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Carnet de tournée comorienne
Le 20/08/2009
Dali jeune comédien d’Iconi a participé au “gungu” de Sœuf Elbadawi |
Après ses déboires avec le centre culturel franco-comorien de Moroni, pour cause de performance artistique jugée trop politique, le comédien, metteur en scène, écrivain, journaliste qu’est Sœuf Elbadawi rode avec sa Cie O Mcezo* son spectacle nouveau (La fanfare des fous) sur le terrain. Celui d’Iconi par exemple qui, nous vaut ce petit échange de loin, témoin de l’impact d’une tournée qui s’achèvera samedi à Ouani sur l’île de Ndzuani. Une tournée organisée par Washko Ink. À Moroni, BillKiss* à Paris, et le soutien de la Fondation hollandaise Prince Claus pour porter le spectacle là où il ne va pas souvent, au cœur des îles comoriennes.
De plain-pied dans la société
Sous le Nguu, lieu mythique, situé à quelques mètres du palais Kapviridjewo, les comédiens ont été accueillis par les membres de Wushe, association pour la recherche et le développement, qui rassemble de jeunes universitaires, et par l’Adelec, association environnementale de la ville, la compagnie a offert là trois jours de stage aux élèves de l’école Ibn Khaldun de Vuvuni, une cité voisine, rejoints par d’autres jeunes, natifs d’un village côtier qui s’intéressent au spectacle vivant.
« L’acteur, son rapport à l’espace, la notion de l’improvisation, le jeu, la concentration exigée par le plateau, l’histoire du théâtre, à quoi il sert… Autant de questions que nous ne nous sommes jamais posé avant de prendre part à cet atelier. Nous nous contentions de jouer des pièces, sans nous interroger sur le rôle du théâtre dans notre société. Mais pendant ces trois jours, nous nous sommes rendu compte qu’il pouvait représenter autre chose et nous pousser à dépasser nos propres limites. En prenant part au “gungu” (sorte de happening de tradition condamnant ceux qui mettent en péril la communauté villageoise) organisé par O Mcezo* en amont des représentations de La fanfare… On a repensé notre relation au théâtre », explique un stagiaire.
Comme pour les précédentes étapes de la tournée, la Cie a défendu son idée d’un théâtre de rue (boneso la ndzia) puisant sa raison d’être dans l’imaginaire culturel local avec un impact puissant sur le passant. « J’ai cru rêver, a déclaré un vieux monsieur assis au passage du gunzu de Sœuf Elbadawi, près de la place Bishioni. On pratiquait nous aussi le gungu il y a longtemps. Des hommes s’habillaient en femmes, des femmes se déguisaient en hommes et se ruaient dans le village, pour exprimer leur colère. J’ai compris que ces jeunes font pareil, sauf qu’ils ont mis un comédien à la place de celui qu’on humilie habituellement dans le vrai gungu. Ils ont parlé de ceux qui détournent l’argent attribué par la communauté pour la construction de la grande mosquée. Un sujet qui dérange ici et qui divise l’opinion de la ville en deux. Il y a des familles qui ne se parlent plus à cause de cette histoire, et je trouve important que des jeunes viennent sensibiliser les habitants de cette manière, rappelant que ceux qui volent la communauté doivent être pointés du doigt, et mis à l’amende. J’ai compris que c’est un geste artistique, mais je l’apprécie pour son sens citoyen. Il faudrait organiser plus de gungu. Pour que les gens comprennent que ce qui est à tous ne doit pas profiter à un seul, égoïstement ».
O Mcezo* a profité de l’occasion pour intégrer au spectacle Dali, un jeune comédien du cru, que l’expérience a enchanté. « Je me suis retrouvé ligoté et traité de voleur de biens publics, traîné dans les rues d’Iconi, au risque d’inquiéter mes proches. Heureusement, j’avais mis à ma mère au courant pour qu’elle comprenne qu’on peut faire du théâtre utile ». Même s’il n’a pas fait l’unanimité, forcément, ce happening éloquent a convaincu une majorité de spectateurs estime Sœuf Elbadawi.
« On a offert la possibilité à ceux qui ne vont pas au théâtre d’apprécier l’implication des artistes dans leur société. Avec cette pratique théâtrale du gungu de tradition, se pose la question de notre rapport au réel en tant qu’artiste. Nous parlons d’intérêt général et de morale en partage. J’imagine que c’est la raison pour laquelle les membres de Wushe et de l’Adelec nous ont ouvert leur porte à Iconi ».
Valeurs en partage
Pour Ibrahim Youssouf, membre actif de cette association à l’origine de la programmation d’O Mcezo* à Iconi « il est possible que nous n’ayons pas bien saisi ce qu’on nous demandait au départ mais nous avons fait en sorte de faciliter sa réalisation dans notre cité. Les gens ont besoin de voir d’abord, avant de se laisser convaincre, et même si nous avons manqué de temps, nous sommes arrivés à réaliser l’essentiel de ce qui était au programme ». Mohamed Toihir Gamal, président de Wushe, insiste pour sa part sur « la belle opportunité » que représente ce projet : « Nous avons compris le message. Nous pensons qu’il serait bien de prolonger cette dynamique, en créant un département de théâtre au sein de l’association ou en organisant un gungu à notre tour à Iconi. Nous avons bien noté dans nos échanges que l’essentiel n’était pas dans le théâtre, mais dans notre capacité à en user pour communiquer avec les gens ».
M.D
*Contact Cie O Mcezo* de Soeuf Elbadawi, Washko Ink. B.P. 5357 Moroni Comores. Téléphone : 00 (269) 7732451 E-mail : omcezo@yahoo.fr
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Quelques infos sur le crash fantôme
Le 18/08/2009
Les proches attentent des nouvelles des leurs à l'aéroport |
Le 30 juin, le vol IY 626 de Yemenia Airlines disparaissait au large de Moroni (Comores) faisant 152 victimes.
Après le pic médiatique consécutif au crash et une polémique plutôt stérile sur les avions poubelles partiellement déclenchée par des affirmations fausses du ministre des transports, le silence est retombé.
C’est même un silence de plomb qui règne dans la presse française et pourtant, beaucoup de nos concitoyens sont concernés. Pour avoir quelques infos on peut consulter le journal comorien Al-Watwan.
Il y a beaucoup de choses troublantes dans ce qui s’est passé après le crash. Si on a sauvé la petite Bahia, il n’y a pas eu de corps de retrouvé aux Comores ce qui est étonnant. De même pas de débris !
C’est assez surprenant de la part des pêcheurs comoriens. Sans parler des faux témoignages de gendarmes, des rumeurs les plus variées, des confusions entre restes humains et restes de cétacés ! Bref, le bazar. RFO Mayotte en a fait une synthèse.
Or 7 jours après le crash, on annonce la découverte de corps près le l’ile de Mafia en Tanzanie, 550 km de Moroni (cela fait une vitesse de dérive de 1,8 nœuds ce qui est assez étonnant) ! On parle désormais de 25 corps et de quelques débris mais pour l’instant, aucune identification n’a été effectuée.
Arrivé le 17 juillet sur la zone du crash, le navire hydro-océanographique français, Beautemps-Beaupré, a approximativement localisé les émissions sonores des boites noires et cartographié la zone sous marine concernée.
Comme les boites noires gisent par 1200 mètres de fond, il faut utiliser un robot sous marin pour les récupérer. L’utilisation d’un robot de France Telecom Marine, en opération au large de l’Afrique du sud avait été envisagée mais ce robot n’était pas disponible et surtout, n’est pas équipé pour découper les tôles de l’avion qui emprisonnent probablement les boites noires.
Le BEA a donc affrété un navire et les robots de la société américaine Phoenix International. L’arrivée de ce navire à Moroni est désormais imminente et les travaux de récupération devraient commencer dans les prochains jours. Si tout va bien cela devrait durer environ deux semaines.
Si l’on récupère les boites noires, il faudra ensuite les décrypter. Les autorités comoriennes n’ayant pas les moyens techniques pour réaliser cette tâche, le travail d’analyse sera sous traité, probablement au BEA.
Donc, si tout se passe bien, il y aura peut être un début d’explication dans un mois ou deux.
Michbret
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Mohamed Boina a 104 ans
Le 17/08/2009
Mohamed Boina |
Souvenirs de l’ancien temps…
Sur ses papiers, il a 101 ans, mais en vérité il est né en 1905. 104 ans. Un âge qui fait de Mohamed Boina un témoin privilégié du siècle passé. Sur une île où l’histoire s’est jusqu’à maintenant transmise oralement, les souvenirs de ce doyen constituent une véritable richesse pour tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur le passé de Mayotte et des Mahorais. Nous sommes partis à sa rencontre. Mohamed Boina nous raconte ses souvenirs de l’ancien temps…
Je suis né au début du siècle dernier, dans un village qui s’appelait Pamandzi Kély. C’était l’un des trois villages de Petite Terre. Il se trouvait sur la presqu’île à coté de Labattoir. Il y avait aussi le village de Foungoujou, à coté de Dzaoudzi, celui de Pamandzi bé, actuel Pamandzi. Dzaoudzi était un fort. En ce temps là, quasiment tous les "wazungu" habitaient là. A l’exception de quelques planteurs en Grande Terre, comme les Marots de Hajangua, les blancs étaient à Dzaoudzi.
C’est aussi à cet endroit que se trouvaient tous les bureaux de l’administration. Mon père y travaillait. Il y avait un blanc du nom de Canoville qui avait une entreprise de transports maritimes… Transport de personnes depuis la Métropole ou de la région, de biens, mais aussi de courrier : "les messageries". Mon père travaillait justement là. Il était chargé de récupérer le courrier qui arrivait par bateau et de le redistribuer.
Nous vivions dans des maisons faites avec de la paille. Dans le village, seuls les notables avaient des maisons en dur. A l’époque notre principale ressource venait de la culture de nos champs. Nous mangions notre production : des bananes, du riz cultivé dans les champs ou en provenance d’Afrique. Et du poisson. Nous avions rarement de la viande, sauf pour les grandes occasions, quand un zébu était sacrifié.
J’avais un champ en Grande Terre, à Bandrélé. Je prenais ma pirogue pour y aller. On n’allait pas souvent en Grande Terre, sauf au moment des récoltes, quand la famille nous demandait d’aller l’aider. Comme il n’y avait pas de routes, on allait d’un bout à l’autre de l’île en passant par des petits chemins. De Mamoudzou à Mtsamboro par exemple, il fallait une journée de marche. On préparait généralement du bata bata (bananes bouillies) pour le repas qu’on prenait sur le trajet.
"Notre village était relié au reste de l’ile par un petit chemin qui était régulièrement recouvert à marée haute"
Il y avait un port à Mroniumbéni, là où se trouve le Faré. Les boutres régionaux et les bateaux y accostaient. Le système de la barge existait déjà, mais avec un boutre : on l’appelait "Le passager". C'était un service de l’Etat qui permettait à tous ceux qui travaillaient à Dzaoudzi de rejoindre leurs bureaux. A l’époque, la traversée ne coûtait que dix centimes anciens.
Le village de Labattoir est issu du déplacement de deux villages. Le notre et celui de Foungoujou ravagé par les flammes. Nos maisons étaient principalement faites de paille. Un jour, une bande de jeunes a fait un voulé et une poule a pris feu. En s’envolant, elle a embrasé plusieurs toits, c’est ainsi que le sinistre s’est déclaré et la population est partie s’installer à Labattoir. Notre village était relié au reste de l’île par un petit chemin qui était régulièrement recouvert à marée haute.
On était alors obligé de circuler en pirogue. Une situation qui a provoqué plusieurs noyades. Un jour un vieil homme est parti acheter du pétrole à Foungoujou. C’est là que les Indiens avaient leurs commerces. En revenant il s’est fait surprendre par la marée et il s’est noyé. Je me rappelle quand on a retrouvé le corps, il avait toujours sa bouteille de pétrole à la main. Après cet accident et un autre dans lequel une jeune mariée s’est noyée, les autorités nous ont obligés à partir nous installer à l’endroit de l’actuel Labattoir. C’était en 1920.
"Nos instituteurs venaient nous faire classe… puis ils retournaient dans leurs cellules de prison"
Le système scolaire était très sommaire. Il n’y avait que quelques classes de primaire, toujours à Dzaoudzi. Les professeurs d’école étaient Malgaches. Après avoir rencontré des problèmes avec les autorités de leur île, Ils avaient été envoyés à Mayotte pour subir une peine de prison. Ils venaient nous faire classe en guise de travaux forcé, puis ils retournaient dans leurs cellules. Je me rappelle toujours du nom de mon maître; il s’appelait M. Ramarimissi.
Pour passer au cycle supérieur, qui équivaut au niveau collège, il fallait passer un examen. Les admis allaient poursuivre leur scolarité sur l’ile d’Anjouan, à l’école régionale de Mutsamudu. Le cursus supérieur se faisait à Tananarive. C’est là-bas que tous les fonctionnaires locaux des Comores allaient se former avant de revenir travailler.
Mon père, comme beaucoup de parents mahorais, avait peur d’envoyer ses enfants à l’école. Il craignait qu’ils ne deviennent des blancs, qu’ils se dévergondent et oublient leur religion. Il n’y avait que quelques classes pour toute l’île et les élèves étaient que des garçons, parce que ces réticences étaient encore plus fortes en ce qui concerne les filles. Je donc suis entré à l’école à 15 ans. J’étais déjà trop âgé pour me faire admettre. Normalement, les enfants étaient scolarisés à 8 ans. On a alors dû tricher sur mon âge et ramener ma date de naissance en 1908 pour me faire admettre. C’est la raison pour laquelle la date qui est actuellement mentionnée sur mon acte de naissance m’accorde quatre années de moins…
"A mon retour j’ai exercé le métier de tailleur. C’est ce qui m’a permis de subsister jusqu’à maintenant. J’ai aussi été chef de village"
J’ai été scolarisé pendant plusieurs années. C’était à une période où il y avait la guerre. Tous les jeunes hommes de plus de 16 ans étaient enrôlés de force après une visite médicale. Beaucoup se portaient volontaires, mais pour les autres aussi c’était obligatoire. Ayant été scolarisé trop tard, je n’avais pas encore fini mes études lorsque j’ai été appelé à la visite médicale. N’ayant pas été prévenu, comme j’avais école au même moment, je n’y suis pas allé, c’est ainsi que je suis passé entre les mailles du filet. Mais j’ai été puni pour cela.
J’ai eu beau m’expliquer, M. Godeau, le chef de district, qui était un homme très sévère m’a fait condamner à 5 jours de prison et une amende équivalent à deux années d’impôts que l’on appelait ici "la tété". À peu près 60 francs anciens. On m’a aussi déscolarisé suite à cette affaire.
Trouvant cela injuste, j’ai décidé de partir aux Comores. Je suis resté là-bas jusqu’en 1931. C’est l’année où je suis revenu pour me marier. A mon retour j’ai exercé le métier de tailleur. C’est ce qui m’a permis de subsister jusqu’à maintenant. J’ai aussi été chef de village. J’étais chargé de surveiller tout ce qui s’y passait pour le compte du chef de canton. C’est lui qui récoltait l’impôt local "la tété" que tout le monde payait sans condition de ressources. Une somme de 30 francs. Ceux qui n’avaient pas les moyens de payer allaient vendre du poisson. A chaque paiement, on recevait un reçu prouvant qu’on était bien en règle, sinon c’était l’amende.
"Ceux qui ne disaient rien étaient considérés comme des "serre-la-main""
Comme beaucoup de Mahorais qui aspiraient à une vie tranquille, j’ai fait en sorte de ne pas trop m’impliquer dans les troubles qui ont eu lieu entre Mayotte et les Comores. Mais à l’époque ceux qui ne disaient rien étaient considérés comme des "serre-la-main" - des partisans des Comoriens. Un jour que j’étais dans mon champ à Bandrélé, un groupe de "sorodas" venus du village de Mtsamoudou sont venus me tabasser. C’est ainsi qu’ils agissaient avec de nombreuses personnes. Ils leur faisaient aussi subir des humiliations publiques. Après cela on m’a laissé tranquille. Ca ne m’a pas empêché de voter "oui" au département. Mais j’avoue que je me pose des questions. On m’a dit que notre religion était en danger et qu’on n’aurait pas le droit de pratiquer notre foi avec ce nouveau statut. De toute façon je laisse ça aux jeunes, c’est eux qui vont maintenant décider de leur avenir. Moi j’attends de voir.
Propos recueillis par Halda Toihiridini
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Pour une justice médiocre, les intérêts et la passion prolifèrent les sentences
Le 17/08/2009
M’nemoi Ahamed Doudou |
La situation qui galvaude les Comores actuellement notamment l’incompétence manifeste ou la gestion médiocre de notre justice, que ça soit le silence cathédral de la cour constitutionnelle ou la justice pour tous, n’est pas loin d’interpeller à des éventuelles représailles plausibles qui risqueraient de balkaniser à nouveaux le peuple comorien dans son entité.
Autrefois, c’était dans la politique où s’affrontaient les passions et les intérêts, mais cette fois, c’est devenu l’affaire des magistrats.
Dans un autre langage du franc-parler, le pays plonge dans l’odyssée d’une justice délinquante, agonisante, crématoire dont la passion arbitraire de servir les intérêts du Beït-Salam n’engendre que la haine et la déchirure synchronisées par nos jeunes magistrats taillés sur mesure pour ressembler à leurs prédécesseurs.
Ces magistrats foutus d’une peur bleue de se faire remplacer par des étrangers comme l’a clamé haut et fort Mr Sambi, lors sa campagne présidentielle en 2006, finissent par s’accroupir sous son dictat. La culture du doute pour ces derniers n’a point de place dans la présomption d’innocence.
Quel gâchis pour ces magistrats !!!!!
Je dis bien gâchis, car à peine les régimes qu’ils soutiennent arrivent à terme, ces rigolos deviennent facilement des hommes sans képis. Et les placards du tribunal des grandes instances, les réservent des places poussiéreuses. Voilà pourquoi vous ne voyez pas certains magistrats dans l’hexagone.
Pourquoi ces magistrats deviennent trop vite des assoiffés d’une justice patronymique ? A présent, l’odorat de leurs robes enchérit la plus grande fermeté dispensée de la déontologie professionnelle.
Le mécanisme est simple : Cinq ans en arrière, le procureur de la République pour se faire maintenir longtemps à ce poste honorifique, et pour se faire d’une étoile notoire et supplémentaire, devait nécessairement rendre ses verdicts en connivences avec les vœux du locataire du Beït-salam. Une stratégie qui a marché avec les uns d’hier et pourquoi pas avec les autres d’aujourd’hui.
Dans cette combinaison du pouvoir magistral imprégnant les règles de la collection Dalloz, un écran de la loi du plus fort infecte le paroi d’une justice équitable. Sous entendu le plus faible en paye les conséquences.
· Pour brosser un tableau récapitulatif des excès de nos magistrats à vouloir transformer notre République en gazogène, ces derniers ont eu l’audace de fermer les yeux pour tout compte, laisser partir les ministres séparatistes de Mohamed Bakar. Les seuls détenus du régime séparatiste de l’Ile d’anjouan sont des subalternes profiteurs de l’anarchie imposée sans pour autant êtres des vrais acteurs. Peu importe le rôle de chacun, mais nécessité oblige qu’un procès leur soit tenu malgré tout.
Messieurs les magistrats vous faites honte à votre profession bien qu’elle soit noble.
· Je dois vous rappeler de certains faits qui ne manqueront pas d’attirer toute notre attention :
Le Référendum du 17 mai dernier validé par la cour constitutionnelle après s’être proclamée incapable de statuer les recours en inconstitutionnalité déposées par tous les partis politiques d’opposition.
Dans cette dimension hypocrite, je dirais que notre République est diamétralement saccagée par des fossoyeurs pour l’intégrité nationale. Au-delà de ces quolibets institutionnels nous avons tous retenu que le devoir institutionnel n’est valable que lorsque le Président le souhaite pour faire usage à la survie de son régime.
Personne ne peut oublier la longue liste des personnalités wanted pour avoir massacarabolisé et pillé les caisses d’Etat, communiquée malheureusement à nos magistrats ; aucun d’eux n’a fait preuve du pragmatisme pour valoir son devoir professionnel ne serait-ce qu’une petite enquête de vérité.
Pour en revenir à la responsabilité d’une justice cancérogène, l’affaire Farouk ne peut pas se mettre aux oubliettes.
Qui a incarcéré Farouk alors que les magistrats se dédouanent de toute responsabilité ?
Dans un pays digne d’une justice harmonieuse avec son devoir, il n’est pas impossible de reconnaître sa forfaiture, d’où la nécessité absolue de présenter des excuses aux victimes des erreurs judiciaires. A quand nos magistrats reconnaîtront-ils leurs sens de responsabilité dans l’affaire Farouk ?
Tant qu’il n’y aura pas cette reconnaissance, malgré que Farouk (paix en son âme) ne reviendra pas, il y en aura toujours des magistrats arrogants, labellisés pour symboliser une justice fastoche et corrompue.
Et pourtant ces hommes de lois ont le choix et le droit en tant que citoyen, de jeter leurs robes pour transiter respectueusement dans la politique proprement dite, au lieu de servir les excès d’un régime politique amorphe, syndrome des discours contradictoires.
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Interview de Salim Ali Amir
Le 14/08/2009
Salim Ali Amir, grand artiste comorien |
" Le toirab est une musique riche "
30 ans de carrière, 9 albums, un studio d'enregistrement à Moroni… Salim Ali Amir fait partie des artistes comoriens les plus connus et reconnus au monde. Après quatre ans d'absence, il est enfin revenu à Mayotte pour faire partager l'esprit du toirab et de la musique comorienne, avec deux concerts à Chirongui. Avant la sortie d'un nouvel album l'année prochaine, il a bien voulu répondre à nos questions.
Tounda : Depuis 1991, vous êtes venu une quinzaine de fois à Mayotte pour des concerts. Qu'avez-vous réservé cette année au public mahorais ?
Salim Ali Amir : J'ai joué de la musique toirab vendredi dernier pour le lancement du festival. C'est une musique traditionnelle qui est jouée partout aux Comores à l'occasion des mariages. Mercredi en revanche, j'ai joué mon répertoire moderne, avec des chansons de mon dernier album qui s'appelle "Namwa yélé" ("Allez vous laver" en shicomori), un message aux politiciens comoriens…
Tounda : A travers le toirab, vous continuez de faire exister la musique traditionnelle comorienne. Aux Comores, il y a beaucoup de musiciens qui enregistrent leurs morceaux pour faire vivre ces traditions ?
SAA : Oui, la spécialité de la Grande-Comore, c'est le toirab. J'ai ouvert un studio d'enregistrement, Studio 1, en 1989, c'était le premier. J'y ai travaillé en tant qu'arrangeur et j'aidais beaucoup les jeunes artistes. Avant on le jouait un peu n'importe comment, mais les Comoriens ont compris que c'est une musique riche, qui n'est pas compliquée mais qui mêle les musiques, avec une sonorité arabe et des chants comoriens. Donc on a essayé d'aider les jeunes à enregistrer de la musique toirab et ça se vendait comme des petits pains. Il y a même des chanteurs de toirab qui sont partis chanter à Marseille, à Paris, à Mayotte…
Tounda : Dans votre répertoire, vous reprenez aussi des grands classiques comoriens…
SAA : Oui, c'étaient des vieilles chansons qui étaient mal enregistrées ou qui ont disparu. Dans mon album qui s'appelle "Mgodjo" ("Bâton" en shicomori, "Bankork" en shimaoré, ndlr), j'ai fait une chanson, comme un pot-pourri, où je reprends des chansons des années 60 ou 70 qui étaient chantées par les anciens et avaient disparues, en les arrangeant à la façon de Salim Ali Amir.
Tounda : Vous avez des maîtres qui vous ont appris cette musique ?
SAA : Quand j'étais jeune, à l'école coranique, on chantait le Coran en langue arabe. Dans les grandes manifestations publiques, j'étais devant, dès l'âge de 7 ans. J'ai commencé à aimer la chanson grâce aux chants religieux, mais ce n'était que de la musique arabe. Après j'ai commencé à regarder les gens jouer du clavier et j'ai essayé de jouer les mélodies de ma flûte dessus, mais ce n'était pas possible car c'était un clavier qui venait d'Europe et il n'y avait pas les gammes arabes. J'ai fini par apprendre et j'ai joué avec plusieurs groupes et découvert de la musique étrangère pour composer mes chansons. Toutes ces inspirations que j'ai eues quand j'étais jeune, je les ai encore en moi aujourd'hui, avec des chants bantous, des sonorités arabes et des arrangements occidentaux. Des mélodies orientales et des rythmes modernes…
Tounda : Justement, vous collaborez aussi avec des artistes modernes, comme le rappeur Rohff dans son dernier album cette année…
SAA : Oui, j'ai composé aussi pour pas mal d'artistes, par exemple la grande chanteuse de zouk comorien Chamsia Sagaf. J'ai chanté avec Rohff et aussi des jeunes, je chante même le rap, enfin je fais la musique !
Propos recueillis par Julien Perrot
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