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Bahia dit non à Steven Spielberg
Le 12/01/2010
Steven spielberg & Bahia Bakari |
Aujourd’hui, l’adolescente vit avec son père et ses frères et soeurs dans la région parisienne. En quête d’une vie normale, elle a repris le chemin du collège non sans susciter la curiosité de ses camarades : « A ma rentrée en quatrième, mes copains du collège chuchotaient dans la cour. Ils n’osaient plus me parler », confie-t-elle au « JDD ».
Et quand le réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, Steven Spielberg se dit prêt à adapter son histoire au cinéma, la jeune Bahia se dit terrifiée par l’idée et refuse poliment. « Pour moi, on ne peut pas mettre cela en image. Ce serait trop terrifiant. Personne ne pourra jouer la douleur que j’ai ressentie à ce moment-là. Ce n’est pas quelque chose à faire », a-t-elle indiqué sur « Europe1 ».
AAA/AL
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Quelle commune pour le pays
Le 12/01/2010
Idriss Mohamed |
Question récurrente depuis quelques années déjà. Ces derniers temps, Le débat s'est animé et c'est là une excellente chose. Espérons que les Assemblées, nationale comme insulaires, s'en saisiront pour impulser encore plus les échanges avant d'aboutir à une conclusion sous forme de textes réglementaires.
A mon avis, il faut d'abord viser le danger principal qui réside dans cette tendance lourde à singer la France en matière administrative. L'Occident cherche à modeler le monde à son image et les moyens mis en œuvre (médias à échelle planétaire, multiples organisations internationales instrumentalisées, etc.) sont colossaux et s'imposent même aux esprits les plus aguerris. C'est ainsi que je comprends ceux qui veulent des communes avec un minimum de personnes pour en assurer la viabilité.
Mais il s'agit alors d'une structure regroupant plusieurs entités, les villages qui eux aussi doivent disposer d'une administration propre, et partant cette idée communale, une unité administrative de base disparaît et la structure administrative générale du pays se complexifie avec l'émergence d'une nouvelle strate. Au total la question n'aura pas été résolue mais sera rendue encore plus difficile à résoudre.
A mon avis, il faut partir des fondamentaux. Primo le pays doit disposer de structure administrative à tous les niveaux, village, région, île, pays. Secundo le pays dispose d'une expérience propre, d'une culture propre, millénaire selon les dernières recherches des historiens comoriens et tanzaniens. Tertio le pays doit faire face à des contraintes lourdes en matière de ressources humaines et financières. Tout en tirant parti de l'expérience des autres pays, y compris occidentaux, il faut nous baser sur notre propre réalité pour accroître nos chances de décisions opérationnelles pertinentes.
Je me demande même si nos experts ne devraient pas inventer des désignations singulières, en comorien s'il vous plait, (pas en français ni en arabe), définir leurs attributions, leurs ressources et leurs liaisons - interactions. Il y a un monde à inventer pour éviter les écueils d'un passé colonial et d'un présent oppressif.
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Marseille solidaire avec les Comores
Le 12/01/2010
L’association Ushababi organise un concert de rap en solidarité avec les familles de victimes du crash du vol Yemenia. Pour l’occasion, quatre des plus grands noms du rap français seront présents, dont plusieurs Comoriens. Rohff, 3ème Œil, Psy-4 de la Rime et IAM, sans oublier la partie spéciale Soprano en solo, autant dire que le concert sera sans doute inoubliable, ils ont accepté de monter sur scène pour récolter des fonds pour les familles endeuillées.
Des rumeurs courent comme quoi une deuxième édition du concert sera organisée dans l’année à Moroni, mais pour l’heure rien n’est confirmé.
PmoL/01
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Le cinquantenaire de la honte devrait induire des scènes de deuil public
Le 11/01/2010
Les bruits faits autour de ce qu’il est convenu d’appeler « cinquantenaire des indépendances » de quelques pays africains en ce début d’année 2010, ramène dans le débat public, la lancinante question du statut effectif d’Etat souverain des anciennes colonies trop vite déclarées affranchies. Sans doute faudrait-il rappeler, que même après moult habillages et abus de langage juridique, les faits demeurent têtus, et exposent tout optimiste à une cruelle humiliation.
Le procès engagé devant les tribunaux français suite aux commentaires légitimes sur sa main mise sur les économies africaines, exprime mieux que toutes les démonstrations et étalage de preuves, la situation plus qu’incongrue des gouvernements ouvertement soumis à la loi de l’argent sale et des réseaux mafieux plus connus sous le sigle de la Françafrique.
Notre propos n’est point de rentrer dans une polémique stérile qui risque de faire perdre au lecteur, l’essence de la réflexion. Nous avons plutôt à cœur, de mettre en exergue les évidences juridiques, politiques et diplomatiques, qui alimentent le questionnement autorisé à propos des indépendances africaines.
Les étudiants des relations internationales savent très bien, que dans le concert des nations Etats, il ne fut jamais facile de trancher de façon catégorique, sur le degré de liberté des acteurs diplomatiques, et surtout pas sur la coloration réelle de leurs alliances géostratégiques. La guerre froide avait certes permis de d’éclipser le débat en formatant le monde depuis la fin des années 1940, sur des tableaux bloqués, des camps idéologiques hermétiques, et des pôles de confrontation puis de conflits tantôt explicites tantôt implicites.
Il n’était plus alors vraiment question d’alignement des Etats pauvres, particulièrement africains, ni de vassalisation objective, mais seulement de choix idéologique.
Pourtant, même dans le contexte de la guerre froide, il restait incontournable, dans le jeu limpide d’appréciation des notions et des concepts, qu’il existait des indépendances sans souveraineté ou des souverainetés imparfaites. Pour plaider cette dispute de statut, deux résolutions au moins de l’Assemblée générale de l’ONU attestaient non seulement de l’urgence d’une clarification de la situation effective des Etats, mais encore du contenu et de la qualité de leur expression sur la scène diplomatique.
Il s’agit de la résolution 1514 adoptée en 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux peuples et aux territoires non autonomes, et de la résolution 1541 relative au droit des peuples à choisir librement leur forme de gouvernement. Comme il fallait s’y attendre, l’on a trop souvent usé et abusé de la première résolution, en éclipsant volontairement pour ne pas dire malhonnêtement la deuxième. Il faut avoir recours à l’autre confusion entretenue sur le droit des peuples à l’autodétermination d’une part, et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes d’autre part. Le cas de la république insulaire des Comores, témoigne à suffire de la manière dont les puissances coloniales et impérialistes, passées et actuelles, ont su jouer ouvertement de violence et d’intimidation pour refuser l’accession des peuples à la souveraineté pleine.
Puisque donc la chanson des indépendances emporte des passions somme toute défendables, il est de bon ton de se pencher sur ces Etats africains dont les gouvernements se font et se défont à Paris, et dont les richesses sont abandonnées, livrées ou sacrifiées dans des mains étrangères sans que l’on puisse déceler à quelle logique politique sinon criminelle relève une telle entreprise. La théorie des chefs d’Etat africains transformés en élèves de tel ou tel autre dignitaire étranger, ne correspond plus à une cruelle vue de l’esprit. Il y a dans l’articulation de l’histoire contemporaine des Etats africains francophones surtout, cette inimaginable condamnation à l’esclavage et à l’exploitation éhontée.
Ce qui est constant dans l’observation quotidienne du camerounais, du sénégalais, de l’ivoirien, du Togolais ou du centrafricain, c’est une et même oppression d’une relation de coopération pourrie par les travers de la tricherie, de l’injure et de l’infantilisation. Certes, De gaulle avait placé le principe de l’indépendance dans une impossibilité vite battue en brèche par un syndicaliste guinéen nommé Sékou Touré qui par la suite, oublia de s’occuper de son peuple pour ne plus s’occuper que de son pouvoir. L’indépendance signifiait dans le complot colonial, une union infantilisante moulée dans des rapports des forces inégaux.
Ainsi conçu, c’était à laisser ou à prendre, et laisser supposait subir la foudre des sectes commandités depuis les centres de puissance européens, qui n’hésitaient pas à débarrasser les emmerdeurs du plancher, pour parvenir aux mêmes fins de conquête et de domination. Sankara en a été la victime en son temps, suivant en cela les exemples des Ruben Um Nyobé, Felix Moumié et de bien d’autres.
La lecture de l’actualité africaine annonce non plus seulement la continuité, mais la cristallisation voire la sacralisation de cette relation, qui invite implicitement les peuples à la sédition pure et simple. Les cas du Niger, du Cameroun, du Burkina Faso, du Togo, et des autres, ne relèvent plus de la mauvaise gouvernance, pas plus que de la bêtise ou de la folie des pouvoirs autocratiques. Personne, à moins de choisir le suicide moral, ne saurait dédouaner Paris de ces cancers qui étranglent les peuples. Il ne faut plus chercher à comprendre les successions royales du Gabon, ni du Togo. Il ne faut pas attendre de Compaoré, tueur de sang froid improvisé médiateur de toutes sortes de crises organisées, qu’il propose autre chose qu’une élection à un seul tour aux togolais. De qui prendrait-il ses instructions donc ? Mais d’où Sassou Nguesso a-t-il appris, compris et importé le principe du mandat présidentiel de sept ans ? D’où vient cette culture obscurantiste de mandat présidentiel long sinon de l’hexagone des gens de steak-frites et de bon vin de table ?
En apprenant tout petit que leurs ancêtres étaient plutôt des gaulois, ces cancres de la mauvaise gouvernance et de la dictature ne sauraient être des élèves parfaits sans assimiler également la règle de la présidence monarchique chère à De gaulle.
Il y a au fond, un terrible examen de conscience à faire, en lieu et place de festivités qui vont au contraire consacrer l’humiliation, l’infantilisation, et la défaite autant historique que contemporaine de nos peuples. Ne fêtez point car il s’agit de cinquante années de traîtrise, de recul, d’indignité, d’insanité, d’incapacité. Ne fêtez point car nul martyr dans le contexte d’une si haute insulte à la conscience des ancêtres des libertés et des droits fondamentaux de l’être humains, n’accepterait des excuses depuis sa tombe.
Ne fêtez point car dans le regard lointain du reste du monde, l’Afrique, cette Afrique, demeure une terre de punition, une constellation de vampires politiques sans âme, une foire de cancres serviles livrés à tous les vents contraires et prostitués entre les mains de tous les visiteurs.
Il est légitime que de Paris, Londres, ou Bruxelles, des trompettes de victoire retentissent, que des feux d’artifice saluent le triomphe de leurs seigneurs esclavagistes et de leurs missionnaires prétendument civilisateurs sur les nègres. Ceux qui ont eu raison des Lumumba, Ossendé Afana, Ernest Ouandjié, Sankara et tous les autres anonymes qui luttaient pour la dignité de l’Afrique, peuvent raisonnablement pousser un soupir de soulagement. Chaque victoire vaut bien une fête, et chaque victoire peut bien être fêtée tous les ans, voire tous les dix ans. Quelle victoire avons-nous remporté donc, pour fêter un certain cinquantenaire ? Nous ne sommes pas dans l’Afrique que voulaient les Félix Roland Moumié, mais plutôt dans celle que planifiaient pour nous, pour les singes, De gaulle et compagnie.
Le plus important ce n’est pas l’indépendance, ce sont la liberté et la dignité que charrie l’indépendance. L’indépendance sans la souveraineté c’est donc quoi, vraiment ? De brillants et valeureux fils et filles du continent à l’instar des Tchuidjang Puémi qui comprirent très tôt les dangers de nos mille vassalisations à travers la monnaie, s’en sont allés bredouilles dans la tombe, laissant à une postérité complexe et compliquée, le soin de continuer jusqu’à la victoire, ou alors d’accepter de témoigner de la défaite.
Nous y sommes, dans le témoignage de la défaite, et vous organisez la fête. Non, l’Afrique ne doit pas fêter. Un cadavre ne fête pas sa disparition, et un mort ne chante pas des cantiques de la vie. Il faut avoir le courage de dire à nos enfants et petits enfants, que nous n’avons pas gagné et que les maîtres colons, nous ont refusé le doit de nous développer, contrôlant le ciment, les livres scolaires, les industries, les infrastructures. Nous sommes des âmes sans âmes. L’Afrique fêtera un jour, plus tard, très tard, et ce sera en comptabilisant et en réhabilitant effectivement ses martyrs.Le cinquantenaire de la honte devrait induire des scènes de deuil public./.
© Correspondance : Shanda Tonmé
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Bahia Bakari : « Je ne me sens pas miraculée »
Le 11/01/2010
Bahia Bakari |
Six mois après l'accident de l'Airbus A310 de Yemenia au large des Comores, Bahia Bakari, 14 ans, seule rescapée de la catastrophe dans laquelle sa mère a péri, se défend d'être "une miraculée". Quand elle a repris connaissance, le 30 juin, après une chute libre de quelque 3.000 mètres, hors de l'appareil en perdition, elle ne croyait pas être la seule survivante du vol Sanaa-Moroni.
« Je pensais que tout le monde était arrivé », raconte à l'AFP, l'adolescente timide, qui publie jeudi, avec un journaliste, son récit de l'accident qui a fait 152 morts. Agrippée à un débris de l'appareil, en pleine nuit, dans une mer démontée, elle s'en voulait même : « Je n'aurais pas dû regarder à travers le hublot », écrit-elle. « J'ai dû trop me pencher et passer au travers ».
« Je me suis dit qu'il fallait que je me dépêche de rentrer », ajoute-t-elle aujourd'hui. « Que ma mère s'inquiéterait ». Regard farouche, cheveux noirs, Bahia cherche à dissimuler son beau visage, à peine marqué par une cicatrice sous l'œil gauche. C'est l'une des rares séquelles de l'accident dont elle n'a qu'un bref souvenir.
« J'ai ressenti comme de l'électricité dans tout mon corps (...) je ne pouvais plus parler (...) mon corps était tendu au maximum, prêt à exploser. Puis il y eut un grand bruit (...) et, brutalement, le noir ». Ce dont elle se souvient en revanche, c'est de l'attente: neuf heures à lutter contre le découragement, le sommeil, le coma. « Là, j'ai souffert vraiment ».
Le livre conte ces heures à guetter le vol d'un avion de reconnaissance : « J'ai dans la bouche ce goût d'essence qui, mélangée au sel, me brûle la gorge, les poumons et l'estomac ». Elle ne sent plus son corps, ni les brûlures. Ne voit plus ses jolies bottines, le haut blanc et rouge qu'elle avait choisi pour voyager.
*Moi Bahia, la miraculée, éd. Jean-Claude Gawsewitch, 256 pages, 18,90 euros.
Angop/AAP
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