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Feu la Françafrique de papa
Le 16/06/2009
El Hadj Omar Bongo Ondimba, dit Omar Bongo |
Influence. La mort du président du Gabon signe la fin d’une époque.
Ses lunettes noires, sa grosse moustache et sa petite taille étaient familières dans le paysage franco-africain. La disparition d’Omar Bongo Ondimba, 73 ans, le 7 juin, dans une clinique de Barcelone, n’est pas seulement celle du doyen des chefs d’État de l’Afrique francophone.
C’est le dernier pilier de la Françafrique qui s’en est allé. Omar Bongo Ondimba, qui commença ses quarante et un ans de présidence à la tête du Gabon sous le nom d’Albert-Bernard Bongo, était le symbole des relations politico-affairistes qui liaient la France et certaines de ses ex-colonies d’Afrique noire. Sa mort clôt le dernier chapitre de l’histoire postcoloniale française en Afrique. Elle tourne peut-être la page d’une époque commencée avec les indépendances des pays de l’Afrique francophone sous la houlette du général de Gaulle.
Une époque qui a perduré avec beaucoup de hauts et de bas, de brouilles et de coups de colère nationalistes, pendant près d’un demi-siècle. Denis Sassou Nguesso, l’actuel président du Congo Brazzaville - et ex-beau-père de Bongo -, rêve de prendre la relève. Mais on ne succède pas facilement à Bongo.
Fallait-il qu’entre l’Élysée et le président du Gabon les relations se soient crispées pour qu’Omar Bongo Ondimba suive les conseils de ses proches et décide, le 6 mai, de partir se reposer en Espagne, et non en France, sa seconde patrie ! L’homme est à bout, usé, sans ressort depuis le décès de son épouse, Édith-Lucie Bongo, fille de Sassou Nguesso, en mars. On parle d’un diabète mal soigné. Il souffre, en fait, d’un cancer de l’intestin et une hémorragie l’a obligé à quitter Libreville à la hâte.
Le doyen de l’Afrique ne cache pas sa déception vis-à-vis de la France de Nicolas Sarkozy, qu’il soupçonne de vouloir le déstabiliser. Il ne comprend pas que les temps ont changé. « Nos interlocuteurs français sont-ils des pompiers ou des pyromanes ? » s’interroge-t-il en mars dans une interview donnée au mensuel africain Continental .
Que lui reproche-t-on, à lui qui fut le gardien le plus sourcilleux des intérêts de la Françafrique ? Une histoire qui dure depuis près d’un demi-siècle. Fils de paysans du pays Batéké, né en 1935, ambitieux, il est un modeste postier à Brazzaville lorsque l’administration coloniale-les services de renseignement français-le repère et l’envoie au Tchad, où il devient lieutenant.
Peu après l’indépendance du Gabon, il rentre à Libreville, à la présidence, où le chef de l’État, Léon M’Ba, le remarque. Il le choisit pour être son directeur de cabinet. Et, lorsque M’Ba part se soigner à Paris en 1966, c’est Albert-Bernard Bongo qui assume, sous la houlette de Jacques Foccart, le tout-puissant M. Afrique du général de Gaulle, la conduite des affaires gabonaises.
Il ne les lâchera plus. Mais jamais il ne manquera de parole à la France, au cours de quarante et un ans d’un pouvoir sans partage pour arranger les petites et les grandes affaires de l’ancienne métropole et de sa classe politique. Celle-ci, il la connaissait sur le bout des doigts. Boulimique d’informations, il avait tapissé son bureau d’une vingtaine d’écrans de télévision sur lesquels il recevait les grandes chaînes, en particulier françaises. Les interviews qu’il accordait se terminaient souvent par les questions qu’il posait à son interlocuteur sur les ragots du Tout-Paris politique, qu’il connaissait mieux que quiconque.
Ne recevait-il pas dans son bureau les principaux responsables politiques de l’Hexagone ? En période électorale, le voyage à Libreville était un must, tous partis confondus. Le président gabonais avait la réputation de faire preuve de largesses sans souci de couleur politique. C’était, estimait-il, une façon de préserver l’avenir.
Fidèle en amitié comme en inimitié, rusé et manipulateur, chaleureux et généreux, ironique et séducteur, féru d’occultisme, il était le chef tout-puissant d’un émirat pétrolier où il confondait allègrement sa caisse, celle de sa famille et celle de l’État. Mais Bongo ne manquait jamais de répondre positivement lorsque Paris faisait appel à lui.
Il hébergea, entre autres, les Basques d’ETA, prêta son territoire ou sa logistique lorsque la France préparait un changement de régime dans un pays africain dans lequel elle n’entendait pas apparaître. Ainsi au Bénin ou aux Comores, dans les années 70 : le Gabon fournira armes et base arrière aux mercenaires mandatés par Paris, tel Bob Denard.
En contrepartie, celui qui avait une ligne directe avec l’Élysée, quel que fût le président, entendait que le ministre « de l’Afrique » - celui de la Coopération-fût un fidèle de la Françafrique. Dans le cas contraire, il se chargeait de le faire savoir à Paris et obtenait la tête du « mouton noir ». Ainsi de Jean-Pierre Cot, premier ministre de la Coopération de François Mitterrand, qui fut remercié à la demande de Bongo en 1982.
Bis repetita en 2008, lorsque le président gabonais obtint le départ de Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie (expédié aux Anciens Combattants), qui avait osé dire qu’il entendait enterrer la Françafrique « despotique et corrompue ».
Pourtant, entre Paris et celui qui devint el Hadj Omar Bongo lorsqu’il se convertit à l’islam sur les conseils de Kadhafi en 1973, il y eut bien des brouilles. Entre les deux capitales, les relations ne furent pas un long fleuve tranquille. Elles n’étaient pas très bonnes entre Bongo et Valéry Giscard d’Estaing ; elles furent empreintes de méfiance avec François Mitterrand et carrément mauvaises avec Édouard Balladur, Premier ministre responsable de la dévaluation du franc CFA en 1994.
Le premier gros accroc eut lieu en 1997 à propos de l’affaire Elf. La société pétrolière était une des pompes à finances de la Françafrique. Et le Gabon fut longtemps la chasse gardée d’Elf. Le président et son entourage y trouvaient leur compte. Jusqu’au moment où Bongo fut mis en cause dans l’affaire Bidermann. On le soupçonna d’avoir aidé le PDG d’Elf, Loïk Le Floch-Prigent, à renflouer la société Bidermann. La juge Eva Joly plaça même sous séquestre un des comptes en Suisse du chef de l’État. Il en fut ulcéré. Une telle infamie sous la présidence de son ami Jacques Chirac, alors que, deux ans auparavant, lors de la campagne électorale française, il n’avait pas fait mystère de son souhait de ne pas voir Balladur arriver à l’Élysée.
Le dernier accroc en date, et le plus grave, remonte à 2007. En mars, une plainte est déposée par des ONG à Paris : elle concerne le patrimoine du président et de sa famille en France. Ils sont accusés de détournements de fonds publics. Une enquête de la police française recense 39 résidences et 70 comptes bancaires de la famille Bongo en France. La plainte est classée sans suite. Elle rebondit, sous une nouvelle forme, en décembre 2008 et est, cette fois, jugée recevable. Omar Bongo ne décolère pas.
Il soupçonne l’Élysée de vouloir le déstabiliser. Ses relations n’ont jamais été très chaleureuses avec Sarkozy, bien qu’ils se connaissent depuis longtemps. Dès le 26 mai 2007, soucieux de l’avenir, il était pourtant le premier président africain à rendre visite au nouvel hôte de l’Élysée le jour de son investiture.
Ces derniers mois, les relations étaient devenues exécrables entre les deux capitales. À Libreville, le parti au pouvoir laisse même entendre que le Gabon pourrait remettre en question la base louée à la France. Un dernier chantage, au moment où Paris a décidé de mettre fin aux accords de défense passés en 1960 avec huit pays africains ? Ces accords sont en renégociation. La France souhaite ne garder que deux bases en Afrique et hésite entre Libreville et Dakar. La disparition de Bongo hâtera-t-elle ce choix ?
Dans l’immédiat, le Gabon s’inquiète devant le vide laissé par celui qui l’a dirigé d’une main ferme plus de quarante ans. Les candidats à la succession sont nombreux. Hasard ? Il y a quelques semaines, 300 militaires français étaient allés renforcer les effectifs du 6e bataillon d’infanterie de marine basé à Libreville.
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Patson en tournée aux Comores
Le 16/06/2009
Patson |
Ce comédien qui séjourne en France depuis plus d’une vingtaine d’années est venu prendre part à une manifestation culturelle, « le festival Solidar’été 2009 ».
L'événement, initié par deux organisations comoriennes (l’auberge les Abou et Watwania Concept), ouvre la saison touristique 2009.
Patson qui commence sa tournée en Grande-Comore se produira dès ce samedi à l’hôtel Itsandra Beach en compagnie d’artistes locaux dont Cheikh Mc et Dadiposlim, deux jeunes rappeurs comoriens.
Dimanche il sera au stade de Moroni en compagnie des mêmes artistes avant de s’envoler dans les autres îles de l’archipel. Le comédien, profitera de son passage pour remettre du matériel sportif à des équipes sportives, ainsi que des fournitures scolaires à certaines écoles.
« Si on te tend la main une fois dans ta vie, n’oublie pas de tendre la tienne aux autres », a conseillé Patrice Mian Kouassi alias Patson, comme pour justifier son geste, lors d’une conférence de presse donnée peu après son arrivée aux Comores.
Cet expert automobile en moteur diesel, qui a choisi d’évoluer dans le domaine humoristique, est l’un des humoristes les plus expérimentés du Jamel Comedy Club. Il fait ses débuts dans une troupe de théâtre en Côte d'ivoire.
« J'ai énormément d'estime pour lui. C'est vraiment mon préféré ! », a coutume de répéter Jamel, maître de cérémonie du Jamel Comedy Club quand il entre en scène... Patson joue une succession de personnages drôles évoquant la différence et la richesse culturelle de l’Afrique. Ses modèles sont Jean Miché Kakan, Adama Dahico, Coluche, Bourvil, Eddie Murphy et Gohou.
Faissoili Abdou
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Legislatives : La bataille promet d'etre dure, très dure
Le 04/06/2009
Inoussa Mohamed : Bloggeur et Journaliste |
Pour ne rien laisser au hasard, l’opposition espère non seulement présenter des candidatures uniques selon les chances de victoire de chaque parti dans les circonscriptions, mais surtout aligner des grosses pointures qui, dit-on à Moroni, pourront résister aux tentatives de corruption du patron de Comor-Gulg Holding, Bachar Kiwan. Un clin d’œil au député Sidi, accusé d’avoir été « acheté » par ce riche homme d’affaires franco-libanais au plus fort de la polémique sur la citoyenneté économique.
Ne soyez donc pas surpris de voir un ticket Msaidié-Youssouf Said dans le Mboudé comme on en parle ; ni un tandem Abdou Soefo-Mzimba dans le Badjni-Ouest, ni encore un duo Omar Tamou-Me Larifou au Sud-Est, ni Mme Ambari-Dr Tadjiri dans le Hambou. Ce sont, certes, des hypothèses de travail que l’opposition est en train d’étudier, mais elles renseignent éloquemment sur le niveau d’engagement de ces partis dans la bataille des législatives.
A l’heure où les électeurs ont besoin du sang neuf et d’un renouvellement de la classe politique, il est peu probable que cette stratégie qui pourrait s’intituler « On reprend les mêmes et on recommance » puisse donner des résultats probants.
A l’inverse, le pouvoir de l’Union mise sur le renouveau et entend aligner des jeunes cadres (aux dents longues, diront certains) dans ces élections dont l’enjeu est on ne peut plus capital. C’est ainsi qu’on parle, dans certains milieux de la capitale proches de Beit-salam, d’une éventuelle candidature de Sast. Le plus dur, pour eux, sera d’assumer l’héritage de Sambi, de devoir défendre le bilan (très mitigé) du chef de l’Etat qui se résume à quelques promesses d’investissements et à un océan de rendez-vous manqués.
L’Union sera surtout confrontée au casse-tête des arriérés de salaires des agents de l’Etat. Même au sein de la majorité, on se demande encore où vont les recettes de l’Etat, d’autant qu’aucun projet de grande envergure qui pourrait justifier l’usage de tout cet argent n’a été entrepris et que les dernières opérations de paiement l’ont été, en partie, grâce à l’aide de quelques pays amis. « Où va notre argent » se demande le conseiller d’un ministre, ce lundi, au siège de la Snpsf. Le saura-t-on un jour ? « Et mon sang fait un tour lorsque Sambi dit dans ses discours que les agents de l’Etat absorbent beaucoup d’argent » ajouta le même conseiller, dépité.
L’opposition saura-t-elle utiliser à son profit les failles du régime. Est-elle crédible quand on sait que certains d’entre eux trainent, comme des boulets, d’assez curieuses et louches affaires ?
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La compagnie O Mcezo* Cie frappée d'exclusion par l'Alliance franco-comorienne de Moroni
Le 04/06/2009
La compagnie O Mcezo* Cie. Production de Washko Ink de Soeuf Elbadawi |
1. Par une lettre datée du 28 mai 09, Jérôme Gardon, directeur de l'Alliance franco-comorienne de Moroni (Alliance française) nous indique que son comité d'administration ne mettra pas son lieu à la disposition de la compagnie O Mcezo* pour finir la création de La Fanfare des fous, un spectacle sur la dépossession citoyenne, et ce, en dépit des accords établis depuis novembre 08 avec Soeuf Elbadawi, notre directeur artistique. Cette décision intervient en réaction contre Soeuf Elbadawi, qui aurait été "l'instigateur d'une manifestation politique violente qui a suscité une importante polémique à Moroni […] le 14 mars dernier".
2. Jérôme Gardon, directeur de l'Alliance française de Moroni, s'était engagé depuis novembre 08 à accueillir la compagnie pour la création de La fanfare des fous sur la base d'un calendrier en trois temps. Mais Soeuf Elbadawi lui a écrit le 21 avril dernier pour savoir si cette mise à disposition de la salle de l'Alliance n'allait pas être remise en question (déprogrammation de la dernière étape de travail) suite à sa performance artistique du 13 mars dernier (et non du 14 mars/ fausse date) que certains coopérants français en fonction à Moroni ont pu considérer comme un "acte d'arrogance signé" de la part d'un créateur comorien. Pour avoir pris part à cette même performance, le plasticien Seda venait alors d'être suspendu de ses fonctions à Henri Matisse, l'école française, sur décision, semble-t-il, de l'ambassadeur de France à Moroni.
3. Inutile de dire que la performance en question n'avait rien de violent. Il s'agissait d'un gungu, pratique populaire, issue de la culture traditionnelle comorienne, que l'artiste a revisitée sous forme de happening contre une réalité mettant à mal la communauté nationale. Mais il nous paraît essentiel de questionner le langage utilisé par l'Alliance française ("manifestation violente") pour qualifier l'expression d'un engagement citoyen de la part d'un artiste. Le gungu est utilisé traditionnellement par les Comoriens pour condamner un acte mettant la communauté en péril. Le gungu du 13 mars dernier était organisé contre le viol de l'intégrité territoriale des Comores, en accord avec les résolutions prises à l'Onu contre l'occupation française de l'île de Mayotte. Cette présence française à Mayotte, en dépit des condamnations du droit international, a causé le démembrement d'une communauté d'archipel historiquement constituée. Ajoutons qu'il est cause de milliers de morts depuis 1995, à cause de l'instauration par l'Etat français d'un visa nommé "Balladur" entre la partie indépendante de l'Archipel et l'île de Mayotte. Le crime commis par Soeuf Elbadawi, qualifié de "manifestation violente" par le comité d'administration de l'Alliance française, est la dénonciation d'une relation politique faisant éclater la communauté d'archipel au nom d'une mémoire coloniale en héritage.
4. Ceux qui liront "manifestation violente" sauront peut-être apprécier le caractère inepte d'une telle information. Le 13 mars dernier, il n'y a eu ni mort, ni voiture brûlée. Il y a eu une traversée de la capitale comorienne de part en part, complètement calquée sur un modèle d'expression populaire où l'acte politique n'est jamais loin de la forme choisie pour le porter sur la place publique. La population n'a pas manqué de saluer cette expression franche d'un art citoyen inscrit dans la réalité comorienne. Ce qui a toujours été au coeur du travail de Soeuf Elbadawi, y compris dans ses activités au sein de l'Alliance française de Moroni. Soeuf Elbadawi se considère comme un artiste impliqué. Ce que le même Jérôme Gardon a cru bon de respecter par le passé.
5. L'attitude du directeur de l'Alliance française à Moroni est sans équivoque. Il se désengage clairement auprès de la compagnie O Mcezo*. Ses accords avec elle prévoyaient trois étapes de travail. Le premier temps de travail a eu lieu en novembre 08, le second a eu lieu en février dernier, et le troisième était prévu pour la deuxième quinzaine de juin 09.
Chaque étape représentait quinze jours de travail au plateau, et la possibilité de présenter le travail ainsi engrangé au public comorien. Pour prendre la mesure de cette décision inique, il faut savoir que l'Alliance française de Moroni est le seul lieu culturel équipé aux Comores (indépendantes) pour l'accueil d'un travail de création et de diffusion théâtral.
6. En suspendant le travail de la compagnie O Mcezo* dans son lieu, Jérôme Gardon commet pour sa part un acte de positionnement politique, rappelant à tous que l'Alliance française de Moroni, institution prétendument "apolitique", est prête à exclure tous les artistes comoriens affichant une conviction contrariante envers l'Autorité française. Un centre culturel, même si français, ne devrait-il pas être le lieu du débat et de l'échange ? N'entre-t-on pas là dans une forme de censure culturelle et artistique ?
7. Regrettant cette attitude de Jérôme Gardon, avec qui il a toujours travaillé en affichant des positions claires sur la question des relations entre la France et les Comores, Soeuf Elbadawi avoue ne pas comprendre : "Après ce qui est arrivé au plasticien Seda à l'école française pour avoir dit que Mayotte n'est pas française, nous avons écrit au directeur de l'Alliance française pour savoir ce qu'il comptait faire en ce qui nous concerne. M. Gardon a suspendu sa réponse à une décision du comité d'administration, dont les membres, le président notamment, sont en partie comoriens. Mais ce qui est terrible, c'est de l'entendre dire que les Comoriens membres de ce comité m'interdisent à présent l'accès à l'Alliance pour avoir aussi dit que Mayotte est comorienne". Ce qui revient à dire que Jérôme Gardon s'amuse à faire se dresser des Comoriens contre d'autres Comoriens. Il serait intéressant de savoir ce qu'en pense ledit comité".
8. "L'occupation de Mayotte, si j'en crois encore ce qu'en dit le droit international, reste en tous points illégale. L'Etat comorien l'a encore rappelé il n'y a pas si longtemps. Que faut-il faire ? Ne plus en débattre ? Ne plus agir pour en finir avec cette histoire ?". Ne reniant aucune de ses positions actuelles, Soeuf Elbadawi insiste [ici] pour dire que la compagnie O Mcezo* remercie "malgré tout"l'Alliance française de Moroni pour l'avoir accueillie dans ses locaux au début de son travail. "Nous n'oublions pas qu'elle a soutenu cette création, même si l'Alliance française elle-même préfère oublier ce qu'on a pu lui apporter à elle, et à son public. Je me souviens que l'année dernière, elle s'était aussi engagée à nous soutenir dans l'organisation d'une tournée dans les îles... pour finalement se désengager en février dernier. Je ne sais pas comment qualifier ce type de revirement de dernière minute"
9. L'attitude de Jérôme Gardon, directeur de l'Alliance française de Moroni, oblige les artistes comoriens à un positionnement inattendu. Soit ils se taisent sur leur réalité et accèdent à ce lieu devenu par la force des choses "guichet unique" pour les artistes évoluant dans le pays. Soit ils expriment une opinion contraire à l'autorité gérant le lieu, et ils seront honnis, bannis, déprogrammés. "Jérôme Gardon donne une image indigne des institutions culturelles françaises. Il engage son lieu contre un artiste pour délit d'expression. Que doit-on en conclure ? Peut-être qu'il faudrait lui expliquer que l'inimitié, on la fabrique dans une relation de tous les jours. Je ne voudrais pas tomber dans la parano de ceux qui disent que la France coupe les ailes à tous les Comoriens venant lui rappeler qu'une autre relation au quotidien est possible. Mais lorsqu'on vire le plasticien Seda de l'école française, et qu'on m'interdit de travailler sur le plateau de l'Alliance, il y a de quoi s'interroger. Jérôme Gardon qualifie ma "gungu performance" de "manifestation violente". Il n'aurait pas dû agir ainsi. Car j'imagine les personnes qui vont prendre cette indication au pied de la lettre, en se demandant si je n'ai pas commis un acte terroriste. Quelle image veut-il donner de ma personne ? Ce que le directeur de l'Alliance française vient de faire est dangereux et diffamatoire.
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Eliasse, révélation des Comores
Le 04/06/2009
Eliasse Ben Joma |
Au Donia, Eliasse est en terrain connu. Si le jeune chanteur guitariste de Moroni se produit cette fois sous son nom et avec son propre répertoire, il a déjà participé à deux reprises à ce festival malgache. D’abord en 2001, lorsqu’il accompagnait son compatriote comorien Maalesh. Puis en 2005, quand il est venu avec Trio Universal, une formation éphémère au sein de laquelle se trouvait également Mounawar, parti ensuite faire carrière à La Réunion.
Lui aussi a quitté la Grande Comore peu de temps après pour s’installer à Mayotte, seule île française de l’archipel. Là-bas, il a aussitôt choisi de se consacrer à son projet personnel : en solo au début, avant de monter un groupe à géométrie variable. Avec cette équipe, qui s’est stabilisée depuis deux ans sous la forme d’un quatuor acoustique, Eliasse a développé le concept du Za N’goma, nom générique trouvé par le l’artiste mahorais Baco pour désigner "tout ce qui vient des percussions". Un moyen habile de fédérer les différentes musiques d’inspiration traditionnelle et leur donner une identité. "A La Réunion, il y a le maloya et le sega. Chez nous, il y a une multitude de styles : le twarab, le mgodro, le shigoma… Et dans chaque chanson, on pioche ici et là", justifie-t-il.
Quand il a commencé à créer ses propres morceaux, il savait tout juste enchaîner deux accords de guitare. L’instrument lui a tout de suite paru familier, bien qu’il l’ait découvert à 19 ans. Trois mois plus tard, Maalesh le sollicitait pour remplacer son percussionniste. "Je me suis enfermé pendant un mois et j’ai tout appris par cœur", sourit-il.
Cette expérience acquise en moins d’une décennie s’entend sur son premier CD intitulé Marahaba, paru en 2008 : "C’était une explosion de tout ce que j’ai vécu dans la musique avec les artistes que j’ai accompagnés, que j’ai écoutés." Soucieux d’optimiser son travail en studio, il s’est envolé pour La Réunion afin de confier le mixage à Yann Costa, musicien de Zong et ingénieur du son réputé. En deux nuits, le travail était fini, et Eliasse reprenait l’avion avec dans son sac à dos, un album plus que convaincant.
Eliasse Marahaba 2008
Bertrand Lavaine
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