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BANGWE.NET : «Découvrez l'info de nos Bangwé»

Silence ! Soit je prolonge mon mandat, soit '' le démon se réveille ''

Le 18/04/2009

 
Le sujet qui fait actuellement tabac et qui est au menu du débat national tourne autour de du référendum sur la révision de la Constitution et surtout sur les intentions réelles du président Sambi à rester encore au pouvoir. Néanmoins, j'estime qu'à un moment donné nous n'avons pas le droit de jouer ni avec les mots ni avec notre destin commun.

'' Face à l'impossibilité pour les différentes autorités de se mettre d'accord, je me suis trouvé dans l'obligation de prendre mes responsabilités ''.

Lesquelles? On le connaissait '' suffisant'','' hyperactif'', '' amoureux des voyages et des palais présidentiels'', '' partisan d'une présidence à vie'', mais cette fois-ci, Sambi s'est surpassé. Voilà ce qui ressort du discours du président Sambi de ce mercredi 15 avril, à une période charnière de notre histoire.

Le président de la République le sait. Les gens ne tomberont tous jamais d'accord sur une ligne politique. C'est la démocratie qui le veut ainsi. Et si les politiques des Comores voulaient se mettre un jour tous d'accord et se donner la main, on pourrait faire une grande ronde qui engloutira les quatre îles de l'Archipel .

Rejetant publiquement la proposition des présidents des Îles Autonomes de Ngazidja et Mwali, disposés à démissionner en 2010 dans le souci de conserver l'unité nationale et d'harmoniser les élections, le président Sambi nous a ouvert le chemin sur le '' doute'' qui pèse dans nos consciences quant à sa volonté affichée de vouloir s'éterniser au pouvoir. Il est clair qu'ici, il tend '' une main forte'' aux velléités séparatistes.

Hier, Anjouan nous a imposé la Tournante, l'appellation des chefs des Exécutifs des Îles comme présidents, une large autonomie des îles et tout ceci au prix de l'unité du pays, et aujourd'hui, c'est un autre discours caché derrière les ambitions du chef de l'Etat .Quand on sait que pour l'heure, aucun des cerveaux séparatistes qui nous ont abîmés moralement n'est mis en examen, ni jugé, mais sont laissés libres sous la protection du palais, libres de leurs mouvements, alors, il est clair que de mauvais coups se préparent et surtout lorsqu'on sait que ces séparatistes là sont intégrés dans l'appareil de l'Etat.

Le double langage du président Sambi inquiète. De la présidence tournante à la départementalisation de l'Île comorienne de Mayotte, le président erre à contre sens. On reprochera peut être aux anciens régimes d'avoir à leur tour mal géré la question mahoraise mais jamais aucun gouvernement n'a osé se rendre sur place à Mayotte pour reconnaître que '' Mayotte est française''.

Nous nous rappelons tous de ce voyage effectué sur place à Mayotte par l'actuel directeur de Cabinet et ministre de la Défenses de l'époque, le puissant et discret Mohamed Dossar, accompagné de l'ambassadeur mozambicain Madeira et de l'ex-ambassadeur de France aux Comores, Christian Job, pour signer avec le préfet de Mayotte '' Les Accords de Rocher''. Ces Accords ont évidemment précipité le référendum du 29 mars qui a rendu Mayotte, 101 ème département français. Pour justifier un tel geste, Sambi qui doit des explications à son peuple dans la nuit du 26 mai 2010 lorsqu'il s'apprêtera à quitter Beit Salam, provoque et agasse par son refus de respecter à la lettre le texte de la Constitution qui l'a fait élire.

Comme l'histoire demeure toujours têtue, et sans trop vouloir remuer les plaies, je dois rappeler ici que trois présidents dont le dénominateur commun est « Anjouan » ont tenté le coup. Le premier à entreprendre une démarche similaire est feu Ahmed Abdallah Abdérémane. Malgré l'euphorie et l'enthousiasme autour de son projet ,les conséquences ont été néfastes. Le deuxième fut le colonel Mohamed Bacar dont le pays vient de célébrer le premier anniversaire de sa destitution. Et le troisième est l'actuel chef de l'Etat , Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, élu sur la base de la Tournante imposée par ses frères anjouanais et acceptée par tout le monde dans un souci de se réconcilier et avoir la paix dans le pays.

Sambi remet en cause cette architecture et se bat, bec et ongles, pour s'éterniser au pouvoir, sous prétexte de vouloir '' harmoniser'' les élections qui, selon lui, ''coûtent chères ''au pays. Combien l'Etat a déboursé pour organiser des élections ces dix dernières années? Aucun rond car le processus électoral qui vise à renforcer l'Etat de droit est pris en charge dans le cadre d' une enveloppe prévue par les partenaires des pays en développement. Cette enveloppe là, même si nous harmonisons les élections, ne sera jamais affectée à un autre secteur. La vision de Sambi sur la cherté des élections n'est pas convaincante car dans cette partie de poker, il faut payer un dur prix pour stabiliser à jamais le pays.

La question que tout le monde doit se poser est de savoir si une telle démarche ne risque pas de réveiller le '' démon'' à un moment où nous ne sommes pas à l'abri du danger des séparatistes qui, bien armés, pourraient nous faire revivre le même cauchemar  de 1997? N'a-t-on pas vu de hautes personnalités de l'ancien régime amadouer les séparatistes anjouanais -toutes tendances confondues- pourqu'enfin un président anjouanais appelé Ahmed Abdallah Mohamed Sambi  soit placé au sommet de l'Etat?
A Anjouan j'ai la ferme certitude qu'il existe des gens patriotes de bonne foi, à l'image de ce professeur et linguiste qui a eu le courage de dénoncer le séparatisme. C'est envers ces Anjouanais que je m'adresse pour tirer la sonnette d'alarme. Je suis persuadé que tous ces Anjouanais qui aiment leur pays et qui ne cessent de témoigner leur attachement à son unité et à son intégrité territoriale sont loin de décider sur le destin de leur Île. Toutefois, ils n'ont pas le droit de baisser les bras .

Aux anjouanais, Mohéliens et Grand comoriens, qui, derrière le chef de l'Etat et le président Moussa Toybou privilégient la division, la haine, la mise en cause de notre identité commune, doivent avoir le courage de nous dévoiler leurs ambitions . Il est temps de le faire pour soulager nos consciences.

Où sont-elles passées ces belles plumes qui ont toujours défendu l'unité nationale et l'intégrité territoriale ? A l'instar de mon ami Nadimby je dis, ² mobilisons nous tous pour barrer la route à toute manœuvre visant à nous diviser ! Barrons la route à toute démarche soutenue par les politiciens-girouettes, qui à force de retourner leurs vestes finiront par tourner leurs pantalons . Aujourd'hui l'enjeu est de taille et plus de place aux bidasses et aux juristes défroqués et improvisés qui jouent avec la Constitution. Nous ne pouvons pas laisser notre pays dans les mains de gros bras aux petites cervelles et aux grosses cervelles à la voix très enrouées ou aux Mollahs qui doivent rendre régulièrement compte aux lettrés fanatiques de Qom² .

Je refuse ici d'être prisonnier de '' Qu'en dira-t-on''. C'est dans ce sens que je provoque le débat avec convictions.

Mouigni Abdou
Professeur de philosophie

 

Sakina M'Sa est une célébrité au parcours improbable.

Le 18/04/2009

 
Façonner l'Afrique pour les défilés parisiens

Dans le monde glamour et exclusif de la haute couture française, Sakina M'Sa est une célébrité au parcours improbable.

A l'image de ses créations, Sakina M'Sa est le mélange de différentes influences: un petit bout de femme originaire des Comores, une immigrée venant d'une banlieue populaire de Marseille, et une styliste qui a suivi ses propres rêves et qui a apporté au monde de la mode sa conscience sociale.

“Ma seule force dans la vie est ma différence”, déclare Sakina M'Sa, assise tout de noir vêtue dans son atelier qui lui sert également de salle d'exposition à La Goutte d'Or, un quartier populaire de Paris habité par de nombreux Africains.

“Cela pourrait être ma faiblesse, mais je m'en sers à mon avantage. J'en tire ma liberté d'inventer mes propres techniques et de marquer ma différence, ma singularité”.

Racines africaines

Libre et provocante, Sakina M'Sa a façonné à son image une profession pour qu'elle aille de pair avec son identité hybride. En tant “qu'artiste de mode”, elle construit des ponts entre les différentes techniques artistiques, cultures, influences et générations.

Son travail est en effet empreint de poésie, de peinture, de théâtre et de cinéma, tout autant que de ses racines africaines et de souvenirs plus lointains, “toutes les choses que j'aime et qui me touchent”. Et c'est une formule qui fonctionne. Les gens se précipitent à ses défilés de mode. Non seulement son travail a attiré l'attention du philosophe Jean Baudrillard, mais aussi celle de la célèbre chaîne de magasins Les Galeries Lafayette.

Les acheteurs sont venus d'aussi loin que la Russie, le Japon et le Moyen-Orient.

Depuis le sous-sol de son atelier de La Goutte d'Or, Sakina M'Sa developpe ses créations autour des thèmes de l'identité, de la mémoire, de la Terre et des racines, mélangeant cultures et influences.

Ses couleurs sont habituellement sobres, et la styliste utilise des matières premières ou recyclées. Défilé de mode à Paris
Sakina M'sa souhaite que ses modèles puissent être portés par toutes les femmes. Ses défilés mettent en scène des “femmes de tous les jours” : jeunes, petites, grandes, enrobées ou fines.

Sakina M'Sa assure qu'elle veut que ses créations soient le reflet “de la singularité, de la différence et de la beauté de toutes ces femmes, parce que dans la rue vous ne voyez pas que des top modèles, et c'est très bien ainsi”.  “La mode, ce n'est pas qu'à propos de la longueur des jupes de Claudia Schiffer. Les vêtements ne sont pas là que pour l'apparence; ils véhiculent également un message, ils sont pleins de symboles, ils racontent une histoire”. Cette vision de son métier explique ses incursions régulières dans des marchés aux puces à la recherche de vieilles robes. “Je pense à la personne qui a porté cette robe. Elle n'est plus ici, mais la robe conserve sa trace”. Quand elle est retournée dans son village aux Comores en 2000, la première chose qu'elle a fait a été de se précipiter sur la malle où sa grand-mère gardait ses habits. “Je voulais voir ses habits et sa marque sur eux” se rappele-t-elle. “Elle les portait serrés à la taille avec d'amples jupes et de larges poches pour y garder son tabac”. Malheureusement, il n'y avait plus rien.

Inspiration

Sakina M'Sa voyage régulièrement en Afrique pour animer des ateliers de travail. Elle a récemment travaillé sur un projet de défilé en République Démocratique du Congo.

"L'Afrique est une source d'inspiration importante pour les stylistes occidentaux”, souligne-t-elle. “Les stylistes africains sont tellement créatifs et inventifs et tellement proche du style contemporain”. Le conseil qu'elle leur adresse est de viser haut et de ne pas se laisser stéréotyper comme des stylistes “africains”.  “Parlons de mode, et non pas de mode africaine. Un styliste africain ne crée pas uniquement des boubous, un styliste japonais pas uniquement des kimonos, et un styliste français pas uniquement des bérets”.

Après tout, la mission d'un styliste est de créer des vêtements qui peuvent être portés par tous.

 

Declaration du gouvernement de Moheli

Le 18/04/2009

 
Le Gouvernement de l'Ile Autonome de Mwali,

Considérant l'Accord cadre de Fomboni du 17 février 2001 pour la Réconciliation Nationale aux Comores,

- Déterminé à préserver et à consolider les principes fondateurs du Nouvel Ensemble Comorien à savoir l'Unité Nationale, l'Intégrité Territoriale, l'Autonomie des Iles, la Présidence Tournante, l'Alternance Démocratique dans l'Equité,

- Conscient des responsabilités historiques qu'il a devant la population de Mwali face à la gravité du moment,

- Engagé à poursuivre le combat légitime pour le rétablissement et le respect de l'équité entre les Iles de l'archipel des Comores ainsi que leurs spécificités,

- Convaincu que seul le respect de toute la législation nationale ainsi que du Pacte entre les Iles de l'archipel des Comores, garantit la stabilité du pays pour un développement harmonieux,


A cet effet,

Le Gouvernement de l'Ile Autonome de Mwali,


- Considérant les recommandations du Dialogue inter comorien du 02 au 07 mars 2009 ;

- Prenant en compte les rencontres du 23 mars 2009 ainsi que celle du 09 avril 2009 entre le Président de l'Union et les Chefs des Exécutifs des Iles Autonomes de l'Union des Comores ;

- Considérant la déclaration commune des Chefs des Exécutifs de Ndzouani, de Mwali et de Ngazidja du 1er et 2 avril 2009 ;

- Conscient de la lourde responsabilité qui a pesé lors de la prise d'une décision aussi importante qu'inédite de raccourcir le mandat constitutionnel du Président de l'Ile Autonome de Mwali de 2012 à 2009 et permettre à ce que l'harmonisation de toutes les élections et mandats se fasse et que Mwali bénéficie de son droit constitutionnel en organisant les primaires pour la présidentielle de l'Union en avril 2010 comme ce fut le cas à Ngazidja en 2002 et à Ndzouani en 2006 ;

- Profondément choqué par le message à la Nation du Président de l'Union, du 15 avril 2009, qui a ignoré les dangers ainsi que les risques que court le pays par la rupture du contrat historique entre les Iles de l'archipel des Comores pour instituer une alternance démocratique tournante tous les quatre ans ;

- Très préoccupé par la tournure séparatiste qui pourrait résulter des propos tenus par le Président anjouanais de l'Union des Comores ainsi que le mépris affiché à l'égard de toute la population de Mwali ;
Le Gouvernement de l'Ile Autonome de Mwali,

Regrette que le Président Sambi n'ait pas saisi la seule opportunité crédible présentée par les Chefs des Exécutifs des Iles Autonomes de Mwali et de Ngazidja pour préserver et consolider l'Unité du pays, le Droit et l'Equité entre les Iles de l'archipel des Comores ;

Considère que la position du Président de l'Ile Autonome de Ndzouani n'est qu'un prétexte offert au Président anjouanais de l'Union des Comores de rompre le contrat historique entre les Iles de l'archipel des Comores et de plonger le pays dans une déstabilisation ;

Rejette en bloc le projet d'organisation d'un référendum dont le seul et unique dessein reste la prorogation du mandat de l'actuel Président de l'Union au-delà de mai 2010 pour instaurer une dictature anjouanaise sur toute l'étendue du territoire national ;

Avertit que toutes opérations électorales décidées unilatéralement par le Président anjouanais de l'Union des Comores et le Président de l'Ile Autonome de Ndzouani, dans l'Ile Autonome de Mwali, n'ayant pas fait l'objet d'une concertation entre les promoteurs et les autorités de l'Ile et non sanctionnées par les autorités élues de Mwali conformément à la loi électorale, seront considérées comme une agression de Ndzouani contre la population de Mwali ;

Rejette par avance toute responsabilité sur les conséquences désastreuses du mépris affiché par les Autorités de l'Union des Comores et par les Autorités de Ndzouani à l'égard de la population de la plus petite des Iles de l'archipel des Comores ;

Demande à la population de Mwali de stopper par tous les moyens les visées séparatistes du Président Sambi pour barrer la route à la dictature qui s'installe dans le pays ;

Lance un appel pressant à toute la communauté internationale d'emboîter le pas au Président de la République Unie de Tanzanie S.E.M Jakaya Mrisho KIKWETE pour réclamer haut et fort le respect des principes fondateurs de la Renaissance des Comores par l'Accord de Fomboni du 17 février 2001 et sauver les Comores du naufrage annoncé.




Fomboni, le 17 avril 2009

 

Le Cri de Seda. Plasticien comorien

Le 18/04/2009

Said Abdallah Ibrahim dit Seda (Photo Soeuf Elbadawi)
Said Abdallah Ibrahim dit Seda (Photo Soeuf Elbadawi) 
Programmé lors de la manifestation culturelle Kiomcezo de mars 2009 à Moroni (1), Seda, de son vrai nom Saïd Abdallah Ibrahim, est plasticien, peintre et sculpteur. Basé à Moroni, sa ville natale, il s'invente mille vies pour exprimer sa vision du monde. Rencontre avec un artiste qui s'interroge sur ses limites, et sur celle de ses collègues peintres.


À première vue, Seda se présente à nous comme une sorte d'artiste retranché dans son fief sis à Mangani. Un artiste qui ne parle pas beaucoup, et qui réfléchit plutôt, posément, tout en douceur, sur les limites de sa propre création. Un peu comme quelqu'un qui retiendrait son souffle, en apnée dans le vaste océan, en attente de savoir qui il est, où il va, et pour qui il peint. En deux mots, Seda explore l'imaginaire éclaté d'un Archipel de lune au travers d'une écriture au destin multiforme. Technique mixte, couleur de sang, objets détournés, symboles animistes ou calligraphies non profanes habitent ses œuvres comme autant d'interrogations sur le sens du signe. Entre l'idée d'une mystique à retrouver et le projet d'une poétique à venir, l'artiste a su fabriquer son propre langage au hasard des rues. Un univers où l'intime se mêle aux croyances ancrées dans les consciences depuis au moins treize siècles dans ce pays où il grandit.
     
      Des sacrifices de zébu, des portes menant vers l'au-delà, des symboliques arabo-musulmanes honorant une cosmogonie africano-bantu, une obsession manifeste pour les terres brûlées, des couleurs ocres et rouges plaquées sur des ombres blanches, réinterprétations de rites d'alcôves et tentative de récit sur la poésie des astres du Souheyli… Le signe chez Seda ressemble à une âme en errance. Celle d'un pays en souffrance avec ses morts et ses djinns enfouis sous l'eau. Seda puise ainsi dans le secret des pratiques ancestrales pour nourrir son expression contemporaine, à l'instar de Modali, son contemporain et complice. Comme lui, il apprécie la matière de jute, le lien avec les ancêtres, le respect du sacré, le retour à la terre. Comme lui, il cite un proche, qui, un jour, lui ouvrit les portes d'un monde parallèle, invisible, porté par le divin. À sa suite, il a construit son univers, comme un jeune prodige se faufilant dans l'ombre du grand frère. Mais si Seda, l'ancien de l'EMAP, une école d'arts à Madagascar, interpelle aujourd'hui, avec son petit bouc de prêcheur, fils et petit-fils d'une lignée de gens du livre qu'il est, c'est bien parce qu'il est "colère" et désireux de partager cette colère.
     
      En colère contre la situation faite aux artistes plasticiens dans son pays en crise, Seda tente pour la première fois de sa vie sans doute d'élever sa voix. Pour se faire entendre et pour forcer au débat sur des artistes vivotant au jour le jour, obligés de se plier à d'autres métiers pour becqueter. "Les artistes plasticiens ne se font aucune illusion. Ils savent que leur peinture seule ne peut leur assurer une existence matérielle digne de ce nom. Voilà pourquoi chacun, en fonction de sa formation, s'intéresse à des secteurs parallèles aussi variés que les arts graphiques, la publicité, la création de meubles, l'architecture d'intérieur ou la décoration. Certains ouvrent des bureaux d'études pour agir effectivement sur l'environnement, intérieur ou extérieur, public ou privé. Les plus sollicités sont ceux de la première génération. Quelques artistes indépendants interviennent aussi à l'échelle de leur localité. Ils réalisent des panneaux publicitaires pour les hôtels, les aéroports, des agences, des magasins, animent des façades, des restaurants…"
     
      Des artistes qui évoluent sans soutien institutionnel, qui connaissent à peine les bureaux du ministère de la culture et qui connaissent les visages de la tutelle politique. En l'occurrence, Seda sait de quoi il parle, vu qu'il a lui-même été "conseiller" aux arts et à la culture d'un ministre de l'éducation en charge de la culture il y a encore peu. "Il faut reconnaître, explique-t-il, que très rares sont les organismes publics, semi-publics ou privés, qui font appel aux artistes. Quelle administration achète des œuvres aux artistes ? Les rares commandes effectuées restent un privilège accordé à quelques artistes occupant la place. Il est clair que ce ne sont pas les services du Ministère chargé des arts et de la culture, contrairement à ce qui se passe à Mayotte par exemple, qui sont les principaux clients des artistes en exercice, mais plutôt une aile du secteur privé ou public". Mayotte, l'île comorienne demeurée française, qui semble bénéficier d'une politique de soutien aux arts. En fait, Seda s'impatiente devant ce qu'il qualifie de "désintérêt officiel", en pointant du doigt sur la tutelle.
     
      Les artistes sont "acculés" selon lui et se livrent du coup "à une course effrénée et concurrentielle", entre eux, en vue d'obtenir les quelques "places en vue". Une situation qui fragilise, forcément. "Tout cela ne va pas sans la constitution de petits clans rivaux, embarqués dans de fausses problématiques, accaparant tellement les énergies que le dialogue nécessaire sur l'avenir de la création n'a pas lieu". Il reconnaît que tous n'ont pas démérité. "Les artistes de la première génération ont joué un rôle dynamique quant au devenir de leurs pratiques artistiques respectives. Ils furent ainsi les premiers à prôner l'utilisation de l'art dans le domaine du bâtiment ou de l'environnement. Mais ces artistes ressassent encore leurs expériences passées, qu'ils réactualisent à chaque nouveau débat. Au lieu de se projeter vers l'avenir, ils s'enferment dans une réalité désormais dépassée. Ce qui paraît paradoxal chez eux, c'est qu'après avoir pris conscience de la situation artistique ambiante et du projet d'une culture spécifique renouant avec les sources vives d'une tradition plastique locale, ces artistes continuent pour la plupart sur les mêmes voies, ouvertes, tracées ailleurs…"
     
      Le contenu même des propositions l'interroge. La logique discursive adoptée par ces collègues, également. "Les discours de nos artistes rattachent leurs œuvres aux arabesques de nos mosquées, aux signes magico-religieux des talismans, aux couleurs chaudes du volcan Karthala, à l'abstraction de l'Art islamique. On sait que cet art n'interpelle qu'une très infime partie de la population". Car voilà son souci à Seda. Un art, oui, d'accord, mais pour quel public ? Les plasticiens comoriens s'adressent à qui, pour dire quoi, et comment ? La question du public demeure essentielle dans le processus de création. "Plusieurs artistes vous répéteraient volontiers que rien n'est plus fatiguant que d'expliquer ce que tout le monde devrait savoir. Mais visiblement, tout le monde ne sait pas. On est obligés de reconnaître que la relation avec ce public n'est pas facilitée par l'absence d'un discours fondateur, d'une parole d'échange, d'un sous-texte explicatif. Pourtant, ces artistes ont longtemps bataillé pour faire intégrer cet art dans le paysage, bien qu'il n'y ait pas de salles d'exposition, ni de revues, ni de public averti pour les accompagner dans leur développement…"
     
      Dans son atelier, sis à Mangani, dans la petite périphérie de Moroni, capitale de l'Union des Comores, Seda cherche à nommer une impasse. Son petit monde bute en touche contre un mur médian. "D'un côté, l'œuvre semble vouée à l'échec auprès du grand public, puisqu'elle n'est pas comprise. De l'autre, se creuse un fossé entre nos créateurs et leurs collègues de l'Océan Indien, voir de plus loin, à cause d'une forme de stagnation générée par cette situation. Nous perdons plus de temps à vouloir convaincre un public local qu'à interroger réellement notre travail au vu de ce qui se réalise aujourd'hui dans le monde". Il raconte ainsi comment ces camarades et lui se sentent à force dépassés par ce qui se produit ailleurs ("une pléthore de mouvements avant-gardistes") sur d'autres scènes artistiques, mais avoue comprendre les réactions de certains collègues, en quête de reconnaissance immédiate.
     
      Dans la mesure où les premiers artistes sans statut "ont vécu une situation quasi marginale où ils se sont sentis [longtemps] ignorés d'un public qu'ils jugent "déformé", Seda trouve leurs interrogations justes et les analyse en symptôme d'une situation plus complexe. "Quoi de plus normal pour ces artistes que d'aller vers "la masse" pour la sensibiliser à la modernité de leur art ou pour intégrer leur production à la vie du plus grand nombre ?" Nul n'est prophète en son pays mais nul n'apprécie de porter son regard dans le vide. "C'est alors qu'une autre contradiction éclate", annonce-t-il, le sourire confiant. "Car le fait de vouloir réaliser des travaux de commande destinés à des lieux relativement inaccessibles au grand public n'est peut-être pas compatible avec le désir d'éprouver son art auprès d'un plus large public".
     
      La reconnaissance publique ne nourrit par ailleurs pas son homme. Il le sait, lui, qui a reçu le prix "Moinaécha Saidi Louwéyi" au Fesnaco 2005 à Moroni Comores, le trophée "Udar" du "Carrefour des créateurs" à la Réunion en 2004, le trophée de la première "Triennale d'Art Contemporain de l'Océan Indien" à Port Louis, à Maurice, en 2002. Son public, certes, a applaudi des deux mains. Mais il ne vit pas mieux de son art pour autant…


Soeuf Elbadawi

Journaliste et Comédien

Africultures

 

La saga de l'arrestation de Bachar Kiwan !

Le 17/04/2009

Le patron de CGH, Bachar Kiwan et l'homme d'affaires, Talal Alkhoury
Le patron de CGH, Bachar Kiwan et l'homme d'affaires, Talal Alkhoury 
Des informations concordantes font état des ennuis judicaires de l'homme d'affaires syrien Bachar Kiwan aux Emirats Arabes Unis. En effet, le patron de Comoro Golf Holding est bel et bien interdit de quitter Dubaï avant la décision de la justice émirati malgré les interventions répétitives de Son Altesse, le Prince Cheikh Sabah Jaber Al-Mubarak Al-Sabah, fils du Ministre de la Défense de Koweït.

La plainte du milliardaire Talal Alkhoury a été bel et bien maintenue malgré l'engagement de Bachar à verser les 17 millions de dollars américains et la caution morale du Prince koweitien. Les faits remontent au mois de Septembre 2008. Talal Alkhoury en visite de travail à Moroni a cherché à rencontrer le Chef de l'Etat, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, sans succès car les hommes de Bachar avaient tout verrouillé. Deux jours avant la date du départ, il a été reçu par le Ministre des Affaires Etrangères de l'Union des Comores, Ahmed Ben Said Jaffar qui, à son tour l'invita au « Darsa » du mois de ramadan présidé par le Président Sambi, au palais présidentiel de Beit-Salam. Le Chef de l'Etat exprima son étonnement de voir son hôte qui n'a pas été annoncé au préalable.

Le milliardaire Talal Al Khoury qui s'était réuni ensuite avec le Ministre des Finances, Mohamed Ali Soilih en compagnie du Ministre des Affaires Etrangères Ahmed Ben Said Jaffar, a confirmé son engagement d'aller jusqu'au bout pour récupérer son argent dans la perspective de réinvestir aux Comores et de financer des projets caritatifs dans le pays.

Lors d'une rencontre entre Bachar et le milliardaire dans le bureau du Président Sambi, le Golden boy qui était dans tous ses états s'en est pris au milliardaire Talal, laissant entendre ceci : « Vous ne pouvez pas rester dans vos châteaux et bénéficiez des dividendes pendant que nous sommes au four .»

Rendez -vous est donné à Beyrouth et plus tard à Koweït City. Dommage ! Bachar ne se présentera pas au rendez-vous ni à Beyrouth ni à Koweït city et fait tout pour éviter son partenaire. A son tour Talal Alkhoury menace de représailles et se dit capable de créer des ennuis à Bachar Kiwan aussi bien au Koweït, qu'au Liban ou à Syrie, son pays natal.

Le dernier scoop remonte au 3 avril 2009 lorsque le Président Ahmed Abdallah Sambi recevait des hommes d'affaires de la région du Golfe à Dubaï. Talal Alkhoury ne sera pas invité par les organisateurs qui ne sont que les collaborateurs de M. Bachar Kiwan. Ayant pris connaissance de l'évènement, Talal s'est lui-même invité pour l'intérêt qu'il porte pour les Comores.

Lors des questions/réponses entre les hommes d'affaires et le Chef de l'Etat, Nasser Dassouki, le modérateur qui est aussi un allié de Bachar s'est abstenu de donner la parole à Talal Alkhoury qui improvisa une question portant sur les garanties d'investissements aux Comores, tout en insinuant son litige avec le patron de Comoro Golf Holding devant l'impuissance des autorités comoriennes.

Pour sortir de son pétrin Bachar fera parvenir au parquet de Dubaï un document signé des autorités comoriennes qui prouve que Bachar et CGH ayant concédé leurs parts n'ont aucun intérêt dans la société de téléphonie mobile dont 75% appartiennent à Talal Alkhoury, 5% au Prince Cheikh Sabah Jaber Al-Mubarak Al-Sabah du Koweït.

Le parquet de Dubaï qui a refusé à Bachar une autorisation provisoire de quitter le territoire s'est donné jusqu'au lundi 20 avril 2009 pour statuer sur son cas. Quant à Talal Alkhoury qui est disposé à un règlement à l'amiable insiste sur cette capitulation et souhaite connaitre la destination finale de la licence d'exploitation qui leur a été octroyée par les autorités comoriennes.

Est-elle encore valide ? Est-elle rétrocédée à une société tierce ? La réponse sera connue dans moins d'une semaine .

D./IKO/Ianjouanpresid

 

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