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Gouvernement de l'Union : un accouchement dans la douleur

Le 31/05/2011

Mohamed ISSIMAILA, Ministre de l’Education Nationale
Mohamed ISSIMAILA, Ministre de l’Education Nationale 
Un accouchement dans la douleur. Après moult tractations, le premier gouvernement du président Ikililou Dhoinine a enfin été rendu public hier soir. Par sa composition, le nouveau cabinet gouvernemental marque une certaine rupture avec le régime Sambi. Aucun ministre de l'équipe sortante n'a, en effet, été reconduit.

Et, contrairement à ce qui se murmurait dans les salons de Moroni, Sambi n'a pas réussi à imposer son poulain, Mohamed Bacar Dossar, au ministère des Finances. C'est plutôt l'un des principaux pourfendeurs du chef de l'Etat sortant, en l'occurrence Mohamed Issimaila, qui prend du galon en héritant du département de l'Education nationale. Il faut dire que, dans l'entourage de Dr Ikililou, personne ne voulait de ce ministère à problèmes (grève illimitée des enseignants,...). Le vice-président Fouad Mhadji, jusque là titulaire du portefeuille, ne tenait pas à le garder. Et le président Ikililou a finalement décidé de refiler le bébé au secrétaire fédéral du Front démocratique (FD), bien connu dans les milieux syndicaux et professeur de philosophie de son état.


Cette entrée de Mohamed Issimaila dans le gouvernement a fait une victime: Issa Soulé dont le décret de nomination à la tête du cabinet présidentiel (en charge de la Défense), a déja été paraphé. Mais, il a le malheur d'être du même village que Issimaila. Le MCJP a vite déchanté. Il faudra maintenant trouver un point de chute à ce proche d'Ikililou, un poste à la mesure de son allégeance au nouveau locataire de Beit-salam.

Mais, la liste de ceux qui ont été "biffés" au dernier moment est très longue. Dr Abdoulkarim, pharmacien de formation et l'un des meilleurs amis du couple présidentiel, en fait partie. Les trois vice-présidents se sont ligués contre sa nomination au ministère de la Santé: trop jeune pour le job et, surtout, novice en politique.

Au ministère des Relations extérieures, le premier choix du chef de l'Etat avait porté sur un autre jeune, Chakira, formé en Lybie et enseignant à l'université des Comores. Ce docteur en chimie, né à Miringoni, fait partie de la garde rapprochée de Dr Ikililou. Mais, son manque d'expérience lui a été fatal. Au final, c'est l'ancien ambassadeur des Comores en Libye qui a remporté l'adhésion de tout le monde.

Mmadi Ali au cabinet présidentiel? Un coup de bol, selon les habitués du palais de Beit-salam. En effet, après la "défection" de Issa Soulé, il fallait vite trouver un nom pour le remplacer. Et l'ancien ministre de la Justice passait par là. '' Hein, pourquoi pas Mmadi Ali?'' avait dit l'un des négociateurs. A en croire toujours notre source, le décret de Mmadi Ali a été lu sur les ondes de la radio avant sa signature, vu l'urgence qu'il y avait à rendre publique la nouvelle équipe gouvernementale.

Ce nouveau gouvernement a sacrifié l'équilibre régional sur l'autel d'on ne sait quel critère. on y retrouve des régions bien servies et d'autres passées carrément à la trappe.

Inoussablog

 

Le gouvernement I du Président Ikililou Dhoinine

Le 31/05/2011

Ikililou Dhoinine, President de l`Union des Comores
Ikililou Dhoinine, President de l`Union des Comores 
Vice-Président, chargé du Ministère de la Production, de l’Environnement, de l’Energie, de l’Industrie et de l’Artisanat,
Dr. Fouad Mohadji

Vice-Président chargé du Ministère des Finances, de l’Economie, du Budget de l’Investissement et du Commerce Extérieur chargé des privatisations,

Monsieur Mohamed Ali SOILIHI

Vice-Président chargé du Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat

Monsieur Nourdine BOURHANE


Ministre des Relations Extérieures et de la Coopération chargé de la Diaspora, de la Francophonie et du Monde Arabe,

Monsieur Mohamed BAKRI Ben Abdoulfatah Charif

Ministre des Postes et Télécommunications, de la Promotion des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communications chargé des Transports et du Tourisme,

Monsieur RASTAMI Mouhidine

Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de la Fonction Publique, des Reformes administratives, des Droits de l’Homme et des affaires Islamiques,

Dr ANLIANE Ahmed

Ministre de l’Education Nationale, de la Recherche, de la Culture des Arts, chargé de la Jeunesse et des Sports,

Monsieur Mohamed ISSIMAILA

Ministre de la Santé, de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de la Promotion du Genre,

Dr Moinafouraha AHMED

Ministre de l’Emploi, du Travail, de la Formation Professionnelle et de l’Entreprenariat Féminin, Porte-parole du Gouvernement,

Madame Siti KASSIM

Ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions,

Monsieur HAMADA Abdallah


DECRET N° 11 - 080 / PR Portant nomination des Délégués auprès des Vices-Présidences et Ministère du Gouvernement de l’Union des Comores.

ont nommées délégués auprès des vice- présidences et du Ministère des Postes et Télécommunications, de la Promotion des nouvelles technologies de l’information et de la Communications chargé des Transports, du Tourisme, les personnes dont les noms et prénoms suivent :

1. Monsieur Youssouf Soidik, Délégué chargé de l’Urbanisme et de l’Habitat auprès de la Vice-Présidence en charge du Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat

2. Monsieur Mohamed Halifa, Délégué chargé de l’Agriculture et de la Pêche auprès de la Vice-Présidence en charge du Ministère de la Production, de l’Environnement, de l’Energie, de l’Industrie et de l’Artisanat

3. Monsieur, Abdou Nassur Madi, Délégué chargé de l’Economie et des Privatisations auprès de la Vice-Présidence en charge du Ministère des Finances, de l’Economie, du Budget de l’Investissement et du Commerce Extérieur chargé des Privatisations

4. Madame Kalathoune Mahamoud, Délégué chargée des Transports et du Tourisme auprès du Ministère des Postes et Télécommunications, de la Promotion des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, chargé des Transports et du Tourisme


Monsieur SAID MOHAMED ALI SAID, est nommé, Secrétaire Général du Gouvernement de l’Union des Comores.

Monsieur M’MADI ALI, est nommé, Directeur de Cabinet du Président de l’Union des Comores, chargé de la Défense.

 

Imany, une comorienne sur les traces de Tracy Chapman

Le 31/05/2011

Imany Mladjao
Imany Mladjao 
Ancienne mannequin à New York, la chanteuse comorienne sort un premier album lumineux "The Shape of a Broken Heart". Portrait
 
Vous n'échapperez pas au phénomène Imany. Cette chanteuse originaire des Comores possède un atout de taille : une vraie signature vocale comme on en trouve peu, une voix rauque et chaleureuse qui rappelle parfois Tracy Chapman.
 
Quand je fais un concert, j'ai toujours l'attention du public dès les premières minutes, confirme la jeune femme. Depuis toute petite, je suis habituée à la surprise des gens, j'avais déjà la même voix à cinq ans ! Au téléphone, on m'a déjà empêchée de payer une facture parce qu'on ne pensait pas que c'était moi !
 
Pourtant, Imany n'a pas toujours tiré profit de ce grain de voix exceptionnel : “Après des études d'histoire, j'ai voulu prendre une année sabbatique pour tester le mannequinat aux Etats-Unis, explique l'intéressée, et finalement j'y suis restée sept ans.” Une période de sa vie à des années-lumière de l'activité de chanteuse : “Je n'étais pas forcément à ma place parce que je représentais un personnage créé de toutes pièces. Ça m'a permis de réaliser que l'important était de vivre de son art et d'en être fière.
 
Imany décide donc de rentrer à Paris pour tenter sa chance dans la musique. Avec sa sœur, qui devient son manager, elle écume les bars et démarche les labels. “On s'est fait connaître du petit public, celui qui se déplace vraiment pour nous voir sur scène, et qui ne lit pas forcément la presse ou regarde la télé”, se souvient Imany.
 
De premières parties en concerts improvisés, l'ancien mannequin prend enfin du plaisir à chanter. “Quand je suis arrivée, j'avais des idées préconçues, j'étais comme une nouveau née, j'ai appris sur le tas à dompter mes peurs sur scène, à me faire plus confiance. C'est comme si j'avais appris à marcher.” Une marche déterminée vers un succès mérité.

 

La CRC dresse le bilan du regime Sambi

Le 31/05/2011

Houmed Msaidie, Secretaire National de la CRC
Houmed Msaidie, Secretaire National de la CRC 
Le principal parti de l'opposition à Sambi, la CRC (Convention pour le renouveau des Comores) vient de publier un document d'une vingtaine de pages qui dresse un bilan non exhaustif des cinq ans au pouvoir de l'homme au turban vert. Nous vous proposons ci-après des extraits de ce document.

I. ECLATEMENT DE L’UNITE NATIONALE

A. OPERATION DEMOCRATIE A ANJOUAN

 Les partisans de Sambi, ne cessent de faire ses éloges pour avoir utilisé l’argument de la force pour déloger les séparatistes et leur chef, Mohamed Bacar. Or la sagesse veut qu’un vrai homme d’Etat, sérieux et avisé utilise plutôt la force de l’argument pour résoudre les problèmes. Autrement, c’est le chaos car à la moindre contradiction, on sort l’arme. Or, un homme sage disait aussi que : « Celui qui est battu par la guerre, revient par la guerre », tout simplement parce qu’il n’a pas compris pourquoi il doit partir.

 L’opération « Démocratie » a donc engendré des dégâts immenses car au lieu de restaurer l’unité du pays tel que le prétendait Sambi, elle l’a sérieusement compromise et consolidé le séparatisme. En voici quelques illustrations :

1. Après l’opération, Anjouan est devenu une zone de non droit où aucune loi n’est respectée et où, tous les droits les plus élémentaires sont bafoués. Les récentes élections des îles et de l’Union en sont l’illustration parfaite.

2. Le débarquement a permis de remplacer la dictature par l’arbitraire et le despotisme. En effet toute voie dissonante n’a pas droit de cité à Anjaouan et le cas de Mohamed Djaffar, de Moussa Toyb, de l’assassinat de Bimbini en sont des illustrations. C’est en fait un étouffement de la démocratie et des libertés individuelles.

3. Le débarquement a déterré les clivages sociaux latents dans l’île et ravivé les sentiments anti-ruraux (Makabayla Na WA Matsaha): cas de Chironkamba

4. Le débarquement a ravivé les sentiments antipathiques entre les grands comoriens et Anjouanais car la justice populaire et exemplaire tant clamée par Sambi à l’endroit de ceux qu’il avait qualifiés de « traitres de la nation » est finalement un feu de brousse. Une bonne partie des séparatistes est libérée et une autre intégrée illégalement dans les différentes secteurs de l’administration, telle que l’armée. Une situation insupportable pour tout homme épris de droit, de liberté et de paix. Et dans le même temps Sambi a trouvé des prétextes pour traquer injustement les ressortissants de Ngazidja. Un comportement qui sera gravé à jamais dans les mémoires de ceux qui ont été victimes.

5. Le débarquement n’a changé d’un iota, les mécanismes de gestion de l’administration anjouanaise et des sociétés d’Etat. Celles-ci ont gardé leur appellation séparatiste et n’agissent sous la tutelle d’aucune société mère, à part peut –être les télécommunications pour des motifs d’instrumentalisation.

6. Pire encore, le débarquement n’a entamé en rien les velléités séparatistes de certains anjouanais. En témoigne la récente déclaration indigne et infâme de l’ancien Ministre des Relations Extérieures de l’Union des Comores, de créer un parti séparatiste Anjouanais, pour défendre les intérêts d’Anjouan, chose bannie par la constitution. Mais c’est vraiment la preuve tangible que Sambi et ses partisans ne croyaient pas au débarquement et le fait de créer ce parti est suspect car démontre à quel point ils s’accusent eux-mêmes d’avoir commis beaucoup d’errements. Et en réaction à toute éventualité de riposte, ils préparent le repli.

B.LA REFORME CONSTITUTIONNELLE DE MAI 2009

 L’idée de réformer la constitution apparaissait plutôt comme une manœuvre de Sambi visant à s’éterniser au pouvoir car, celle-ci ne répondait ni à une urgence quelconque, ni à une interrogation légitime. Elle a suscité plus de répulsion que d’adhésion surtout de la part des exécutifs de Mohéli et de la Grande Comore, qui voyaient en cette modification une volonté d’écorner l’autonomie des îles, fondement de la réconciliation nationale. Et le fait que le Chef de l’exécutif de Ngazidja n’ait jamais accepté la nouvelle appellation de « Gouverneur » en est la preuve.

 Par ailleurs, lorsque Sambi a décidé de trahir sa propre parole de ne plus modifier la constitution, cela dénote son amateurisme politique et sa perception limitée des affaires de l’Etat.

 Cette constitution amendée a, au final, engendré au même titre que l’opération « démocratie » des conséquences fâcheuses sur la cohésion et l’unité du pays et en voici quelques exemples :

1. Le taux avec lequel elle a été votée, (mois de 10%) indique clairement qu’elle est rejetée par la plupart des comoriens, donc elle sera difficilement applicable. En témoigne l’attitude des nouveaux gouverneurs élus, qui, dans la pratique ne reconnaissent pas les nouvelles compétences qui leur sont dévolues par la nouvelle constitution. Ainsi, les conflits de compétences que l’on prétendait dissiper sont encore rémanents. Et l’effectivité de la clarification des missions des îles et de l’Union que l’on a tant vantée demeure hypothétique. Mais tout ce que l’on pourrait espérer, ça serait de voir surtout Anjouan s’adapter à cette nouvelle formule.

2. Les économies budgétaires tant clamées sont un leurre car non seulement un 3ème Vice Président est rajouté dans le dispositif mais également on est passé d’une masse salariale de 1,2 milliards FC avant les réformes à plus de 1,7milliards après les réformes constitutionnelles, pour atteindre 2 milliards fin 2010.

3. La nouvelle constitution fonde un principe de partage de l’aide et des investissements étrangers entre les îles. Cette disposition est suicidaire car elle est antinomique à la cohésion prônée par la même constitution ainsi qu’à son esprit fédérateur. Elle institutionnalise la mendicité et la médiocrité. Elle est la preuve que Sambi n’a pas maîtrisé le développement de son pays, car il fonde ses actions sur les aides et non sur les efforts propres. Cette disposition constitue surtout un détonateur majeur de l’acte séparatiste en ce sens qu’au lieu qu’elle se base de manière rationnelle sur le concept de budget-programme, elle privilégie la simple répartition des richesses, donc l’égoïsme au détriment de l’efficience.

C. LA QUESTION DE MAYOTTE

 Il convient de rappeler que contrairement aux allégations du gouvernement Sambi, la suspension de la question de Mayotte est intervenue depuis 1995. Et même sous Sambi, elle n’a jamais été introduite, car l’introduction signifie qu’elle figure dans l’ordre du jour et qu’après débat, elle fait l’objet de résolution concrète. Or, depuis 1995, tous les présidents qui se sont succédés jusqu’à nos jours, y compris Sambi lui-même ont toujours saisi l’occasion pour évoquer la question dans leur discours respectif sans jamais l’introduire à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

 Mais, au-delà de cet aspect introduction ou pas du dossier, qui n’est pas au fond une renonciation à l’identité comorienne, c’est plutôt la départementalisation de Mayotte sous Sambi qui constitue l’un des crimes les plus odieux qu’il ait commis durant son mandat.

 La complicité de Sambi sur la départementalisation de Mayotte est clairement établie, car la départementalisation est l’aboutissement d’un processus qui a été déclenché depuis pratiquement 2007, au vu et su de Sambi et dont la signature au tout début de son mandat d’un accord indigne pour expulser les comoriens de leur propre sol, Mayotte, en échange de la prolongation de son mandat en est une des prémices. Les étapes de la départementalisation les plus importantes peuvent se résumer comme suit :

21 février 2007, loi organique du parlement français autorisant le conseil général de Mayotte de modifier son statut et son accession au régime de département

 18 avril 2008, acceptation de la résolution
 14 janvier 2009, proposition du gouvernement français au Président Sarkozy relative à l’organisation d’une consultation de la population de Mayotte
 29 mars 2009, organisation de la consultation à Mayotte (95,24% de oui)
 23 novembre 2010, adoption à la majorité du projet de loi sur la départementalisation de Mayotte
 Fin mars 2011, départementalisation de Mayotte
 Il n’est donc pas admissible, que face à cette arrogance manifeste, un Président ne manifeste la moindre réaction objective pour marquer avec la vigueur requise son désaccord. Les comoriens attendaient de Sambi, une réaction suffisamment ferme, responsable et durable à l’égard de cet acte déshonorant et une tempête diplomatique de dénonciation de ses auteurs, mais hélas, cela a été pour lui un non évènement. Et les divers discours dans lesquels il prétendait faire de la dénonciation étaient apparus comme « du chien aboie et la caravane passe ». En effet cela n’avait en rien, entamé la détermination de la France, car de toutes les façons cette occasion d’or que Sambi leur a offerte est unique. Pire encore, à chaque évènement, Sambi trouvait toujours les malices de l’éluder comme ce fut le cas des réformes constitutionnelles qu’il a entamées au moment même de l’organisation de la consultation à Mayotte.
 C’est donc un acquis majeur pour les Français, qui, depuis l’indépendance n’ont jamais pu infléchir aucun Chef d’Etat Comorien sur la question de Mayotte et ce, malgré leur arrogance. Et sambi demeure le plus malheureux dans cette affaire car même s’il a gagné l’argent, son rêve de prolonger le mandat est quelque part estompé.

II. LA DILAPIDATION ET LE DETOURNEMENT DES DENIERS PUBLICS

1. LES FINANCES PUBLIQUES

 S’il est un domaine où la gabegie a triomphé sous Sambi, c’est certainement celui des finances publiques et tous les Comoriens en sont témoins.

 Sambi a en effet, détourné l’attention des comoriens pour installer un véritable réseau de pillage des deniers publics, au grand dam du peuple Comorien. En effet, nombreux sont les aides et autres deniers publics qui n’ont jamais été budgétés et pour lesquels la destination n’est jamais connue. C’est le cas de l’argent du projet habitat et de la citoyenneté. Cette dernière fait encore l’objet d’un débat houleux, y compris au sein des députés de la mouvance Sambi, qui estiment qu’en acceptant de commettre leur forfait, ils se trouvent manipulés et trahis.

 Sambi demeure aussi le Président comorien le plus aidé financièrement. Mais ce n’était pas fortuit car l’alternance politique dont il a bénéficiée, la conférence de Maurice et le retour des bailleurs de fonds ont constitué pour lui une bouffée d’oxygène. Ses partisans parlent d’un total d’environ 30 milliards FC, mais des sources sûres parlent d’un montant encore plus élevé. Mais admettons cela, ce montant équivaut à 2,5 années de salaires. Alors où est passé l’argent de l’Etat ? Pour être assez explicite, rappelons que l’émir du Qatar a aidé Sambi à apurer 6 mois d’arriérés de salaires sur un total de 10 mois. Dès lors les Comoriens ont toujours voulu savoir mais en vain, la destination des recettes nationales équivalentes au montant de l’aide.

 Le laisser –aller de Sambi et de son gouvernement a eu pour effet de multiplier les missions futiles, injustifiées et prédatrices de deniers publics. Et dans cette cacophonie, Sambi trouvait aussi son compte car pour avoir réalisé plus de 150 voyages à l’étranger à raison de 3 voyages par mois pour un montant d’environ 50 millions par voyage au minium, il a pu engranger la bagatelle de 5milliards de FC, soit 25% du budget national. Une somme dont la moitié aurait pu entretenir les routes et contribuer à payer les salaires par exemple.

 Le cas des sociétés d’Etat est assez pitoyable car Sambi lui-même en 2008 et son porte parole en 2011 ont avoué leur déliquescence. Dans la réalité, ces sociétés ne fournissent rien pratiquement à l’Etat, mais par contre elles continuent à arroser les caciques du pouvoir, via des réseaux illicites et discrétionnaires. En effet, quelles significations pourrait-on donner aux nombreux investissements improductifs réalisés par Comores télecom ?

 La mis en place à la Douane de Sydonia++ a été également vantée par de nombreux défenseurs du régime Sambi. Selon eux, elle a permis de maîtriser les recettes douanières. Mais ce qu’ils ont oublié volontairement c’est de préciser la destination de cet argent car en effet, l’histoire retiendra que d’une part, il a été copieusement détourné au profit des élections des îles et de l’union, qui constituaient un enjeu majeur pour Sambi et ses partisans et d’autre part, contribué à la création d’un parti politique de douaniers. Qui n’a pas assisté à l’arrogance puante manifestée par les dignitaires du régime lors des récentes élections ? des milliards d’argent, extirpés des caisses de l’Etat et distribués de manière arrogante et éhontée car quelles que soient les circonstances, il fallait gagner les élections et se prémunir de la foudre des citoyens en cas d’échec. Des sources dignes de foi ont indiqué que le premier tour des élections présidentielles de l’union a coûté plus d’un milliard de FC, au candidat Iklilou. D’où provenait cet argent, si ce n’était les deniers publics, puisés dans les sociétés d’Etat et le Trésor public ?

 Dans le rapport du gouvernement Sambi on a cité entre autres performances financières réalisées par son régime, la reprise des pourparlers avec le FMI pour le programme PPTE, le rééchelonnement de la dette, la paie des salaires, l’ouverture des banques et le paiement des arriérés de la BAD. Les informations disponibles indiquent plutôt le contraire et en voici les illustrations :

1. Pour ce qui est des pourparlers avec le FMI, rappelons d’une part qu’il s’agissait d’un processus initié bien avant lui et que selon le dernier rapport d’évaluation de décembre 2005 du FMI, le programme FRPC était à notre portée depuis cette date. Il n’a pas été exécuté à cause de l’arrivée à terme du mandat de l’ancien régime et les pronostics du FMI avaient porté sur un programme FRPC en juin 2006, juste après l’investiture de Sambi. Depuis cette date jusqu’à présent, les tergiversations de Sambi ainsi que sa gestion calamiteuse ont sérieusement ralenti le processus, car Sambi n’a jamais satisfait une des conditions phares d’éligibilité, à savoir la régularité des salaires et la maîtrise de la masse salariale et c’est pourquoi l’ancien Ministre des Finances de l’époque, le Dr Iklilou a parlé de prudence et d’un long parcours qui restait à faire.

2. S’agissant du rééchelonnement de la dette, nous rappelons tout simplement que c’est une disposition souvent appliquée aux mauvais payeurs, incapables d’honorer leurs engagements. C’est plutôt une contreperformance et non le contraire.

3. Pour ce qui est des banques, une dose de modestie aurait obligé le gouvernement de ne plus en parler car Sambi n’est le maître d’œuvre d’aucune institution financière parmi celles présentes dans le pays. Même l’Eximbank pour laquelle il avait procédé à l’inauguration, l’agrément a été délivré bien avant son arrivée au pouvoir. C’est donc une insulte à son égard, car celui qui s’approprie les œuvres des autres est dit « malhonnête » ou tricheur simplement

4. En ce qui concerne le paiement des arriérés, nous rappelons sans cesse que le processus a été déclenché bien avant lui. D’ailleurs c’est grâce à ce processus de paiement des dettes que la confiance a été rétablie et les décaissements au profit des projets suspendus, débloqués. Si ce n’était pas ce processus, Sambi n’aurait pas la perspicacité de le faire, car d’autres préoccupations l’auraient plutôt assailli. De plus, il convient encore de noter que la dette de la BAD (Banque Africaine de Développement) a été entièrement payée grâce à la France, mais cela n’a en rien entamé, la méthode de gestion chaotique de Sambi. Car d’habitude, si l’on reçoit une subvention, cela veut dire que l’on doit économiser l’équivalent du montant de la subvention pour financer d’autres obligations. D’ailleurs, depuis lors, Sambi n’a pu honorer aucune échéance de la BAD jusqu’à présent et il partira avant de le faire. Et comme il a été dit : « Il ne suffit pas de tendre une main pour mendier, encore faut-il que l’autre main se mette à creuser".

5. S’agissant des salaires, ils sont devenus l’épine dans le pied de Sambi car le niveau qu’ils ont atteint est effrayant. Jamais un gouvernement, depuis l’indépendance, ne s’est laissé emporté jusqu’à l’asphyxie. De 800 millions Fc avant Sambi, les salaires ont pratiquement doublé en l’espace de trois ans. Et dire qu’une institution de renom telle que le FMI allait avaliser de telles contreperformances pour être disposé à signer un programme cela relève vraiment de la complaisance. Mais là où le bât blesse, c’est que sur un mandat abusif de 5ans, les salaires correspondant à la moitié du mandat ou plus ont été payés à partir des subventions de partenaires. Dire que cela constitue une performance, c’est aussi insulter Sambi car cela consiste à mettre en exergue sa fainéantise et son oisiveté. La logique financière voudrait que les recettes locales équivalentes contribuent à résorber l’autre partie des arriérés. Il n’en a pas été le cas durant tout le mandat de Sambi car les arriérés de salaires ne faisaient que s’accumuler de mois en mois, et c’est peut-être le moment d’exiger des comptes à Sambi sur la destination précise des recettes locales.

III. LE CAFFOUILLAGE DIPLOMATIQUE

 Sambi a conduit, durant tout son mandat, une diplomatie vaseuse, sans vision ni orientation claire ; une diplomatie à son service, lui et sa famille et qui a rarement ou nullement profité à l’Etat, quoique ses partisans disent l’inverse mais sans arguments consistants. Beaucoup de vacarmes ont retentit mais au final, il s’agissait d’impressionner et de manipuler le peuple comorien car dans la réalité, diplomatiquement tout a été fait depuis l’indépendance du pays, Sambi n’a rien innové. Mais au-delà de tout ce vacarme, voyons sérieusement ce que la diplomatie de Sambi a engendré comme impact afin que l’on ne soit pas dupé à nouveau :

1. La faillite la plus monstrueuse de la diplomatie de Sambi reste et restera à jamais, la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte. La caution que Sambi a donnée à la partie française a ainsi constitué pour le peuple Comorien, une plaie qui ne cicatrisera jamais.

2. La diplomatie menée par Sambi a été personnalisée et confuse et a par conséquent contribué à l’isolement des Comores par de nombreux pays amis ayant toujours été aux côtés des Comores dans les moments les plus difficiles. Les cas de l’Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Egypte, Madagascar pour ne citer que ceux-là sont éloquents.

3. La diplomatie de Sambi a reçu de nombreux coups fatals qui l’ont anéantie à jamais, prouvant ainsi l’amateurisme et l’inconsistance qui la caractérisaient. Et pour preuves :

L’échec patent de la réunion de l’EASBRIG de mars 2010 à laquelle aucun Chef d’Etat convié n’avait pris part, provoquant ainsi le courroux de Sambi

La journée de solidarité avec les Comores (Mayotte) à laquelle le gouvernement Sambi s’est targué d’avoir invité plus de 26 pays alors qu’aucun de ces pays n’y avait pris part, même leur ambassade accréditée dans des pays proches des Comores

La réunion d’adieu organisée à l’ambassade des Comores en France et présidée par Sambi, à laquelle moins de 1% des diplomates invités ont pris part.

 Les tentatives nombreuses sur le plan diplomatique menées par Sambi pour rester au pouvoir se sont soldées par un échec cuisant. De toutes les façons une diplomatie ne pouvait triompher dans la violation des lois.

 La diplomatie de Sambi est restée aussi béate face au récent embargo sur les visas infligés par l’Ambassadeur de France, d’abord au gouvernement et à son administration et ensuite à tout le peuple Comorien.

4.Sambi a fait plus de tapage alors qu’en réalité :

Il n’a jamais noué de relations diplomatiques avec de nouveaux pays

Pas plus qu’il n’a jamais signé de nouveaux accords de coopération avec aucun pays.

Il n’a jamais voulu tirer profit des accords existants signés par ses prédécesseurs

Les retombées de sa diplomatie sont minimes et illisibles car il s’est plutôt focalisé sur un maximum de 5 pays arabes pour cause d’argent et non pour l’intérêt du pays

Les investissements tant vantés sont un leurre car il s’agit plutôt d’investisseurs charlatans, venus concurrencer, le grilleur de Mchakiki, le petit garagiste, l’épicier et autres petits métiers artisanaux et non de vrais porteurs de projets de développement. Le peu d’investissements réalisés sous Sambi ont été financés dans le cadre des programmes de développement et non d’investissements privés. D’ailleurs le peu d’investisseurs étrangers sérieux qui ont visité notre pays ont été découragés par l’incompétence qui caractérise l’administration de Sambi qui n’a jamais été un interlocuteur fiable.

 Le choix porté sur la République Islamique d’Iran dans le domaine de la coopération bilatérale est une réorientation brutale de la diplomatie Comorienne. Et cette stratégie n’a pas porté ses fruits car rien de plus sérieux n’a été fait par ce grand pays pétrolier. En tout et pour tout, une petite embarcation de pêche, non équipée et transformée d’abord en bateau de guerre et ensuite en DCP (Dispositif de Concentration de Poissons), quelques tuyaux et des pompes pour les adductions d’eau et quelques actions de façade menées par des ONG qui en profitent pour épandre le chiisme dans le pays.

 

Azali : « 2 milliards d’euros, c’est prendre les gens pour des cons ! »

Le 31/05/2011

Colonel Azali Assoumani
Colonel Azali Assoumani 

La tournante est arrivée enfin à Mohéli. Cette étape marque la fin d’un cycle de ce système propre à l'Union des Comores qui a été inauguré en 2002 par le régime Azali. Le colonel Azali était arrivé au pouvoir à la suite d'un putsch, mais fut élu après avoir démissionné. L'ancien président est donc un témoin privilégié de cette histoire récente du pays.

Azali Assoumani a assisté à l'investiture du Dr Ikililou avec les honneurs du public sous des applaudissements nourris. Une cérémonie qui correspondait à la fin du règne de celui qui lui avait succédé à Beit-Salam. Cet ancien militaire a accepté de porter son regard sur le régime Sambi et surtout de nous parler de l’avenir.


« L’investiture un moment émouvant »


Comment avez-vous vécu l’investiture du président Ikililou ?

C’était un moment très intense et très émouvant puisque c’est la continuité d’un système qu’on a mis en place ensemble en 2002 à la suite d’une crise profonde du pays. Je me suis dit que c'était une bonne chose d'être arrivé jusqu’ici, malgré les hauts et les bas. Mais in fine, c'est même un bon résultat puisqu’on est arrivé à une alternance qui aurait pu se dérouler comme tout le monde pouvait l'espérer. Je parle au conditionnel car on aurait voulu que ça se passe mieux. Mais au moins l’investiture a eu lieu. Le nouveau président est investi conformément à la loi. Tout ce qu’on peut espérer pour lui et pour le pays, c'est qu’il puisse s’atteler au devoir qui l’attend et je prie pour qu’il réussisse parce que sa réussite est la réussite de tout un peuple.


Ce jour-là, vous avez été beaucoup applaudi. Quant on se souvient qu’à une date identique vous aviez été hué, qu’est ce que, ça vous fait ?

En tant qu’Homme, il faut rester modeste et savoir qu’il y a une prédestinée pour chaque Homme qui arrive, qu’on le veille ou pas, surtout quant on est musulman. Donc, ce qui est arrivé en 2006, c’est un événement. J’en ai connu beaucoup. Je ne dirais pas pire car je n’étais pas chef d’Etat, mais durant ma vie j’ai connu des moments intenses comme ça. Mais il faut remarquer qu’en 2006, il y a des gens qui ont comploté et qui ont payé des gens pour venir faire cela. Nous, on l’a su en amont mais on a laissé passer. Et ce qui s’est passé dernièrement, je ne peux que dire merci. Nous pensons que c’est avec sincérité que les gens ont applaudi très fort. En tout cas, ce ne peut pas être autrement et j’espère que ç'était autant destiné au Dr Ikililou.


Et ça vous fait quoi de voir votre bébé, la tournante, tourner ?

La tournante tourne, c’est bien car c’est pour cela qu’elle est faite. Mais le débat que tout le monde ne veut pas faire, c’est que c'est moi moi qui a voulu qu’elle tourne comme ça. La constitution elle-même avait préconisé une autre façon de tourner. J’ai voulu que ça tourne comme ça parce que pour moi c’est une transition qui continue. Pour moi, 12 ans de transition, c’est largement suffisant pour faire un bilan et voir l’avenir. Malheureusement, le pouvoir actuel l’a biaisé parce qu’il a voulu changer la constitution pour des motifs qui ne sont pas évoqués. Il prétexte que 4 ans c’est trop peu et que 5 ans c’est mieux. Mais quel est la différence entre 4 et 5 ans en matière de gestion ? C’était seulement une façon de torpiller le jeu dans dire le mot. C’est pourquoi nous sommes arrivés à ce que le Dr Ikililou fasse 5 ans. Tant mieux pour lui. Mais j’avais pensé laisser ces 12 ans de transition et s’asseoir d’une façon nationale pour dire ce qui avait marché et ce qui n’avait pas marché. Moi j’ai fait 4 ans, Sambi devait faire 4 aussi mais il a ajouté un an d’illégalité. La cour constitutionnelle, sans pour autant dire que Sambi allait faire 5 ans conformément à la nouvelle constitution, lui a permis de faire ces 5 ans. En tout cas, ça n’a rien avoir avec la révision constitutionnelle que le président en a fait et voulait le ramener jusqu’à novembre 2011. Heureusement que la cour constitutionnelle ne l’a pas reconnue comme une loi constitutionnelle. Et vous me permettez de m’étonner que le président Sambi a prétendu qu’il était le seul à vouloir les élections à cette date-là et que les autres n’ont pas voulu. Pourtant, c’est lui qui a introduit la loi pour rester au pouvoir jusqu’en novembre 2011. Et que la lutte qui a été menée par tout le monde, y compris la presse à qui je dis bravo car vous avez fait du bon travail, les Mohéliens et nous, tous les partis politiques, c’était pour dire au président Sambi qu’il n’a pas intérêt à jouer ce jeu dangereux. Finalement, c’est sous la contrainte qu’il a accepté et maintenant, il se donne les mérites. Qu’il ait ôté les chaussures pour prier Dieu pour qu’il puisse en arriver ici, on ne peut pas dire non mais, ce que tout le monde sait, c'est que ce n’est pas aujourd’hui qu’il voulait partir. Il voulait partir au mieux en octobre 2011 selon la loi qu’il a votée. En tout cas, ce qu’on peut capitaliser dans ce départ, c'est l'alternance politique qui se fait. Il n’y a pas de chef d’Etat qui parte directement au cimetière ou qu’on envoie à la Réunion.


« Je ne veux pas cette popularité de Sambi »


Et maintenant, quel regard portez-vous sur le régime de votre successeur ?

Avant-hier, Sambi a dit qu’il ne dit pas ce qu’il fait mais il dit ce qu’il n’a pas fait. C’est une façon curieuse de faire un bilan (rire…), car normalement on dit ce qu’on a fait. Je ne vais pas m’étaler mais tout le monde sait que Sambi s’est engagé pour trois choses : un logement décent pour tout le monde, une justice juste et la lutte contre la corruption et création d’emploi. Je pense qu’on n’a pas besoin de sortir d’une grande école et des microscopes pour voir que les logements, on n’en parle pas. Curieusement, il a lui-même avoué qu’il a touché des milliards pour ce projet. Et que jusqu’alors, à part les trois qui ont été fait en guise d’expérience dans les trois îles, on ne connait pas. C'st quand même grave qu’il s’engage à ça, qu’il annonce avoir les fonds et ose dire qu’il n’a rien à dire alors qu’on ne voit pas les logements. Deuxièmement, c’est la justice quant on voit l’affaire du général Salimou avec l’assassinat du colonel Combo et l’histoire de l’ancien préfet assassiné sauvagement à Sima. On a donc intérêt à se poser des questions de savoir quelle justice Sambi a fait pendant ces 5 ans. Et là, nous citoyens lambda, partout où nous nous trouvons, nous sommes très inquiets de savoir si quoi que ce soit arrive, de bien ou de mauvais, à quelqu’un de façon active ou passive, est-ce qu’il y a une justice capable de rendre la justice quant on voit le chaos où sombre l’affaire général Salimou et colonel Combo. Maintenant pour la corruption, ce n’est pas la peine d'en parler. Il a avoué que les gens qui se trouvent à côté de lui sont corrompus, qu’ils ont malhonnêtes mais qu’a-t-il fait ? Il a porté plainte devant Dieu. Alors pour parler de justice, ceux de l’ancien régime, il les a mis en prison. On les a mis en prison mais pour les siens il porte plainte devant Dieu. Et même ceux qui ont été mis en prison, il y a deux catégories : ceux qui ont rejoint le régime et qui sont lavés. Il suffit donc de rejoindre son régime et là on n’est pas coupable. Et ceux qui n’ont pas suivis sont resté en prison. Donc pour ces trois dossiers, c’est le chaos. Je mets au défi n’importe qui de dire le contraire. Et d’ailleurs, ça me fait très mal quand je vois des gens très respectables dire dans la presse que « oui Sambi a ouvert le pays au monde arabe. » Allez dans le monde arabe, tout y allait. Mais les arabes, quels résultats ont-ils apportés ? Les panneaux à la corniche ? Ou les nouveaux panneaux qu’on fait au foyer des femmes de Moroni ? Ou bien l’Hôtel Galawa, ou Janat Alkamar du Lac salé ? Au moins, s’il avait construit des hôtels, ces gens viendraient se promener et permettre de lutter contre le chômage, permettre aux commerçants de vendre quelque chose. Mais ces gens ils viennent sans rien faire et ils repartent. Et, prouesse, on a pu constater que ces gens qui sont arrivés n’ont rien fait d'autre que de récupérer ce que le pauvre Assim avait fait. Assim avait fait trois investissements importants dans ce pays : Al Amal à Anjouan, Hôtel Itsandra et le Moroni. Et ces gens sont venus récupérer toute ça de façon illégale. Et ça, n’importe qui peut le faire! Des arabes ou des chinois ce serait la même chose. Donc, il faut rester serein, mais qu’on ne prenne pas les gens pour des cons car c’est le chaos. Et au lieu de faire son bilan, il annonce le programme de son successeur. Donc, tout ce qu’il a dit il ne l’a pas fait mais il est en train d’hypothéquer la présidence d’Ikililou en annonçant d'autres choses. C’est un peu dommage. J’espère que le président Ikililou saura prendre ses responsabilités en main.


Malgré ce bilan que vous juger négatif, il est resté populaire. Peut être qu’il y a quelque chose de négatif ?

(Hésitation…). Il faut définir ce qu’on appelle populaire. Si populaire, c’est gagner des élections en les achetant. J’ai pensé donner l’exemple mais il n’a pas été suivi. J’avais le pouvoir, j’avais les armes, j’ai fait un coup d’Etat, les élections que les instances avaient déclaré que j’avais gagné, j’ai accepté. Celles que les instances avaient déclarée perdues, j’ai accepté. Mais lorsqu’un régime ose dire qu’un régime n’est jamais battu aux élections, avec tout ce qu’on a vécu ici, on ne peut pas parler de popularité. C’est un coup de force. Souvenez-vous que même la communauté internationale avait dit qu’à Anjouan, il n’y a pas eu d’élection. Moi, je n’ai pas cette popularité. La popularité que j’aime, c’est quand le peuple s’exprime de façon transparente. Et s’il faut le forcer pour se prononcer pour dire après qu’on est populaire, je n’en veux pas.


Au cas où, Dr Ikililou vous recevez en audience, qu’allez-vous lui donner comme conseil ?

Un conseil simple. Je dirais au président Ikililou qu’il ne doit compter que sur ses propres forces. Ils étaient 10 à Mohéli, trois au niveau national et il a été le seul à être choisi avec ses trois vice-présidents. Cela veut dire que c’est lui qu’on a choisi et c’est à lui d’assumer ses propres responsabilités. Cela ne veut pas dire ne pas attendre des conseils, ou ne pas avoir des experts mais de savoir qu’il est le seul à être jugé à partir du choix qu’on fait les Comoriens. C’est peut-être théorique mais je le dis car on a vécu un scandale pendant 5 ans dans ce pays. Les gens ont compris qu’on peut rester sans rien faire et que les qataris et les arabes viendront le faire en notre lieu et place, nos autorités en tête. Elles avaient compris ça et elles le disaient. Quant on entend qu’on a préparé les états de salaires et qu'on attend que l’argent arrive, c’est scandaleux. Donc je dirais à Ikililou qu’on doit d’abord compter sur nous même. On n’est jamais mieux gratté que par soi-même. C’est vrai, il aura des conseils, il aura des aides et on les espère mais ils ne sauront jamais se substituer aux efforts qu’on doit faire. Le peuple comorien a choisi d’être libre depuis le 6 juillet 1975 et cela a un sens. S’il fallait être libre et continuer à attendre des aides extérieures pourquoi avoir demandé l’indépendance ? Effectivement, les aides extérieures sont toujours normales et complémentaires mais ce à quoi on va réfléchir, c'est de concevoir et la façon dont nous allons nous y mettre qui sera la meilleure. Je le dis parce que ce que je l’ai entendu et que le président Ikililou l’a répété par rapport à l’argent des ONG dont on nous parle, l’argent du Qatar, la Fondation Fatuma, tout ça c’est nécessaire mais jamais suffisant. En 2005, on a fait une conférence à Maurice avec 200 millions de dollars, et personne n’en parle maintenant. Aujourd’hui, on parle de 600 millions sur la conférence du Qatar. Mais cette conférence va être gérée de la même manière que Maurice, les résultats, il ne faut pas les attendre. La curiosité, c'est que les conférences du Qatar et de Maurice qui rassemblaient toutes les institutions financières internationales et les pays amis, ont mobilisé 200 millions à Maurice et 600 millions au Qatar. On prétend qu’une ONG va débourser 2 milliards d’euros, c’est prendre les gens pour des cons! Que ce soit ceux qu’ils l’ont dit ou ceux qui étaient là pour faire croire que c’est la vérité, ce n’est pas vrai! Ni en amont, ni en aval, ce n’est pas vrai il n’y a pas une Ong qui est capable de donner deux milliards d’euros à un pays et même si c’est le cas, on n’a même pas les moyens d’absorber cette masse d'argent en deux ans. C’est du n’importe quoi. J’espère que le clan Ikililou le prend au premier degré mais qu'il se donnera les moyens de vérifier.


« Il est très tôt pour me déclarer candidat »


Est-il possible pour lui de se détacher alors que c’est la même équipe. Qu’on parle même de changement dans la continuité ?

(Pensif…). La continuité n’est quand même pas péjorative ! On a toujours dit que l’Etat appartient à tout le monde. La continuité de l’Etat est une donne que tout le monde doit intégrer. C’est d’ailleurs ce qui fait la force des pays développés. Ces pays joue la continuité de l’Etat. Même deux régimes qui se tournent le dos, le régime qui arrive discerne ce qui est bien pour l’intérêt de l’Etat et il continue parce qu’il y a des lois qui l’ont institué. Ce qui n’est pas bon pour le pays, on l’écarte mais en passant par les voies légales. Prenez l’exemple des Etats-Unis. Vous croyez qu’un pays comme les Etats-Unis se développe en 4 ans ou 8 ans? Ce n’est pas possible. Ils ont intégré la notion de continuité de l’Etat. Ce qui n’est pas malheureusement le cas ici. On a constaté que tout ce qu’on a fait de 2002 à 2006 est considéré comme pas bon. On a même eu le culot de dire que rien n’est fait dans ce pays depuis l’indépendance et que c’est maintenant qu’on commence tout! C’est comme ça qu’on construit un pays. Maintenant, Ikililou a été élu. Cela veut dire que la continuité de l’Etat, ce sont les projets. Il vérifie les projets fiables, il les continue et ceux qui ne sont pas fiables, on ne va pas faire n’importe quoi au nom de la continuité de l’Etat. Donc, j’espère que Dr Ikililou va continuer ce qui est bien, encore qu’il y en ait moins. Mais s’il continue dans la voie du mensonge et sur ce qu’on a suivi jusqu'ici, je crois que ce serait dommage. Mais on lui fait confiance pour, sans pour autant trahir l’amitié des gens qui l’ont amené jusqu’à là, dire à tous « c’est moi seul le comptable vis-à-vis du peuple comorien et vis-à-vis de Dieu » car c’est lui seul qui a prêté serment avec les trois vice-présidents.


A partir de 2016, si la constitution n’est pas changée, ce sera le tour de la Ngazidja de reprendre la tournante. Le Colonel Azali pourrait être candidat ?

Vous n’allez pas me poser une question qui est au conditionnel ! (Grand rire…). C’est vrai nous arrivons au terme de la tournante. Maintenant, il appartient au Président Ikililou et à l’assemblée d’appeler le peuple comorien pour faire le bilan de cette tournante qui est arrivée à terme. Que faire? C’est à partir de là que les uns et autres vont se prononcer. Mais je croix que ce serait maladroit et même dépasser les ambitions de se décider dès maintenant que quels que soit les cas de figure je serai candidat. Donc, je ne peux pas me prononcer alors que je ne sais pas comment ça va se dessiner. On ne se prononce pas par hypothèse. Il va falloir qu’on voit où on va, y aller pour poser le pied. On ne va pas faire un saut dans l’inconnu. Mais lorsqu’on verra où on pose le pied, on va réfléchir pour dire que je peux ou je ne peux pas. C’est là que la question va se poser et certainement, il y aura une réponse. Maintenant, c’est prématuré.


Propos recueillis par A.A. Mguéni

 

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