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2010, la fin des cauchemars ?

Le 15/01/2010

Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, président de la République
Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, président de la République 

L'Edito de la semaine


« Mais oui, mais oui, l’Archipel est en bonne voie. La misère c’est finie ! », chantent en chœur les partisans les plus farouches d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, citant un chiffre d’affaire ou une bourse du Ministère des Finances en hausse, un marché de la pierre qui retrouve des couleurs. Mais Bangwenet doute : un déficit énorme, et des salaires impayées en montagne comme le Kilimandjaro, les lois démocratiques aux oubliettes, l’air pur des îles aux parfums jasmins toujours aussi morose… Alors misère ou pas misère ?

 

Honnêtement, 2010 c’est l’heure du bilan. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un sambiste (Les anonymes, ceux qui bossent à Washington au FMI, …) ou un politique affirme haut et fort que l’année 2010 sera le début d’une belle vie, version le paradis terrestre. Le premier de ces oiseaux… de bonheur, est Mohamed Bacar Dossar, le directeur de cabinet du président de la République. Lors de son interview accordée à Malango Mayotte,  le 3 Novembre 2009, il a montré le visage et l’intention de Sambi pour la fraîche et nouvelle année. « Il ne faut pas oublier que le mandat présidentiel est passé de 4 à 5 ans depuis la réforme constitutionnelle. Et nous pensons que cette disposition doit s’appliquer dès maintenant », affirmait le Chargé de la Défense de l’Etat. « Dieu merçi, le pays se porte bien, il n’y a aucun souci pour la gestion de l’Etat comorien. », insiste-t-il.

 

Après les Bourhane, Oukacha (Même les sans-riens), Idi (les oubliés), Mohamed Ali Saïd (les fanatiques naïfs), … mènent le combat comme des prophètes dans le désert. Le flambeau baobab en main, droit au but.

 

Comoro Gulf Hulding, la machine à faire du fric. Le flouze avant tout, avant qu’un autre débarque dans les commandes. Sambi signe tout les dossiers, sinon il tombera dans les pièges. Comoro Golf Hulding règne à la Bob Denard, sans laisser rien au passage. Des voyages gratuits, des séjours dans des hôtels les plus luxueux du Golf sont à disposition pour les hommes de Sambi. Les systèmes humanitaires ouvriront leurs portails bientôt (vraiment à la bob) Halal ! Comoro Gulf Hulding ne présente aucune fiche de garantit pour notre jeune Etat. « Kapvana mpva assuranssi mbi », disait la chanson. Tout va bien dans le meilleur des mondes, donc ! Vraiment ?

 

Une confiance retrouvée qui s’accompagne du retour des plus grands investisseurs du golf (parait-il).

 

Une petite question d’une fille de douze ans. Pourquoi Bachar Kiwan vu qu’il se dit qu’il a de la manne, il ne va pas sauver les habitants de Dubaï dans ce moment de crise ? Elle est petite cette fille ? Pas sûr.

 

Tout le monde s’accorde à dire, que la misère est là, palpable mais la prudence est de mise. D’autant que  certains cadavres commencent à sortir des placards. Des hommes honnêtes, augustes, des partis politiques sont en bord de la banqueroute. Un séisme moral tape nos portes, toc, toc...qui est là ? Le chiisme et Sambi !

 

Nous avons bien regardé les vœux du président Sambi avant qu’il s’envole dans ces destinations inconnues. Et signe des temps, on les ai vus sur Internet, sur l’Albalad (Le Figaro des Comores) et le journal roi, l’Al-watwan, bien évidemment. On été d’abord frappé par la forme des ces vœux. Il jouait ses vœux de l’année débout. Bangwenet décortique minutieusement ce geste : C’est peut être un détail pour vous. Mais pour nous ça veut dire beaucoup. Pas qu'il soit libre. Non ça, on ne le croit pas du tout. Debout, il jouait l'homme qui fait face. Il cherchait ainsi à se montrer dynamique, entreprenant, pour nous refaire le coup du renouveau après la rupture dont on attend toujours les résultats...

 

On a découvert un Sambi qui se faisait pote des mohéliens et surtout de réveillon et nous collait à l'écran plus que de raison. Puis sont venues les paroles magiques et des vœux entamés sur un mensonge qui fausse tout, pourrit tout : « J’aime ce pays. Les Députés aussi. Ils ont entre leurs mains, la destinée de mon pays que j’adore …»

 

On a soudain envie de s'étrangler et on ne veut même plus écouter le « Des élections transparentes car il n’y a pas eu des tricheries…». Quelle comédie ! Rappelons simplement à Foundi (parait-il que c’est un faux titre, mais bon…) Sambi que non, il a eu des dégâts techniques, énormes et lourds lors des élections législatives. De la triche tout comme de la non-transparence. « Les élections législatives frappées du sceau de l'illégalité, parce qu'organisées dans un seul but avoué, prolonger un mandat présidentiel, n'ont pas mobilisé le camp hostile, la large frange de la population opposée à une marche forcée vers l'inconnu, l'aventure, l'incertitude. Elles auront permises, tout au contraire, le camp des hors la loi, de se mobiliser, et de dévoiler toute la profondeur des dérèglements d'un système pourri, savamment entretenu, pour alimenter la corruption au plus haut sommet de l'Etat...  » Écrit Fensso. Ses amis de Beit-Salam et de Royal Itsandra pouvaient sabler le champagne sans se soucier de l'avenir. Ses potes commerçants par exemple se versent à nouveau et avec sa bénédiction de généreux bonus.

 

Puis le Président, il faut bien l'appeler ainsi, s'est engagé dans un long tunnel noir. Egrenant les mesures et la solution telle un Ministre des Affaires Etrangères, Ahmed Jaffar faisant le tour de son activité, totalement dans le noir absolu. Le flou archaïque de la diplomatie contemporaine. Sambi nous a perdus. Sincèrement, on n’a trouvé aucun sens à son listing.

 

Tout juste on a pu remarquer une impasse flagrante. Une fuite. Une désertion. Depuis des semaines Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et son gouvernement n'avait qu'un mot à la bouche : Pas de tournante en 2010. C'était devenu l'objet d'un débat national. L'urgence du moment. Et puis ce soir rien. pschittttttttttt. Disparue la tournante 2010. Bourahne Hamidou, le porte-flingue et plus proche de Sambi prend les commandes de l’Assemblée ! Mohéli, peut s’en aller ! Signé et caché. Tout juste un rappel à l'unité nationale avec des termes humains car les jours qui viennent seront décisifs : « Respectons-nous les uns les autres, faisons l'effort de nous comprendre, évitons les mots et les attitudes qui blessent. Soyons capables de débattre sans nous déchirer, sans nous insulter, sans nous désunir ».

 

Est-il possible d'avoir une fraternité avec des séparatistes, avec d'autres, avec celui qui n'est pas de mon île, qui n'est pas de ma position politique, qui n'est pas de mon camp électoral ? Oui parce que c'est la manière la plus profonde de se battre au delà des frontières qui nous séparent pour restaurer quelque chose qui va nous protéger à l'intérieur même de nos frontières. La puissance de la Fraternité c'est qu'au fond elle est le garant des libertés et des égalités spécifiques et intérieures.

 

Qu'en pensez-vous ?

 

Bangwenet

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Sambi-Med Ali Said : la nouvelle lune de miel reprend sur fond de rétribution de cartes mohéliennes

Le 14/01/2010

Dans l’île de Djoumbé Fatima il y a un air de pagaille sur fond de redistribution des cartes politiques sous l’œil d’une population qui confirme si besoin est le peu d’imagination et de rigueur de la classe politique insulaire. A l’opposition plus particulièrement chez les partisans de Fazul et Hassanaly, on craint un “troque” du combat de la tournante contre des intérêts “peu louables”.

 

C’est un Mohamed Ali Said radieux et bien plus entouré que d’habitude qui a été accueilli par les siens en fin de matinée de ce dimanche 10 janvier à l’aéroport de Bandarsalam, après un voyage de vingt quatre heures dans la capitale fédérale. Dans sa mallette le soutien ferme et renouvelé du chef de l’Etat avec qui il aurait eu, encore une fois, de longues heures d’entretien. Et pourtant quelques jours plutôt, le locataire du principal palais de Bonovo a frôlé la correctionnelle avec la crise ouverte dans son propre camp à propos de l’élection du bureau du conseil de l’île.

 

En effet alors que le gouverneur avait signifié sa préférence pour Fatima Madi, le conseiller Moussa Mahoma dit Pasoco de Miringoni avait joué dans l’après midi du jeudi 7 janvier en s’alliant avec les deux élus Baobab, celui de l’Ucp de Fazul et Msada de Djabir pour se faire élire contre toute attente au perchoir tout en confiant la vice-présidence à Madi Saendi de la mouvance présidentielle (lire notre avant dernière édition). Du coup Mohamed Ali Said qui avait la majorité absolue dans cette assemblée, était devenu minoritaire et va devoir composer avec une nouvelle majorité aux contours mal définis mais, cela semble certain, très hostile en sa personne. En outre il avait perdu le prestige que lui avaient conféré les élections avec à la clé la reconnaissance par le président de la République comme l’interlocuteur numéro un et incontournable de l’île très loin devant les dinosaures du Baobab qui ont désormais perdu toute forme d’influence.

 

Mais par un revirement des plus spectaculaire de la situation politique et suite à des négociations avec de hautes autorités du gouvernement de l’Union, Pasoco, qui avait remis son tablier a été réélu une nouvelle fois président mais, cette fois, grâce aux voix des élus de la mouvance de l’autorité de l’île. Du coup ce sont trois partisans bons teints de Mohamed Ali Said dont Fatima Madi qui ont été désignés pour aller compléter l’effectif devant siéger à Hamramba. Même Mohamed Haidar du Baobob qui devaient être désignés selon les fameux accords, a été laissé sur le carreau sans aucune autre forme de procès.

 

Autre point de satisfaction pour le gouverneur : le fait que suite à son voyage éclair à Moroni, Mohamed Ali Said ait reçu le feu vert très foncé de procéder aux passations de service à la direction insulaire de toutes les sociétés étatiques alors que les toujours fameux accords devenus caduques stipuleraient un partage entre les deux Mouvances. Finalement il garde la totalité des sociétés juteuses comme Comore Télecom, les Hydrocarbures et le poste stratégique de receveur des douanes. Il pourrait reconfirmer à leurs postes les personnalités à la tête des directions à gestion problématique et surtout moins pourvues comme la Ma-mwe ou le Centre hospitalier régional de Fomboni. La Snpsf, pourtant en bonne forme financière, pourrait, dans cet étrange Monopoly et selon des sources concordantes, demeurer dans le giron de ce qui reste de Baobab dont on raconte qu’il vient de recevoir une sévère correction du patron d’en haut mécontent du score des siens lors des deux derniers scrutins.

 

L’avenir de cette mouvance dans sa forme actuelle semble compromis notamment en ce qui concerne une candidature dans ses rangs lors de la future présidentielle alors que beaucoup dans l’île ont du mal à croire à la solidité de la nouvelle alliance entre Beit Salam et Bonovo. Un Baobab sacrifié mais qui tient malgré tout à garder l’anonymat n’hésite pas à y voir une “supercherie” comparable au Pacte Germano-Soviétique à la veille de la seconde guerre mondiale. Toute proportion gardée.

 

Cette analyse presque caricaturale symbolise quelque part l’état d’esprit des partisans de la mouvance présidentielle dont nombreux se sentent incompris pendant que d’autres n’hésitent pas à parler de lâchage pour des intérêts supérieurs. Côté opposition, plus particulièrement chez les partisans de Fazul et Hassanaly, on craint au “troque” du combat de la tournante contre des intérêts “peu louables”. La Crc dont les leaders Chabouhane et Bolero, tout en jouant leur rôle traditionnel de premiers opposants à Sambi, restent les fidèles alliés d’un Mohamed Ali Said qui signe les actes administratifs en qualité de “gouverneur mais qui, soit dit en passant, tient à ce qu’on le salue en tant que “président” (s’il vous plaît).

 

Une chose est sûre. Dans l’île de la reine Djumbe Fatima il y a un air de pagaille sur fond de redistribution des cartes politiques sous l’oeil d’une population qui confirme, si besoin est, le peu d’imagination et de rigueur de la classe politique insulaire. Quoiqu’il en soit pour l’heure à Mohéli après Dieu, c’est Mohamed Ali Said dont on prête désormais l’intention de vouloir se succéder à lui même, et ce, semble-t-il, pour un temps...

 

Source : Al-watwan N° 1480 du 12 janvier 201

 

Exposer aux investisseurs des projets porteurs

Le 14/01/2010

Sambi et le Prince Al Sabah, principal actionnaire du Groupe CGH
Sambi et le Prince Al Sabah, principal actionnaire du Groupe CGH 

Une centaine d’officiels, d’opérateurs économiques et d’artistes comoriens participent depuis hier au Koweit au Forum économique sur le développement économique des Comores, aux côtés d’investisseurs de l’Émirat et des monarchies voisines, sous le haut patronage du Président Sambi et de l’Emir Djabir Al Sabah.

 

C’est un avion spécial qui est venu chercher la délégation comorienne composée d’opérateurs économiques, de membres du gouvernement, de hauts fonctionnaires, d’artistes et de sportifs. Durant deux jours, la partie comorienne va présenter une douzaine de projets qui sont en préparation depuis un an. Ces projets principalement axés sur les secteurs productifs vont de l’agriculture et la pêche, au tourisme, en passant par l’industrie, la finance et les services. Ils ont été montés par des cadres de diverses administrations publiques, en collaboration avec le privé, appuyés par l’expertise d’un bureau d’étude internationale.

 


Daoud Saidali Toihir, de l’Agence nationale de promotion des investissements, explique qu’au-delà de la recherche immédiate de financement, c’est une stratégie globale de valorisation de l’ensemble des potentialités des Comores qui va être présentée aux centaines d’investisseurs koweitiens et aux autres monarchies du Golf qui participent à l’événement. La présence de groupes folkloriques et de sportifs vise à montrer la proximité des cultures comoriennes et arabes, et tisser des liens d’amitiés durables entre les peuples.

 

Partenariat économique et amitié durable



Pour le président de la Chambre de Commerce, ce déplacement en nombre a pour but de nouer des relations de partenariat individuelles et attirer des opérateurs intéressés par des secteurs autres que ceux identifiés à l’avance : « Les Comores sont encore un pays vierge où tout est à faire, c’est à nous de susciter des créneaux ou de savoir répondre aux attentes de nos hôtes ».

 

Jusqu’ici, l’investissement étranger est assez réduit en raison de l’instabilité politique, du manque d’infrastructures de base comme l’énergie, les routes et les ports. C’est justement parce que ces préalables sont en cours de réalisation, répond Ahmed Ali Bazi, de la Chambre de Commerce, que cette conférence se tient aujourd’hui. Il cite les travaux de dragage du port en eau profonde de Mutsamudu qui ont commencé depuis un mois, la fibre optique qui arrive par le câble sous-marin en juin prochain et des nouvelles centrales électriques qui vont être construites par la Chine.

 

Said Houssein, commerçant à Moroni, trouve que c’est une parade médiatique de plus, une occasion de voyager, mais que rien de concret ne sortira de ce forum : « Nous avons eu la Conférence des bailleurs de fonds qui s’est tenue à Maurice en 2005, le Forum international pour l’Habitat au Comores, le Forum pour l’emploi, et jusqu’ici, nous n’avons pas vu un début de réalisation ».

 


Notons par ailleurs que cette rencontre de Koweit City étant dédiée à la recherche d’investissement privé, à Doha, capitale de l’Emirat du Qatar, se teindra dans les prochains mois, selon une source gouvernementale, une conférence qui réunira les Etats et des institutions arabes pour la recherche de financement public. Il s’agira spécifiquement de la mise en œuvre du Document de Stratégie de croissance et de réduction de la Pauvreté qui vient d’être mis à jour.

 

De notre Correspondant A. Mohamed

 

Enquête : Pourquoi faire de Mayotte le 101e département français ?

Le 13/01/2010

Manifestation à Dzaoudzi De Villepin à Mayotte Un maoraise dans une rue de Mamoudzou A Pamandzi Un femme maoraise avec le Mssindzanou

Manifestation à Dzaoudzi
Manifestation à Dzaoudzi 

Par Pierre Haski | Rue89 | 29/03/2009

 

Les Mahorais se sont prononcés dimanche en faveur de la départementalisation de leur territoire. Explications sur la réforme et ses conséquences régionales.

 

Il fut un temps où l'on parlait de « sens de l'histoire », et celui-ci allait dans la direction de la décolonisation. A Mayotte, petit territoire volcanique de l'Océan indien, il souffle ce dimanche dans le sens inverse, celui de la recolonisation.

 

La population de Mayotte (71 000 électeurs) s'est en effet massivement prononcée par référendum dimanche en faveur de la proposition de devenir le cinquième département français d'outre-mer (rejoignant La Réunion, La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane) et le 101e département français. D'après les résultats de bureaux-tests rapportés par l'AFP, le Oui l'emporterait avec 92,67 % des
voix. Le taux de participation s'élèverait à 58,81%.

 

La réponse des 180 000 habitants ne faisait guère de doutes, toutes les forces politiques locales, y compris le parti communiste, faisant campagne pour le « oui », ancrant ainsi durablement Mayotte dans la République.

 

Cette belle unanimité ne doit pas empêcher de se poser des questions sur lesquelles la population métropolitaine est peu informée, et pas consultée.

 

Le poids de l'histoire

 

Mayotte a été la première des îles comoriennes à devenir française : dès 1841 (il faudra encore un demi-siècle pour que le reste de l'archipel passe sous le giron français). Puis, pendant un siècle, la France a traité Mayotte comme une des quatre îles de l'archipel des Comores (avec la Grande Comore, Anjouan, et Moheli), avec un statut de protectorat puis de territoire d'outre-mer.

 

Mais en 1974, lors du référendum d'autodétermination organisé dans l'archipel, Mayotte vote seule à 64% pour rester française alors que les trois autres îles choisissent massivement l'indépendance.

 

Valéry Giscard d'Estaing, alors président, décide de la séparer de ses trois « sœurs », allant à l'encontre des principes internationaux qui militent pour le respect des frontières héritées de la colonisation.

 

Des Comores indépendantes, mais « à trois pattes », sans Mayotte

 

Cette décision historique vaut à la France des condamnations régulières aux Nations unies : la résolution 3385 du 12 novembre 1975 affirme ainsi « la nécessité de respecter l'unité et l'intégrité territoriale de l'archipel des Comores, composées des îles d'Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli ».

 

Même réaction de la part de L''Union africaine, qui est basée sur ce principe de l'intangibilité des frontières, et verrait un profond et tragique remodelage de la carte de l'Afrique si elle acceptait de revenir sur cette règle.

 

En plus de trente ans de séparation, le fossé entre Mayotte restée française, et les Comores indépendantes « à trois pattes » comme disent les Comoriens, n'a cessé de se creuser.

 

Les Comores font partie des pays les plus pauvres du monde, alors que Mayotte, en tant que « collectivté départementale » française, bénéficiait d'un niveau de vie plus élevé garanti par la « mère patrie » française.

 

Les barbouzeries de Bob Denard, épisode peu glorieux

 

Ces années-là furent également celles de la déstabilisation des Comores par les mercenaires conduits par Bob Denard, l'un des épisodes les plus incongrus mais détestables de l'ère post-coloniale et barbouzarde française en Afrique.

 

Bob Denard, parfois en service commandé par Paris, parfois pour son propre compte, a même pris le contrôle des Comores dans les années 80, sous le nom de Saïd Mustapha Mahdjoub !

 

Après des décennies d'instabilité, qui ont vu tour à tour certaines des îles prendre le large, comme Anjouan l'an dernier jusqu'à l'intervention des forces de l'Union africaine, les Comores sont redevenues un Etat unifié, mais pauvre : ses seules ressources sont l'ylang-ylang, une huile utilisée en parfumerie, la vanille, et les mandats de l'importante diaspora comorienne, notamment à Marseille, première « ville comorienne » avec une communauté estimée à quelque 50 000 personnes…

 

Le fossé avec les autres îles des Comores

 

Le décalage n'a cessé de croître avec Mayotte, qui bénéficie de certains avantages liés à la présence française, notamment en termes de système de santé et d'éducation, attirant un flot continu d'immigration comorienne attirée par des prestations sociales supérieures.

 

Avec le durcissement des politiques métropolitaines d'immigration, et la lutte contre l'immigration clandestine, Mayotte est devenu une véritable « ligne de front », avec tous ses drames et ses dérapages.

 

Des milliers de Comoriens -7 000 depuis quinze ans, selon des estimations- ont en effet perdu la vie en tentant de passer à Mayotte, lorsque leurs embarcations de fortune, les fameux « kwassa kwassa », font naufrage. Des morts dans l'indifférence totale d'une métropole distante de 8 000 kilomètres.

 

Sur 26 000 expulsions revendiquées, 16 000 concernent la seule Mayotte !

 

Quant à ceux qui parviennent à bon port, ils sont massivement expulsés : 16 000 expulsions de Mayotte en 2008, à comparer avec les 26 000 reconduites à la frontière en métropole comptabilisées la même année par le ministère de l'Immigration.

 

Non sans passer par l'un des plus infâmes Centres de rétention de la République : cette vidéo diffusée il y a trois mois par nos confrères de Libération en est l'un des témoignages les plus forts. Là encore, émotion pendant quelques minutes en métropole, puis retour à l'indifférence

Dans Libération, un agent de la police de l'air et des frontières (PAF) avait témoigné :

 

« Les conditions de rétention des sans-papiers sont indignes, dit-il. Les gens sont traités comme des animaux. Et nous, on a la pression de la hiérarchie pour faire notre boulot sans rien dire. L'objectif, c'est de répondre aux attentes du ministère. »

 

Des sans-papiers d'un type un peu spécial puisqu'ils sont les cousins des Mahorais, et que la libre circulation entre les îles a existé pendant des siècles, et n'a été progressivement interdite qu'avec la présence française à Mayotte.

 

La départementalisation, solution miracle ?

 

Pourquoi cette départementalisation de Mayotte ? Pour tenir une promesse faite aux Mahorais, répond le gouvernement.

 

Et, de fait, on voit bien que l'ensemble des acteurs politiques de l'île y sont favorables, pour des raisons évidentes : entre la misère et l'incohérence politique des Comores, et la prospérité relative et les institutions républicaines, il n'y a pas photo.

 

Mais comment gérer les conséquences de cette décision ?

 

Elle coule dans le bronze le choix contesté de 1975 de séparer l'archipel des Comores, et accentue le décalage régional entre les départements français de La Réunion et de Mayotte, et une région qui se débat dans d'inextricables problèmes de développement et de stabilité politique, comme viennent de le montrer les derniers développements à Madagascar.

 

Rendre Mayotte aux Comores serait arbitraire et antidémocratique

 

Aucun homme politique, Mahorais ou métropolitain, n'a de réponse à cette question. Tous savent pourtant qu'elle ne disparaîtra pas comme par enchantement vu le décalage croissant qui va découler de la départementalisation, conduisant à d'inévitables drames et à des politiques de contrôle de moins en moins humaines.

 

L'alternative, qui serait de « rendre » Mayotte aux Comores contre la volonté des Mahorais serait tout aussi arbitraire et antidémocratique.

 

Le piège créé par Giscard en 1974 se referme aujourd'hui. Seule une politique régionale cohérente, qui permettrait de codévelopper la région en harmonie et pas en érigeant des murs de Berlin impossibles en haute mer, serait de nature à éviter les tragédies qui s'annoncent. Mais elle n'est pas sur la table, pas même réaliste en l'état.

 

Au coeur de la crise économique et sociale, il est clair que l'enjeu est minime vu de métropole. On a cependant bien vu récemment avec la Guadeloupe que les « confettis de l'empire », pour reprendre la formule de Jean-Claude Guillebaud, savent se rappeler au bon souvenir de leurs « maîtres » de temps en temps…

 

En attendant, en l'absence de vrai débat, comme le soulignait Jean-Louis Le Moing, membre d'une mission du PCF revenue très critique d'un voyage à Mayotte :

 

« Les Français vont découvrir que la France s'agrandit lors du JT de 20 heures »…

 

Le sens de l'histoire, décidément, ne sait plus où il en est.

 

Azali pèse les mots !

Le 13/01/2010

Colonel Azali Assoumani, ancien Chef de l'Etat
Colonel Azali Assoumani, ancien Chef de l'Etat 

Nous publions ci-dessous la déclaration préliminaire du colonel Azali Assoumani, au cours d'une conférence de presse à Moroni dont la diffusion est prévue le mercredi 13 janvier sur CRTV.

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,

Permettez- moi tout d’abord de saisir cette occasion, pour vous présenter à vous tous et à vos familles respectives, mes meilleurs vœux de santé, de bonheur et de prospérité pour cette nouvelle année 2010 et de formuler pour notre pays que nous aimons tous, mes souhaits de paix qui, à bien y regarder, est notre véritable richesse, mes souhaits concorde nationale car l'unité et l'entente au sein de la population sont les réelles bases de la prospérité et enfin, mes souhaits pour une année 2010 de consolidation de nos institutions républicaines, et de renforcement de la démocratie.

Je remercie les responsables et les journalistes de la CRTV de m'avoir invité et j'ai accédé à leur demande pour :

1 - d'abord pour rompre un silence que je me suis imposé depuis que j'ai quitté la charge de Chef de l'Etat en 2006. Mon silence et ma réserve par rapport à la vie politique du pays ont été pour moi, un choix et une volonté délibérée que j'ai voulus observer pour 1° redéfinir mon cadre de vie après avoir été pendant des années au centre de la conduite des affaire, 2° pour ne pas gêner mon successeur et laisser à celui à qui le peuple comorien avait confié sa destinée pour les quatre ans suivants, toute latitude pour gouverner et ne pas interférer dans son action.

J'estimais que de ma part, une certaine réserve devait être de rigueur, par devoir, par pudeur et parce que mon éducation me le dictait. La seule fois où je suis intervenu sur les médias nationaux et internationaux, était à l'occasion de la sortie de mon livre d'entretien "Quand j'étais président". Et encore, je me suis efforcé de ne parler que de mon expérience au pouvoir sans vraiment me prononcer sur une actualité pourtant brulante et intéressante.

2 - J'ai voulu ensuite saisir cette opportunité pour attirer l'attention des gouvernants et de l'opinion nationale et internationale, sur les conséquences fâcheuses éventuelles que pourraient provoquer dans notre pays, l'ambigüité créée et entretenue par l'entourage du Président de la République, sur une possible prolongation du mandat du Président SAMBI, dont la date limite est fixée par la constitution au mois de mai 2010.

3 - L'occasion de cette émission me permettra enfin de donner mon humble avis sur les différents sujets qui touchent le pays à l'aube d'une période cruciale pour l'avenir immédiat de l'Union des Comores.

Mesdames et Messieurs

La Constitution de 2001 qui a permis mon élection et celle du Président SAMBI a été élaborée et adoptée à l'issue d'une grave et longue crise séparatiste survenue dans l'ile d'Anjouan.

Le séparatisme est une donne récurrente et aux conséquences visibles dans notre pays.

En effet, la sécession de l'Ile de Mayotte après le 6 juillet 1975 et le séparatisme anjouanais, sont deux crises qui ne sont pas similaire et qui n'ont évidement pas eu la même évolution.

- Alors que le problème mahorais a toujours rassemblé la population des trois îles pour réclamer le retour de Mayotte dans son ensemble naturel, face à la volonté de l'ancienne puissance coloniale d'occuper cette île et de la gérer d'une façon unilatérale,

- Le séparatisme anjouanais a non seulement menacé l'existence même des Comores en tant qu'Etat souverain et en tant que Nation mais elle a en outre créé dans les deux autres îles, un reflexe qui pouvait à la longue mener sinon à une guerre civile et au pire à des massacres et des épurations non pas ethniques mais insulaires, comme les événements d'avril 1999 à Ngazidja l’ont montré.


C'est dans ce contexte qu'on a vécu cette crise. Des mois et des années de négociations patientes ont abouti à l'unité du pays et à la réconciliation nationale, concrétisées dans un pacte : les Accords de Fomboni signées par les parties comoriennes et la constitution de 2001 adopté largement par le peuple comorien, sous les auspices de la Communauté internationale.

Ainsi, toute révision de l'un des éléments fondamentaux de la réconciliation (la présidence tournante, l'autonomie des îles) doit tenir compte de tous ces éléments.

La présidence tournante, dans sa lettre et dans son esprit, est devenue un droit inaliénable et constitutionnel des habitants de Ngazidja et de Ndzouani et à plus forte raison ceux de Mwali dont nous devons avoir une grande reconnaissance pour avoir abrité les négociations avec les séparatistes et facilité le dénouement de la crise séparatiste anjouanaise.

Pour moi, la remise en cause de la présidence tournante n'est pas à l'ordre du jour tant que nos frères Mohéliens n'auront pas présidé aux destinées de ce pays.

Harmoniser des mandats et regrouper des élections pour des raisons d'argent, oui, mais en aucun cas cela ne peut et ne doit pas dissimuler une intention de prolonger un mandat, au risque de remettre en cause tous les acquis de la réconciliation nationale, de la paix civile, de la stabilité et de l'entente entre tous les habitants de toutes nos îles, qui ont permis l'alternance de 2006, dans les bonnes conditions que tout le monde connait.

Certes, le pays a bien d’autres préoccupations. Toutefois, ce sont là les éléments fondamentaux de toute cohésion sociale sans laquelle aucun projet de développement ne peut être mené à bien.

 

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