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BANGWE.NET : «Découvrez l'info de nos Bangwé»

Une réforme indispensable, mais très insuffisante

Le 03/03/2009

 

Les Comoriens sont appelés aux urnes, si la date reste toujours la même, ce 22 mars pour se prononcer sur la révision constitutionnelle. Au-delà des articles qui rétrogradent certaines fonctions, l'opposition se focalise sur un point, la possibilité de Sambi de prolonger d'une année son pouvoir.

2001 : Le Non à l'actuelle Constitution.

En 2001, j'étais Coordinateur d'un groupe de citoyens qui avait appelé à voter non à l'actuelle constitution. A cette époque, une certaine élite de la diaspora refusait de cautionner notre démarche qui se voulait triple : primo, une Constitution votée à la va vite sans réelle effort de pédagogie et de compréhension des textes de lois. Secundo, une constitution qui actait le séparatisme de fait, en reniant le concept d'une nation, une et indivisible, au profit des pouvoirs multiples afin de satisfaire les prébendes de nos dirigeants. A cette époque, nous aurions pensé avoir tort. Tertio, des institutions coûteuses qui ne sont pas réellement adaptées à un pays comme le notre qui vit sous perfusion de la communauté internationale.


Mes amis et moi aurions souhaité que l'Histoire nous donne tort. Nous aurions souhaité à ce jour lever la main et faire notre mea culpa. Or notre texte de 2001 ferait date aujourd'hui, tant les insuffisances et les précipitations que nous avions dénoncé hier, constituent le quotidien du Comorien : multiplication outrancière des institutions, caractère budgétivore des institutions, manque de culture civique, d'une unité nationale, des constitutions des îles qui sacralisent l'insularité et instaurent les discriminations et la xénophobie ...etc.


8 ans après, le pays a rendez-vous avec l'Histoire. L'Histoire doit constituer le socle de notre pensée et de notre action citoyenne. Les Comores ont accédé à l'indépendance en 1975, avec une partition géographique. Mayotte est restée sous le giron français, alors que les autres îles croupissent dans la pauvreté et la corruption généralisée. Qui a retenu l'Histoire de Mayotte et sa source première, le manque d'une éducation et d'une culture civique et patriotique neutre et objective ?

 

Les Comores, une sorte « d'échangisme »

 

Les Hommes se succèdent au pouvoir, sans réelles finalités patriotiques et de développement. Pis, le pays est devenu comme le lieu d'une sorte « d'échangisme ». Les mêmes hommes reviennent aux pouvoirs à la faveur d'une fausse alternance politique. La bande à Mssaidié-Boléro s'est nourrie grassement du pouvoir de Djohar avant de s'accoupler avec Azali. La bande à Tamou-Maécha a fredonné le pouvoir tyrannique d'Abdallah et dansé le sambé de Taki. Tous ces hommes sont dans l'opposition tant qu'ils n'occupent pas un fauteuil ministériel. Contester, non pas pour proposer, mais pour partager les miettes des recettes publiques.

 

Que dire enfin les visages horrifiants de l'opposition actuelle qui unit les putschistes et corrompus d'Azali, les prédateurs au temps d'Abdallah et les passifs El-Bak et Abdoulwahab qui n'ont de bilan de gouvernance que la parole ? Que dire des gouvernants actuels qui n'ont d'autres soucis que celui de prolonger d'une année leur mandat au lieu de respecter les institutions ?

 

Revenir à la Constitution de 1978, avec de changements de modes d'élections

 

Face à cet imbroglio, il est naturel de chercher une alternative. Ma contribution est très modeste :
1- Changement de dénomination et du drapeau : Revenir à la Constitution de 1978, en gardant les mêmes symboles de l'époque.
2- Modifier les modes d'élections de l'Assemblée nationale et des gouverneurs. Il me semble utile de proposer une élection proportionnelle à deux tours au niveau national qui respecte la parité. Une obligation vu la présence insignifiante des femmes à l'assemblée des Comores. Une manière également de tuer les partis régionalistes et insulaires. D'une telle élection, les RDD, UDD et MPM qui portent les jalons du séparatisme n'auront pas pignon sur rue. Ils permettront également de poser les questions nationales au détriment des élections de chefs de village. De plus, ce mode d'élection permettra de réduire les partis politiques, qui poussent comme des champignons, en des véritables courants politiques d'une grandeur nationale. Les gouverneurs seront élus au scrutin proportionnel à deux tours. C'est le conseil de l'île qui élira en son sein le gouverneur qui prend aussi le titre du président du conseil de l'île. Pour l'Assemblée fédérale, peuvent fusionner, toutes listes ayant obtenu plus de 5 % au moins dans deux îles et peuvent se présenter au second tour, toutes listes ayant obtenu 12.5% au niveau national dont au moins 5 % au niveau des deux îles. Par ce mode d'élection, on élimine les régionalistes, les séparatistes et nous éviterons la reproduction des partis à forte idée d'insularité. Pour les élections de gouverneurs, un scrutin proportionnel à deux tours. Seules les listes arrivées premières et secondes peuvent prétendre à la gestion de l'île. Peuvent fusionner les listes à plus de 5 %. Par ce biais, nous éliminerons le caractère sultanesque de nos élections et favoriseront l'émergence des équipes cohérentes pour la gestion de nos îles.


3- Réserver des sièges à titre symbolique pour Mayotte à l'assemblée nationale : Jusqu'au retour de Mayotte dans son ensemble naturel, il faut dès à présent attribuer un nombre de sièges à Mayotte au sein de la Communauté nationale.
4- Une justice indépendante, mais aussi le pouvoir pour le gouvernement de faire appel à des juges internationaux pour les crimes politique et économiques. Les juges en place sont liés au pouvoir, voire par de liens familiaux. Subissant des pressions, ou parfois corrompus, les juges ont une influence très limitée sur les hommes politiques. Par ce biais, nous pourrons réhabiliter une justice qui punit, sanctionne quelque soit l'homme en face. Nous éviterons les parodies de justice.


5- La Constitution de 1978, comme base fondamentale du dialogue politique. La constitution votée le 1er octobre 1978 peut servir de base de travail à toute réforme constitutionnelle. Elle répond objectivement à une volonté unificatrice des Comoriens.
6- Inéligibilité à vie à toute personne condamnée pour « détournement de biens publics, d'abus de biens sociaux, d'enrichissement douteux et de faillites de son entreprise privée ». Il faut assainir les fonctions publiques aux Comores.


C'est une modeste contribution au débat actuel. C'est une manière très simple de m'engager de nouveau dans le combat civique et citoyen.

 

 

                                                Nakidine MATTOIR
           Enseignant d'Histoire, géographie et éducation civique

 

 

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Le 03/03/2009

 

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Arrestation d’un journaliste qui parle de la citoyenneté économique

Le 02/03/2009

Aéroport Prince Said Ibrahim Moroni-Hahaya
Aéroport Prince Said Ibrahim Moroni-Hahaya 

Interpellé pour avoir mis en lumière certaines questions sensibles sur la devise officielle que doivent comporter les documents étatiques et pour avoir donné son point de vue sur la nouvelle législation comorienne octroyant la citoyenneté dite « citoyenneté économique ». Ahmed Wadaane fut en effet arrêté à son arrivée à l'aéroport de Moroni-Hahaya le 11 février 2009 par la police de l'air et des frontières et relâché au terme de 2heures d'interrogatoire.

Ancien conseiller à l’ambassade des Comores à Paris, devenu journaliste et chroniqueur politique, Ahmed Wadaane Mahamoud a touché là où il ne fallait pas. Aux Comores, personne n’ose parler. Ces sujets qui fâchent, pour le pouvoir. Sambi a décidé, voir tranché. Il a bouclé les boucles. Le silence règne, l’inquiétude plane aux yeux des citoyens. L’avenir s’annonce mystérieuse.

 

Bienvenu Ahmed Waadane au pays des aveugles ! Une notification d'un ordre (de qui ?) le contraignant aux obligations d'un contrôle judiciaire journalier au tribunal de Moroni, s'en est suivie. Ainsi a été conclu l'épisode. Ahurissement, les quelques exemplaires de son journal, emportés probablement pour la promotion, lui ont été confisqués et seraient détruits sous ses yeux. Quel gâchis ? Que reproche-t-on à cet engagé politique et en même temps journaliste et chroniqueur ? Pourquoi le régime Sambi ne veut qu'on parle de ce sujet qui est d'ailleurs ?


Selon Ahmed Wadaane, contacté par un des ses proches ; dans son journal qu'il vient de concocter au soutien de l'institution communale naissant aux Comores, journal qu'il a nommé justement “les Communes”, il lui serait reproché de s'être exprimé sur divers sujets d'actualité, en particulier sur cette notion de citoyenneté économique et sur les incohérences observées sur deux documents officiels qui sont la carte nationale d'identité et le passeport comoriens. C'est très dommage qu'on en arrive à de telles coercitions gratuites. On ne peut que condamner de tels abus.

Nous ne le dirons pas assez. La démocratie et ses caractéristiques n'ont plus place aux Comores aujourd'hui. La chasse aux hommes est donc ouverte et malheur à celui ou celle qui tentera de se soustraire de la muselière officielle. La police de l'air et des frontières des Comores, bien qu'elle soit sous la tutelle d'une autorité de l'Etat, n'est pas une police d’Etat. Elle est par nature une institution au service des citoyens et une Nation et non d'un pouvoir quelconque. Et surtout, lorsque le pouvoir semble avoir des ambitions qui ne sont pas celles de l'Etat de droit.

En attendant que le contrôle judiciaire imposé au journaliste Ahmed Wadaane soit clarifié au moyen des éléments à charge autres que ceux qu'il a laissés entendre à ses proches, il y a matière à crainte et à inquiétude. Une telle dérive de l'autorité relèverait des comportements inacceptables et se classerait parmi les forfaits de la provocation. Est-ce un signe précurseur de l'autorité et de ce qui attend les réactionnaires face au fait accompli officiel qui préoccupe tant les démocrates comoriens en ce moment ? Il est vrai, en régime de monarchie absolue, seule la culture de la personne du Roi est permise.

Journalistes réduis au silence et réacs, vous êtes prévenus. Nous traversons déjà une zone de turbulences et seul Allah en sait plus.

 

Sambi n'en fait qu'à sa tête

Le 28/02/2009

le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi
le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi 
Les diplomates étrangers à Moroni s'inquiètent du regain de tension depuis l’annonce par le président Sambi de son intention de prolonger son mandat au-delà de 2010.


Sous l’égide de l’envoyé de  l'Union africaine (UA), Francisco Madeira, les représentants de la communauté internationale à Moroni sont à la manœuvre, depuis début février, pour " amener les différentes institutions, la classe politique, ainsi que la société civile à se réunir dans un forum de dialogue franc et ouvert ". Selon Madeira, le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et les autorités des îles autonomes ont donné leur accord pour la tenue de ce forum à Moroni, du 27 février au 4 mars. Devant rassembler 58 représentants de l'Etat, des partis politiques et de la société civile, ce forum débattra du fonctionnement des institutions, de la gouvernance et des textes constitutionnels, dont l’examen de l’avant-projet de révision de la Constitution proposée par le président Sambi. Il était aussi prévu que les résultats de ce forum "soient des recommandations applicables par les institutions".


Pourtant, alors que les préparatifs pour cette rencontre étaient en cours, le président Sambi a pris tout le monde de vitesse en adoptant, le 11 février, un décret " portant convocation du corps électoral pour l’organisation du référendum constitutionnel " le 22 mars. Cette décision a été reçue comme une gifle par une bonne partie de la classe politique comorienne et des Oulémas. Pour les représentants de la communauté internationale, l’initiative intempestive du président de l'Union s'apparente de même à un camouflet.


Mais c’est à Mohéli, l’île qui doit exercer la présidence tournante de l’Union en mai 2010, que l’opposition à ce projet de référendum est la plus radicale. Déjà, début février, la population de l’île avait procédé à l’organisation d’un Hitima, une cérémonie de lecture collective du coran faite par des Oulémas en provenance des trois îles. Les participants à cette cérémonie avaient alors appelé "la malédiction d’Allah contre toute personne voulant empêcher l’île de Mohéli d’exercer à son tour, la présidence tournante de l’Union, en mai 2010". Voilà Sambi prévenu !


La Lettre de l'Océan Indien

 

Diego Maradona, la troisième vie de l'éternel génie

Le 27/02/2009

Diego Armando Maradona dit Le «Pibe de oro»
Diego Armando Maradona dit Le «Pibe de oro» 

Meilleur joueur du monde au milieu des années 1980, le «Pibe de oro» a connu une longue descente aux enfers une fois sa carrière de footballeur achevée. Sa troisième vie de sélectionneur de l'Argentine, opposée mercredi soir à la France à Marseille, lui offre l'espoir d'une rédemption.

Sur la diagonale du fou, mais toujours au centre de l'échiquier. Désigné sélectionneur national de l'équipe d'Argentine, à la surprise générale, en octobre dernier, Diego Armando Maradona vit, à 48 ans, ses retrouvailles avec les terrains comme une régénérescence. Thaumaturgie de la passion, ce bain de jouvence dans le rectangle vert semble avoir ressuscité en lui l'âge d'or de l'enfance. Celle d'un gamin des bidonvilles affublé d'un talent hors norme.


Une renaissance tant son extraordinaire existence, vidée de sa raison d'être depuis sa retraite footballistique, enchaînée par de morbides turpitudes, consumée par les excès en tous genres, onsommation compulsive de drogue et autres psychotropes, alcoolisme chronique, paranoïa aiguë, boulimie suicidaire, faillit s'achever piteusement sur une overdose de cocaïne et de pilules amaigrissantes à l'aube du XXIe siècle. Sans traitement, son cœur fonctionnait alors seulement à 38% de sa capacité. Diego frôla à nouveau la mort en 2004 après un accident cardio-vasculaire. Sans oublier une rechute hépatique en 2007. À l'époque, la rumeur de son décès se répandit à travers le monde.


Après avoir poursuivi une trajectoire météoritique de poète maudit, d'ange déchu, de rock star déjantée, l'étoile noire de Maradona scintille à nouveau de sa lumière équivoque. Au point de métamorphoser le rescapé en être providentiel capable de conduire une nouvelle fois la sélection argentine au titre mondial. «Il ira au bout de son destin d'autant qu'il est épaulé dans sa mission par Carlos Bilardo (l'entraîneur des champions du monde 1986, NDLR). Il reste le plus grand joueur de l'histoire du football. Son amour du beau jeu demeure intact. Et il a conscience des énormes responsabilités que lui confère son rôle d'entraîneur national. Diego ne voudra pas décevoir l'immense attente des supporteurs argentins», affirme Beto Marcico, qui l'épaula un temps en sélection.


Gamin éternel dès lors que l'astre de cuir l'ouvre à la transcendance, «El Diez», en un éclair, est redevenu la pièce maîtresse d'un jeu dont il est, paradoxalement, à la fois le dévot et le démiurge. «Notre objectif est d'être champions du monde en Afrique du Sud. Je veux surtout que les joueurs se sentent heureux de porter ce maillot. L'équipe d'Argentine avait besoin d'un guide, j'aurais été lâche de refuser», insistait-il en prenant ses fonctions. Sa causerie d'avant-match lors de sa première apparition sur le banc argentin en Écosse en novembre dernier (0-1) - «Je ferai n'importe quoi pour jouer cette rencontre, je serai même prêt à jouer gardien. Vous ne savez pas à quel point je vous envie, bande de fils de p…» - finit d'instruire sur la relation fusionnelle qu'il entretient avec la tunique albiceleste. «Son contact me donne des frissons.»


Sa ferveur a valeur d'exemple pour des joueurs élevés dans son culte. «Maradona, pour n'importe quel Argentin, c'est un nom sacré. Dans le foot, il n'y a rien au dessus ou à côté. Ce que Diego a fait pour l'Argentine, on ne peut le comparer à rien. Ce n'est pas du ballon, c'est de l'art. Porter ce maillot, pour nous autres Argentins, c'est une très grande fierté, mais être dirigé par Maradona, c'est un très grand honneur», avouait ainsi Lionel Messi, son véritable successeur, mardi matin dans les colonnes de L'Équipe.


Depuis la fin des années 1970, la prodigieuse aventure du «Pibe» de Villa Fiorito, faubourg borgne du Grand Buenos Aires, cristallise en effet les passions d'une jeune nation d'immigrants en mal de mythes fondateurs. Le triomphe albiceleste lors de la Coupe du monde 1986 le fit ainsi accéder à la dignité de grandes figures populaires argentines, au même titre que Carlos Gardel, Eva Peron et Ernesto Che Guevara.


Inscrivant un but de rapine, la célébrissime «main de Dieu» lors d'un quart de finale de légende contre l'Angleterre avant de signer, en «cerf-volant céleste», son chef-d'œuvre au terme d'une chevauchée fantastique, Maradona offrait, sinon une rédemption, au moins un motif de fierté à un pays tour à tour meurtri par la dictature des généraux, humilié par la guerre des Malouines et étranglé par les ajustements structurels du FMI.


S'il assoit symboliquement sa stature rebelle de tribun de la plèbe - ses accointances avec Fidel Castro, Evo Morales et Hugo Chavez attestent de ses convictions anti-impérialistes -, son exploit contradictoire fait surtout ressortir l'ambivalence d'une personnalité complexe. Par-delà le bien et le mal, le «Dieu du football» s'est toujours évertué à faire surgir tout le champ des possibles du vide originel. Humain trop humain, la démesure menace toujours le créateur d'exception. «Il n'est pas de poésie possible sans l'intervention du diable», aurait à ce propos affirmé l'immense William Blake. Dans un spécial Maradona du magazine So Foot, Jorge Valdano, qui fut son coéquipier en sélection, se risquait à établir une généalogie de la morale «maradonienne». Entre fulgurances et vulnérabilité. «Diego a vécu pour le meilleur et pour le pire, il est l'ombre et la lumière en même temps. C'est ce contraste qui fascine tant l'opinion publique. J'ai pu côtoyer des champions médiatiques, comme Beckham, Zidane, Raul, aucun ne provoque une convulsion comparable. Mais lorsqu'on arrive aussi haut que Maradona, on finit très seul. Personne ne peut se mettre à votre place. Le monde est incapable de comprendre un tel génie.»


Alors, il se contente de le vénérer irrationnellement. À la manière folklorique des membres de l'«église maradonienne» de Buenos Aires ou dans la fureur comme les supporteurs de Boca Juniors et du Napoli. Une séquence hallucinante du documentaire d'Emir Kusturica sur Maradona met ainsi au jour l'hystérie collective que suscita son retour à Naples en 2005. Hôtel assiégé, scènes d'émeute. Quatorze ans après son départ précipité suite à un contrôle positif à la cocaïne en 1991 -, les Napolitains ne pouvaient pas oublier celui qui, deux scudetti et une Coupe de l'UEFA à la clé, redonna sa dignité au Mezzogiorno. «Je vais devenir l'idole des enfants pauvres de cette ville, parce qu'ils sont comme j'étais, petit, à Buenos Aires», avait même lancé l'Argentin en débarquant, via Barcelone, au pied du Vésuve en 1985. Trop attaché à la cité parthénopéenne, Maradona s'est laissé happer par sa folie irradiante. Au point de se brûler la vie par les deux bouts.


80 000 fanatiques scandant son nom à l'infini chaque dimanche, telle était la normalité pour le demi-dieu du stade San Paolo. «Maradona me fait penser à Marlon Brando ou à d'autres grands acteurs de cinéma. Une fois qu'ils descendent de scène, ils ne savent pas comment vivre. La vie idéale pour Diego, ça aurait été un match dont l'arbitre n'aurait jamais sifflé la fin», analysait Kusturica dans So Foot. Hors des entrailles du volcan, un ennui fondamental l'accompagnait, l'enfermait dans une incommunicabilité terrifiante, que ni sa femme, Claudia, ni ses filles, Dalma et Giannina, ne parvenaient à briser. Le tumulte et l'avilissement comblant le vide, de sombres puissances le poussèrent alors vers l'abîme.


L'image de clown grotesque en surcharge pondérale exhibant sa déchéance physique et cérébrale dans les émissions de télévision de grandes audiences écorna le mythe jusqu'à la nausée. Première icône mondialisée du football, sa vie a toujours été un spectacle télévisuel. Alors qu'il n'était encore qu'un môme de 12 ans, il multipliait déjà les prouesses avec le ballon et rêvait sa future victoire en Coupe du monde devant une équipe TV. Au crépuscule de l'idole, la célébration, tête contre la caméra, de son but face à la Grèce lors de la Coupe du monde 1994 restera son dernier instant de gloire en Mondovision. Quelques jours plus tard, Maradona fut exclu du Mondial aux États-Unis suite à un contrôle positif à l'éphédrine. Dès lors sa chute fut vertigineuse.


Enfin libéré des chaînes nihilistes du ressentiment et de la pulsion de mort, «El Diez» suscite de nouveau un incroyable engouement. Marseille s'est ainsi enflammé cette semaine en voyant Diego Armando Maradona, pressenti à l'OM en juin 1989. Quel meilleur endroit que la pelouse du Vélodrome pour magnifier l'éternel retour du génie absolu du football ?

 

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