialistes seraient bien inspirés de méditer sur le rétrécissement de la pensée. Quel désastre que l’évolution de nos médias et des études universitaires menées par des hommes qui s’en fichent complètement de nous.
On ne rêve pas : voilà la dictature de l’image, l’apogée de la démagogie, la folie du marketing politique. Faut-il que le sens commun du respect des valeurs de la nation soit tombé bien bas ?
En crise, il l’est bel et bien depuis la prise du contrôle de l’appareil étatique par Fundi Sambi, Idi Nadhoim, Iklilou Nadhoinine et leurs amis. Un régime prévaricateur, corrompu et totalement incompétent. Nous souhaitons immédiatement un changement logique, politique et stratégique. Ce changement que nous appelons de tous nos vœux serait un véritable bouffé d’oxygène. Un pansement morale et un nouveau départ pour notre démocratie si malmenée par l’Ayatollah et son clique. Ce serait salvateur ! Mobilisons nous, notre pays est pris en otage par une bande de flibustiers.
A/Ben/AA/II
http://Bangwenet.blogs.fr
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Institutions : Entre « esprit » de l’Accord de Fomboni et loi sur l’harmonisation
Le 07/04/2010
Houmed Msaidié, membre de la délégation de l’opposition |
La première délégation conduite par le ministre Fouad Mohadji, a ouvert le bal en rencontrant Jean Ping, pour lui remettre un mémorandum qui admet que l’accord de Fomboni a “jeté les bases” du Nouvel ensemble comorien qui se fonde sur l’unité nationale et l’autonomie des îles”. Cette délégation reconnaît que la constitution de 2001 a “marqué la fin de la phase aigue de la crise séparatiste”, mais qu’il n’en reste pas moins qu’au delà des apparences, “elle a généré de nouveaux problèmes” dont “les conflits des compétences”. Selon le député de l’Union et membre de la délégation, Fahami Said Ibrahim, la réforme constitutionnelle introduite par le président Sambi a “au contraire” renforcé les garanties de la tournante “en éliminant le terme ‘renouvelable’ dans le cadre de la tournante, “ce qui rend impossible la tenue de deux primaires successives dans la même île”. Selon lui, si le chef de l’Etat actuel voulait s’éterniser au pouvoir il aurait pu laisser ses termes confus. C’est pourquoi il dénonce un “procès d’intention ou presque”. Le syndrome de la rébellion
Selon la mouvance présidentielle, ce sont les lacunes liées la constitution de 2001 qui auraient motivé les réformes profondes engagées par le président Sambi, pour “régler notamment les questions qui étaient restées en suspens et reléguées à plus de onze lois organiques, la multiplication des superstructures (quatre gouvernements, quatre présidents, quatre assemblées) ainsi que le gonflement de la masse salariale due aux administrations décentralisés”.
Au siège de l’Ua, la mouvance présidentielle a mis en évidence, les lois fondamentales des îles qui “ont ajouté à la confusion” ainsi que les appellations qui mettaient en concurrence les présidents, les ministres, les députés, etc. Parmi les griefs soulevés, celui de la multiplication des élections (une élection par an entre 2006 et 2014), un des principaux arguments pour de la révision engagée. La mouvance a soutenu que “les conflits de compétences étaient restés intacts” après la première présidence de l’Union et que son successeur s’est trouvé sur l’île autonome d’Anjouan face à une rébellion qui a “transformé l’île en quasi Etat en créant une armée insulaire opposée à l’armée nationale”. Une situation qui avait conduit le pays à recourir à l’intervention armée pour rétablir l’ordre constitutionnel dans l’île en mars 2008. Le recours à la voie référendaire pour l’adoption de la nouvelle constitution a été présenté comme le résultat de l’échec des négociations avec l’opposition nationale et la société civile conduite par l’Union africaine.
Selon la délégation du pouvoir, la reforme de la constitution engagée en 2009 a permis de modifier les statuts des superstructures, de fixer le nombre des membres, de délimiter “clairement” les compétences des îles autonomes, d’étendre la durée du mandat du président de l’Union à cinq ans, mais surtout de regrouper les élections des députés et des conseillers, du président de l’Union et des gouverneurs des îles à la même date.
Une transition “artificielle”
Par ailleurs, le député Fahami Said Ibrahim, “s’étonne que la délégation de l’opposition n’ait compté aucun député mohélien de l’opposition, alors que les élus détiennent la légitimité”. Selon lui, cette démarche est “motivée exclusivement par une logique de partage du pouvoir” en voulant ouvrir “artificiellement” une période de transition. Face à cette thèse, l’autre défendue par la “Coordination des forces vives de Mwali” et “Convergence nationale pour mai 2010”. La délégation de l’opposition qui a également rencontré Jean Ping, s’en tient à “l’Accord cadre de Fomboni du 17 février 2001, pour la Réconciliation nationale aux Comores”, qui a institué, selon elle “un nouvel Etat aux mécanismes qui répondent adéquatement à la nécessité d’un partage du pouvoir entre l’Etat et les îles, afin de permettre aux îles de concrétiser leurs aspirations légitimes, d’administrer et de gérer librement leurs propres affaires et de promouvoir ainsi leur développement socio-économique”. Pour un calendrier consensuel.
Selon Houmed Msaidié, membre de la délégation de l’opposition “le message adressé à l’Union africaine repose sur la nécessité d’ouvrir le dialogue puisque à la fin du mois d’avril s’ouvre une période de vide institutionnel qu’il faudra régler”. Le second “message fort” consiste à parvenir à l’établissement d’un calendrier consensuel pour la tournante à Mohéli “avant fin 2010” et non le 27 novembre 2011 comme prévue par la loi. Une lettre adressé à Jean Ping par la coordination de Mohéli va, pour l’essentielle, dans le même sens.
A Addis Abeba, l’opposition a soutenu que le dialogue inter comorien initié par l’Union africaine “s’est heurté aux visées de prorogation de mandat des partisans du président de l’Union qui ont fait fi des recommandations et remarques pertinentes faites par les acteurs politiques ainsi que par la société civile comorienne représentée dans ces assises”. Selon Houmed Msaidié l’absence des élus de l’opposition au congrès justifie leur refus de souscrire à une démarche qui “viole les textes en vigueur, notamment la tournante dans les délais constitutionnels”.
Selon l’ancien directeur de cabinet du colonel Azali, “les manifestations de Mohéli contre la loi ont constitue, également, un argument de poids dans le débat d’Addis Abeba”. Jusqu’à ce jour, une chose est sûre.
L’Union africaine va dépêcher son commissaire à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra, jeudi prochain à Moroni, pour semble-t-il tenter de rapprocher les positions. De belles batailles en perspectives ?
Ahmed Ali Amir
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Questions autour de la présence de militaires libyens aux Comores
Le 06/04/2010
Ahmed Abdallah Sambi & Le président libyen Mouammar Kadhafi |
L'opposition redoute cette présence militaire étrangère alors qu'elle conteste la prolongation d'un an du mandat du président Sambi à la tête de l'Union des Comores. Pour la première fois, le pouvoir réagit et ne voit rien que de très normal dans la coopération militaire avec la Libye.
Beaucoup de questions depuis l’arrivée de militaires libyens à Moroni il y a une dizaine de jours. Les opposants expriment leurs inquiétudes et au-delà, d’après le vice-président de la Coordination de l’opposition, Ntara Maecha, l’inquiétude de tout les Comoriens : « On a peur que ce soient des mercenaires déguisés en militaires. C’est ça la crainte ! Est-ce que c’est normal de voir débarquer des militaires ou des mercenaires libyens en cette période presque de transition ? Le mandat du président Sambi arrive (à échéance) à la fin du mois de mai. Tout le monde est inquiet dans le pays, pas seulement l’opposition.»
Des mercenaires ou des militaires ? Se demande Mtara Maecha de la Coordination de l'opposition.
« On a vu débarquer soixante ou soixante-dix militaires libyens. Ils sont venus avec une vingtaine de véhicules, paraît-il, ou de camions militaires… certains disent qu’ils sont là parce que le colonel Kadhafi doit venir en voyage officiel à Moroni. Est-ce que c’est vrai ou pas ? … »
Les Comoriens doivent-ils craindre le spectre de Bob Denard ? D’autant que les équipements militaires acheminés par la Libye à Moroni, ont été entreposés à la présidence fédérale.
Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Ben Saïd Djaffar, rassure ses concitoyens : « Ce ne sont pas des mercenaires. Ce sont des militaires qui sont arrivés officiellement aux Comores. Les mercenaires qui débarquent dans un pays ne viennent pas de façon officielle. Les Comores ont reçu des avions avec des militaires et ce n’était un secret pour personne ».
Une coopération militaire normale selon le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Djaffar
« Actuellement nous avons aux Comores trente cinq militaires libyens qui sont arrivés dans le cadre de la coopération entre la Libye et l’Union des Comores ; il n’y a rien d’étonnant que la Libye renforce cette coopération et c’est dans la perspective de l’encadrement de nos militaires… qu’il y a eu cette mission. Trente-cinq militaires et non pas soixante-dix…»
Malgré les assurances des autorités, certains Comoriens redoutent la reconstitution d’une sorte de garde présidentielle privée comme à l’époque de Bob Denard, qui serait cette fois encadrée par les Libyens.
Par RFI
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Un nouveau mensuel d'information : Le Citoyen
Le 06/04/2010
un nouveau mensuel d'information comorien |
Le Citoyen est un mensuel d’une société d’informations du même nom “spécialisée dans le traitement judicieux et l’analyse pragmatique des faits présentant un véritable enjeu pour le développement national”, selon les statuts constitutifs de l’entreprise qui précisent être “déterminée à l’exploitation rationnelle des conjonctures économiques, politiques et sociales pour mieux informer le peuple”.
L’initiative est d’un groupe de jeunes cadres qui a décidé d’aller vers la création d’emplois avec des apports en numéraire et en nature pour constituer le capital d’une société à responsabilité limitée (sarl). Ils disent se “souscrire au droit uniforme Ohada en ce qu’il est applicable en Union des Comores”. A en croire son directeur, Mistoihi Abdillahi, il s’agit d’un journal d’investigation basé sur des enquêtes, révélations et témoignages. “Nous publierons également des résultats de sondages d’opinions en utilisant des techniques statiques et sociologiques”, a-t-il précisé.
Le Citoyen se propose “d’éveiller la conscience nationale longtemps plongée dans l’amnésie de l’histoire, promouvoir une véritable socialisation du peuple souverain, fondée sur le respect des valeurs démocratiques et républicaines, la recherche de la vérité, la garantie et la mise en mouvement de la citoyenneté”. Les fondateurs du nouvel organe restent, de surcroît, convaincus de l’impact d’une information honnête pour relever les défis et enjeux du développement national.
Le journal ouvre aussi ses colonnes à ceux qui veulent s’exprimer sans aucune restriction autre que le respect de la personne et des textes. “Nous appelons aussi les intellectuels de ce pays à nous soutenir pour que ce journal puisse contribuer à l’avènement d’une société encore plus juste aux Comores”, déclare le directeur Mitsoihi Abdillahi.
Le mensuel de16 pages coûtera 500 francs en kiosque et l’on pourra aussi se le procurer en version électronique. L’ossature de sa rédaction est constituée de littéraires, de sociologues, de juristes et d’informaticiens autour d’un spécialiste en communication.
Le Citoyen vient grossir le marché de la presse écrite comorien qui compte, à ce jour, trois parutions quotidiennes (Al-watwan, La Gazette et Albalad), un hebdomadaire (La Tribune) et L’Archipel.
Tout ce qu’on peut souhaiter au nouveau-né est de pouvoir survivre dans un pays où la presse écrite ploie sous le poids des coûts de fabrication et de la mévente face à un marché publicitaire étroit et qui se développe dans l’anarchie totale. Causes de la disparition de nombreux titres malgré la volonté et la détermination des créateurs.
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