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BANGWE.NET : «Découvrez l'info de nos Bangwé»

Réponse de la bergère au berger

Le 23/05/2010

J’ai lu avec attention la réaction de Me Fahmi Said Ibrahim à mon article publié dans le blog du journaliste Mohamed INOUSSA et repris par le quotidien La Gazette des Comores (dont je salue ici la liberté de ton par rapport à l’unanimisme sambiste du reste de la presse nationale). A la lecture de ce texte, je me suis demandé s’il fallait en rire ou en pleurer.


Comment, en effet, l’avocat du gouvernement pouvait-il assener, dans un journal aussi respectable qu’Al-watwan, des galéjades aussi saugrenues et se livrer à une interprétation aussi partiale et partielle de l’arrêt de la cour constitutionnelle.

Mais, là où Me Fahmi Said Ibrahim tombe sa robe (ou plutôt son masque) d’avocat pour enfiler ses habits de séide au service d’un homme, c’est lorsqu’il affirme, sans sourciller, que l’arrêt de la Cour constitutionnelle ne fait pas mention de la fin du mandat du président Sambi, mais parle de « période intérimaire ». J’ai envie de lui demander pourquoi cette « période intérimaire » débute le 26 mai à minuit et pas à une autre date. Et pourquoi ce régime intérimaire n’était pas intervenu en 2009, en 2008 ou en 2007. Tout simplement parce qu’à partir de cette date du 26 mai, il y a « un ordre qui rompt» comme on dit.

Je pense que l’interprétation de la loi est une affaire assez sérieuse pour être laissée au premier venu, surtout en ces temps agités où se joue l’avenir institutionnel des Comores. A travers ses interprétations tirées par les cheveux, l’avocat du gouvernement cherche tout simplement à faire oublier son précédent échec, celui d’avoir fait croire au président Sambi que la loi du Congrès pouvait être rétroactive. Voilà que les juges constitutionnels le rhabillent pour l’été et envoient notre célèbre avocat à ses chères études ! Comment le président Sambi peut-il se laisser, une seconde fois, berner par le même avocat, qui éprouve un malin plaisir à jouer l’apprenti-sorcier.

Dans mon article, j’ai indiqué que le gouvernement ne pouvait s’en tenir à la date du 27 novembre 2011 parce que l’arrêt de la cour constitutionnelle propose expressément la mise en place d’un gouvernement et d’un calendrier électoral « consensuels ». En guise de réponse, le célèbre avocat se lance dans une longue digression sur la lettre S, en affirmant que seul le calendrier des élections est concerné par ce consensus. S’il avait lu mon article avec les lunettes d’un avocat posé, il aurait compris que c’était bien l’objet de mon propos et que la formation ou non d’un gouvernement d’union nationale m’importe peu. L’arrêt de la cour constitutionnelle rejette toute religion sur la date du 27 novembre 2011 comme semble le faire aujourd’hui le régime en place.

Je comprends finalement que c’est le partage du pouvoir (la mise en place d’un gouvernement de transition) qui semble poser un réel problème à l’avocat du gouvernement. En clair, il est favorable à un calendrier électoral consensuel, mais pas question d’ouvrir le gouvernement à d’autres tendances politiques.

Je pense que l’avenir institutionnel des Comores mérite mieux que ces petits calculs politiciens, cette guerre de strapontins ministériels. Et lorsque Me Fahmi Said Ibrahim, l’un des avocats en vue des Comores et personnalité influente du régime, réduit le débat national à ses appétits du pouvoir et à une histoire de postes ministériels, j’ai envie de crier et de reprendre une boutade de mon grand-père paternel : « ce pays n’a vraiment pas de chance » !

Mais, là où on n’arrive pas à réprimer le rire à la lecture du texte de notre célèbre avocat, c’est quand il dit oui à un calendrier électoral consensuel et, en même temps, il traduit ce consensus par l’accord entre le président et ses deux vice-présidents. Si vous suivez donc son raisonnement, il suffit que le président Sambi et ses deux VP se mettent d’accord pour fixer les élections en 2014 et le tour serait joué. Alors, pourquoi ne le font-ils pas, cher Maitre ? Est-ce à dire que les trois têtes de l’exécutif de l’Union n’étaient pas d’accord sur la date du 27 novembre 2011 et qu’il faut aujourd’hui qu’ils s’accordent les violons ? Un peu de sérieux, Maitre, et vous aurez fait beaucoup de bien à la profession d’avocat dans notre pays !

Confraternellement vôtre.

Par HADIDJA BINT KASSIM CHEIKH
Titulaire d'un Master 2 - Droit public
Paris, France

 

L’énigme Salimou-Bastu : Une « réconciliation » et des questions

Le 20/05/2010

Mouigni Abdou
Mouigni Abdou 
Chaque jour qui se lève porte son lot d’interrogations et d’étonnements en cette période sensible de notre histoire, et on dirait que les Comores vivent sur une autre planète. Suivre de près, le spectacle qui a réuni officiers, sous officiers, soldats de rangs, membres de gouvernements, communauté internationale, Ulémas, Chef d’Etat, pour assister et applaudir deux hauts gradés de l’armée nationale et de développement, parce qu’ils ont décidé de  passer l’éponge sur une affaire aussi grave, laissez moi vous dire que je ne peux cacher mon angoisse et mon étonnement, quand on sait déjà de quoi s’agit-il, et quelles sont les conséquences d’une telle « bêtise ».

 

Je voudrais bien croire et accompagner l’analyse de  maître Elaniou, dans son article publié dans son blog, intitulé, « Ne tuez pas la Colombe », à travers lequel, il exprime son point de vue par rapport au conflit qui ronge l’armée, dont il se réjouit de cette « réconciliation » de façade. Maître Elaniou motive son argumentation en ce sens, je cite  « Nous avons un ennemi qui n’attend qu’une guerre civile aux Comores pour s’installer sur  un nuage de bonheur ».

 

Excellente réflexion, mais ma question est simple : de quel ennemi s’agit-il, celui de l’intérieur ou de l’extérieur ? Celui de l’intérieur, nous le connaissons tous, car il est là tranché sur ses positions qui sont à  l’origine de cette pagaille qui ressemble à une guerre civile,  après avoir refusé de passer le flambeau à un mohélien en temps et en heure comme ce fut le cas pour lui en mai 2006.

 

Quant à celui de l’extérieur, qui n’a jamais arrêté de blesser notre orgueil et que pointe du doigt ici maître Elaniou, nous avons tous les moyens de lui éviter un tel bonheur que de passer sous silence  cette tentative d’assassinat, parce que semble-t-il, nous risquons de lui offrir dans un plateau en or  la joie de s’installer sur un nuage de bonheur. C’est ici, où  diverge mon point de vue avec celui de maître Elaniou. Il faut que le voile sur cet « assassinat » soit levé, si non, nous tous courons un danger que nous voyons tous venir. Au contraire maître, je dirais, ça ira mieux en le faisant  car c’est le seul service que nous pouvons rendre à notre armée, afin de ne pas ouvrir un fleuve de mal  que nous aurons du mal à canaliser.  

 

Les révélations accablantes du Général Salimou, chef d’Etat Major, selon les quelles, il serait visé d’une « tentative d’assassinat » commanditée par le chef de cabinet militaire du président de la République, le colonel Ahmed Abdou El Bastu, attisent la polémique voire la peur, sur le silence coupable qui entoure cet énigme.

 

L’heure est sans doute à l’apaisement, au bon sens, et à la persévérance. Mais quand on sait les raisons qui ont motivé cet « assassinat », il y a de quoi à se méfier et à s’interroger sur la suite des événements. Tout ne peut pas être enveloppé dans le tissu politique jusqu’à oublier que celui qui est visé n’est pas le moindre et celui qui a tenté, n’est pas aussi une personne ordinaire. Le premier est le haut gradé du pays et chef d’état Major et le second est un colonel de l’armée et Chef de cabinet militaire du Chef de l’Etat. Si aujourd’hui, pour de raisons politiques, dans une période sensible comme celle dont nous traversons, nous nous disons qu’il faut fermer les yeux et se contenter d’un simple « document » signé au vu de tout le monde pour marquer la fin d’une affaire aussi délicate, alors laissez-moi dire que le pays sombre dans un chao qui ne dit pas son nom.

 

Je comprends parfaitement les motivations du président de la République, qui, à l’approche de la fin de son mandat, dont il se bat pour ne rien lâcher, résout cette crise par des menaces à l’égard du chef d’Etat Major,  qui a fini par le bon sens de tendre la main à son rival, que nous pouvons à ce stade lui accorder la présomption d’innocence, mais il faut qu’on sache que pour chasser la peur qui ronge chacun de nous, cette affaire grave qui a sali l’institution militaire de notre pays, ne doit pas rester  impunie. Et le jour, où nous aurions une justice indépendante, une enquête sera ouverte pour identifier les coupables car c’est là où nos consciences seront libérées.

 

Ce combat est celui de tout le monde dans un pays où  ces méthodes ne sont pas connues. Qu’on sache que, celles et ceux, de près ou de loin, ont encouragé le spectacle de Beit-Salam qui vient de laver en public un homme qui, délibérément s’est autorisé à tenter « d’éliminer le général Salimou physiquement », toutes ces personnes témoigneront de leur soutien « suicidaire » devant un tribunal de l’histoire.

 

Ma démarche ici, n’a pas pour vocation de soutenir le général Salimou ou de dénigrer le colonel Bastu, loin de là, mais c’est pour tirer la sonnette d’alarme car cela peut arriver à chacun de nous demain et il est inconcevable qu’on se plonge tous dans un silence coupable.

 

Le général n’est pas à son énième dénigrement,  car nous nous rappelons tous, qu’au mois de mars dernier, il avait adressé un courrier demandant au ministre de l’intérieur Ahmed El Barwane de désarmer la milice qui, lui et ses amis et en particulier le tout puissant directeur général des douanes ont crée pour protéger le pouvoir dans la capitale et de semer la terreur. Et le ministre de l’intérieur a rejeté la demande du général et aujourd’hui, nous assistons impuissants face aux agressions verbales et physiques de cette milice. C’est pour dire que le général « subit » malgré sa volonté et son courage de résister aux injonctions de Beit Salam.

 

Et au final, c’est sa personne qui est visée aujourd’hui, et on se contente d’un simple spectacle de deux signatures posées sur un simple papier et qui se résume ainsi, comme cela a été dit dans un article paru dans les colonnes du blog Ianjouanpresid, je cite « Sambi persiste, le général Salimou signe », (source d`Al-Watwan).   

 

Il est impensable que dans ce spectacle, des Ulémas bien installés au premier rang, n’ont pas eu le courage de dénoncer cette tentative d’élimination physique du général mais pour de raisons politiques, c’est le silence radio. L’histoire qui n’a jamais manqué à ses devoirs nous rappellera toutes et tous, ces exactions commises et que nous laissons tous passer sans lever le petit doigt. Sans dramatiser, ni attiser la haine, je le dis ici que l’après 26 mai s’annonce chaotique et ce n’est pas cette marche pieds nus du président de la République avec sa garde rapprochée qui nous apportera la paix que nous réclamons.

 

Je suis choqué encore une fois de voir le président Sambi créer un autre spectacle, implorant Dieu à éviter un bain de sang dans notre pays alors qu’il est le seul à avoir dans ses mains et sa conscience le remède. Il suffit qu’il accepte que dans la vie, rien n’est éternel et que le moment est venu pour reculer et éviter à son peuple de conflits idiots qui n’ont pas leur raison d’être.

 

Celui qui continue à croire que les comoriens l’adorent, le soutiennent, ne veulent pas se débarrasser de lui, pourquoi ne pas convoquer le collège électoral et se porter candidat puisque la Constitution l’autorise, au lieu de camper sur sa « logique » qui risque à la longue de laisser de séquelles chez le peuple comorien ? A un moment donné, il faut admettre que le pouvoir est un piège tendu à ceux qui s’y accrochent et le plus intelligent est celui qui parvient à se retirer à temps dans la dignité.

 

A moins de 7 jours de la date fatidique du 26 mai, les proches du président Sambi multiplient les interventions qui soutiennent que le président est autorisé à briguer la présidence de l’Union jusqu’au 27 novembre 2011, ce qui durcit la position de l’opposition et des mohéliens, une situation à haut risque. Les conséquences d’une telle démarche commencent à se sentir et toutes les dispositions sont prises pour entretenir la confusion et provoquer un bain de sang dans notre pays. Ces milices qui patrouillent la capitale sous l’œil impuissant du chef d’Etat Major s’attaquent aujourd’hui aux médias et personne n’en parle. Le sabotage de la station CRTV Ridja par ces milices en est l’illustration de ce que nous réserve l’après 26 mai 2010. 

 

Je tends donc la main au président Sambi pour qu’il regarde en face son peuple et qu’il lui épargne cette guerre civile criée d’ici et là. Et jusqu’au 26 mai à zéro heures, nous continuerons à lui rappeler à la raison et au bon sens. Se taire devant une telle catastrophe serait un suicide.

 

Je lance un appel solennel aux cadres anjouanais dont je crois en leur sincérité  et leur amour envers leur pays, de sortir du silence, lever la voix pour persuader le président Sambi dans son aventure qui ne laissera personne innocente, avant qu’il ne soit (trop) tard.

 

                                                                                                     Mouigni Abdou   

 

L'armée s’engage et doute

Le 20/05/2010

Le General de Brigade, Salimou Mohamed Amiri
Le General de Brigade, Salimou Mohamed Amiri 
La fin du mandat du président Sambi, approche. Elle est prévue le 26 Mai. Toutefois, à la faveur d’une réforme constitutionnelle, elle avait été étendue à fin 2011.

 

Cette éventualité a suscité de vives tensions politiques dans l''archipel. L’armée avait donné des signes qu’elle allait remettre en question ce prolongement du mandat du Président Sambi.

 

Il semblerait que des initiatives ont été prises pour éviter un clash. «L'armée s'est engagée à entamer une démarche visant à rétablir un climat de sérénité à l'intérieur de l'institution et du pays, notamment par des efforts de réunification en son sein», explique un communiqué rendu public le dimanche 16 mai.

 

Le document indique que des mesures seront prises pour la «réorganisation de la chaîne de commandement» et «l'armée restera à l'écart des influences politiques en ce qui concerne le recrutement, l'intégration, l'avancement et l'affectation» des militaires.

 

Le communiqué précise que l’armée comorienne (environ 2 000 hommes) déclare qu'elle «restera une institution militaire loyale et républicaine» et qu'elle «s'inscrit donc en dehors de toute manœuvre de coup d'État (...)»

 

L`Express.mu

 

Charikane crie au scandale

Le 17/05/2010

Le DG de Comores télécom, M. Charikane Bouchrane
Le DG de Comores télécom, M. Charikane Bouchrane 
Décidément, la fin de Sambi crée des surprises mêmes les plus amères. Après son échec en face d’une armée soudée qui lui a fait revenir en arrière sur sa décision de limoger le chef d’Etat major, le général Salimou, c’est au tour du Pdg de Comores Telecom, l’anjouanais Charkhane Bourhane qui tient tête au président Sambi et à son vice-président Idi Nadhoim, qui, tous les deux en présence de bachar Kiwan, l’ont obligé à céder les fréquences de la dite société à Twama Telecom, crée par Bachar pour casser le monopole de Comores Telecom une société d’état avec 100% de capital publique.


C’est un Charkane déterminé et confiant qui a dit non au président sambi et à son vice président qui, tous les deux sont sommés par Bachar de lui céder les fréquences de Comores télécom avant le 26 mai prochain, date à laquelle logiquement, Sambi doit quitter le pouvoir. Bachar qui, selon ses collaborateurs a versé presque le quart de l’argent qui sert à acheter Comores Télécom à Sambi et Idi, est lui aussi pris la corde au cou par l’acheteur qui exige le versement de ce pot de vin versé aux autorités comoriennes avant le 26 mai à minuit.

Convoqué à Beit Salam, Charkane, n’est pas parti les mains vides mais avec des pièces comptables et des chiffres à l’appui pour tirer la sonnette d’alarme sur l’argent détourné dans cette société par Sambi et son gouvernement, une manière de préparer les uns et les autres de l’après 26 mai qui s’annonce rude pour tout le monde dans le navire Sambi.

A la question, acceptez-vous immédiatement à céder les fréquences à Twama télécom ou persistez vous à votre position de continuer à refuser ? Les yeux dans les yeux, Charkane a immédiatement réagi et s’est tourné vers sambi et Idi, sur ce ton, je cite ‘’ je vous fais comprendre que j’ai toujours refusé de brader Comores Télécom à de voleurs, et surtout sachez en que l’une des clauses du contrat est la construction de quatre petits ports dans les trois îles, or rien n’a été fait. Et ce n’est pas en moins de 11 jours de la fin de votre mandat que je vais m’incliner sur vos ordres qui feront mal à ce pays demain’’.

Et Charkane de conclure, ‘’ je suis extrêmement conscient comme vous bien sûr, que notre gestion dans cette société a été entachée des irrégularités, de détournements de fonds, de passation de marchés occultes, ce qui nous expose à de poursuites judiciaires au moment opportun, et si cela ne suffit pas, je ne suis pas prêt à en rajouter’’.

La rencontre a pris une nouvelle tournure et le président Sambi a immédiatement ordonné le remplacement de Charkane mais selon de sources dignes de Beit Salam, aucun candidat ne s’est prononcé à ce poste. Des rumeurs courent que c’est Ibrahim Mzé, le beau frère de l’ancien patron de Comores télécom et bras droit de Charkane, Said Abassse Dahalane, président du Mourouoi, dont Charkane est membre qui est pressenti à ce poste.

Et ceux qui connaissent cet ancien chef de département des technologies sous Mgomri, savent que l’homme n’a pas de convictions et court là où sont engagés ses intérêts. Mais d’autres disent, qu’après avoir soutenu Djaffar Top modèle et qu’il n’a rien vu venir se hasardera dans ce nouveau feuilleton ?


En attendant le limogeage de Charkane, une chose est sûre, Bachar Kiwan ne quittera pas Beit salam avant d’empocher l’argent qu’il a versé à Idi et Sambi, même si Sambi lui propose de se faire rembourser sur l’argent de la citoyenneté économique caché en Suisse dont seul Bachar détient les clefs.


Mhoumadi Bacar

 

La paix des braves

Le 17/05/2010

Le chef d’Etat-major et le chef du cabinet militaire à la présidence
Le chef d’Etat-major et le chef du cabinet militaire à la présidence 
Dans une cérémonie tenue ce dimanche après-midi au palais présidentiel de Beit-Salam, le chef d’Etat-major et le chef du cabinet militaire à la présidence s’engagent à régler leur différend pacifiquement mais aussi à enlever tous les malentendus dans l’armée. La communauté internationale, les notables, le gouvernement, les présidents de l’assemblée nationale et de la cour constitutionnelle et bien sûr les militaires, tous ont été invités dans cette cérémonie dont l’objectif visé était de prendre l’opinion à témoin.

 

Le chef du cabinet militaire à la présidence était le premier à se dévoiler avant que son frère d’arme et chef d’Etat-major n’apparaisse pour prendre place sur deux chaises placées cote à cote. Derrière un parterre de militaires, de l’homme de rang à l’officier, a pris position, signe que cette cérémonie les concerne en premier chef.

 

Le commandant Ibrahim Salim est venu ensuite dévoiler les termes de cet accord qui n’est autre qu’un ensemble « d’engagements sur le règlement pacifique du différend au sein de l’institution militaire ». Ce document est le fruit d’intenses « réflexions et d’un long débat menés par les officiers supérieurs de l’armée nationale de développement ».

Ce pacte soulève en premier les dysfonctionnements qui seraient à l’origine de cette crise entre le Général Salimou et le Colonel Bastoi. Comme maux qui minent le fonctionnement de l’armée comorienne, les hauts gradés ont énuméré, « le non respect de la hiérarchie et des attributions », mais aussi « le non respect du devoir de réserve, ce qui porte atteinte à l’image et au renom de l’armée ».

Pour palier ces problèmes, l’institution militaire représentée par ces deux hommes en conflit qui ont apposé leurs signatures sur le document, s’engage à « réorganiser la chaine de commandement, responsabiliser les militaires notamment officiers sans emplois et appliquer strictement tous les textes en vigueur notamment en ce qui concerne le recrutement, l’avancement et les affectations ».

La Grande Muette devenue « bavarde », selon le président Sambi, s’engage aussi à lutter contre le clanisme, le régionalisme et la politisation de l’institution militaire. Dans un communiqué lu en même temps que le pacte, « l’armée nationale de développement s’inscrit donc en dehors de toute manœuvre de coup d’Etat et de toute forme d’injonction par la force dans le pouvoir d’Etat quelles qu’elles soient, en ce moment et encore moins dans l’avenir ». Un passage qui a sans doute plu au chef de l’Etat, lui qui n’a pas cessé de marteler que « celui qui veut être président de ce pays doit se soumettre à la décision de la population et des urnes ».

Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a expliqué les raisons qui l’ont poussé à revenir sur sa décision de limoger les têtes de l’armée. Une décision, dit-il, « qui n’était pas facile à prendre » et il espère « ne pas le regretter ». Mais le locataire de Beit-Salam promet que « s’il entend ou constate que le conflit subsiste à cet accord, il va prendre sa décision de les limoger sans consulter personne ». Après la signature sous les flashs des photographes et les regards passionnés de l’assistance, les deux chefs ont procédé à une symbolique poignée de main, chose impensable il y a encore une semaine.

Ce pacte qui scelle la paix des braves est censé désamorcer la crise qui a éclaté au sein de l’institution militaire, suite à l’affaire dite de « tentative d’élimination physique » du chef d’état-major de l’AND, général Salimou Mohamed Amiri, mettant en cause des membres du cabinet de la présidence de la république. Le régime en place a surtout évité le risque d’une implosion de l’armée, à quelques jours de la fin du mandat légal du chef de l’état, constatée par la cour constitutionnelle qui, dans son arrêt du 8 mai dernier a décidé d’ouvrir « une période intérimaire » à compter du 26 mai 2010, tout en maintenant au sommet de l’Etat l’actuel président de l’Union et ses deux vice-présidents, avec des pouvoirs réduits jusqu’à l’élection de son successeur.


Ahmed Abdallah Mguéni

 

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