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Interview de MJAMAWE

Le 08/09/2008

M.Abdou Madi
M.Abdou Madi 

PARTI II :

Après le relaté des évènements anjouanais, Mjamawé évoque l'avenir, et fait des propositions tant institutionnelles qu'économiques pour redresser l'Union des Comores...

Nous avons quitté la semaine dernière l’ex-numéro 2 du régime anjouanais, renversé par une coalition étrangère, et nous avons évoqué ensemble les évènements qui ont menés à la crise. Voyons maintenant quelles modifications Mohamed Abdou Madi serait en mesure de proposer à la Constitution de l’Union, afin d’apaiser les esprits et créer un climat progressiste dans son pays.

M.Abdou Madi : Tel que c’est parti, les Comores ne peuvent rester ainsi. La Démocratie évolue, elle s’apprend, dans les îles de l’Océan Indien. Le système Sambi est révolu, d’un autre âge, complètement dépassé, on voit à quel niveau de misère l’Union des Comores est maintenant arrivé.Les exactions continuent. Les Français poseront un jour les bonnes questions à Monsieur Sambi : « Et maintenant ?.. On fait quoi ?.. » Tout peut aller vite, dans le sens où l’on désire porter le regard au delà d’Anjouan.Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Alors, que faut-il faire ?

M.Abdou Madi : Il faut renforcer la démocratie. Il faut que les comoriens mettent les choses à plat. Il ne faut plus tricher les uns par rapport aux autres. Les richesses comoriennes sont le tourisme, la pêche et la parfumerie. Il faut autour de cela construire une économie, avec, je l’admets, quelques coups de pouce de l’extérieur, mais pour aider, pas pour envahir !

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Avant que nous parlions de l’organisation interne, quelques mots sur la cousine : Mayotte ?

M.Abdou Madi : Dans l’Histoire, les anjouanais sont des mahorais ! D’ailleurs, Mayotte était la capitale des quatre îles. La différence entre un anjouanais et un grand comorien, c’est que l’anjouanais se sent chez lui partout où il est, quelque soit où il est. Le Grand Comorien, lui, ne se sent chez lui qu’en Grande Comore ; c’est toute la différence.

Il y a un grand mélange de sang à travers les âges entre mahorais et anjouanais. Un rapprochement tant ethnique que géographique. Le statut de Mayotte va changer, avec la départementalisation , il va dissocier ce phénomène. L’anjouanais a accepté le choix de Mayotte. Le Grand Comorien a protesté. Il n’y a pas de souci entre Anjouan et Mayotte…


Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Mais il y a toujours le souci des kwassa-kwassa qui abordent Mayotte chaque jour, plein de candidats à l’exil d’Anjouan !

M.Abdou Madi : Il faut éviter les kwassa-kwassa… Cela doit cesser. Si les anjouanais pouvaient venir librement sur Mayotte, avec un visa temporaire, se faire une opinion sur leur installation ou non à Mayotte, ayant le temps de chercher un emploi, un logement, il verraient la difficulté de leur démarche et pourraient librement toujours revenir à Anjouan s’ils renonçaient ! Je suis convaincu que le flux de déplacement diminuerait et il y aurait moins d’anjouanais à Mayotte. Actuellement, ils prennent beaucoup de risques pour leur vie en venant clandestinement, mais combien se « rendent » spontanément à la Police aux Frontières parce qu’ils savent qu’ils vont pouvoir rentrer gratuitement ?

Je souhaite le dialogue avec la France. Il faudrait que la France prenne le risque d’ouvrir ses portes, car l’anjouanais pourra se rendre compte de visu, à Mayotte, constater de lui-même qu’il n’y fera pas fortune, et pourra librement revenir à Anjouan. Les anjouanais qui ont obtenu le visa temporaire pour Mayotte ne s’y sont jamais installés. Ce jeu du chat et de la souris n’est pas une méthode valable d’échanges humains.

Si l’argent dépensé pour la Police aux Frontières était consacré aux échanges économiques entre Anjouan et Mayotte, cela serait valorisant. Si le pêcheur anjouanais pouvait venir déposer son poisson en chambre froide à Mayotte afin qu’il soit vendu aux mahorais tout le monde y gagnerait. C’est une question de volonté politique. Il faut se donner les moyens économiques d’y parvenir.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Alors parlons un peu de ces changements en profondeur dans l’Etat comorien …


M.Abdou Madi : Il faudrait un état comorien, mais qui délègue pratiquement tous les pouvoirs, tous les pouvoirs de fonctionnement direct, comme en Suisse avec les cantons, comme en Allemagne avec les Landers, comme au Nigéria.

Une Région chez nous, c’est une île. Ca nous est imposé par la géographie, les régions sont séparées par des bras de mer, nous sommes un archipel, c’est ainsi. Et quand ce système fonctionnera, alors nous pourrons travailler avec les autres Régions de l’Océan Indien, Maurice, Madagascar, la France de la Réunion, les Seychelles. Où Mayotte et Anjouan pourront s’entendre.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Mais concernant les statuts de l’Union ?

M.Abdou Madi : Il y a trois aspects à prendre en compte : l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.

Dans le domaine Exécutif, la Présidence des Comores resterait tournante, en élisant le même jour, bien sûr, le président de chacune des trois îles, pour une durée de 6 ans. Le praesidium serait composé des présidents des îles, un président, un vice-président, tournant à l’intérieur du mandat, d’où la nécessité d’une mandature d’un nombre d’années divisible par trois.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Que gèrerait l’exécutif de l’Union ?

M.Abdou Madi : Tout d’abord la Diplomatie, et non la Coopération. Ensuite les problèmes de Nationalité, dans une conception proche de celle de l’Union Européenne. Puis l’exercice commun de la souveraineté, l’Air, la Mer, les Communications, puis la Justice, mais sous sa forme ultime, c’est à dire la Cassation, et enfin le système bancaire, la Banque Centrale, les relations avec les banques privées commerciales ; que la gestion des banques soit autonome au niveau de chaque île et non centralisée à Moroni, que les sanctions s’il doit y en avoir ne dépendent pas des faits politiques.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Pourquoi les Communications ?

M.Abdou Madi : Il faut retenir une leçon du dernier conflit : au moment de l’imminence du Débarquement tanzano-soudanais, les puces des dignitaires anjouanais avaient été désactivées. Nous n’avions plus la possibilité de nous joindre. Cela est une preuve d’ingérence totale !

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Concernant la Défense de l’Union ?

M.Abdou Madi : Actuellement les Comores ont une « Défense Extérieure » dans la nouvelle Constitution. Une Défense Extérieure et des Forces de Sécurité Intérieures. Les Comores n’ont pas les moyens financiers d’entretenir une armée de défense. Quel pays de l’Océan Indien aurait des visées hégémoniques sur les petites îles comoriennes ?… Non ! Qu’une Force de défense régionale avec les autres pays de l’Océan Indien se mette en place, oui !, mais sans conserver cette force de défense extérieure strictement comorienne !

Par contre, que chaque île possède ses forces de Police, de proximité, pour assurer le maintien de l’ordre, et les affaires judiciaires, cela paraît normal.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : La diplomatie ?…


M.Abdou Madi : C’est avoir la possibilité pour chaque île de se débrouiller toute seule, sans en référer au pouvoir central : si Mohéli a envie de faire un jumelage avec une ville anglaise, cela ne concerne qu’elle, Grande Comores n’a pas à s’y opposer, tout cela dans le respect des accords diplomatiques avec les autres pays. Ces accords, il faut tout recréer, remettre de l’ordre…


On n’a pas les moyens de s’offrir une représentation diplomatique dans chaque pays, hélas. Nous avons de petits moyens. Mais nous pourrions cependant avoir un représentant, un chargé d’affaires, sans les structures lourdes d’une ambassade au sens propre.

Je pense que cela permettrait déjà d’économiser pratiquement 40% par rapport aux dépenses actuelles, sur un budget de l’ordre de 13 milliards de francs comoriens par an, de frais de fonctionnement théoriques.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : La partie législative du pouvoir central ?…


M.Abdou Madi : Actuellement, il y a confusion, car chaque île a deux assemblées.

Il y a l’assemblée insulaire, et l’assemblée nationale. Sur chaque île. Or les lois votées pour l’ensemble de l’Union sont souvent discutées au niveau des îles, parce qu’elles ne sont pas en conformité avec l’Assemblée locale. Ce qui donne des palabres et souvent des discussions à n’en plus finir. Je propose donc que pour les questions d’ordre commun, concernant l’Union, on crée un Congrès des 3 Assemblées locales insulaires, convocable par Moroni, qui serait en mesure de discuter et voter les textes communautaires . Cela permettrait de supprimer les assemblées nationales sur chaque île, qui, bien entendu, conserveraient leur assemblée locale, cela éviterait les antagonismes, et ce Congrès serait épaulé par une sorte de Conseil Constitutionnel qui s’assurerait que les lois votées par le Congrès soit bien dans le cadre de notre Constitution.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Et le pouvoir judiciaire ?…


M.Abdou Madi : Comme je vous le disais tout à l’heure, il conviendrait que seule la Cour de Cassation soit au niveau du Pouvoir Central de l’Union. Chaque île étant autonome dans ses juridictions de 1er et Second degré.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Mais comment initier tous ces changements ? Quelle est l’amorce ? Par où commencer ?

M.Abdou Madi : D’abord le système politique comorien doit être à l’origine d’un changement économique. Il n’y a pas de problème entre grand comorien, mohélien, anjouanais, il n’y a des problèmes qu’au niveau de leurs hommes politiques. Mais la haine risque de prendre le dessus, et franchement c’est à éviter. Sitôt que l’impérialisme politique disparaîtra, nous pourrons aller vers des Comores du progrès.

Quand je parle du tourisme entre Anjouan et Mayotte, les possibilités sont énormes, nous avons le potentiel ! Et Mayotte, gagnerait à être la plaque tournante du tourisme au Comores.

Ensuite, un autre problème reste à régler : créer l’ambiance d’une société de consommation au niveau des Comores. Il faut lutter contre la thésaurisation aux Comores. En développant le système bancaire, en développant les produits bancaires, les comptes à intérêts fixes et variables en fonction des placements. Il faut que tous ces produits financiers circulent librement !

Nous avons juste une Banque, la Banque Internationale des Comores, la BIC, qui pratique des taux d’intérêt beaucoup trop élevés à ses clients ! Ils peuvent monter jusqu’à 30% !Le système devra créer des moyens pour favoriser les dépenses, lutter contre la peur de dépenser, aller vers une société économique moderne. Actuellement, vous allez placer de l’argent à Anjouan, on vous en prend pour gérer votre compte !

Il faudrait aussi favoriser l’émigration économique. Réussir à faire travailler des comoriens en dehors de l’Union, au lieu de vendre des terrains aux étrangers. Il y a beaucoup de main d’œuvre réclamée par les pays voisins.

Culturellement, les comoriens n’ont qu’un choix pour aller travailler, sans savoir d’ailleurs précisément s’ils y travailleront : c’est la France. Il faudra faire évoluer les mentalités ; oser partir en Indonésie, au Canada, en Australie, il faudra relancer cette émigration économique.

Pendant la période coloniale, tout était traité aux Comores : le giroflée, les parfums, la distillation de l’ylang ; aujourd’hui, on se contente de la cueillette, du séchage et de l’expédition vers d’autres pays pour transformation. Où est la valeur ajoutée comorienne en la matière ? Il faut donc la revaloriser.

Il faut accorder de l’attention à la conservation de la pêche. Pouvoir investir dans des chambres froides pour vendre le produit de la pêche non vendu le jour même, au lieu de le sécher ou de le jeter comme aujourd’hui. L’économie de la pêche passera ainsi par une cotation variable chaque jour en fonction de la production, des stocks et du marché de la vente, de l’exportation , sous forme de cotation. Si l’on achetait plus à Mayotte de poissons comoriens, et moins d’Afrique du Sud, ils serait certainement plus frais, et moins cher, et mahorais comme comoriens y gagneraient. Toute une culture à construire.

Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Nous allons nous quitter dans quelques instants, quel message aimeriez-vous faire passer auprès des lecteurs de ce blog, pendant cette période un peu pénible, on peut le dire, d’exil en terre mahoraise, avant, on peut le souhaiter, des jours meilleurs pour l’Union des Comores, vous-même et vos camarades ?

M.Abdou Madi : J’aimerais dire ceci : je suis anjouanais, et j’aime profondément mon île. Je n’en suis pas qu’originaire, j’y ai vécu, j’ai travaillé pour elle, parfois dans des conditions plus que difficiles, mais j’estime que les Comores ne méritent pas ce qu’elles vivent aujourd’hui, pas plus que ce qu’elles ont vécu par le passé, dans des périodes troubles. Elles ne se sont pas encore réveillées dans ce monde moderne.

Les comoriens sont un peuple sympathique, mais qui a la malchance de toujours subir le jugement sur le plan international, sur la base de l’unilatéralisme. C’est malheureusement le sort du plus petit, du plus faible. Et pourtant, le peuple comorien, s’il n’a pas de richesse particulière, représente un certain potentiel.

Aujourd’hui à Anjouan, depuis le débarquement, la misère règne. La torture, la maltraitance. Les conditions de vie sont plus que précaires, l’alimentation ne suit plus, les droits de l’Homme si chers à la Communauté Internationale sont continuellement bafoués.

Depuis le débarquement, 700 personnes sont emprisonnées, dans des conditions indignes pour un être humain, sans procès, sans jugement, sans comparution, simplement 700 personnes mises à l’écart du monde, en attendant qu’elles en disparaissent parce que leurs forces disparaîtront elles aussi. Le litre d’essence, quand il y en a dans les cuves, est à 600 Francs comoriens, le pétrole lampant à 500 Francs, contre 200 Francs avant les évènements, et il n’en manquait pas.

C’est cette souveraineté d’un peuple tout entier, écrasé par la domination du Chef, Foundi Sambi, et de son représentant, qui nous interpelle et nous émeut. C’est quel monde ça ? Pourquoi ?

Si je vais plus loin, je dirai encore que la démocratie a imposé deux formules majeures ; se soumettre ou se démettre. Autrement dit l’élection et la démission.

L’élection est le privilège du peuple pour orienter son existence, mais la démission est pour le représentant que le peuple ne soutient plus dans ses décisions la possibilité de corriger, ainsi que le moyen démocratique de corriger les erreurs si le peuple s’est trompé. Et de redonner ainsi la place aux élections pour un choix différent. C’est cela la démocratie.

Le seul fait d’être Chef d’Etat, tout ce qu’il dit, n’est pas forcément ce qui doit arriver à son peuple.

C’est ce jugement-là, cette manière de voir les choses, que j’aurais aimé voir de la Communauté Internationale à l’égard de Foundi Sambi, en faisant le bilan de son argumentaire qui n’a conduit qu’au coup de feu et à la misère du peuple anjouanais, mais aussi de toute la population comorienne sur les trois îles.

Aujourd’hui, Anjouan est dirigée depuis le départ de Mohamed Bacar par Moussa Toybou, passant pour un très proche du Président de l’Union, Foundi Sambi. Deux jours avant les élections qui ont mené Moussa Toybou à la tête d’Anjouan, le Président Sambi a limogé et remplacé le président de la commission électorale chargée de veiller à la bonne tenue du scrutin et à sa régularité.


Et le soleil se lève toujours à l’Est….

                                         " Le Blog : Dernier arrêt les Kergulen..." Iledelareunion.net

 

Abdouloihabi-Sambi : Quand l'inimitié succède à l'amitié !

Le 08/09/2008

 

Il y a un peu plus d’un an, entre Le président de l’Union, Ahmed Andallah Sambi et celui de l’île autonome de Ngazidja, Mohamed Abdouloihabi, c’était le grand amour. Ce dernier avait même quitté le cabinet présidentiel qu’il dirigeait depuis un an pour offrir au locataire de Beit-Salam la belle victoire à Ngazidja. Mais nous voici 15 mois après, les espoirs commencent à tomber. Abdouloihabi et Sambi ne se côtoient plus, ne se parlent plus, comme des vrais ennemis. Alors d’où vient cette inimitié imprévisible au sommet de l’Etat ?

 

« Quand j’avais décidé d’être candidat aux élections présidentielles, j’avais la conviction qu'il n'y aurait plus des conflits de compétence. Hélas », déplore déjà le président de Ngazidja, lors d’une rencontre avec les membres de la communauté comorienne de la région parisienne, le 6 mai 2008.
Même si le président de l’Union ne croyait vraiment pas en la victoire d’Abdouloihabi, il l’a savourée, comme beaucoup de responsables de la mouvance présidentielle. Et tout le monde avait aussitôt cru que la machine du progrès allait démarrer après plus d’une année de cohabitation inattendue avec Mzé Soulé Elbak, lui aussi un ancien « ami » du chef de l’Etat actuel. Surtout qu’à Mohéli, le nouveau président apparaissait comme un homme ouvert au dialogue et animé par la volonté du progrès. Sauf que nous voici 15 mois après, les espoirs commencent à tomber. Abdouloihabi et Sambi ne se côtoient plus, ne se parlent plus, comme des vrais ennemis.

Nous avons tenté de percer ce mystère qui éloigne Sambi de son ancien directeur de cabinet, au risque de mettre en péril l’avenir de tout un peuple qui a pourtant souhaité l’entente et l’harmonie.
Tout à commencé pendant qu’Abdouloihabi occupait encore le poste de directeur de cabinet à la présidence chargé de la défense, un poste convoité notamment à l’époque par son successeur, Mohamed Bacar Dossar. Les proches du président ne voulaient pas de ce technocrate grand-comorien réputé intègre et honnête imposé à ce précieux poste par les membres de la diaspora qui avaient soutenu financièrement le candidat Sambi. Ce petit clan mutsamiduien avait mis une forte pression sur Beit-Salam. Et le président a fini par céder. La candidature d’Abdouloihabi à la tête de Ngazidja n’a été qu’un moyen astucieux de s’en débarrasser. Souvenons-nous de la bousculade entre Dossar et Abdouloihabi un mois avant l’éviction de celui-ci, fin mars 2007.
Son épouse aussi, Aboudou Ralia, n’était pas en odeur de sainteté avec les états-majors de l’Union. Elle voulait jouer un rôle important correspondant à son tempérament, notamment au ministère des relations extérieures. Mais les rideaux lui ont été fermés. Tous. Et elle a dû se contenter de la direction du plan en quelques mois, puis de celle de l’ORTC.
Aussitôt démissionné, Abdouloihabi annonce, malgré lui, sa candidature à l’élection présidentielle de l’île. Selon ses proches, « il n’en avait jamais rêvé ». Et il part à la bataille avec incertitude. Il n’a pas la moindre idée d’une campagne électorale. Incapable surtout de produire une ébauche de programme. « Mon programme est celui du président Sambi », répétait-il tout au long de la campagne au risque de se ridiculiser devant ses adversaires.
Il bénéficie pourtant du soutien de plus fortes personnalités de l’île, comme Salim Mahamoud, Ismael Abdou, qui forment le comité des Sages de la mouvance présidentielle. Plusieurs cadres de Ngazidja sont aussi derrière lui. Plusieurs amis s’engagent. On n’oublierait surtout pas l’abnégation totale de Mme Ralia.
En fait, tout y est pour partir en campagne, sauf le financement. On compte beaucoup sur le président Sambi et le gouvernement qui ont été à l’origine de cette candidature. Mais ils ne financeront pas un centime jusqu’au second tour. Le comité de sages et les cadres de Ngazidja ont dû mettre la main à la poche. Au moins 200 000 fc chacun. Salim Mahamoud, aurait, à lui seul, financé la campagne à hauteur de 11 millions de fc. Quant au président Sambi, habile, il n’a participé financièrement à la campagne qu’après le cap du premier tour.

 

Malgré ses relatives difficultés, Abdouloihabi remporte, le 24 juin 2007, l’élection de Ngazidja avec 57,05% contre le candidat du Ridja, Me Said Larifou. Au sein du gouvernement de l’Union, on s’est réjoui également de l’élection à Mohéli, du riche commerçant, Mohamed Ali Said face l’ancien président Mohamed Said Fazul. En fait, tout le monde avait aussitôt cru que la machine du progrès allait démarrer, que tous les ingrédients étaient réunis pour réaliser les promesses du candidat Sambi, du moins à Ngazidja et à Mohéli. A Anjouan, les séparatistes tenant les rênes.
Pour l’heure, c’est la désolation qui domine, les espoirs se transforment en horizon chimérique. Car entre Sambi et Abdouloihabi rien n’y va. Ils s’accusent l’un et l’autre de trahison et de manœuvres déstabilisatrices. En fait, le président de Ngazidja réclame les compétences effectives de son île et Sambi refuse, du moins dans la pratique.


Fini donc le temps de l’amitié. Tout geste de l’un devient un agacement pour l’autre. Et désormais, la crise est déclenchée ouvertement au sommet de l’Etat. Pendant plusieurs mois, du côté de la présidence de Ngazidja, on a tenté de minimiser l’impact, espérant que le gouvernement de l’Union allait se recadrer et lâcher du lest. « L’Union a cédé le Galawa sans nous associer à la décision alors que la loi l’exige, mais nous n’avons pas réagi pour ne pas mettre le pays en conflit », se plaignait en décembre 2007 à Marseille le président Abdouloihabi alors vivement critiqué par les autorités de l’Union. Et bien non, le président Sambi est resté impavide. Et les proches du premier vont jusqu’à dénoncer le mépris.
Justement, comment ne pas ressentir du mépris lorsque, malgré la promulgation des lois organiques relatives au transfert des compétences, les autorités de l’Union continuent de conserver les plein-pouvoirs dans tous les domaines. « Le président (Sambi) ne dit pas la vérité, raconte un collaborateur du président Abouloihabi. En public, il dit avoir attribué les compétences de façon effective, alors que dans la réalité, il verrouille tout. » Elles sont allés jusqu’à diviser la mouvance présidentielle pour fabriquer des pro Sambi et des pro Abdouloihabi. Même au niveau de la notabilité de Ngazidja.


Les ministres de Ngazidja au sein du gouvernement de l'Union, et en première ligne le vice-président Idi Nadhoim, sont pointés du doigt par le président de l’île. « Ils préfèrent leur maintien au gouvernement de l'Union aux dépens des intérêts de leur île », accuse-t-on au sein de l’exécutif insulaire. Voilà pourquoi les autorités de l’île n’avaient pas hésité à organiser une opération commando, en février dernier, pendant que le président Sambi est à Addis-Abeba pour s’emparer de la caisse de la douane de Moroni. Une recette journalière a été emportée.

Depuis l’Éthiopie, le chef de l’Etat a exhorté son gouvernement à négocier avec l’île. D’ailleurs, le remaniement du gouvernement Abdouloihabi, quelques jours plus tard a été motivé par cette idée de négociation. A l’instar de Youssouf Said Soilih, ministre des finances et porte-parole, le président de l’île, qui a ignoré d’ailleurs la mouvance présidentielle, a voulu s’entourer de personnalités fortes, capables de faire le poids devant un gouvernement de l’Union jugé arrogant, voire agaçant.

Jusqu’à présent, cette négociation n’a pas lieu. En fait l’Union n’en a cure, notamment après la réussite exceptionnelle du débarquement qui a tout de suite doper la cote de popularité du chef de l’Etat.
Quelques mois en arrière, un tombereau de maladresses avaient irrité le chef de l’exécutif de Ngazidja qui, depuis quasiment un an, n’a plus de dialogue même institutionnel avec le locataire de Beit-Salam.
En octobre 2007, en plein préparatifs du débarquement, les deux hommes décident de se rendre à Mohéli pour une cérémonie organisée par les autorités de l’île. Arrivés sur place, le protocole du président Sambi éloigne Abdouloihabi et son épouse du président de l’Union. Le président de Ngazida perd immédiatement tous ses moyens et commet l’irréparable en se dirigeant vers Anjouan où, avec Mme Ralia, passent deux jours avec le chef des séparatistes, Mohamed Bacar. Le président Sambi en a bien profité pour justifier l’ingratitude d’Abdouloihabi qui vient de « le poignarder. »
Au mois de décembre, les deux amis se rendent à la Mecque pour le Oumra et surtout rencontrer les autorités saoudiennes. Mais ça se passe très mal encore une fois. Le président Sambi refuse de loger dans le même hôtel qu’Abdouloihabi. Pis, selon des sources très proches, le chef de l’Etat n’aurait pas présenté son ancien directeur de cabinet aux autorités de Ryad à sa juste valeur.


Pendant le débarquement à Anjouan, les autorités de l’Union avaient écarté les autorités de Ngazidja qui avaient tout de même apporté une contribution financière et qui s’étaient mobilisées en cas de besoin de renfort supplémentaire. Le discours très ambigu de M. Abdouloihabi sur le sujet ne pouvait que donner raison aux autorités de l’Union. A Paris au mois de mai dernier, le président de Ngazidja, très affaibli, a confié qu’il apprenait tout par les médias.


Pour parachever la rupture avec l’île de Ngazidja, le gouvernement Sambi a pris soin de se débarrasser de plusieurs personnalités proches d’Abdouloihabi. On commence par l’hôpital El-Maarouf, où l’on remplace M. Abdoulbar, médecin et proche du gouvernement de Ngazidja par Ibrahim Abdourazak (Razida) qui jusque-là exerçait aux ressources humines de Comores Télécom. On réduit à néant les pouvoirs des directeurs régionaux à Ngazidja. Et le 10 mai 2008, alors que le couple présidentielle de Ngazida vienait de rentrer de Washington, la première dame de l’île est évincée de la direction de l’ORTC au profit de Mohamed Djaanfar, ancien chef de protocole à Beit-Salam. Le dernier limogeage est celui de Hassane Hamadi, ancien ministre de l’économie qui a été écarté du gouvernement de l’Union, le 11 juillet dernier, à cause de son « engagement en faveur des intérêts de Ngazidja.»

Voilà une ambiance qui laisse présager un avenir encore difficile aux habitants des iles Comores.

 

A.M Kwéli

 

Un incendie ravage des dizaines d'hectares de forêt

Le 08/09/2008

région de Oichili
région de Oichili 

Plusieurs dizaines d'hectares de forêts sont parties en fumée dans la région de Oichili, dans le centre de la Grande-Comore, a déclaré dimanche le maire de Hambou, Achirafi Ahamed, qui a effectué une tournée dans la zone sinistrée.

«Nous devons évaluer les dégâts et penser à restaurer rapidement la forêt», a- t-il dit, soulignant la nécessité de mener une campagne de reboisement à grande échelle.

M. Ahamed s'est déclaré surpris de l'ampleur de l'incendie alors qu'à «quelques dizaines de mètres du sinistre se trouve le camp militaire d'Itsoundzou».

                                                              .PANA 07/09/2008

 

Signature d’une convention pour l’exploration des eaux comoriennes

Le 08/09/2008

Société de recherche et d’exploration des fonds marins, Indian Ocean
Société de recherche et d’exploration des fonds marins, Indian Ocean 

Une société de recherche et d’exploration des fonds marins, Indian Ocean Exploration (IOE) basée à Maurice, a signé avec le gouvernement des Comores, une convention de recherche d’épaves de navires dans les eaux comoriennes, a indiqué vendredi à la PANA une source officielle comorienne.

La convention signée par le vice-président comorien, Idi Nadhoim, et le représentant de l’IOE, Alexis Resenfeld, autorise la société indienne à prospecter les fonds sous-marins comoriens supposés regorger de nombreuses épaves des navires qui circulaient sur cette partie de la route des Indes.

Elle prévoit, selon Alexis Resenfeld, "la recherche autour de l'archipel des Comores de navires qui auraient disparu dans les eaux de l'archipel, leur fouille et leur exploration au cours des XV, XVI et XVII èmes siècles".

"Il n’est pas exclu que des navires anciens aient fait naufrage dans cette partie nord du canal de Mozambique", a indiqué un fonctionnaire du ministère des Transports, soulignant la possibilité de découvrir d’énormes "richesses pour l’histoire" si l’exploration s’avérait concluante.

Pour lui, c'est l'occasion de connaître un peu plus sur la route des Indes ouverte par Vasco de Gama en 1498.

La société Indian Ocean Exploration qui aurait identifié près d’une dizaine de navires naufragés dans sa zone d’intérêt, compte trouver d’importants matériaux pour l’histoire et entend partager "à égalité" avec le gouvernement des Comores le résultat de ses recherches.

Dans une note d'information, l'IOE a estimé qu'un navire sur cinq perdu sur la route des Indes est englouti par les eaux de l’archipel des Comores.

                                                                      Moroni - 05/09/2008 Pana.

 

Révision de la Constitution aux Comores:

Le 08/09/2008

Après notre appel à contributions, nous venons de recevoir le point de vue suivant de l'ancien ministre Ali Msaidié sur le débat actuel autour de la révision constitutionnelle. Prochainement, une contribution de M. Ismael Ibouroi, professeur de philosophie.

Depuis deux semaines, l'Envoyé Spécial de l'Union Africaine se trouve aux Comores, semble-t-il pour mettre en place, avec l'appui des autres membres de la communauté internationale impliqués dans le processus comorien, le mécanisme devant aboutir a des arrangements constitutionnels. L'Envoye Spécial agit en vertu d'un mandat du Conseil Paix et Sécurité de l'U.A et à la demande du Gouvernement légal de notre pays. Comme partout, cette démarche de révision constitutionnelle divise la classe politique et l'architecture particulière des Comores ne peut que susciter moult passions et débats.

Le Gouvernement de la République, qui constitutionnellement, a le droit de présenter un projet de révision, soit par la procédure parlementaire (réunion de l'Assemblée de l'Union avec les 3 assemblées des îles autonomes) ou référendaire, a préféré confier à la communauté internationale impliquée dans le processus de réconciliation comorienne son projet relatif à la révision. On ne peut que comprendre le Gouvernement, puisque son projet tend à toucher deux principes fondateurs de la Constitution de 2001 à savoir la présidence tournante entre les îles (complétée par une loi organique qui fixe un mandat unique) et l'autonomie des îles qui, elle, ne peut faire, selon la constitution, l'objet d'une révision. De là, à dire que le Gouvernement a confié à la communauté internationale la sale besogne de fouler aux pieds la constitution que les Comoriens se sont librement donnée en 2001, il n'y a qu'un pas qu'on a vite franchi.

Un référendum pourrait intervenir début 2009

D'ailleurs, le mécanisme proposé par la communauté internationale pour arriver à la révision démontre bien la volonté de la communauté de se substituer à la procédure constitutionnelle. Que propose-t-elle ? Elle propose la mise en place d'un Comité technique composé de 4 représentants du Gouvernement de l'Union, de 2 représentants de l'Assemblée de l'Union et de 2 représentants pour chaque exécutif de l'ile. On notera qu'aucun représentant de l'Assemblée de l'île autonome de Ngazidja ni de la Cour constitutionnelle comme c'est prévu dans la résolution du Conseil de Paix et de Sécurité de l'U.A n'y figure. Ce Comite a pour mission spéciale de recenser et d'étudier l'organisation constitutionnelle des Comores avant et après l'indépendance pour dégager, bien sur, une nouvelle architecture. Ensuite un séminaire sera organisé qui verra la participation des experts des constitutions fédérales pour mieux éclairer la partie comorienne sur le fonctionnement des differents Etats fédéraux. Le calendrier établi pour finaliser tous ces travaux a été fixe au plus tard au mois de janvier 2009. Ce qui laisse supposer que le referendum pourrait intervenir en début 2009, c'est-à-dire à moins de 20 mois de la fin du mandat de l'actuel président...toujours cette obsession de vouloir changer les règles du jeu en plein match.

En dépit du fait que, sur 6 institutions politiques en place actuellement, 4 s'opposent, ainsi que les formations et les personnalités politiques majeures du pays, à la révision constitutionnelle, maintenant, préférant attendre la tournante mohelienne pour faire un bilan critique du fonctionnement de toutes les institutions constitutionnelles, le Gouvernement de l'Union et la communauté internationale semblent s'entêter à aller de l'avant.On va engager probablement des centaines des millions pour mettre en place le mécanisme préconise et qui forcement s'achèverait par un référendum : pourquoi alors ne pas utiliser cet argent pour renforcer la bonne gouvernance, une des missions principales de la coopération internationale ?

Les Comores sont-elles un pays en guerre ?

En effet, tout le monde sait que les assemblées des îles autonomes de Mohéli et d'Anjouan n'ont pas été renouvelées. La Cour Suprême régulatrice des décisions des Exécutifs, des autres institutions, des administrations, des comptes de l'Etat, des derniers recours des justiciables et de la mise en accusation des hautes autorités de l'Etat, n'a pas été mise en place. Le Conseil de la Magistrature n'existe pas alors que le Président de l'Union fait et défait les magistrats à sa guise. En outre, tous les observateurs ont noté que le Président de la République évite soigneusement de parler avec les personnalités qui président les autres institutions constitutionnelles préférant laisser cette mission constitutionnelle à nos partenaires de la communauté internationale. Ne serait-il pas mieux si le Président, qui de surcroît a été démocratiquement élu, consultait le parlement sur son projet, ce qui lui permettrait de connaître l'avis des représentants du peuple, élus comme lui démocratiquement, mais il est vrai qu'Anjouan et Mohéli ne disposent pas de leur assemblée, dont seul le Président de l'Union a la possibilité légale de convoquer les électeurs. Pourquoi n'irait-il pas directement au référendum puisque la constitution l'autorise ? Il est vrai également que la un président qui ne supporte pas qu'une institution s'oppose à ses visées ne peut pas prendre le risque de voir la Cour Constitutionnelle refuser son projet puisque forcement la Cour Constitutionnelle doit se prononcer et comme le projet présidentiel porte entre autres sur l'autonomie des îles, qui, à titre de rappel, ne peut faire l'objet d'une révision, alors il refile le bébé à la communauté internationale.

Alors depuis quand et où a-t-on vu la communauté internationale s'arroger les droits et les devoirs constitutionnels d'un pays qui n'est pas en guerre ? Certes, les Comores ont besoin du concours précieux et l'expertise de la communauté internationale pour assister les institutions habilitées (Gouvernement et Assemblée de l'Union) à

- 1) revoir toutes les lois organiques qui posent problème dans le fonctionnement harmonieux des institutions

- 2) asseoir l'Etat de droit et la bonne gouvernance en complétant le dispositif institutionnel prévu dans la constitution de 2001

- 3) harmoniser les échéances électorales

- 4) revoir le coût des institutions afin de les rendre compatibles avec les ressources du pays

- 5) compléter les insuffisances de la constitution par des lois organiques conséquentes et enfin accompagner le pays pour vaincre le sous-développement et la pauvreté de plus en plus croissante. Il appartient, par conséquent, au seul Président de l'Union d'exercer ses prérogatives constitutionnelles et légales et, comme chef politique, de renouer le dialogue avec ses concitoyens au lieu de passer son temps à critiquer ce qu'il est censé corriger et améliorer.

Houmed MSAIDIE
Ancien Ministre

 

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