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Discours de la Coordination de Mwali lors de la visite de Lamamra

Le 10/04/2010

Hamada Madi Boléro, Délégué principal de la Coordination
Hamada Madi Boléro, Délégué principal de la Coordination 
Monsieur le Commissaire au Conseil Paix et Sécurité de l'Union Africaine,
Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des organismes internationaux,
Mesdames et Messieurs, Honorable Assistance,
Au nom de la population de l'Ile Autonome de Mwali, la Coordination des Forces Vives de Mwali, vous souhaite la bienvenue.


Monsieur le Commissaire et Cher Grand frère, votre seule venue à Mwali nous réconforte. Elle nous rappelle que notre organisation panafricaine est toujours prête partout en Afrique à apporter tout son soutien aux minorités nationales dont les droits et les libertés seraient violées.


Le faisant, notre organisation, l'Union Africaine, à travers ses organes et avec ses instruments pertinents, ne fait que jouer pleinement le rôle que lui est assigné par les Etats-membres, un rôle dont les objectifs ainsi que les mécanismes, sont fixés dans sa Charte.


Pour l'occasion, Monsieur le Commissaire, permettez-moi de vous raconter une histoire qui s'est passée quelque part en Afrique il y a juste quelques quatre décennies.


Il y avait une famille composée des deux peuples de cultures différentes mais pour cohabiter, elles partageaient les mêmes valeurs pour la gestion de leur administration commune.

Très récemment, et plus précisément en 1953, ils décidèrent de se dissocier pour permettre à chaque peuple de gérer son propre destin.

L'un opta pour une indépendance totale et complète vis-à-vis de la puissance coloniale, tandis que l'autre choisit plutôt de se maintenir dans la position antérieure espérant qu'après quelques années d'apprentissage, il maîtrisera les rouages de la gestion administrative et politique de la société.


Ce second peuple était lui aussi pluriel de part la nature et la géographie en particulier. En effet, partageant la même culture, la même religion et même la même langue avec quelques particularités, le second peuple qui est resté une colonie avait des difficultés à constituer une nation au sens moderne du terme.


En effet, quatre grands groupes, avec un certain melting-pot, constituent historiquement, la population de ce second groupe. Il y avait un plus grand, un moins grand, un moyen et même un très petit groupe, mais un groupe quand même. Le moyen et le plus petit groupe, logiquement et par rapport au développement historique de ce peuple et aux évolutions du monde, aura subi à la fois des brimades, des humiliations, du mépris et même des razzias des deux autres, du plus grand et du moins grand.


Honorable Assistance, si l'histoire de ce peuple s'était arrêtée seulement à ce niveau quoique cruel, mais compréhensible parce que le moment s'y prêtait, les choses auraient été simples à rectifier. En effet, Monsieur le Commissaire, Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatique accrédité en Union des Comores, pour préparer ce second peuple à prendre la relève le moment venu, il fut convenu qu'un autochtone secondera le colon, l'expatrié désigné pour gérer la vie de l'Ensemble de ces quatre grands groupes. C'est donc un ressortissant du groupe moins grand qui fut désigné d'une manière consensuelle.


Ensuite, en 1957, l'Ensemble des quatre groupes a estimé qu'il était urgent que débute déjà le transfert de compétences vers la population autochtone. C'est ainsi qu'une loi cadre de la puissance coloniale introduisit une dose d'autonomie interne qui a nécessité une nouvelle approche de gestion de l'Ensemble et donc une nouvelle désignation d'une personnalité pouvant incarner l'unité dans cette diversité complexe. C'est un ressortissant du groupe le plus grand qui eut la faveur de la majorité.


Durant plus de dix ans d'exercice, les groupes les plus grands n'ont jamais estimé que le plus petit groupe devait avoir un Représentant dans la gestion de l'Ensemble, arguant qu'en son sein il n'y avait pas d'homme ou de femme ayant les capacités requises ne serait-ce que pour juste écouter ce que disaient les autres. Il a fallu attendre la mort de celui qui dirigeait l'Ensemble et la désignation d'un autre ressortissant du plus grand groupe encore ainsi que la conjugaison de plusieurs facteurs dont des luttes frôlant parfois la menace de séparation, pour que pour la première fois en 1972, un Représentant du groupe le plus petit soit désigné pour faire partie des dirigeants.


Mesdames et Messieurs, lorsque l'Ensemble des quatre groupes a estimé qu'il serait en mesure de gérer indépendamment tout le territoire national, l'ancienne puissance coloniale a accepté de poser la question aux quatre groupes pour, a-t-elle ainsi estimé, ne pas léser aucun des quatre peuples. Si dans l'ensemble la réponse fut en faveur de l'indépendance, les résultats n'ont pas été les mêmes partout: plus de 60% du groupe le moyen ont répondu négativement tandis que le groupe le plus petit a répondu positivement et massivement contrairement aux deux plus grands où l'on a constaté une réponse positive mais moins importante.


C'est ainsi que le séparatisme est véritablement devenu un cancer qui va continuer à polluer la vie des citoyens paisibles de l'ensemble des groupes de ce peuple. En cette période, la situation qui prévalait pouvait facilement influer sur le destin de ce peuple. Il suffisait que le plus petit groupe s'allie avec le groupe moyen pour que l'histoire retienne qu'il y avait quatre groupes qui auraient fini par se séparer. D'autant que quelques jours après cette indépendance inachevée, un ressortissant du plus grand groupe s'est auto-investi comme Chef de l'Ensemble du groupe chassant par la même occasion celui qui dirigeait légalement l'Ensemble, un ressortissant du groupe le moins grand. Celui-ci comme le groupe moyen décida de séparer sur le champ.


Face à ce débat cornélien, les dirigeants et responsables du petit groupe ont fait le choix de soutenir le groupe le plus grand avec comme seul objectif de sauver le Nouvel Etat souverain de la désintégration. Aussitôt la situation s'est rétablie sur les trois groupes, le plus grand, le moins grand et le plus petit; sauf que le groupe moyen a pris le large avec le sentiment d'avoir réussi à échapper, selon ses dirigeants du moment, à des injustices évidentes qui découleront d'une domination, d'un hégémonisme des groupes les plus importants.


Comme si l'histoire voulait lui donner raison, durant plus de trente ans de gestion indépendante du Nouvel Ensemble, le plus petit groupe n'a cessé de demander légitimement à ce que les responsabilités soient partagées équitablement parmi les trois groupes qui ont accepté d'avoir un destin commun, mais en vain.


De 1975 à 1989, les ressortissants des deux plus importants groupes se sont partagés les hautes responsabilités de la gestion de l'Ensemble sans se soucier des conséquences pourtant évidentes et clairement détectables.

En 1990 la situation a fini par faire voler en éclat tout le dispositif sur lequel reposaient l'unité de façade, l'hypocrisie et le mensonge qui constituaient ce château de sable, ce semblant d'Etat-nation.

C'est avec le concours de la communauté internationale et la détermination de toute la population du plus petit groupe qu'une Conférence Nationale Souveraine a décidé que désormais les "Hautes Fonctions de l'Etat que sont le Président de la République, le Premier Ministre, le Président de l'Assemblée et le Président du Sénat, sont partagées à raison d'au moins un poste par île". Ce dispositif, il est vrai unique au monde, fut même fixé dans la norme supérieure de l'Etat.


Hélas, l'hégémonisme, le mépris mais surtout le dédain des groupes les plus importants l'emporteront et le constat sera amer quelques sept ans après. Ce fut même la population du groupe le moins grand, le second groupe, qui réclamera étrangement la dislocation de cet Ensemble après avoir eu à gérer plus d'une décennie ce même Ensemble. Il réclama l'indépendance pour laisser le libre arbitre à chaque groupe de décider de son destin.

Monsieur le Commissaire, Honorable Assistance, j'imagine que personne ici n'a eu aucun mal à comprendre qu'il s'agit de l'histoire récente de Madagascar et de l'archipel des Comores. Le plus grand groupe étant la Grande Comores, le moins grand étant Anjouan, le groupe moyen étant Mayotte et le plus petit étant Mohéli.

C'est ainsi que d''Addis Abeba en passant par Antananarivo, les comoriens avec le concours de l'ensemble de la communauté internationale notamment de l'Organisation panafricaine, ont débattu et négocié, afin de trouver une formule optimale mais répondant adéquatement aux aspirations légitimes des populations des Iles des Comores. Une solution qui sauverait le pays de la désintégration, qui ferait la promotion de l'Etat de droit pour un développement socio-économique viable de l'Ensemble comorien.


C'est ici Honorable Assistance, sur ce sol que vous venez de fouler, que la solution fut négociée, trouvée, proposée, agréée et adoptée par toutes les parties comoriennes en présence des membres de la communauté internationale. Il s'agit de l'Union Africaine que vous représentez ici Monsieur le Commissaire et cher Grand frère Lamamra, de l'Organisation des Nations Unies, de l'Organisation Internationale de la Francophonie, de la Ligue des Etats Arabes et de l'Union Européenne. En plus, les Etats amis des Comores tel que la République Populaire de Chine, la Jamahiriya Arabe Démocratique Libyenne, la France et tous les pays de la région dont l'Afrique du Sud, le Mozambique, la Tanzanie, le Kenya, les Seychelles, Maurice, Madagascar et l'Ile de la Réunion, nous ont apporté tout leur soutien et ont apporté une certaine garantie morale à la mise en place d'un nouveau cadre institutionnel.

La constitution du 23 décembre 2001 en est directement issu. L'Accord cadre de Fomboni pour la Réconciliation Nationale aux Comores est le fruit des négociations inter comoriennes directes et franches dans le seul but de préserver le patrimoine commun et de barrer la route à jamais à une quelconque aventure qui nuirait davantage à l'image de notre pays habitué au mercenariat.

Ce nouveau cadre institutionnel, certes onéreux, complexe et parfois même contradictoire, a, en tous les cas, permis à notre pays de retrouver la sérénité, la paix civile, la légalité mais surtout il a su taire les ambitions démesurées de certains politiques qui ont désormais compris qu'il vaut mieux attendre quatre ans grâce à la tournante que s'aventurer ou prendre le risque de ternir l'image de notre pays. Tout a été respecté de 2002 à 2006. Un ressortissant de Ngazidja élu a remis le témoin à un ressortissant de Ndzouani quatre ans après.


Toute la population de cette île que vous visitez aujourd'hui Monsieur le Commissaire pour la première, attend cet événement, ce rêve, cette opportunité pour tenter de dire à ses frères et sœurs de Mayotte que leur décision du 6 juillet 1975 d'avoir opté pour la séparation, fut une erreur et qu'il serait temps de se retrouver pour la bonne cause. La date du 26 mai 2010 reste pour tous ces jeunes, ces hommes et ces femmes venus vous accueillir, le seul et unique indice pouvant les persuader qu'ils appartiennent véritablement à une même Nation.


Toutefois, à quelques quarante sept jours de l'arrêt du chronomètre et le début d'un nouveau comptage de la présidence de l'Union des Comores, la population de Mwali, elle qui sait désormais compter, a compris de part les différentes déclarations et les différents actes que posent chaque jour les autorités nationales, que malheureusement le mépris, le complexe de supériorité ainsi que le mensonge n'ont pas disparu. Elle a compris aussi que la Communauté internationale notamment celle qui s'est portée garante à Fomboni le 17 février 2001, n'a véritablement pas les moyens d'imposer l'équité arguant des formules connues genre "non ingérence dans les affaires internes des Etats souverains". Lors de notre rencontre dans votre bureau au siège de l'Union africaine à Addis Abeba, Monsieur le Commissaire, nous vous avons tenu déjà ce discours même si ici les autorités comoriennes disent que nous ne vous avons pas rencontré.


Mesdames et Messieurs, la population de Mwali a compris que pour parvenir à confirmer sa volonté d'être comorien, contrairement aux autres îles, elle doit se battre, elle doit subir la brutalité des mots et des actions des plus grands comme les interventions indignes de certaines hautes autorités nationales ou les manières musclées des forces de l'ordre.


D'ailleurs, depuis le 1er mars, tous les médias nationaux ne font que du dénigrement, ne raconte que des contre-vérités, ou ne jure que dans la provocation et l'illégalité.


La population de Mwali ne veut qu'une chose: vivre en paix. Etre respectée. Etre reconnue comme membre à part entière d'une la communauté nationale à laquelle elle a contribué à sa formation et à lutte pour sa consolidation.

Elle reconnaît toutefois, que certains de ses enfants sont embarqués dans cette aventure de lui ravir son droit constitutionnel et elle le regrette très profondément. Le linge sale se lavant en famille, elle dit tout simplement "laisse-le jusqu'à ce que l'un de nous rende l'âme" (Mlishé tou mpaka mmodja ngéfo).

Voilà pourquoi Honorable Assistance, l'Ile de Mwali regrettant sa signature au bas de l'Accord cadre de Fomboni, se sentant trahie, trompée et bernée, propose comme solution pouvant à la fois garantir la stabilité du pays, la paix civile inter-îles, l'unité nationale, l'intégrité territoriale, celle de renégocier l'Accord de Fomboni.

Dans nos discussions de tout à l'heure, la Coordination des Forces Vives qui représente la population, vous présentera Monsieur le Commissaire, les grandes lignes de cette renégociation.

Oui, cette décision grave pourrait sensiblement évoluer lors des négociations avec les autorités nationales, les institutions légales nationales et insulaires, les représentants des autres îles, les forces politiques et la société civile si et seulement si le débat ne portera que sur la fixation d'un calendrier le plus court possible pour organiser des élections présidentielles courant cette année de 2010 avec bien sûr toutes les garanties envisageables que les instruments de son exécution seront en mesure de le faire sans aucune contrainte. Nous en doutons et vous en convenez avec nous.


Monsieur le Commissaire, lorsque le 17 février 2001, la partie Mwalienne paraphait l'Accord cadre pour la Réconciliation Nationale aux Comores, elle n'était pas convaincue de toute sa mise en œuvre notamment de la mise en place de toutes les institutions ainsi que les mécanismes prévus.


Monsieur le Commissaire, votre très long et riche parcours diplomatique nous rassure quelque part de votre capacité d'écoute. En tant qu'ancien représentant permanent de votre pays l'Algérie auprès de l'ONU, et ancien ambassadeur à Washington, mais aussi Gouverneur au Conseil de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Représentant de votre pays auprès de l'Onudi, Ambassadeur à Djibouti, en Éthiopie, mais également accrédité auprès de l'OUA et de la Commission économique de l'ONU pour l'Afrique (CEA), nous sommes presque persuadés que vous ferez tout pour que l'Ile de Mwali.


En tant que médiateur lors de la crise entre le Mali et le Burkina Faso, vous avez également participé au règlement d'autres conflits, notamment le différend entre la Libye et le Tchad et la question du Liberia, en tant qu'Envoyé spécial de l'UA. Monsieur le Commissaire, nous savons surtout que vous avez dirigé la délégation algérienne invitée au titre d'observateur lors des trois premiers rounds de négociations entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario. Nous comptons sur votre expérience pour aider les comoriens à rompre avec les conflits et à respecter leurs engagements.


Monsieur le Commissaire, "chat échaudé craint l'eau froide", disent les français. Les Mwaliens quant à eux, disent que "Ce qui a rendu intelligent Iboussa, le plus bête de tous les Mwaliens, c'est la maladie".

Alors, la population de Mwali a été toujours malade depuis la période coloniale. Maintenant qu'elle est guérie, que personne ne compte sur elle pour qu'elle le redevienne.

Mwali vous souhaite donc la bienvenue et un très bon séjour pour que vive les Comores nouvelles, pour que vive la Coopération internationale et pour que vive Mwali dans sa dignité.


Je vous remercie

 

Vers un livre blanc sur les relations entre les îles

Le 10/04/2010

 
Je tiens à saluer l’initiative du dossier (de Mayotte Hebdo sur les relations entre les îles de l'archipel, ndlr), et à faire part de ma petite contribution sur la question. Les interventions des uns et des autres sont à encourager, même si elles peuvent paraître insuffisantes et approximatives au regard de l’histoire, et surtout vis-à-vis d’une certaine confrontation avec les réalités environnantes.

Certes, la tendance dans les quatre îles pousse à une certaine lecture subjective, déformée et orientée des faits historiques, débouchant ainsi, comme autant de fleuves, sur un océan de contrevérités, et autres galéjades; mais, il est temps d’avoir le courage de voir plus loin. Pour tout ce qui relève de l’histoire scientifique, je conseillerai aux uns et aux autres de consulter Faurec, Flobert et Martin, qui, à mon humble avis, restent jusqu’aujourd’hui les seuls qui ont réussi à dépoussiérer l’histoire de l’archipel, et à l’en débarrasser des oripeaux des fantasmes et des légendes véhiculés dans l’unique but d’inoculer le virus de la haine de l’autre.


La logique incohérente qui prévaut dans nos îles a toujours été de mettre l’accent sur ce qui nous différencie, au lieu de chercher à valoriser ce qui nous unit et pourrait nous rendre plus forts. Il est vrai que le constat est clair : il est question de vérités sociologiques et non de fatalismes insulaires. Il est également question de réalités économiques et non de prédispositions insulo-génétiques.


Il n’est pas besoin d’être prophète pour savoir que des pesanteurs sociales, nocives - héritage nauséabond du féodalisme ancestral - ont fait qu’il existe une propension, à la limite ontologique, dans nos îles, et surtout très accentuée dans les îles indépendantes, à une certaine "atomisation sociétale". Une sorte de micro, voire ultra-micro-identité clanique, fondée sur une hiérarchie fantasmée, à commencer par les familles jusqu’aux villages.


L’avènement de la République aurait pu corriger ces archaïsmes, au lieu de les perpétuer, malheureusement ceux qui avaient eu en charge la destinée de cette jeune République des Comores ont perverti les valeurs républicaines. Aujourd’hui, cette République est moribonde et les politiques véreux de la RFIC hier, et de l’Union des Comores aujourd’hui, ont provoqué cette faillite, en s’enrichissant abusivement au détriment de la population.


Aujourd’hui, un ancien ministre a été reconnu coupable par la justice comorienne d’un détournement d’environ 2 milliards fc (4 millions d’euros); or, pour la petite comparaison, la construction d’un hôpital standard s’élèverait autour d’un million d’euros, celle d’une école de six classes, moins de 100.000 euros… et ils sont nombreux ces ministres et grands patrons de sociétés d’Etat, qui sont en vérité les premiers responsables de ces départs forcés en kwassa-kwassa et de l’appauvrissement généralisé de la population.


En Grande Comore (Ngazidja), 37% de la population vivent au-dessous du seuil de la pauvreté, tandis qu’à Anjouan (Ndzouani) il culmine autour de 60%. Le Nyumakélé, à Anjouan, est l’une des régions les plus pauvres, les plus dépourvues et les plus oubliées du pays. J’aurais vécu dans cette région, j’aurais peut-être fait partie des candidats à la traversée en kwassa…


Cela étant, et pour ma part, j’estime qu’il est certes intéressant de regarder de temps en temps dans le rétroviseur de l’histoire pour, d’une part savoir ce qui s’est réellement passé, et d’une autre permettre de reconnaître, avec lucidité, les erreurs commises, afin de mieux s’armer pour la suite. Toutefois, il ne sert plus à rien de ressasser et de continuer à ruminer sur le passé, pendant que la maison, pour reprendre l’autre, est menacée d’incendie.


Nous faisons partie d’une génération qui n’a pas connu la période coloniale. Quand on a "ouvert les yeux", Mayotte était de facto politiquement et juridiquement déjà détachée des autres îles de l’archipel, réunies au sein d’une République souveraine. Il ne me sert plus à grand-chose aujourd’hui de savoir ce qui s’est passé, il y a cinquante ans, or il m’importe au plus haut degré de savoir ce qui va se passer dans les cinquante prochaines années dans notre archipel.


Que nous le voulions ou non, nous partageons le même espace, nous sommes confrontés autant aux mêmes risques climatiques, qu’aux mêmes enjeux économiques régionaux, voire internationaux. Nous vivons sous les mêmes menaces : tsunami, piraterie, déversement de déchets toxiques, les espèces menacées, l’énergie, la crise alimentaire, l’eau… Notre archipel se trouve au milieu de puissances émergeantes qui vont conditionner le nouvel ordre international : Chine, Inde, Afrique du Sud. Notre objectif serait de réfléchir ensemble à des stratégies communes visant à faire face à tout cela; notre premier souci devrait être notre positionnement stratégique au sein de la COI.


Nous avons le pouvoir de créer un nouvel environnement propice à la redéfinition d’un meilleur vivre ensemble dans cet archipel. J’invite les intellectuels, les cadres et éventuellement les élus de chacune de nos îles à avoir l’audace d’imaginer une nouvelle plateforme de vie commune, si tant est que la nécessité et la volonté de vivre ensemble a été bien comprise. Le courage pour un avenir gagnant, et la volonté pour un développement intelligent.


Au risque de choquer certains esprits rétrogrades, tenants d’une idéologie insulariste aveugle, il nous faut aujourd’hui déplacer les lignes, jeter les bases d’un vrai débat, visant à décomplexer les rapports entre nos îles, dans le respect de la légitimité du choix de chacune d’entre elles. Je pense à une sorte de Grenelle, pour reprendre l’autre, de l’archipel, en vue de réfléchir à un avenir durable des îles.


En faisant abstraction des deux Etats qui se disputent la souveraineté de l’île, les leaders d’opinion et autres responsables respectifs clairement désignés de Mayotte, d’Anjouan, de Mohéli et de la Grande Comore, devraient se retrouver autour d’une table en vue d’élaborer un livre blanc portant sur le renforcement des échanges commerciaux, économiques, culturels et scientifiques entre les quatre îles, ainsi que sur leur développement. Il y va du bien-être des populations de nos régions.

 

Sast,

Écrivain

 

Manifestation à Mohéli

Le 10/04/2010

 
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté aujourd'hui dans l'île comorienne de Mohéli à l'occasion de la visite d'un haut responsable de l'Union africaine (UA) consacrée à la prolongation du mandat du président de l'archipel, a constaté un journaliste de l'AFP.

Arrivé hier au Comores, le commissaire à la paix et la sécurité de l'UA Ramtane Lamamra a atterri ce matin à Fomboni, "capitale" de l'île autonome de Mohéli baignée par l'océan Indien. Des centaines de manifestants, en majorité des femmes et des jeunes, étaient présents à son arrivée à l'aéroport pour exiger le respect de la présidence tournante de l'archipel. Selon ce principe, un ressortissant de Mohéli doit accéder à la tête de l'Union des Comores en mai 2010.


Début mars, un congrès parlementaire, boycotté par l'opposition, a toutefois décidé de fixer les élections du président de l'Union et des gouverneurs au 27 novembre 2011, prolongeant ainsi de facto le mandat du chef de l'Etat Ahmed Abdallah Mohamed Sambi de dix-huit mois.

"On a marre des mensonges de Sambi", "Va-t-en!", scandaient les manifestants, qui ont défilé au son d'une sono dans l'avenue principale de Fomboni. En fin de matinée, la marche n'avait donné lieu à aucun incident. Quelques dizaines de militaires et de gendarmes casqués, matraque à la main, étaient cependant déployés pour garantir le bon déroulement des consultations du représentant de l'UA.

Le Figaro

 

L'alternance est le moteur de toute démocratie

Le 09/04/2010

Par inoussablog

L'erreur d’un pouvoir, quel qu’il soit, est de croire qu’il a toujours raison. Cette certitude d’avoir le droit de son côté, contre tout le monde, conduit souvent à des dérives innommables et à la tyrannie. Au nom de cette intime conviction d’avoir raison, un pouvoir peut commettre les pires crimes que l’on puisse imaginer. Nous craignons que le régime en place à Moroni n’en arrive à ces extrémités, convaincu et déterminé que jamais à jouer les prolongations en brandissant, tel un trophée, la décision du Congrès.

L’histoire récente de l’archipel nous oblige à plus d’humilité et à veiller à un traitement équitable des entités qui composent cette nation géographiquement éclatée. Aujourd’hui, si des pays continentaux ont du mal à vivre ensemble et à maintenir une certaine unité politico administrative, qu’en serait-il d’un pays que la géographie a déjà fractionné en quatre entités ?


Hier, Mayotte a quitté le giron national parce qu’elle n’y trouvait pas son compte. Le transfert de la capitale vers Moroni a été vécu comme un mépris, même si cela n’explique pas tout. En 1997, Anjouan a tenté de lui emboîter le pas, convaincue que le pouvoir central ne s’intéressait pas tant à son destin. Ce serait stupide et politiquement imprudent de croire que ce que les Anjouanais ont fait hier, les Mohéliens seraient incapables de le faire aujourd’hui. L’île d’Anjouan n’a pas le monopole de « ce coup de sang » contre l’autorité centrale, n’en déplaise à ceux qui, au mépris de ce nécessaire vivre ensemble, cherchent à replonger les Comores dans une seconde crise politique. Attention donc aux simplifications! Mohamed Taki l'a payé très cher.


Toute décision de nature à remettre en cause l’unité nationale doit être combattue par les forces vives de la nation. Surtout lorsqu’elle est non seulement unilatérale, mais juridiquement contestable. La gestion d’un Etat aussi complexe que le nôtre commande de taire les ambitions personnelles pour préserver l’essentiel. Les Comoriens ne sont pas prêts à être embarquées dans une autre aventure séparatiste, surtout si elle est injustifiable.


Le régime en place a raison de se prévaloir du soutien de la Tanzanie, de la Libye, du Soudan et de la Ligue des Etats arabes, cela ne justifiera aucunement une quelconque tentative de e maintenir au pouvoir. Comme l’a si bien dit un ancien ministre, depuis trente-cinq ans, ces Etats et organisations ont pris fait et cause pour le retour de Mayotte aux Comores, cette question n’a pour autant connu le moindre début de solution. Parce que tout simplement, il faut que les Maorais en soient convaincus. On doit se poser la même question sur les Mohéliens.


Ce n’est pas parce que l’on dispose d’une majorité parlementaire et d’une armée que l’on peut s’autoriser je ne sais quelle décision. Encore faut-il se demander si cette décision est politiquement juste. Il faut donc un mariage entre la légalité et la légitimité. Bien sûr, il n’y a aucun chef d’Etat, même dans les grandes démocraties du monde, qui aimerait quitter le confort présidentiel avec ces voyages à foison et autres attributs fort grisants, mais l’intérêt supérieur de la nation impose une alternance au sommet. A moins d'ériger les Comores en monarchie.

 

Jaffar : " pas de gouvernement de transition " après le 26 mai

Le 08/04/2010

Le ministre des Relations extérieures et de la Coopération, A.Jaffar
Le ministre des Relations extérieures et de la Coopération, A.Jaffar 
Le gouvernement de l'Union des Comores a rejeté l'idée d'un gouvernement de transition ou d'union nationale à l'issue du quinquennat du président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, fin mai, a-t-on appris mercredi de source officielle.

"Il n'y a pas lieu d'établir un gouvernement de transition, ni d'union nationale" après le 26 mai, a déclaré le ministre des Relations extérieures et de la Coopération, Ahmed Ben Saïd Jaffar, dont les propos ont été rapportés mercredi à l'AFP par un de ses proches collaborateurs.


M. Jaffar s'exprimait mardi à l'issue d'une rencontre avec les représentants de la communauté internationale à Moroni, consacrée "au processus électoral".


Le président Sambi avait été élu en mai 2006 à la tête de l'Union des Comores, pour un mandat de cinq ans censé prendre fin le 26 mai prochain.


Début mars, un congrès parlementaire, boycotté par l'opposition, a décidé de fixer les prochaines élections du président de l'Union et des gouverneurs au 27 novembre 2011, prolongeant ainsi de facto le mandat du chef de l'Etat de 16 mois.


L'opposition conteste cette décision, qui suscite de vives tensions politiques, en particulier sur l'île de Mohéli, et réclame le respect de la présidence tournante de l'archipel.


Selon ce principe, adopté dans la Constitution en 2002, la prochaine présidence revient à Mohéli, après que M. Sambi, ressortissant de l'île d'Anjouan, ait succédé à Azali Assoumani, de la Grande Comore, en mai 2006.


"Nous ne sommes pas en situation de crise politique", a estimé M. Jaffar, dont les propos ont été rapportés à l'AFP par son directeur de cabinet, Farid Aboubacar.


Le camp présidentiel justifie la prolongation du mandat de M. Sambi par "l'harmonisation" nécessaire --à des fins d'économies-- entre le scrutin présidentiel et l'élection des chefs des éxécutifs des trois îles de l'archipel.


Regroupés au sein d'une large coalition, la Convergence nationale pour mai 2010 (CNPM 2010), les principaux partis d'opposition estiment qu'il s'agit d'un "prétexte" du chef de l'Etat sortant "pour se maintenir au pouvoir" et dénoncent "une dérive dictatoriale du pouvoir".


"Le 26 mai au soir, nous ne reconnaitrons plus aucune légitimité au président Sambi", a déclaré à l'AFP l'un des porte-paroles de la CNPM 2010, Houmed Msaïdi, inquiet de cette "situation de crise dans le pays" et d'un "climat politique délétère".


L'opposition souhaite "trouver un consensus avec tous les acteurs (...) et exige la mise en place au plus vite d'un calendrier électoral, sous supervision de la communauté internationale", a précisé le vice-président de la CNPM 2010, Mtara Maecha.


La coalition d'opposition demande en particulier "l'implication urgente" de l'Union africaine (UA), dont le Commissaire à la paix et la sécurité, Ramtane Lamamra, est attendu jeudi aux Comores.


(©AFP / 07 avril 2010 18h05)

 

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