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La honte de la République
Le 05/09/2009
Geoffroy Géraud |
Jusqu’où ira l’inacceptable ? Dans la nuit de lundi, le naufrage d’une embarcation qui naviguait vers Mayotte a, selon Radio Comores, entraîné la mort d’au moins 5 personnes, dont un nourrisson et un enfant d’à peine un an. Près de 20 personnes demeurent portées disparues.
« Kwassa-kwassa » : ces barques d’infortune, au moyen desquelles des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants effectuent chaque année des traversées entre les îles de l’Union comorienne et Mayotte sont désormais macabrement célèbres dans notre région.
Chaque année, plusieurs centaines de personnes trouvent la mort en tentant de traverser les 70 kilomètres qui séparent Mayotte d’Anjouan. À l’origine de ce désastre, la difficulté pour les citoyens de l’Union comorienne de se rendre légalement à Mayotte, du fait d’une législation inadaptée et des durcissements successifs de la répression. En arrière-plan du drame des kwassa-kwassa demeure la question fondamentale de la décolonisation inachevée des Comores, et de la responsabilité de la République dans le traitement humain du problème des échanges humains dans l’archipel.
Un drame créé de toutes pièces
La possibilité pour les Comoriens de se rendre dans l’île de Mayotte est limitée par des mesures juridiques et policières dont la sévérité s’est accrue au cours des quinze dernières années. Déstabilisés par les mouvements sociaux qui ont secoué l’île en 1993, des responsables politiques mahorais mis en cause ont alors eu tendance à désigner les étrangers comme boucs émissaires.
Le 18 Janvier 1995, les autorités françaises imposaient un visa aux Comoriens désirant se rendre à Mayotte. Les durcissements successifs, en 1997 et 1998, des conditions d’obtention de ce document – surnommé « visa Balladur » – n’ont ni interrompu ni diminué les déplacements entre les îles. En revanche, cette politique de fermeture a eu pour conséquence logique le développement des réseaux de passeurs contraints à la clandestinité, au détriment des conditions de sécurité.
Ainsi, c’est la législation française elle-même qui est seule cause de l’apparition des kwassa-kwassa et du flux d’immigrants « clandestins ». Le nombre de ces derniers est d’ailleurs accru par les multiples infractions aux procédures de régularisations observées sur le territoire mahorais devenu, selon la formule du « Collectif migrants Mayotte », une « fabrique à sans-papiers ». Contrairement à une idée reçue, les déplacements entre les Comores et Mayotte ne procèdent pas uniquement d’un flux migratoire à proprement parler.
S’il est vrai que de nombreux Comoriens se rendent à Mayotte dans l’espoir d’y trouver un emploi et une vie meilleure, les échanges humains entre les îles – plus particulièrement entre Anjouan et Mayotte – résultent de liens familiaux, culturels et économiques qui font partie du système social spécifique à cette aire culturelle.
Ainsi, dans l’île d’Anjouan, il arrive que le nombre de candidats à la traversée s’élève à 500 pour une seule journée par mer calme… la plupart des voyageurs n’effectuant qu’un court séjour à Mayotte, souvent pour des visites familiales, avant de regagner leur île. Ainsi, les restrictions draconiennes à la libre circulation imposées par les Gouvernements français successifs ont pour effet de briser des réseaux de coutumes, de solidarité et de déstructurer de plus en plus un ensemble humain cohérent.
Assumer les responsabilités d’une décolonisation inaboutie
Cette évolution s’inscrit dans le contexte particulier de la décolonisation inachevée de l’archipel des Comores. On sait qu’à l’inverse des îles d’Anjouan, de Mohéli et de Grande Comore, qui ont le 6 juillet 1975 accédé à l’indépendance dans le cadre de la République islamique des Comores, l’île de Mayotte est demeurée française, d’abord sous le statut de collectivité territoriale, puis de Département d’outre-mer après le référendum du 29 Mars 2009.
Malgré plusieurs résolutions internationales – dont la dernière en date adoptée par l’ONU le 28 Novembre 1994 – l’intégration de Mayotte à la république française s’est poursuivie, impulsant un processus d’assimilation qui ébranle aujourd’hui les bases culturelles et sociales de la société mahoraise. Cette acculturation est encore accrue par une politique migratoire qui coupe les Mahorais de leur environnement géographique et humain.
Au regard de cette situation, la tragédie des kwassa-kwassa soulève la question centrale de la responsabilité de la France, qui, aux yeux du droit international, occupe illégalement l’île de Mayotte. En criminalisant les mouvements de populations au nom de règles qu’elle n’ont pas de légitimité à imposer, les autorités françaises rajoutent l’injustice à la violation de la règle internationale ; en prétendant œuvrer à la stabilité de la société mahoraise par la régulation de l’immigration, elles ne font que se prévaloir de leurs propres turpitudes.
De manière immédiate, c’est à elles seules qu’il incombe de mettre fin immédiatement au scandale des kwassa-kwassa.
Geoffroy Géraud
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Climat de méfiance autour des législatives aux Comores
Le 05/09/2009
Bourhane Hamidou, le Ministre de l'Intérieur et de l'Information |
«Les élections auront lieu entre mi-octobre ou fin octobre », tente de rassurer, Bourhane Hamidou, le ministre de l'intérieur. Une assurance qui cache mal les inquiétudes et le climat de méfiance qui entourent ce rendez vous crucial pour l'avenir du pays. Ce processus risque, en effet, d'être plombé par des considérations d'ordre financière et politique. Le montant global destiné à l'organisation de ces élections est estimé à 900 millions fc. Et, si l'Etat comorien assure que sa part (10% du coût total) est déjà prête, l'autre partie du financement doit être assurée par ses partenaires internationaux.
Ceux-ci, pourtant, exigeraient l'élaboration d'un chronogramme et un budget détaillé avant de mettre la main à la poche. « Logiquement ces élections ne peuvent se tenir avant le mois de novembre », pense un proche du pouvoir qui se base sur la lenteur des procédures de décaissement des financements des bailleurs de fonds. Sur le plan administratif, malgré quelques problèmes de procédure évoqués au début, la mise en place de la commission électorale doit normalement intervenir avant la fin du mois de ramadan. Toutes les parties concernées ont envoyés leurs représentants.
Il reste, cependant, un problème de taille : l'apaisement du climat politique. Celui-ci semble très agité et les prochaines élections législatives se présentent comme celles de tous les dangers. Depuis trois semaines, les relations entre le pouvoir central et celui de l'île autonome de la Grande-Comore sont des plus tendues. Des hauts responsables de cette île autonome croupissent en prison. Aussi, l'opposition comorienne ainsi que les pouvoirs insulaires des îles de la Grande-Comore et de Mohéli qui avaient opté pour le boycott du récent référendum sur la révision constitutionnelle sont, cette fois-ci, disposés à participer aux législatives mais ils posent dores et déjà leurs conditions.
« Nous participerons aux élections à condition que la commission électorale soit nommée en respectant la loi électorale. Qu'on procède à la révision de la liste électorale en se basant sur la base des données qui se trouve au Pnud et que les forces de l'ordre ne soit impliquées dans le processus électorale mais qu'elles interviennent seulement en cas de besoin », déclare Houmeid Msaidie, le secrétaire de la CRC.
L'autre revendication concerne l'instauration « d'un climat politique serein ». « On ne peut pas participer à cette élection et voir le gouvernement de l'Union faire un coup d'Etat politique au niveau de la police et des préfectures », ajoute-t-il. « C'est comme si c'est une machine mis en place pour organiser une fraude électorale », dénonce Kamar Ezamane Mohamed.
Ce rendez vous électoral présente des enjeux considérables et suscite, ainsi, une attention particulière du côté du pouvoir comme celui de l'opposition. Chaque camp fourbit ses armes. « Nous travaillons dans une dynamique de mise en place de candidature unique pour barrer la route aux candidats du pouvoir Sambi », confie Kamar Ezamane. « Nous aurons des candidats dans toutes les circonscriptions », assure un proche du pouvoir central. Après tout, il faut dégager tous les nuages avant l'organisation des législatives.
F. Abdou
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La thèse de l'erreur de pilotage provoque une polémique
Le 05/09/2009
Ce matin, l'AFP a affirmé que, dans le cadre de l'enquête sur le crash de l'Airbus A330, le gouvernement français privilégierait la thèse de l'erreur de pilotage pour expliquer ce crash, citant des sources gouvernementales anonymes. La compagnie Yemenia - jointe par LaProvence.com - a refusé de commenter la thèse d'une erreur de pilotage dans le crash de l'Airbus A310 survenu le 30 juin au large des Comores.
"Si c'est bien une erreur de pilotage, c'est qu'on nous a accusés à tort d'avoir envoyé dans le ciel un avion poubelle", nous a toutefois répondu un membre de la compagnie, contacté dans les locaux parisiens de la Yemenia. Cette personne rappelle que "la compagnie assure des vols vers les Comores depuis 17 ans."
Un autre responsable de la Yemenia joint par LaProvence.com dit ne pas être au courant de la dépêche AFP : "Je ne peux pas me prononcer pour l'instant, la commission d'enquête rendra ses conclusions officielles. C'est à ce moment-là qu'on communiquera". "Il faut laisser du temps au temps. Nous pourrons, après analyses, tenter d'expliquer ce qui a pu se passer". Une erreur de pilotage discréditerait peut-être la thèse de l'avion poubelle. Sur ce sujet, le responsable de la compagnie joue la carte de la rhétorique : "C'est quoi un avion poubelle ? Un avion avec des poubelles dedans ? Moi je ne sais pas ce que c'est."
Quelques heures plus tard, nouveau rebondissement. Dans un communiqué de presse, Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat UMP chargé des Transports "dément formellement les rumeurs relatives aux prétendues hypothèses injustement prêtées au gouvernementsur les causes de l'accident de l'Airbus A310 de la Yemenia". La missive conclut : "Seules les informations émanant de la commission d'Enquête de l'Union des Comores en charge de l'enquête technique sur cet accident peuvent être considérées comme officielles et fiables."
L'argument selon lequel l'Airbus de la Yemenia, qui transportait 153 personnes (dont 61 Marseillais) vers les Comores le 30 juin dernier était un danger ambulant a été lancé dès les premiers jours suivant le crash. La communauté comorienne de Marseille avait même défilé dans les rues de la cité phocéenne pour rendre hommage aux victimes et dénoncer les conditions de vol entre la France et l'archipel. Par ailleurs, l'état de l'avion ne répondait pas aux normes de sécurité européennes.
Les boîtes noires, récupérées aux large des Comores ont été rapatriées en France lundi. Elles livreront certainement des réponses aux nombreuses questions en suspens à propos du crash, confirmant ou infirmant la thèse de l'avion poubelle.
La rédaction web, La Provence.
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Faut-il privatiser les sociétés nationales ?
Le 01/09/2009
Idriss Mohamed Chanfi |
Le débat est récurent depuis plus d’une dizaine d’années. Des expériences ont été tentées, en vain. L’économie est handicapée et Le pays pénalisé s’enfonce dans la pauvreté. La crise, vécue dans sa chair par la population et révélée par les derniers audits, va-t-elle déclencher un sursaut de la part des dirigeants ? Si oui, quelle voie suivre pour ouvrir des perspectives crédibles de sortie du tunnel ?
La question centrale me semble venir de l’Etat.
1. C’est le principal client de ces sociétés mais il ne paie pas. Non seulement les administrations ne paient pas leurs factures mais c’est aussi le cas des dignitaires des régimes. Pour s’en convaincre, interroger MAMWE et vous saurez que même les compteurs prépayés, censés rompre avec ces mauvaises habitudes, n’ont rien arrangé, il suffit d’un « BON POUR » comme au bon vieux temps colonial
2. C’est lui qui nomme les dirigeants de ces sociétés et cela est fait sur des bases clientélistes sans aucune considération des compétences. Pire encore, obtenir des résultats n’empêche pas d’être éjecté si le « prince » l’a décidé
3. C’est lui qui est responsable des recrutements massifs à la veille de chaque élection.
On ne peut cependant pas écarter complètement l’Etat puisqu’il s’agit de sociétés assurant des missions de services publics. On ne doit surtout pas dériver vers des monopoles privés.
D’où l’idée de faire de ces sociétés nationales, des sociétés à capitaux mixtes associant un opérateur stratégique international à l’Etat et à des opérateurs privés comoriens. L’opérateur stratégique apportera des capitaux et son savoir faire, l’Etat assurera que les services seront distribués sur tout le pays et les privés comoriens s’enrichiront dans des environnements performants qui les aideront à mieux s’insérer dans un environnement international ardu.
On pourrait même s’acheminer vers la création d’une bourse des affaires à Moroni.
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le « tout état » comme le « tout privé » ne sont pas adaptés à notre pays. Il nous faut mixer les deux dans un savant dosage qui nous soit propre.
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Leçons d’une descente aux enfers
Le 01/09/2009
Assoumani Saandi |
S’il a bien un consensus sur la situation de notre pays c’est bien d’un recul sans précédent sur tous les plans politique, social, économique. Le plus inquiétant c’est l’absence de perspective de sortie de crise, même si des voies naïves promettent de temps à autres des malles pleines de dollars en provenance de monarques généreux ou d’hommes d’affaires qui seraient, à en croire les dires, des philanthropes.
Ce constat sans appel, d’une descente aux enfers, amène à tirer quelques leçons, et c’est là le plus important.
La première est que personne ne peut se laver de cette situation. Nous sommes tous responsables, chacun à un égard. La présente situation est la résultante d’une mauvaise gestion et de mauvais comportements dans la conduite des affaires publiques, depuis l’indépendance qui a fini par ternir l’image de la politique et le crédit des responsables politiques. La promesse de renouveau des mœurs faite par le Colonel Azali n’a pas été tenue et a favorisé l’émergence dans les affaires de l’Etat de personnes très peu préparées aux affaires de l’Etat.
Toutes les catégories sociales sont coupables : les cadres par leur docilité, la société civile par le manque de consistance, le secteur privé par le manque de créativité, les jeunes par le manque de combativité, la population des villages et des villes par la complaisance envers les enfants du terroir, en témoigne les cortèges pour accueillir ceux qui sont sortis de prison pour avoir détourné les deniers publics. Nous tous.
Mais il serait confus d’accuser tout le monde au même degré. Ce sont d’abord les élites de manière générale qui sont les mieux indiquées pour indiquer la voie. Et chacun là où il se sent pouvoir apporter quelque chose : dans la politique, dans l’économie ou le social. Les leviers sont bien là. Nous disposons d’une certaine expertise pour peu qu’on veuille la valoriser.
Une jeunesse de plus en plus initiée et qui pourrait être intégrée dans les métiers clefs du développement de notre pays. Nous disposons d’une puissance à la fois économique et technique de la diaspora pour peu qu’on veuille en tenir compte. Nous disposons d’un potentiel naturel nous donnant la possibilité de construire une offre touristique compétitive. Nous disposons d’un positionnement géostratégique qui nous offre tant d’opportunités.
Il nous faut pour cela régler définitivement la question de la stabilité politique qui est liée à celle des institutions et de l’unité nationale. Il nous faut une vision économique partagée dans le long terme que les changements de régimes ne peuvent pas balayer à chaque fois. Il nous faut un style de management des affaires publiques qui assure à chacun sa place où il est. Il nous faut rétablir un contrat politique où tout le monde est gagnant. Cela est possible. Ce bloque va contribuer à formuler quelques idées pour alimenter le débat.
Avant de terminer, je voudrais partager deux idées lumineuses de deux éminentes personnalités. La première est de Ghandi qui disait ceci : si tu vois un problème et que tu ne fais rien, c’est que tu fais partie du problème. La seconde est de Nelson Mandela qui disait que penser qu’on peut réussir seule, est une illusion.
Par Assoumani Saandi
Ancien Ministre de la Fonction Publique, de l'Emploi, du Travail du développement institutionnel et de la Communication de l’île Autonome de Ngazidja.
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paroles , paroles et paroles disait Dalida dans sa célèbre chanson.