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Ahmed Ben Saïd Jaffar : " Pour nous tous, Mayotte reste une île comorienne "
Le 13/12/2008
Ahmed Ben Saïd Jaffar, ministre des Relations extérieures |
Ahmed Ben Saïd Jaffar, ministre des Relations extérieures et de la coopération, en charge de la diaspora, de la francophonie et du monde arabe, occupe ce poste depuis l'élection d'Ahmed Abdallah Mohamed Sambi à la présidence de l'Union des Comores. Dans un entretien exclusif, il nous livre sa vision des relations actuelles de son gouvernement avec la France sur la question de Mayotte, dont l'Union des Comores n'a jamais cessé de revendiquer la souveraineté depuis son accession à l'indépendance en 1975.
Mayotte Hebdo : Comment qualifieriez-vous l'état actuel de vos relations avec la France ?
Ahmed Ben Saïd Jaffar : Nos relations avec la France et notre coopération avec elle, je pense que ces relations-là sont au beau fixe. Nos relations ont toujours été des relations de partenariat clair, basées sur la collaboration et sur une certaine franchise. On a toujours dit que depuis le début, c'est-à-dire depuis que nous sommes avec ce régime pour les autorités françaises, nous avons senti que la coopération entre les deux pays s'est de plus en plus consolidée. Donc j'estime que là où on en est, cette coopération évolue assez bien, malgré bien sûr de temps en temps de petites incompréhensions, mais personnellement j'estime que cette coopération évolue très bien.
MH : Depuis votre arrivée au ministère en 2006, votre position sur Mayotte a-t-elle évoluée ?
ABSJ : Vous savez, la question de Mayotte préoccupe tout le monde aux Comores. L'opinion comorienne dans son ensemble est préoccupée par cette question. En ce qui nous concerne, les orientations qui ont été données d'abord par le Président Sambi, alors candidat à l'époque, restent les mêmes : le Président Sambi, comme nous autres, estime aujourd'hui que nous devons orienter notre approche sur la question de Mayotte en essayant de favoriser le rapprochement entre nos quatre îles, de sorte que l'on puisse mieux se connaître et échanger entre nous pour casser certaines barrières qui se sont créées au fil du temps. Cela permettrait d'établir de part et d'autre cette confiance qui s'est perdue au fil des années. Et à partir de là, voir de quelle manière on peut entrer dans ce processus de retour de Mayotte dans le giron comorien. Et ça, nous restons convaincus que c'est la voie la plus appropriée pour demander à ce que Mayotte revienne.
Dans le principe, pour nous tous les Comoriens en général et nous aujourd'hui autorités, Mayotte reste comorienne. Et ça, ça ne changera pas. Qu'on le veuille ou non, pour nous Mayotte est une île comorienne. Maintenant, la gestion du différend entre les deux pays peut changer d'une autorité à une autre, d'un individu à un autre. Pour nous, en ce qui nous concerne, la vision que l'on a par rapport à ce différend, c'est bien sûr de privilégier le dialogue bilatéral, voir de quelle manière on peut ensemble résoudre cette question, tout en essayant bien sûr d'accorder la plus grande attention à nos opinions. L'opinion comorienne par rapport à cette question est de plus en plus sensible, d'autant plus qu'aujourd'hui nous voyons venir cette consultation sur la départementalisation : l'opinion comorienne des trois îles a été surprise. Cette opinion a pris peur, considérant qu'une telle démarche risque d'alourdir les discussions qui ont commencé et qui évoluent très bien entre les deux pays.
" Permettre un retour progressif de Mayotte dans son giron naturel "
MH : Justement, depuis l'arrivée au pouvoir de M. Sarkozy et sa rencontre avec M. Sambi qui a permis la mise en œuvre des négociations au sein du Groupe de travail de haut niveau (GTHN), avez-vous l'impression que le nouveau Président français est plus à même de comprendre la question de Mayotte qui pour vous est un territoire comorien ?
ABSJ : C'est là où nous avons eu le plus de convictions pour évoluer dans ce dialogue. Nous avons senti que l'approche adoptée par le Président Sarkozy est plus réaliste, une approche que nous partageons également. C'est-à-dire rapprocher les îles, essayer de favoriser les échanges entre les îles et privilégier cette proximité. Ce que l'on a noté d'évolution significative dans la gestion de ce différend, par rapport aux autorités françaises, c'est de considérer que Mayotte relève en fait de cette entité comorienne. Maintenant, il reste la façon d'aborder la question et de la résoudre. Je pense que ça, c'est quand même une étape importante qui a été franchie.
La mise en place de ce GTHN est un outil qui devrait permettre de mettre en œuvre ce rapprochement et faire en sorte que les Comoriens des quatre îles puisse se retrouver, mieux se connaître et établir une relation de confiance entre eux pour faire évoluer les choses et permettre un retour progressif de Mayotte dans son giron naturel.
MH : Mais il reste un obstacle majeur : si vous voulez atteindre cet objectif, il faut aussi convaincre la population mahoraise…
ABSJ : C'est pour ça justement qu'on essaie aujourd'hui de privilégier ce rapprochement puisque nous savons bien sûr - et ce n'est un secret pour personne - qu'aujourd'hui si nous demandons aux Mahorais leur avis pour revenir ou non avec nous, il est clair qu'ils diront "non". Mais pourquoi les Mahorais diront "non" ? C'est une question importante qu'il faut se poser. Aujourd'hui, par rapport aux difficultés auxquelles les trois autres îles sont confrontées, les Mahorais considéreront qu'ils ne sont pas prêts à rejoindre leur giron naturel. Donc, toute la stratégie que nous avions essayé de mettre en œuvre, c'est de faire en sorte que nous puissions relever les conditions de vie des Comoriens des trois autres îles pour mettre en confiance les Mahorais, leur montrer qu'il n'est nullement question pour nous de remettre en cause les acquis obtenus par les Mahorais vis-à-vis de la France, ça ce n'est nullement dans nos intentions aujourd'hui.
Et personne, au niveau des trois autres îles, ne pense qu'il faudra remettre en cause cela, considérer que nous allons faire revenir Mayotte dans son giron naturel et profiter des acquis mahorais, ce n'est pas du tout dans ce sens-là. Nous, ce que nous souhaitons aujourd'hui, c'est justement qu'on nous laisse la possibilité de renforcer la stabilité au niveau des trois îles et de permettre le développement socio-économique du pays. Une fois que cela sera effectif, les Mahorais jugeront d'eux-mêmes que la voie à suivre, c'est ça. Mais pendant cette période, il faudra que nous privilégiions ce rapprochement, la proximité et les échanges et nous sommes convaincus qu'à un moment ou un autre, les Mahorais verront d'eux-mêmes l'ultime nécessité de revenir avec leurs frères comoriens des trois autres îles.
GTHN : " Se retrouver ensemble, s'asseoir et discuter sur le devenir des Comores "
MH : Etes-vous satisfait pour l'instant de l'évolution des travaux du GTHN ?
ABSJ : J'estime que le travail qui a été réalisé jusque-là par le GTHN est un travail extraordinaire. D'abord, cela a permis à tout le monde de s'asseoir autour de la même table : la partie française, les élus mahorais et les responsables comoriens des trois îles. Se retrouver ensemble, s'asseoir et discuter sur le devenir des Comores, c'est déjà une étape importante qui a été franchie. Ensuite, nous avons, au sein de ce groupe de travail, touché du doigt un certain nombre de réalités qui jusque-là constituaient des obstacles pour rapprocher les quatre îles : la circulation des biens et des personnes. Quand on parle de la circulation des personnes, c'est la suppression du visa Balladur qui a été imposé aux Comoriens des trois autres îles depuis 1995. Toucher du doigt un problème comme celui-là et tout le drame qui s'en est suivi depuis la mise en place de ce visa, je pense qu'aujourd'hui c'est un travail essentiel qui a été accompli puisqu'on a convenu ensemble avec la partie française que c'est une question importante qu'il faudra discuter et voir les modalités de la suppression de ce visa.
Il est évident que dans un premier temps il va falloir travailler là-dessus, mettre les garde-fous nécessaires, mais au bout du compte il faudra que le Comorien de la Grande Comore, d'Anjouan ou de Mohéli qui souhaiterait se rendre sur l'île comorienne de Mayotte puisse au moins arriver à l'aéroport et prendre son visa s'il le faut. Mais qu'on ne vienne pas imposer un visa à l'ambassade de France. Toute la démarche qu'il faut entreprendre pour obtenir ce visa, pour nous, c'est inadmissible.
Aujourd'hui, quand on parle également de la circulation des biens, là aussi je pense que c'est quelque chose de bénéfique pour les deux parties, c'est-à-dire à la fois les trois autres îles et Mayotte. Il est inconcevable aujourd'hui par exemple qu'au niveau des produits maraîchers, Mayotte les importe pour l'instant de la Réunion ou de Madagascar, alors qu'elle est située à 70 km d'Anjouan et que ces produits-là se trouvent là-bas. J'estime qu'aujourd'hui les travaux effectués par le GTHN évoluent assez bien puisque ce sont des travaux qui d'abord se veulent concrets.
Ils concernent la vie de notre archipel, la vie de notre pays. Ces travaux avancent et nous attendons les résultats. Il était prévu la semaine dernière que le GTHN se retrouve ici à Moroni et qu'il continue ses travaux à Anjouan, malheureusement il y a eu quelques petites incompréhensions. Ca se fera normalement d'ici la fin de ce mois. Et là déjà, dans le souci de concrétiser un certain nombre de choses qui ont été prévues dans ce groupe, nous devrions poser la première pierre de l'internat de l'Ecole nationale technique et professionnelle de Ouani à Anjouan. Il est également prévu l'ouverture de l'antenne consulaire à Anjouan et la mise en circulation des produits maraîchers entre Anjouan et Mayotte à travers le Tratringa.
Au-delà des discussions et des réflexions qu'il peut y avoir, nous avons le souci de concrétiser un certain nombre de choses sur le terrain, que les Comoriens puissent voir que ce n'est pas simplement des discours mais des faits qui sont prévus et qui peuvent se réaliser rapidement au niveau du pays.
MH : Mais il reste le problème des normes européennes à respecter en ce qui concerne la circulation des biens…
ABSJ : En ce qui concerne les nomes, je pense que là aussi la discussion continue. Si nous sommes tous convaincus qu'il faut favoriser les échanges entre les quatre îles, il faudra également qu'on puisse adapter toutes les mesures établies par exemple en Europe par rapport à Mayotte et faciliter ces échanges-là, parce que c'est d'abord une décision politique qui a été prise.
Il faudra aussi qu'il y ait des mesures politiques qui accompagnent cela et voir les aspects techniques qui devront suivre. Mais la décision qui a été prise pour favoriser ces échanges-là, je crois que c'est essentiel. Maintenant ce qu'il reste, c'est de voir ses modalités. Je pense qu'au sein du groupe de travail, cette observation-là a été faite et ils sont en train de réfléchir sur ce genre d'aspects.
"Il n'y a aucune organisation, aucun pays qui reconnaît Mayotte française"
MH : Si l'accord bilatéral est signé avant la consultation des Mahorais sur la départementalisation de l'île, pensez-vous qu'il sera remis en cause ?
ABSJ : J'ai toujours dit et je le redis encore : le GHTN travaille dans le sens de concrétiser un certain nombre de choses relatives au rapprochement entre les quatre îles. En même temps, il y a cette question sur la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte. Bien sûr, notre position à ce sujet est claire : nous ne reconnaîtrons jamais les résultats qui pourraient être obtenus à ce référendum. Pour nous, ce référendum ne devrait pas avoir lieu.
Si les autorités françaises décident de tenir ce référendum, ils le feront tout simplement parce qu'ils ont la force de faire cela. Mais dans le cadre de la concertation et de cette coopération entre les Comores et la France, à aucun moment on ne pourrait accepter que cette consultation ait lieu. Maintenant, considérer que cela pourrait remettre en cause la coopération franco-comorienne, je ne pense pas que cela pourrait arriver à un tel niveau. Seulement, nous sommes dans notre droit de considérer que cela est contraire à toute la dynamique engagée.
A ce moment-là, on le criera à qui veut l'entendre que nous ne partageons pas la démarche qui a été engagée et nous la dénoncerons. Mais ça ne voudrait pas dire que nous arriverons à un stade de remise en cause de la coopération franco-comorienne.
Vous savez, depuis l'indépendance des Comores jusqu'à aujourd'hui, ce différend a toujours existé et à chaque fois on a toujours essayé de démontrer que nous ne sommes pas d'accord avec la démarche qui a été entreprise, jusqu'à l'inscription de Mayotte dans la Constitution française que nous considérons illégale puisqu'aucune résolution aux Nations-Unies n'a été obtenue jusqu'alors.
Il n'y a aucune organisation, aucun pays qui reconnaît Mayotte française. Comment pourrait-on comprendre que Mayotte soit aujourd'hui inscrite dans le Constitution française sans qu'il n'y ait une résolution quelconque, sans qu'il n'y ait un pays quelconque pour se prononcer en considérant que Mayotte est un territoire français ? C'est une décision unilatérale de la France et nous considérons que ce n'est pas normal.
Mais ça n'a pas empêché que des discussions aient eu lieu, que des discussions continuent et on continuera les discussions avec les autorités françaises pour essayer de trouver une issue car nous faisons confiance au dialogue, nous faisons confiance aux autorités actuelles françaises sur la vision qu'ils ont pour la résolution de ces différends.
"Aucune option n'est exclue, pourvu que les autorités françaises reconnaissent d'abord la souveraineté comorienne sur l'île de Mayotte"
MH : Est-ce que vous pensez que l'érection de Mayotte en département d'Outremer fermera définitivement les portes de la négociation ?
ABSJ : Aujourd'hui, si on demandait aux Mahorais leur avis par rapport au fait de rester Français, pour nous la réponse est évidente. Ce qu'il y a, c'est qu'un département, cela voudrait dire un changement de statut et à ce moment-là, à notre niveau, cela voudrait dire un changement de notre orientation par rapport à la revendication de la question de Mayotte. Mais ce n'est pas pour autant qu'on considérerait que les portes sont fermées et qu'on ne pourrait plus discuter.
Nous, quand nous sommes arrivés au pouvoir, après discussion avec les autorités françaises, on s'est mis d'accord pour privilégier le dialogue bilatéral et ne pas internationaliser cette question. Cette année, quand on s'est rendu compte que les autorités françaises sont déterminées à aller vers cette consultation, nous, ce qu'il nous restait à faire, c'est bien sûr d'alerter nos partenaires, leur dire que nous sommes dans la voie du dialogue avec les autorités françaises, mais que de l'autre côté il y a quand même une démarche qui a été entreprise et qui ne nous convient pas.
Nous leur avons dit : "Soyez attentifs à cela, si vous pouvez nous aider à convaincre les autorités françaises de renoncer à cette démarche-là, ce serait une très bonne chose". Donc si aujourd'hui les autorités françaises laissent entendre qu'elles iront vers cette consultation, à ce moment-là nous aussi on essaiera d'alerter qui veut l'entendre que nous ne sommes pas d'accord par rapport à cette démarche-là.
MH : A long terme, quelle solution envisageriez-vous, une rétrocession à l'image de Hong-Kong ?
ABSJ : On n'a jamais refusé d'ouvrir le débat sur ces aspects-là. On n'en est peut-être pas encore arrivé à ça, mais en ce qui nous concerne, aucune option n'est exclue, pourvu que les autorités françaises reconnaissent d'abord la souveraineté comorienne sur l'île de Mayotte. A ce moment-là, on peut discuter de toutes les solutions qui pourraient faciliter le retour progressif de Mayotte dans le giron comorien.
Nous n'excluons rien et je le répète, nous n'avons nullement l'intention de remettre en cause les acquis obtenus par les Mahorais pendant toute cette période de présence française à Mayotte. Notre détermination aujourd'hui, c'est de faire en sorte que l'île de Mayotte revienne dans son giron naturel. Dès lors que les autorités françaises accepteraient la souveraineté comorienne sur l'île de Mayotte, à ce moment-là, toutes les options pourraient être ouvertes.
Propos recueillis par Julien Perrot
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Les aides budgétaires ponctuelles de la France
Le 11/12/2008
Au moment de la libération d'Anjouan,
L'action culturelle de
"La situation de la langue française aux Comores est en régression", constate Monique Bauer, conseillère de coopération et d'action culturelle auprès de l'ambassadeur, "en raison de la dégradation du système éducatif. Les étudiants comoriens qui partent étudier en France, au Maroc ou au Sénégal ont souvent de très grandes difficultés à cause d'une maîtrise insuffisante de la langue". D'autre part, cette année, 28 étudiants comoriens en 3e cycle ont pu bénéficier de bourses pour partir étudier en France ou en Afrique sub-saharienne, ce qui représente 300.000 € par an.
Enfin,
2 M€ de la diaspora au service du développement
Sous la houlette du ministère de l'Immigration, le programme de co-développement qui s'applique au Mali, au Maroc, au Sénégal et aux Comores s'articule autour de la diaspora présente en France pour appuyer des projets de développement. Un quart de la population comorienne est établie en France et les flux financiers dépassent largement le budget de l'Etat comorien.
L'enjeu de ce programme est d'essayer de canaliser et de réorienter une partie de ces flux vers des projets plus structurants que les Grands mariages, afin de les réinvestir dans le développement. A travers ce programme,
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Boléro retourne au bercail
Le 11/12/2008
BOLERO Hamada Madi |
Nous publions ci-dessous la déclaration de l'ancien Ministre d'Etat, chargé de la Défense de l'Union des Comores, Hamada Madi Boléro annonçant son retour au pays. Après deux ans passés hors de mon pays, j'ai décidé d'y revenir suite au décès d'un membre de ma famille. Dans ce cadre, je demanderai à mes amis de faire en sorte que la CRC redevienne un parti d'opposition constructive, sans rancune, et qui a comme principal objectif la transformation de notre pays en véritable Etat de droit. Paris, 08 décembre 2008
Tout au long de ces deux années d'exil, j'ai beaucoup réfléchi et consulté. Les Comores mon pays, sont aujourd'hui encore à la croisée des chemins. Son avenir immédiat est menacé. Son économie s'est effondrée. L'Etat a cessé de fonctionner et les institutions constitutionnelles ne jouent plus leur rôle dévolu.
Si l'on ajoute à cela les tentatives de modification des règles inhérentes à l'alternance politique qui doit nécessairement débuter en 2009 pour les législatives et intervenir en 2010 pour l'Exécutif national, le pays risque de réveiller les vieux démons du séparatisme.
La tentative d'adoption du projet de loi dite « naturalisation économique » comme la nomination des membres de la cour constitutionnelle dans des conditions pour le moins confuses, confirment que notre pays perd de plus en plus sa crédibilité.
Mon retour au pays coïncide avec la tenue du Congrès du parti politique auquel j'appartiens, à la fin du mois de décembre et je compte prendre une part très active dans sa restructuration qui passe nécessairement par l'adoption d'un projet de société qui permette également la conclusion des alliances avec toutes les autres forces politiques du pays qui constituent l'opposition à l'actuel régime.
Il faudra mener une lutte sans merci contre les abus du pouvoir notamment vis-à-vis du pouvoir judiciaire garant d'une justice impartiale ; aussi, il faudra soutenir ceux qui ont fait de la liberté d'expression leur quotidien, les hommes et les femmes de la presse qui semblent être menacés désormais.
Préparer l'avenir de notre c'est aussi pousser les autorités nationales et insulaires à trouver rapidement les compromis nécessaires afin de mettre en œuvre les mesures budgétaires devant permettre à notre pays de bénéficier de l'initiative PPTE.
C'est donc un retour au pays studieux pour préparer l'avenir. Je suis persuadé que les Comoriens sont prêts à faire ce combat, un combat noble et digne pour un pays complètement délabré.
BOLERO Hamada Madi
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Analyse: L'état économique des Comores
Le 11/12/2008
Malgré leur aspect paradisiaque, les Comores restent l'un des pays les plus pauvres au monde. Le revenu moyen par habitant ne dépasse pas les 465 dollars par an, soit un peu plus de 162 000 frcs. Et ceci malgré son extraordinaire potentialité économique. Une économie en chute libre, un chômage de masse, des arriérés de salaires considérables et une dette abyssale, voilà ce qui caractérise les Comores d'aujourd'hui.
Le 14 novembre dernier, le président de l'Union des Comores l'a avoué, lors d'une cérémonie de remise d'équipements destinés par les autorités chinoises à l'aménagement du réseau d'adduction d'eau de la capitale.
« L'Etat n'a plus d'argent », disait-il devant un parterre de fidèles et de représentants internationaux. Même s'il est en partie coresponsable de cette faillite nationale, le chef de l'Etat n'a pas eu tort de faire cet aveu amer, au lieu de repaître le peuple de fausses espérances.
En effet, les Comores vont mal. Et il ne faut pas être cartésien pour l'appréhender. Selon une étude du Pnud de 2005, 60% de la population vit sous le seuil de la pauvreté. Et cela pourrait s'accentuer rapidement si rien n'est fait pour endiguer cette marche. Une grande partie de la population est rurale et vit de la culture vivrière ou de la pêche. Il n'existe pas d'autres secteurs économiques porteurs. La pêche et l'agriculture demeurent des activités de subsistance et le secteur touristique est encore embryonnaire.
Les îles exportent néanmoins de la vanille, de l'ylang-ylang et du girofle, mais en quantité dérisoire. La valeur de nos exportations chute d'une année à l'autre. 3,9 milliards en 2006 contre 4,8 milliards en 2005.
Le chômage, lui aussi, atteint des proportions inacceptables. Même s'il est très difficile d'obtenir une étude fiable, on peut aujourd'hui légitimement soutenir que près de 70 % de la population active est au chômage. On compte moins de 16 000 salariés dans les trois îles dont 11 000 dans la fonction publique aujourd'hui « saturée », selon le gouvernement. La jeunesse est massivement fixée sur les bancs des villes et des villages.
Les investissements industriels sont rares dans le pays, que ça soit dans le domaine public ou privé. Le commerce demeure principalement un commerce d'importation. En 2006, les Comores ont importé jusqu' à près de 10 milliards.
Concernant la dette du pays. Elle est abyssale, à tel point que le pouvoir actuel concentre tous ses efforts pour obtenir des remises, de la part des instances internationales.
Elle avait atteint les 266 millions de dollars en 2005, soit 72% du PIB. Aujourd'hui, il représente 96 milliards de nos francs.
Cette situation économique rend la vie quotidienne difficile, voire impossible aux habitants. Et ça revient à la diaspora (150 000 à 200 000 en France métropolitaine, 55 000 à Mayotte et 40 000 à
Ali Mmadi
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Sambi annonce 900 millions de dollars dès janvier
Le 11/12/2008
Al Raîs, Ahmed Abdallah Bin Mohamed Bin Sambi |
Quelques jours après l’adoption très controversée du projet de loi sur la citoyenneté économique et alors que celui-ci attend encore sa validation par
" On m’a annoncé que dès le mois de janvier prochain, on va nous verser la première tranche de la contrepartie du contrat. Nous aurons une somme totale de 900 millions de dollars pour deux ans" a annoncé le président de l'Union des Comores au cours d’un discours qu’il a tenu à Daru Nour, siège de la présidence de l’Union dans l’île d’Anjouan, lors de la traditionnelle présentation des vœux à l’occasion de l’Aïd El Kabir, devant plusieurs délégations venus de tous les coins du pays.
"J’appelle les deux vice-président Idi Nadhoim et Ikililou Dhoinine ainsi que le chef de l’exécutif de l’île d’Anjouan à réunir au plus vite les différents cadres des îles afin d’établir les projets prioritaires à réaliser pour chaque île", a-t-il ajouté. "C’est la première fois dans l’histoire du pays que nous aurons des fonds propres à gérer", s’est-il enthousiasmé.
Dans son discours, le chef de l’Etat est revenu sur le "Projet Habitat", qui fut une promesse phare lors de sa campagne électorale en 2006, mais qui peine à se concrétiser alors que son mandat tire à sa fin. "Il manque l’expertise nécessaire pour la réalisation de ce projet. C’est dans cette optique que nous allons organiser un forum international d’ici à la fin du mois de janvier ou au début du mois de février afin de trouver les solutions appropriées" a-t-il souligné.
Ahmed Abdallah Sambi a signalé que vu le niveau de vie très bas de certains ménages ainsi que le manque de foncier, il faut prendre en compte plusieurs paramètres pour que ce projet soit efficace. "Il y a plusieurs formules dans ce genre de projet de construction de logements sociaux et nous devons chercher d’abord à savoir celle qui est adaptée à notre pays", a-t-il conclu.
Faissoili Abdou
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