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LA DIPLOMATIE FRANCAISE, EN FLAGRANT DELIT DE CONTRADICTION
Le 14/09/2008
La France vient encore une fois de nous administrer la preuve de son hypocrisie et de son inconstance en matière de politique étrangère. La politique de deux poids, deux mesures n’a jamais été aussi visible. Lorsque le Kossovo, cette ancienne province serbe placée sous mandat de l’ONU a proclamé unilatéralement son indépendance le 17 février 2008, l’empire colonial français fut, l’un des premiers pays à applaudir et à reconnaître le nouvel Etat ; naturellement au nom du principe universel du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
C’est cette même partition que les colons mzoungou nous jouent à Mayotte. Par contre, quand les citoyens de l’Ossétie du Sud expriment leur souhait de se détacher de la Géorgie, changement de cap à 360°. Le principe initialement énoncé et défendu n’est plus valable aux yeux de nos diplomates français. Tous les pays occidentaux en tête desquels, la France et les USA, s’en offusquent et crient au scandale. Assurant la présidence de l’union européenne, le président SARKOZY exige le respect de l’intégrité territoriale de la Géorgie. Et l’intégrité du territoire comorien, ne mérite t-elle pas d’être respectée ? Les principes du droit international sont-ils universels ou à géométrie variable ? La vérité est probablement simple. C’est la loi du plus fort qui s’applique. Cela, SAMBI et son ministre des relations extérieures devraient s’en souvenir.
En effet, nous serions curieux de connaître la position de la France si d’aventure, la Corse, la Bretagne et le Pays Basque venaient à proclamer unilatéralement leur indépendance. Certainement, une fin de non recevoir leur serait opposée. Comme nous le savons tous, les velléités indépendantistes des calédoniens ont été étouffés dans l’œuf. Rappelez-vous des évènements d’OUVÉA et de la répression sauvage orchestrée par M. ROCARD, le premier ministre de l’époque. Les principaux leaders kanaks, Jean-Marie DJIBAOU et Eloi MACHORO pour ne citer que ceux là, ont été purement et simplement assassinés sur ordre de PARIS bien sûr, au nom de la raison d’Etat.
Droit des peuples à disposer d’eux mêmes ou respect de l’intégrité territoriale des états ? Tout comme la Corse, Le Kosovo faisait partie intégrante d’un pays indépendant, la SERBIE. Pourquoi cette province serbe et non la Corse aurait-elle le droit de réclamer son indépendance ? Pour la France, tout est question d’intérêt.
Face aux basses manœuvres de démantèlement de l’unité et de l’intégrité de notre pays, entreprises par la France avec la complicité active des autorités comoriennes et d’autres laquais de l’impérialisme, nous devons plus que jamais, redoubler de vigilance. Les politiciens opportunistes comoriens qui constituent l’horrible et infâme Groupe de Réflexion de Haut niveau ne doivent pas perdre de vue qu’ils participent à un marché de dupe et qu’ils ont perdu par avance. Ils doivent continuellement se rappeler que la France fera toujours et constamment passer ses intérêts avant toute autre considération. La coopération régionale promise n’est qu’un attrape-nigaud, un leurre de plus. En définitive, la France n’a pas de politique étrangère prédéfinie. Elle a juste des intérêts à défendre. Les autorités comoriennes qui accordent une confiance aveugle à ce pays l’apprendront tôt ou tard à leur dépend. Après tout, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. TAREHI NDO HAKIMOU.
Source : http://wongo.skyrock.com/
F.NAIL
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La rentrée synonyme de recrudescence de paludisme
Le 14/09/2008
Depuis le début de l’année, 44 cas de paludisme importés ont été déclarés à la Réunion. Pour autant, la maladie est en régression constante dans la zone océan Indien. Chaque rentrée, on observe un “pic” à cause des mouvements des vacanciers réunionnais et des difficultés de traitement médicamenteux. Explications.
Depuis 1979, le paludisme (appelé aussi malaria) est officiellement éradiqué à la Réunion. S’il n’y a plus d’endémie palustre, il existe toujours des Réunionnais infectés par le parasite. Ils peuvent être contaminés à la Réunion par un moustique porteur de la maladie (cas autochtones) mais la probabilité est minime. Ces 8 dernières années, seuls 4 cas autochtones ont ainsi été constatés. Il s’agit donc pour majorité de cas importés. La plupart proviennent de Madagascar ou des Comores (voir infographie). Résultat le plus souvent de Réunionnais qui contractent le paludisme lors de voyages dans la zone. Il existe bien un traitement préventif (chimio prophylaxie) limitant le risque paludéen mais il n’est pas toujours respecté. “Le Malarone (médicament prévenant du paludisme à plasmodium falciparum, la forme la plus présente dans la zone océan Indien, ndlr) coûte très cher et il n’est pas remboursé, explique Daouda Sissoko, médecin épidémiologiste à la cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) Réunion-Mayotte.
Il coûte environ 100 euros par personne. Alors, quand une famille entière veut voyager, cela devient problématique pour payer un traitement.” Selon la Cire, la chimio prophylaxie était absente dans près de la moitié des cas de paludisme déclarés dans le département entre 2003 et 2007, et inadaptée dans 85 % des cas. Pour autant, le nombre de cas de paludisme importés décroît régulièrement depuis 2001 (voir graphique). Une date correspondant à l’arrivée sur le marché d’une nouvelle thérapie à base d’artémésine qui a un impact important sur la transmission du parasite. Ainsi, le nombre de cas de paludisme a baissé dans les pays de la zone océan Indien. Une tendance à la baisse qui s’observe d’ailleurs en métropole, en Angleterre ou aux États-Unis en ce qui concerne l’importation de cas. Depuis septembre 2007, une dérogation valable pour les zones où la malaria est endémique a permis à Mayotte de disposer de ce traitement – le produit n’a pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en France. Les cas de paludisme risquent donc d’être moins nombreux les années à venir à Mayotte. Mais la collectivité avait déjà fortement vu chuter ses cas grâce au renforcement de la lutte anti-vectorielle (LAV). Mayotte est passée de 2 500 cas en 2002 à moins de 600 en 2007.
MOINS DE RISQUE À MAURICE
En ce qui concerne nos autres voisins de l’océan Indien, la situation est plus floue. “On sait que les Comores et Madagascar sont hyper endémiques, indique le Dr Sissoko. La prophylaxie est plus que recommandée pour ces zones car il y a la présence de la forme mortelle du paludisme.” Si les autorités mauriciennes sont très discrètes sur leur évaluation sanitaire, on a connaissance d’une épidémie de paludisme à plasmodium vivax – forme moins dangereuse – à très faible niveau puisque moins de cinq cas par an en provenance de l’île sœur sont en moyenne déclarés à la Réunion. Depuis le début de l’année, 44 cas de malaria ont été signalés à la cellule de veille sanitaire de la Réunion par les laboratoires (60 % des déclarations) et les médecins. Un chiffre certainement en deçà de la réalité car tous les praticiens ne signalent pas les cas auxquels ils ont affaire, même si le paludisme reste une maladie à déclaration obligatoire (MDO). Les épidémiologistes constatent qu’il y a toujours une saisonnalité dans les cas de la Réunion. Chaque rentrée de vacances correspond à un léger pic, les Réunionnais amenant le parasite pour souvenir de leur voyage. Cette année encore, la Cire a vu une légère recrudescence de cas importés correspondant aux rentrées scolaires (janvier-février et août-septembre) mais elle reste bien inférieure aux années passées. Selon le Dr Sissoko “le risque de voir une épidémie de paludisme à la Réunion redémarrer à partir d’un cas autochtone est extrêmement faible. Tant qu’on maintient nos actions de lutte, il n’y a pas de raison que ça reparte”
Marie Payrard ( CLICANOO.COM )
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Indemnisation pour la crise de carburant réclamée par le patronat
Le 14/09/2008
l’Organisation patronale des Comores |
Les opérateurs économiques, organisés autour de l’Organisation patronale des Comores (Opaco), évaluent à entre 30 et 40 millions le préjudice économique subit en raison de la crise de carburant qui vient de frapper l’archipel.
Ils réclament au gouvernement de procéder à une « indemnisation des entreprises ».
Dans le cadre d’un « plan de sortie de crise » qu’ils défendent, les opérateurs veulent une réduction de l’ordre de 10% des droits et taxes sur les produits de première nécessité.
Ils souhaitent également la mise en place d’une commission paritaire dont la mission serait de « réaliser un programme d’approvisionnement », pour réduire les frais de fonctionnement de la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) et réaliser un audit technique et financier de la compagnie.
Le Journal de la finance africaine ( Les Afriques )
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La Diaspora et les vacances
Le 14/09/2008
La diaspora comorienne à la courneuve (photo ocomores) |
Les Comoriens qui souhaitent se rendre au pays pour les vacances annuelles d’été sont souvent confrontés à de sérieux problèmes au départ de l’Hexagone, en transit à Sanaa et à Mayotte mais aussi dans leurs pays d’origine. Cela fait un mois que les Associations issues de la Diaspora se mobilisent pour examiner cette situation en vue de pouvoir en faire face.
Cette mobilisation est forte dans la mesure où plusieurs personnes ont fait le déplacement pour aller aux assises de sensibilisation de Paris, Lyon et celles de Marseille.
Dans cette situation ,il est urgent de faire la part des responsabilités des uns et des autres pour pouvoir gérer rationnellement ce problème.
Les voyageurs et les compagnies aériennes:
Certes, les organisateurs sont animés d’une bonne volonté mais peuvent pêcher par leur insuffisance en matière de procédures sécuritaires, de réglementation aérienne et de coopération en matière de transport aérien.
Tout le monde est d’avis que les voyageurs ont d’abord et avant tout droit à un traitement digne et humain et au respect réservé à tout client. Ils ont droit à une information détaillée sur le vol et l’itinéraire. Pour leur part, ils ont ,eux ,un devoir de respecter les normes de sécurité de l’IATA ,les conditions de voyage, notamment les dates de départ et de retour ainsi que les mesures de sécurités des pays de départ, de transit et d’accueil. Ces mesures ont été durcies depuis les évènements de 11 septembre 2001. Ils ont aussi le devoir de se munir d’une assurance pouvant les aider à faire face à certaines délicatesses.
La diaspora est confrontée au problème du coût élevé des billets. Des familles à revenues modestes sont condamnées à ne jamais pouvoir se rendre au pays en vacances avec un tarif affiché de 1300 euros par personne. Ces tarifs sont la conséquence d’un manque de concurrence des voyagistes entre Paris et Moroni car la clientèle est saisonnière et limitée.
Le gouvernement et ses mesures d’accompagnement:
Cette facture risque de s’alourdir de par les improvisations du gouvernement comorien. En dehors d’un accueil difficile, mal organisé et humiliant à l’aéroport de Hahaya , au port et à la douane de Moroni et Mutsamudu, d’autres obstacles viennent de s’ajouter au détriment de la Diaspora.
En effet, le gouvernement de l’Union des Comores vient d’imposer par arrêté signé conjointement par le Ministre de la Défense et celui des Finances un visa d’entrée à toute personne foulant le territoire comorien.
- Les titulaires des passeports étrangers (français, canadien …) désirant un visa de 45 jours pour séjourner aux Comores devront payer 60 euros seulement.
-Les titulaires des passeports comoriens ayant une carte de séjour d’un an en France devront prendre un visa d’entrée et de sortie moyennant 250 euros seulement.
-Les titulaires des passeports comoriens ayant une carte de séjour de dix ans en France devront eux aussi prendre un visa d’entrée et de sortie moyennant 500 euros seulement.
Face à cette situation, je crois que les Associations de la Diaspora devront d’abord pencher sur cette problématique comoro-comorienne avant d’indexer des compagnies étrangères de transport aérien.
Les solutions préconisées pour désenclaver le pays et soutenir la diaspora sont loin de la réalité. Au moment où le secteur des transports aériens dans le monde entier est confronté à d’énormes problèmes, Moroni veut créer maintenant sa propre compagnie. La prudence et les ambitions devraient être de mise.
La diaspora en sa qualité d’acteur au développement au pays devrait demander :
-l’annulation pure et simple de ce visa de la honte pour les Comoriens.
-l’accompagnement de l’Etat par des charters à nombre réduit et à moindre tarifs. -la facilitation des formalités de dédouanement des effets personnels de la Diaspora. -la mise en place d’un comité d’accueil à l’aéroport de Hahaya, Bandar Salam et Ouani et aux ports de Moroni et Mutsamudu. Makinouddine
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Entretien avec Mohamed Abdou Madi, dit « Mjamawé »,
Le 08/09/2008
Mohamed Abdou Madi, dit « Mjamawé », |
PARTI 1
Pour mieux comprendre la situation aux Comores, "Dernier Arrêt avant les Kerguelen" a rencontré un ancien ministre du Gouvernement déchu du Colonel Bacar ...
Mohamed Abdou Madi, dit « Mjamawé », est un ancien Premier Ministre, du Président Djohar en 1994, Ancien Ambassadeur de l’Union des Comores sous le régime du Président de l’Union Azali, et un ancien opposant à Mohamed Bacar, le dernier Président de l’île d’Anjouan, exilé depuis Juillet 2008. Il était devenu le numéro 2 du Gouvernement de Mohamed Bacar et son Porte-Parole, la voix officielle du gouvernement anjouanais.
Il s’évade d’Anjouan avec quatre autres ministres, dans la nuit du 26 au 27 Juillet 2008, à destination de Mayotte, l’île la plus proche, car le régime du Président de l’Union des Comores tente de le mettre « au secret », sans jugement, dans les geôles de la Gendarmerie anjouanaise. Après Cinq jours passés au secret dans une cave sans fenêtre, sans lumière, Mohamed Abdou Madi comprend que leur destin est scellé : la disparition de la scène politique sans bruit ; et peut-être même à terme leur disparition tout court.
Avec ses quatre collègues, il s’évade en kwassa-kwassa, par une mer démontée -nous sommes en hiver australe et la houle est coutumière de cette saison- et parvient à Mayotte où il demande aussitôt l’asile et le statut de réfugié politique auprès de l’OFPRA. Il est assigné à résidence en Petite-Terre près de l’aéroport, et avant son transfert à la Réunion, où il pourrait prendre la tête de l’opposition anjouanaise au régime mis en place par le président comorien Foundi Sambi, j’ai été le rencontrer pour lever le voile sur tous ces évènements qu’il a vécus de l’intérieur :
Dernier Arrêt avant les Kerguelen ( le journaliste rigole ! ) : Evasion ou Trahison ?
Abdou Madi : « Ce n’était pas une évasion en ce qui me concerne ».
Après le débarquement, Bacar a choisi ce qui lui semblait le plus juste, il s’est demandé s’il méritait le châtiment que Foundi Sambi voulait lui infliger. Certes il est parti sans avoir combattu. Cinq ministres sont restés. Au départ, en ce qui me concerne, c’était pour dire la vérité. Pourquoi serais-je parti ? Je n’avais rien à me reprocher ! D’autant que je ne m’occupais que de la partie relations internationales, je suis un diplomate, je ne m’occupais pas des affaires policières. Je dis ce que je pense, et je dois répondre à toutes les questions qui se posent..
3 jours après le débarquement, conformément aux règles en vigueur je me suis rendu volontairement.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen: Sans crainte de quelques représailles que ce soit ?
Abdou Madi : Non ! Je peux tout imaginer, sauf qu’un Président finance une guerre contre son pays et ses concitoyens !
Avant tout, toutes mes décisions prises dans ces moments-là l’étaient dans le but de décourager toute action de violence supplémentaire.
En tant qu’ancien porte-parole du gouvernement de Mohamed Bacar, je reconnais la problématique de la légalité de l’élection de Bacar ; donc j’avais comme souci permanent le rétablissement de la légalité et d’empêcher la violence ; je voulais gagner du temps, pour permettre des négociations. Telle a été mon attitude jusqu’au débarquement.
Mais la veille du débarquement, le lundi, vers 17h, j’ai eu un point de presse après avoir rencontré le Président Bacar. Que je n’ai d’ailleurs plus jamais revu depuis.
J’ai senti l’atmosphère étrange, lourde, il y avait beaucoup de journalistes, RFO, RFI, l’Agence Reuter, d’autres encore !… Je sentais que ce n’était pas normal, qu’il se préparait quelque chose d’imminent. Vers 22h, j’ai téléphoné à la Présidence pour en informer Bacar, on m’a dit qu’il dormait. Dans la nuit, le débarquement des troupes soudanaises et tanzaniennes a eu lieu : je n’ai plus revu Bacar depuis.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Quel rôle a joué l’Union Africaine dans la gestion de cette crise interne, puisqu’il s’agit d’un problème de reconnaissance de légitimité de l’élection présidentielle, en définitive, donc strictement interne?
Abdou Madi : Je n’ai pas compris l’attitude de l’Union Africaine dans ce dossier ; ils n’ont pas privilégié la négociation, le compromis, je les ai senti agressifs, quasiment humiliants…
A ce stade-ci, un petit aparté s’impose pour vous narrer une anecdote : le 25 Février 2008, le Ministre des Affaires Etrangères tanzanien, Bernard Kamilus, en visite officielle à Moroni, s’adresse à Mohamed Bacar, Président de l’île autonome d’Anjouan, en des termes menaçants, dans un message à la radio nationale :
« Colonel Mohamed Bacar ! Vous avez deux options: soit vous quittez Anjouan soit vous vous rendez ! Si vous résistez aux troupes comoriennes et de l’Union Africaine, vous serez arrêté et jugé pour crimes de guerre ! »
Surtout au niveau de leur négociateur, le mozambicain Madeira.
Comprenez-vous, il a trop duré aux Comores ! Il y a vécu 8 ans ! Il n’était plus un médiateur international au sens propre du terme, avec toute sa neutralité, il était devenu comorien ! Son « Parti », les amis comoriens qui s’étaient ralliés autour de lui, s’étaient petit à petit ralliés au Président Sambi !
A un moment, il n’y avait plus de médiation. C’était Sambi, plus le Parti de Madeira contre Anjouan…
Par contre, je veux saluer l’Afrique du Sud, les pays de la Région, c’est à dire Madagascar, Maurice, les Seychelles, le Mozambique, le Kenya, tous sauf la Tanzanie, sous la présidence de l’Afrique du Sud.
Jusqu’au bout, l’Afrique du Sud s’est battue contre l’usage de la violence pour préserver la paix, et mérite ainsi toute ma gratitude en tant que politicien anjouanais.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Mais le Débarquement a quand même eu lieu…
Abdou Madi : Aucun pays, je dis bien aucun, sauf la Tanzanie, n‘a accepté le principe de faire débarquer des troupes à Anjouan.
Mais à un moment, il y a eu un changement de Bureau au sein de l’Union Africaine, la Tanzanie jouant alors un rôle majeur.
Vous savez, le débarquement à Anjouan n’a pas été l’œuvre de l’Union Africaine ! Ca a été un abus de pouvoir aux règles internationales de la part du Président tanzanien, avec la complicité de Foundi Sambi ! Les autres ont laissé faire !
D’ailleurs, les soldats ayant débarqué à Anjouan n’arboraient pas le sigle de l’Union Africaine ! Les uns portaient celui de la Tanzanie, les autres celui du Soudan, autre protagoniste du débarquement, mais pas de l’Union…
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Pourquoi le Soudan ?
Abdou Madi : Dans la Région, les pays à régime dictatorial sont la Tanzanie et le Soudan. Pour mener une action de ce genre sans l’accord de l’Union Africaine, il fallait à la Tanzanie trouver un autre pays similaire ! Le Soudan… Les pays les plus dictatoriaux d’Afrique sont venus donner une leçon de démocratie aux Comores !
En Tanzanie, c’est un parti unique qui est au pouvoir. Le président soudanais El Bachir est sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour ce qui s’est passé au Darfour… La haine de ces deux pays s’est exprimée contre Anjouan à cette occasion, grâce à leur camaraderie avec le président de l’Union des Comores Foundi Sambi…
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Vous vous êtes donc évadés dans la nuit du 26 Juillet dernier…
Abdou Madi : Je réfute en ce qui me concerne le terme d’évasion ! Je n’étais plus prisonnier après ces quatre mois. J’étais comme on dit sous contrôle judiciaire. Mais Sambi voulait me contraindre militairement, après ma peine de prison, en m’incarcérant sans jugement.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Mais cela contredit le simple contrôle judiciaire qui vous était infligé !?…
Abdou Madi : Oui. Cela équivalait à me faire disparaître totalement à terme, car les conditions de vie étaient insoutenables. J’ai compris ce qui allait nous arriver, nous serions bien sûr morts de mort naturelle…J’ai préféré demander l’asile auprès des autorités de Mayotte d’où j’ai contacté l’OFPRA avec mes collègues qui sont partis avec moi . Eux aussi souffrent ; je suis un peu leur doyen, ils me font confiance.
Mais j’ai quelques soucis cependant : mon premier souci concerne ma propre sécurité ; Sambi est un extrémiste, un sanguinaire. Cela s’applique également à mes proches restés à Anjouan. Ensuite mon statut. J’attends de voir les conditions que l‘OFPRA me propose, car je désire respecter scrupuleusement les recommandations qu’ils édicteront.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Pensez-vous pouvoir être encore utile à votre pays ?
Abdou Madi : Vous savez, la diplomatie ne s’improvise pas. Je suis anjouanais, et c’est vrai que je connais suffisamment bien mon pays, je peux avoir des ambitions au plus haut niveau pour l’aider à retrouver l’homogénéité, et sortir de la misère dans laquelle il s’enfonce.
Quant à la position de l’Union Africaine et ses relations avec l’Union des Comores, je suis sûr d’une chose : il n’y en n’a pas !… Mais il y en a, oui , entre El Bachir le soudanais et Sambi ! J’ai vu l’attitude de l’Union Africaine avec les évènements au Kenya, avec le Zimbabwe… Mais avec les Comores, ce n’est pas le comportement habituel de l’Union Africaine…
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Puisque vous étiez opposant à Mohamed Bacar, pourquoi le rejoignez-vous en 2007 au gouvernement d’Anjouan ?
Abdou Madi : J’ai accepté de rejoindre le Gouvernement Bacar en 2007, bien qu’opposant à Bacar, parce qu’il avait changé certaines choses. Il n’était plus question de séparatisme ! C’est ainsi que je suis rentré au gouvernement, pour consolider l’Union, puisque c’était la nouvelle ambition affichée par la Constitution proposée par le médiateur Madeira en 2006 ! A un moment donné, il fallait s’engager sur la bataille du développement. Il y a eu, malgré des Lois fondamentales, des actions « imparfaites »…
Dernier Arrêt avant les Kerguelen: Que voulez-vous dire par « actions imparfaites» ?
Abdou Madi : Vous savez, en Juin 2007, il y a eu un conflit entre les instances chargées de l’organisation des élections et Sambi, le Président de l’Union. Il y a eu un gouvernement intérimaire à Anjouan, Bacar était démissionnaire le 02 Mai, mais il était candidat à sa propre succession.
Bacar a œuvré pour qu’il y ait des élections libres à Anjouan. Mais Foundi Sambi aime le pouvoir personnel, il a fait modifier le Code Electoral début 2007. Et c’est ainsi qu’on en arrive aux évènements de Mai et Juin 2007…
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Que s’est-il passé ?
Abdou Madi : Le 11 Mai 2007, M. Madeira de l‘Union Africaine, l’Ambassadeur de France aux Comores, le Représentant de la Ligue Arabe, le Chargé d’Affaires américain, se réunissent à Anjouan sous l’égide du vice-président de l’Union des Comores Ikiloulou. L’ambiance est lourde. Quelques jours auparavant, . il y eut la nomination d’un Président d’Anjouan par intérim, suivi d’une occupation anticonstitutionnel lle des bâtiments administratifs de l’Ile Autonome d’Anjouan par l’Armée Nationale de Développement (AND).
Puis la réaction de la Force de Gendarmerie d’Anjouan (FGA),en légitime défense, qui a réagi en délogeant l’AND.
Un arbitrage de la Communauté Internationale a pu remettre de l’ordre avec l’annulation du décret anticonstitutionnel l de Sambi nommant un intérim de la Présidence d’Anjouan et en décrétant l’occupation des bâtiments administratifs d’Anjouan par l’AND comme illégale…
Cette table ronde se déroule à Anjouan. Sur la table de conférence : le Code Electoral et la Constitution.
La réunion se veut volontairement placée sous le signe du consensus et du Droit.
La question est de savoir qui remplace le président anjouanais en cas de vacance du pouvoir. Car face à la crise et son désaccord profond avec Sambi, Mohamed Bacar envisage de démissionner. Or dans ce cas, deux possibilités se présentent : ou la Présidence est vacante provisoirement, ou définitivement.
Si elle est vacante par départ définitif du Président anjouanais, c’est le Président de la Cour d’Appel qui assure l’intérim. Si l’absence du président anjouanais est temporaire ce dernier nomme un ministre de son Cabinet en charge de l’intérim.
Pour éviter la carence du pouvoir, le Code Electoral prévoit que les élections présidentielles sont organisées pendant les derniers temps du mandat.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Comme dans toutes les démocraties, somme toute… ?
M.Abdou Madi : Oui ! Mais le Code Electoral va donner la main à Sambi…. Normal, il l’a modifié lui-même…
Bacar accepte donc de démissionner. Mais qui va assurer l’intérim ? La Commission Internationale réunie à Anjouan propose que le départ définitif de Mohamed Bacar soit annulé et mieux, accepte sa candidature aux prochaines élections présidentielles.
Nous sommes donc dans les dispositions d’un départ temporaire donc c’est un Ministre qui doit assurer l’intérim. La Commission demande que soit nommé un Ministre consensuel. Bacar donne le pouvoir à Sambi et à la Commission Internationale pour le choisir : et c’est Doihirou Halidi qui sera choisi. En fait, Doihirou Halidi est un cousin du Président Sambi ; Mohamed Bacar le sait, mais la Commission Internationale l’ignore. Elle vient de se faire flouer…
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Le même Doihirou Halidi qui s’est évadé avec vous et que je vois à quelques mètres de nous ici…
Abdou Madi : Oui. Et Sambi impose alors une condition : que le Ministre de l’Intérieur anjouanais, Djanfar Salim, ne participe pas au gouvernement de transition. Celui-ci accepte et devient alors directeur de la campagne de Mohamed Bacar et sort du gouvernement anjouanais.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Jusque là, toutes les exigences du Président Sambi à cette Table Ronde sont acceptées !… Il pourrait s’arrêter là ?…
Abdou Madi : Eh bien non… Sambi formule une autre exigence : que le Ministre de la Justice anjouanais ne prenne pas le poste de l’Intérieur. Mohamed Bacar accepte encore. Au nombre de ces exigences, c’est quasiment un gouvernement Sambi que l’on retrouve à Anjouan.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Et que se passe-t-il à l’issue de cette Table Ronde ?
Abdou Madi : Tout ce qui se passe ensuite entre ce 11 Mai 2007 et le 10 Juin 2007 n’est pas du fait de Bacar ! Le 07 Juin, la Commission Internationale donne son feu vert pour le déroulement des élections le 10 Juin, et quitte Anjouan vers 13heures. La campagne électorale doit être clôturée le lendemain 08 Juin.
Le soir du 07 Juin, à 20 heures, le président de l’Union, Sambi, fait paraître un décret reportant les élections d’une semaine! Ce délai, en fait, permettait à Sambi de rassembler des forces pour tenter de battre Bacar par voie électorale !
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Eh oui ! La seule méthode reconnue par la Communauté Internationale !…
M.Abdou Madi : Eh oui !… De plus, la Commission Internationale a accordé à Sambi qu’il vienne voter à Anjouan, à sa demande, car il est anjouanais. Mais ce dernier ne veut venir que sous la protection d’une garde rapprochée de l’Union Africaine.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Oui ; il doute de l’efficacité de sa sécurité si ce sont les Gendarmes de Bacar qui lui assurent cette protection…
Abdou Madi : Mieux ! La Ligue Arabe demande à la Commission Electorale que le vote se déroule le 13 Juin !… Je vous le rappelle, nous sommes le 07 !…. Les élections sont prévues pour le 10.
Alors l’un, par Décret, impose le 17, l’autre, par voie diplomatique demande le13 !…Que de tergiversations autour de quelques jours, et pour quoi ? En fin de compte, la Commission électorale décide de maintenir les élections présidentielles 10 Juin, aucun motif sérieux ne pouvant être invoqué pour différer des élections de seulement quarante huit heures !
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Comment réagit Sambi ?
M.Abdou Madi : Sambi demande alors aux autres candidats de respecter le Décret , et de ne pas participer au scrutin du 10, en n’envoyant pas d’assesseurs. En empêchant tout contrôle, cela rendra le scrutin caduque.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : C’est plutôt original comme démarche…
M.Abdou Madi : Cette demande est parfaitement hors-la-loi ! Je rappelle que nous sommes à moins de 48 heures du scrutin ! Malgré tout, les élections ont lieu le10 Juin 2007. Mohamed Bacar est élu avec une confortable majorité à 54%.
C’est alors que Madeira et Sambi présentent le problème sur un plan international comme étant un problème de « séparatisme » alors que non !… Il ne s’agit que d’un problème d’organisation des élections !… Cela a verrouillé la réaction des bacaristes qui voulaient régler le problème à l’intérieur de l’Union !
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Que se passe-t-il donc après l’élection présidentielle et la réélection de Bacar ?
M.Abdou Madi : Les délégations de tous les pays voisins sont reçues au terme de ces élections. L’Afrique du Sud a de plus en plus de mal à supporter les méthodes de Sambi, mais privilégient des négociations, toujours et encore.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Et vous, que devenez-vous ?
M.Abdou Madi : Je suis à ce moment-là Ministre de la Coopération et je diligente les échanges de délégations. Je participe à des rencontres à Prétoria, en Juillet 2007, puis au Cap en Octobre. Ainsi je propose quatre alternatives possibles à ce problème de légitimité du président d’Anjouan: La première alternative est de modifier le Code Electoral, et de réaliser le même jour les élections sur toutes les îles de l’Union, pour l’élection de leur Président respectif.
Dans la seconde, je propose la convocation d’une Table Ronde pour refonder les Institutions de l’Union, avec comme premier point à l’ordre du jour le règlement des élections du 10 Juin. Mohamed Bacar est prêt à démissionner pour ce faire.
La troisième alternative est de mettre en place une Commission Internationale de juristes, composée également de juristes comoriens de l’Union des Comores, ainsi que des juristes anjouanais. Si la Commission conclut à l’irrégularité des élections du 10 Juin, Bacar démissionnera.
La quatrième alternative : au terme du mandat de l’Assemblée, que les élections législatives anjouanaises se fassent sous contrôle international. Si le parti bacariste perd les élections, Bacar démissionnera et ne se représentera plus.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Qu’a-t-il été décidé ?
M.Abdou Madi : En fait, rien n‘a été décidé. Les délégations ont insisté pour que Bacar viennent en personne au Cap pour donner ses propres garanties, et c’est ainsi que je me suis retrouvé à son arrivée dans l’avion sud-africain me raccompagnant à Anjouan.
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Pensez-vous que la Tanzanie et le Soudan auront à subir des sanctions de l’Union Africaine pour avoir mené ce débarquement sur Anjouan ?
M.Abdou Madi : Pour moi, la première sanction est déjà tombée, puisqu’El Bachir, le soudanais, est poursuivi depuis fin Juillet par le Tribunal International ! Quant à la Tanzanie, elle préside actuellement l’U.A. Un jour, lorsqu’elle quittera la présidence… La Tanzanie aura à répondre . L’opposition anjouanaise portera dès que possible une réclamation auprès de l’Union Africaine pour ce que je n’hésite pas à nommer un acte de guerre délibéré à l’encontre d’Anjouan. Cela fait trois agressions tanzaniennes à l’encontre d’Anjouan depuis 1976. Trois agressions en 32 ans… Quels comptes la Tanzanie a-t-elle donc à régler avec Anjouan ? Mais à chaque fois, ce ne sont que sévices, et maltraitance des populations !
Dernier Arrêt avant les Kerguelen : Comment peut-on, hormis la méthode de Sambi sur laquelle nous reviendrons, gérer l’Union des Comores ?
M.Abdou Madi : Il n’est pas possible de faire des Comores un état unitaire centralisé !
Il y a des particularité s au niveau de chacune des îles de l’archipel. Moi je propose ce que j’appelle la « concurrence positive », que chaque île conserve sa spécificité, mais dans un intérêt commun. Plutôt dans le cadre d’un état confédératif que fédératif. Nous avons essayé la Fédération, ça ne fonctionne pas !
La Fédération donne à chacune des îles la possibilité d’entreprendre. C’est bien, mais des dissensions finissent toujours par apparaître, une concurrence malsaine, malsaine parce que nous sommes tous comoriens !
Non, la Confédération me semble plus adaptée, une confédération qui marque la diversité, qui tient compte de la spécificité de chacune des îles.
Et pour que les nuances régionales puissent s’exprimer, il ne faut pas laisser un seul président de l’Union prendre toutes les décisions.
Sambi profite de l’exil volontaire des anjouanais qui fuient la misère pour proposer leurs terres laissées inexploitées à des non-comoriens, en l’occurrence à des habitants des pays arabes. Est-ce respectueux des comoriens ?
Après la vacance du pouvoir laissé par Mohamed Bacar, Foundi Sambi, Président de l’Union des Comores, organise un scrutin.
Quarante huit heures avant les élections présidentielles d’Anjouan, Sambi limoge le président de la commission électorale. Ainsi, Moussa Toybou, dont les liens avec Foundi Sambi ne sont plus à démontrer, est élu Président de l’Ile d’Anjouan avec moins de 10% de taux de participation.
Au moment où ce premier entretien est réalisé, des bruits de bottes résonnent à Moroni… Selon un quotidien régional, le Président de l’Union des Comores Foundi Sambi déclare, relayé par le chef d’état-major de l’armée comorienne, qu’il « est au courant de plusieurs initiatives à partir de Mayotte ayant pour objectif de déstabiliser l’île »…
Le Président Sambi, ayant mis fin à ses achats de produits pétroliers auprès de Total, est parti négocier en Turquie de nouveaux accords de fournitures pétrolières… Et se soigner en Inde, non sans passer dire un petit bonjour à Téhéran… Un bateau de la Marine Indienne mouille au large de Moroni…
Dimanche 24 Août, un Boeing 737 d’Air Kenya est immobilisé sur le tarmac de l’aéroport de Mayotte parce qu’une douzaine de diplomates comoriens refusent de descendre de l’avion pour y subir les contrôles de rigueur en zone de transit, argumentant la non-nécessité de ces contrôles : Mayotte pour eux étant comorienne !… L’avion a été retenu trois heures sur l’aéroport de Dzaoudzi…
Nous retrouverons Mohamed Abdou Madi ici-même dans quelques jours, pour évoquer les projets constitutionnels que ce diplomate anjouanais, épris de son île, nourrit à l’égard de l’Union des Comores, et nous refermerons ce dossier sur les ouvertures qu’il propose, auxquelles devrait se soumettre l’Union des Comores pour enfin devenir un état moderne dans le concert des Nations…
A suivre...
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