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La lutte des femmes pour la liberté en Afrique

Le 06/05/2010

Nawal, Chanteuse comorienne
Nawal, Chanteuse comorienne 
Par Christophe Boisbouvier

La lutte des femmes pour la liberté, c'est le thème du livre « Femmes d'Afrique, bâtisseuses d'avenir », qui vient de paraître à Paris aux éditions Tirésias. Cet ouvrage dresse le portrait de 73 femmes de 31 pays d'Afrique. Nawal est l'une d'elles. Aux Comores, la tradition interdit aux femmes de jouer d'un instrument sur scène. Nawal a bravé l'interdit.

 

Des hommes et des institutions

Le 23/04/2010

P. Mouanda-Moussoki
P. Mouanda-Moussoki 
La constitution actuelle de la République du Congo est inadaptée, c'est un fait. Les institutions actuelles du Congo ont un fonctionnement bancal, c'est une évidence. Les Congolais croupissent dans la misère, c'est indéniable.

Mais, suffit-il pour autant de changer la constitution et les institutions pour sortir le Congo de l'ornière ?

Certains compatriotes pensent que c'est la SOLUTION. Ils estiment par exemple que, face à la gangrène politicienne du TRIBALISME, il faille proposer comme remède l'instauration du FEDERALISME. Ils se projettent un Congo réparti en régions ou en zones géographiques et ethniques autonomes.

Ceux qui soutiennent cette position ont le mérite de poser le problème, d'entreprendre un travail de réflexion et d'aboutir à une proposition: le
FEDERALISME.


On a beaucoup glosé sur le succès relatif du fédéralisme dans les pays tels que les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne et la Suisse. Mais l'on ne parle pas assez de l'expérience fédéraliste de cet archipel de l'océan indien où l'on parle des langues bantou mitonnées à la sauce arabe.

Les Iles Comores ne sont plus sous les feux de l'actualité depuis que Bob Denard, le mercenaire de la république, a passé l'arme à gauche. Mais la roue de l'histoire comorienne continue à tourner. Face à la difficulté à vivre ensemble, les autorités de l'archipel des Comores – composé de la Grande Comore, d'Anjouan et de Mohéli/Mwali – avaient été conduites à organiser un référendum constitutionnel qui a institué le fédéralisme et consacré l'Autonomie des îles et la Présidence tournante. Chaque île assure la Présidence de l'Union pendant quatre ans.


La Constitution fédéraliste du 23 décembre 2001 avait été conçue dans le dessein de promouvoir l'unité nationale, d'assurer le partage du pouvoir et d'empêcher la cristallisation des velléités séparatistes. Mais l'application de la loi fondamentale s'est révélée aussi compliquée qu'un casse-tête chinois: multiplication des superstructures avec quatre assemblées, quatre gouvernements, quatre présidents; multiplication de crises liées aux conflits de compétences entre le pouvoir fédéral et le pouvoir local; confusion de statuts entre les autorités locales et nationales; intrusion du pouvoir fédéral dans les nominations locales; détention d'armes de guerre par une entité locale; conflits armés entre l'armée fédérale et les milices locales;  …bref, des coups d'éclat permanents dans un univers kafkaïen !


Les tournantes ont commencé en 2002 avec le président Azali Assoumani, originaire de Grande Comore. Ce dernier a cédé la place en 2006 au président Ahmed Abdallah Sambi, ressortissant d'Anjouan. A partir de mai 2010, ce devrait être au tour de la plus petite des trois îles – Mohéli/Mwali – de donner un président à l'Union. Mais l'actuel président M. Sambi – dont la fin de mandat est prévue pour le 26 mai 2010 a, au travers d'un référendum contesté, fait modifier la constitution. La raison évoquée est l'introduction du principe de l'harmonisation des élections, c'est-à-dire le regroupement aux mêmes dates des élections des députés fédéraux et des conseillers insulaires, des Présidents de l’Union et des Gouverneurs des îles.
 

En fait cette opération a abouti à la prolongation du mandat du président actuel dont la fin est repoussée à novembre 2011. Soit une prolongation d'un an et demi. Et ceci, nonobstant le fait que deux des chefs des exécutifs des îles sur les trois étaient prêts à écourter leur mandat pour permettre l’harmonisation en 2010.

La situation est actuellement tendue sur l'archipel. On y signale des tortures et des arrestations abusives à l'encontre des Mohéliens qui réclament la tournante. Par ailleurs, on apprend que le président Sambi a fait venir des militaires libyens dont on dit que ce sont des mercenaires déguisés. Les équipements militaires acheminés par la Libye à Moroni ont été entreposés à la présidence fédérale. Le pays n'est pourtant pas en guerre avec une puissance étrangère.
M. Sambi entend-il utiliser les armes contre les comoriens qui refuseraient la prolongation du mandat après le 26 mai? L'Union Africaine s'active à trouver un compromis avant la date fatidique.


Un retour dans le temps permet de rappeler les propos sensés prononcés par M. Azali lors de l'accord-cadre qui a jeté les bases du fédéralisme comorien. "Le plus dur reste à faire. Encore faut-il se donner les moyens de le faire appliquer". Les premiers de ces moyens étant: " la volonté, la sincérité, la foi et la confiance''. Volonté, Sincérité, Foi et Confiance ne sont pas des dispositions constitutionnelles. Ce sont des qualités humaines.


Quel rapport avec le débat qui concerne la République du Congo ?


Le cas des Comores prouve à suffisance que les constitutions et les institutions ne valent que par les HOMMES qui sont appelés à les appliquer et à les faire fonctionner.
On peut avoir les meilleures Institutions qui soient! On peut avoir la plus belle Constitution qui soit! On peut prêter serment de la manière la plus solennelle qui soit! Tout cela restera simple artifice, tout cela demeurera pur formalisme, tout cela ne sera que factice si les Femmes et les Hommes appelés à appliquer et à faire appliquer la constitution, si les Femmes et les Hommes appelés à faire fonctionner les institutions, si les Femmes et les Hommes appelés à faire profession de foi sont sur toute la ligne des Femmes et des Hommes sans foi ni loi.

Saine est certainement l'intention qui commande les tenants du fédéralisme au Congo. Mais l'on ne peut s'empêcher de relever qu'il s'agit-là d'un FEDERALISME PAR SCISSIPARITE.


Un fédéralisme qui se donne l'ambition de fédérer par division court un risque majeur, celui de mettre plus en avant l'élément négatif de l'oxymore fédération-division; et partant, le risque de tomber dans les travers qu'il entend corriger. Ceci est d'autant plus vrai que l'espace politique congolais est surtout peuplé de politiciens-adeptes-invétérés-de-la-politique-politicienne ! Les (hommes) Politiques y sont rares, voire inexistants. Le fédéralisme ne peut à lui tout seul transformer en Hommes politiques des politiciens dont la qualité première est l'intrigue, la mesquinerie et l'enrichissement illicite. Le casse-tête comorien se transformerait en casse-tête congolais.


Proposer le fédéralisme ethnique revient à entériner les actes des politiciens déjà mentionnés. C'est affirmer de façon implicite qu'ils ont tout essayé; qu'ils ont tant et si bien oeuvré pour l'unité nationale et contre le tribalisme que, de guerre lasse, ils ont fini par abdiquer; qu'ils ont fait le tour de la question et sont arrivés à la conclusion que le vivre-ensemble est impossible. Affirmer cela revient à insinuer que les politiciens-adeptes-invétérés-de-la-politique-politicienne (
la seule chose qu'ils sachent faire) qui ont meublé l'espace politique congolais hier et aujourd'hui, ont fait tout ce qu'il est possible de faire sans pour autant arriver à ébranler le tribalisme.

Or tout le monde sait que le tribalisme est une création politicienne. Le milieu congolais originel est sain, c'est-à-dire non colonisé par la gangrène politicienne du tribalisme. Ce qui fait d'ailleurs dire à certains compatriotes, souvent nés et grandis en milieu urbain multi-éthnique, que le tribalisme n'existe pas au Congo( sic): '' On parlait tous la même langue! On ne cherchait pas à savoir qui était d'où. Nos amitiés et nos amours ne tenaient pas compte des origines éthniques''. Ce qui est vrai!


C'est du reste ce que démontre le cas de ces deux familles voisines dont les parcelles – comme on dit chez nous – sont attenantes l'une à l'autre.

L'une des familles est originaire du Nord - la famille Songolo-Pakala, l'autre du Sud -.la famille Kingandi - . Deux familles vivant en bonne intelligence depuis des lustres. Les enfants naissent et grandissent, se fréquentent et fréquentent les mêmes établissements scolaires. Ils parlent la même langue, celle majoritairement parlée dans le coin. Ils jouent ensemble, font les cent coups ensemble, bref, vivent en parfaite harmonie. On note la même ambiance chez les adultes. Aucun conflit d'origine ethnique ou tribale n'a jamais émaillé les relations de bon voisinage qui les lient.

M. Songolo-Pakala peut parler à haute voix dans sa langue maternelle sans que cela ne hérisse les cheveux sur la tête de M. Kingandi. Celui-ci peut chanter à tue-tête dans sa langue maternelle sans que cela ne provoque des boutons chez M. Songolo-Pakala. L'un et l'autre peuvent pratiquer les rites de leurs tribus respectives, participer aux mariages coutumiers, héberger des réunions de la Mutuelle des ressortissants du village, chanter et danser dans le groupe traditionnel de la tribu, cuisiner les plats du terroir, ... bref, vivre leur tribalité sans que cela n'ait des retombées négatives sur les relations de bon voisinage qui les lient. Chacun d'eux est conscient d'appartenir à une tribu, chacun d'eux a une conscience tribale, mais cela n'interfère pas dans leurs liens de bon voisinage.

Ce qui est vrai pour le voisinage l'est aussi pour le mariage.

Qu'est-ce qui rend possible cet état de fait ? Question d'apparence anodine, mais d'apparence seulement. Qu'est-ce-qui rend possible le vivre-ensemble entre voisins ou conjoints d'origines ethniques différentes?


Deux raisons: l'Absence d'incompatibilité culturelle (mentionnée en filigrane plus haut) et l'Absence de conflit d'intérêts entre voisins ou conjoints.


Aucun voisin n'a le pouvoir de nomination et de révocation sur l'autre. Les perspectives de carrière ne dépendent pas du voisin ! L'avancement avec effets financiers du voisin ne dépend pas du bon vouloir de l'autre voisin. Personne ne prend le travail de l'autre. Il n'y a pas de rapport de pouvoir entre eux.

Il n'y a pas de relation dominant-dominé entre eux. Personne ne peut débarquer chez l'autre avec un lot de T-shirts à son effigie et dire à son voisin: '' Vous me détestez, je le sais! Mais vous êtes tellement démunis que vous porterez ces vêtements avec ma photo dessus. Comme ça, à défaut de me porter dans votre coeur, vous me porterez sur votre corps, Na canaille!'' Personne ne prend plaisir à humilier l'autre.

Dans un milieu sain, les rapports entre voisins sont basés sur le respect et l'égalité. Les conflits qui peuvent surgir sont des simples conflits de droit commun souvent résolus à l'amiable. Tu ne sors pas la grosse artillerie parce que la branche du manguier du voisin gratte la tôle ondulée de ton toit et que cela t'empêche de dormir!


Une fois de plus, il n' y a pas d'incompatibilité à vivre ensemble entre population de régions différentes. On le sait, mais on ne le dit pas assez !

Le tribalisme est une invention politicienne. C'est lorsque le politicien-adepte-invétéré-de-la-politique-politicienne entre en lice que les relations de bon voisinage, voire de mariage se trouvent ébranlées.

 

Si M. Kingandi connaît une ascension professionnelle fulgurante depuis l'arrivée au pouvoir de l'équipe régionale ou ethnique, et que M. Songolo-Pakala, depuis la même période, n'a plus eu d'avancement avec effets financiers; si les enfants de M. Songolo-Pakala n'ont jamais trouvé de travail malgré des études brillantes alors qu'au même moment, ceux de M. Kingandi, sans compétences avérées et malgré l'instauration du P.A.S., occupent des postes où ils brassent des millions; s'il est établi que cette discrimination est ethnique, on fabrique ainsi un conflit d'intérêts entre les deux familles.


Ensuite la rumeur, autre spécialité des politiciens-adeptes-invétérés-de-la-politique-politicienne, se charge de transformer les diversités culturelles complémentaires en différences culturelles contradictoires. Frustration justifiée d'un côté, triomphalisme aveugle de l'autre. Mes enfants ne pourront trouver un boulot que si l'équipe ethnique passe/reste au pouvoir. Ce n’est pas notre tour aujourd'hui ?
Il faut que ce soit notre tour demain! On est près à se battre pour ça !
C'est maintenant notre tour!

A quand le tour du Peuple congolais ?


M. NDALLA Ersnest, un politicien-adepte-invétéré-de-la-politique-politicienne, dit une contre-vérité lorsqu'il affirme, dans une émission télévisée diffusée le 1er avril 2010, que les populations avaient pensé que l'indépendance signifiait le retour vers les tribus. Ce qui signifie dans le langage sibyllin du gastronome inventeur de la semoule brevetable que le tribalisme est de création populaire. Comment expliquer alors le fait qu'en 1958 M. Jacques OPANGAULT a pu rassembler autour de lui des suffrages – indirects certes –au delà de sa Cuvette natale? Comment expliquer le fait que certains ressortissants du Nord ont pu voter pour M. Pascal LISSOUBA en 1992 ? Le moins qu'on puisse dire est que cette hérésie débitée le 1er avril est un poisson d'avril de très mauvais goût.


Ce que le politicien-congolais-adepte-invétéré-de-la-politique politicienne a crée, le Politique, l'homme d'Etat peut l'éradiquer, notamment en désamorçant le conflit d'intérêts factice inventé par l'apprenti sorcier. Ceci n'est possible que dans le cadre d'un Etat fort et impartial, qui mette la rigueur et la méritocratie au centre de sa politique, un Etat qui garantisse la redistribution optimale des ressources nationales.


Qui relèvera ce défi? La relève que prépare le pouvoir actuel de Brazzaville? La pépinière du clan, en majorité constituée de personnes dont seul effort dans la vie est d'être nées? Des personnes à qui l'on a appris que le bonheur est au bout du fusil? Des personnes qui considèrent que les institutions et les deniers publics sont des bijoux de famille qu'on peut tripatouiller à souhait ?


Il manque au Congo des Politiques, des Hommes d'Etat ! Personne ne naît Politique, personne ne naît Homme d'Etat. Ce sont l'éducation, l'instruction et la formation qui confèrent cette stature. Le respect de la chose publique, le respect des valeurs, le respect des textes ne s'improvisent pas. Ce sont l'éducation, l'instruction et la formation qui forgent cette culture. C'est un investissement à long terme. C'est un travail de longue haleine qui ne peut être accompli que par des femmes et des hommes qui considèrent la Politique comme un sacerdoce; des femmes et des hommes qui respectent la constitution et les institutions.


P. Mouanda-Moussoki

 

Visite éclair de l'Emir du Qatar à Moroni

Le 23/04/2010

 
L'Emir du Qatar, Hamed Ben Khalifa Al Thani, a effectué jeudi une visite de quelques heures aux Comores, première visite officielle d'un chef d'Etat arabe dans cet archipel musulman de l'océan Indien. L'avion de l'émir qatari s'est posé dans l'après-midi à l'aéroport international Hahaya, au nord de la capitale Moroni, indique un communiqué de la présidence comorienne.

Accompagné d'une importante délégation, cheikh Hamad Bin Halifa Al Thani a été accueilli par le président comorien Abdallah Mohamed Sambi, les membres de son gouvernement, des oulémas, des notables et "une nombreuse foule venue de tout le pays", selon ce communiqué. Après l'exécution des hymnes nationaux des deux pays et un bref bain de foule, les deux chefs d'Etat ont eu un premier entretien au salon d'honneur de l'aéroport, précise le texte.

Ils se sont ensuite rendus au Palais présidentiel de Beit-Salam, situé en bord de mer à Moroni, où l'émir Al Thani a été décoré du Grand Croissant de l'Ordre du Croissant Vert des Comores. "C'est la première fois qu'un chef d'Etat arabe visite les Comores pour une visite officielle", affirme le communiqué de la présidence comorienne.

Le ministre comorien des Affaires étrangères, Said Ahmed Ben Jaffar, a qualifié cette étape de quelques heures de "grand événement", qu'il a mis en parallèle avec une visite du leader palestinien Yasser Arafat en 1987. En février 2009, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait lui aussi fait une étape de quelques heures à Moroni.

Le président Sambi, un imam formé en Arabie saoudite, au Soudan et en Iran, s'efforce de renforcer les relations entre les Comores et les pays arabes, au nom de l'appartenance de son pays à la Ligue des Etats arabes et à la Conférence islamique. La Libye, dont des militaires sont présents depuis mi-avril au sein de la garde présidentielle de M. Sambi, le Qatar, la Ligue des Etats arabes et l'Iran sont les principaux alliés du chef de l'Etat comorien sur la scène internationale.

La visite de l'émir Al Thani a été précédée cette semaine par une mission qatarie conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères Mohamed Abdallah Al-Roumeihi.

En mars dernier, le Qatar avait organisé une conférence internationale pour le développement des Comores, qui avait permis d'obtenir 540 millions de dollars de promesses de dons pour différents projets sur cinq ans.

Un protocole d'accord a été signé cette semaine avec la Banque islamique de développement (BID) pour gérer les fonds issus de cette conférence.

Mercredi, la délégation qatarie a également signé avec les autorités comoriennes une convention pour la reconstruction de l'hôtel Galawa beach, à Mitsamiouli (nord de Morono, sur l'île de Grande Comore).

Longtemps seul établissement hôtelier de luxe dans le pays, le Galawa avait été cédé en 2007 à Dubaï World, une société émiratie dont le gouvernement comorien était actionnaire, pour être rasé peu après par les bulldozers.

La société nationale qatarie des hôtels s'est engagée à construire à partir de septembre un complexe touristique, dont un hôtel 5 étoiles de 150 chambres, sur le site, pour un budget d'environ 70 millions de dollars.

A la tête d'une délégation d'une trentaine de personnes, l'Emir du Qatar, qui était accompagné notamment de son Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, est resté sur place trois heures.

(©AFP / 22 avril 2010 19h11)

 

Les négociations ont échoué

Le 19/04/2010

 
Après trois jours d’intenses négociations en vue de trouver un consensus politique sur un nouveau calendrier des futures élections du président de l’Union et des gouverneurs des îles, aucun compromis n’a pu être trouvé entre les quatre chefs d’exécutifs, et ce malgré la médiation menée par la communauté internationale.


Le premier à claquer la porte est le gouverneur de l’île de Mohéli, qui a quitté Moroni à la mi-journée de ce samedi, suivi par son homologue de Ngazidja. Pour Hamada Madi Bolero, membre de la délégation mohélienne, « c’est plus qu’un échec », car selon lui le pouvoir central n’a pas tenu compte de la proposition faite par la partie mohélienne, celle d’organiser les élections en novembre 2010. « Nous avons été réalistes car on ne pourrait matériellement pas organiser des élections en mai 2010 ».


Toutefois, en croire cet ancien premier ministre à l’époque du régime du colonel Azali, et membre de la Convergence nationale pour Mai 2010, une coalition de l’opposition, « la décision a déjà été prise par les mohéliens de ne pas reconnaitre la légitimité du président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi après le 26 mai 2010 ». Cette déclaration il l’a faite devant la presse à sa sortie de Beit-Salam, ce samedi en fin de soirée, après la suspension des travaux.

Répondant à son tour aux journalistes, le vice-président Idi Nadhoim, qui assurait la présidence des dernières séances de négociations, s’est montré moins catégorique en affirmant qu’ils ont « suspendu les travaux et non le dialogue ». Selon lui, les discussions « ne pouvaient se poursuivre dès lors que les gouverneurs Mohamed Ali Said et Mohamed Abdouloihabi se sont retirés », laissant leur homologue Moussa Toybou d’Anjouan seul à la table face aux représentants du pouvoir fédéral.

Le point d’achoppement reste la date des élections, dont les trois propositions mises à la table sont inconciliables, entre novembre 2010, mai 2011 ou novembre 2011. L’enjeu est de trouver un compromis politique sur la durée de prolongation du mandat du chef de l’Etat, par rapport à la décision votée le 1er avril dernier par les parlementaires réunis en congrès, de fixer la date d’harmonisation des élections au 27 novembre 2011, prolongeant ainsi de 18 mois le mandat du président Sambi.

Un congrès boycotté par l’opposition, estimant que toute prolongation de mandat de l’actuel chef de l’Etat, risque de remettre en cause le principe constitutionnel de la présidence tournante dont le tour échoit à l’île de Mohéli, après Ngazidja (2002-2006) et Ndzouani (2006-2010).

El-Had Said Omar

 

Mois de fronde à Mohéli

Le 19/04/2010

Ahmed Abdallah Sambi
Ahmed Abdallah Sambi 
Par Rémi Carayol

Depuis l’adoption par le Congrès, le 1er mars, de la prolongation d’un an et demi du mandat du chef de l’État, qui devait se terminer le 26 mai, l’île est le théâtre d’affrontements entre opposants et militaires.


Il ne se passe habituellement pas grand-chose à Mohéli, la plus petite et la moins peuplée (35 000 habitants) des quatre îles de l’archipel des Comores. Convoitée par les touristes français venant de Mayotte pour la beauté de ses paysages et sa tranquillité, « l’île endormie » connaît pourtant, depuis un mois, des nuits bien agitées.


Route – il n’en existe qu’une – régulièrement barrée à l’entrée de Fomboni, rues barricadées presque tous les soirs, interventions musclées de l’armée… « On a rarement vécu une telle situation ici, se désole Djabir, un habitant de la capitale mohélienne. Le soir, des jeunes érigent des barricades. Immédiatement, les militaires répliquent. Ils les poursuivent, pénètrent dans les maisons et forcent les gens à enlever les pierres. Parfois, ils les dégagent eux-mêmes. »


Depuis un mois, une cinquantaine de soldats de l’Armée nationale de développement (AND) ont été envoyés sur l’île pour renforcer une gendarmerie en sous-effectif. Leur mission : mater la révolte motivée par la prolongation de dix-huit mois du mandat d’Ahmed Abdallah Sambi, ce qui repousse à novembre 2011, au lieu de mai 2010, l’élection du futur président, qui devra être originaire de Mohéli.


Plusieurs plaintes de manifestants violentés ont été déposées auprès du tribunal de Fomboni où, selon un magistrat, une enquête a été ouverte. Ce dernier reconnaît des abus, mais récuse les allégations de l’opposition, qui parle de « cas de torture ». La Fondation comorienne des droits de l’homme a quant à elle condamné « l’usage de la force par les militaires » et dénoncé la décision du gouvernement d’interdire les manifestations politiques. Le 25 mars, des opposants grand-comoriens ont été empêchés de rejoindre Mohéli par la mer, où ils comptaient participer à un meeting. « Nous sommes en état de siège. On ne sait pas jusqu’où ça va aller », estime Mahmoud Ben Cheick, l’un des meneurs de la fronde. « Les radicaux ont pris l’ascendant. Nous sommes dépassés, regrette le député d’opposition Abdallah Said Sarouma. Plus on approche du 26 mai [jour où le mandat de Sambi aurait dû expirer, NDLR], plus les gens parlent d’indépendance. »

 

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